Le président Dalida, Bataille et Marx sont dans un avion…

AVERTISSEMENT : on parle de Georges Bataille (et donc de pratiques sexuelles bizarres).



Alors voila, je suis dans l’avion -un vol de 8 heures- en train de lire COSMOS de Michel Onfray, et je viens de tourner la page 360. Ça parle Droit des animaux, tauromachie, etc, quand je décroche à la description de Georges Bataille se masturbant sur la dépouille de sa mère (vers la page 361, et oui…). Je referme le livre, essaie de dormir, pense à Georges, me réveille, change de position. Pas de bol, je suis tombé sur une voisine pour qui la ligne partant de notre accoudoir au siège devant est une ligne Maginot. Bataille de coudes, je la laisse gagner. Je m’assoupis, pense à Georges, encore lui, à sa maman, pauvre mère. Une hôtesse arrive, allume les lumières : Y aurait-il un médecin, s’il vous plait ? crie-t-elle.

Je me lève, peu sûr de moi (faudra que je vous parle de mon complexe d’imposture, un jour).

« Nous allons garder les plafonniers éteints et faire le moins de bruit possible » , m’avertit l’hôtesse, en écartant les rideaux donnant sur la première classe.

Là, je comprends : pourquoi demander en première classe s’il y a un médecin quand on peut réveiller les 250 gueux de la classe économique ?

<< Il ne faut pas déranger les passagers en classe Madras >> précise-t-elle, et je hoche la tête en songeant combien Marx aurait kiffé cette phrase.

En première, ça roupille sec. Champagne et petits fours. Obscurité et tranquillité. Madame Beauvisage, 82 ans, sur son siège, suante et palpitante. Hyperglycémie. Son mari lui tapote la main en chuchotant « Ça va aller mon amour, ça va aller, mon amour ». J’essaie d’examiner dans le noir et le silence total. Voulant vérifier ses pupilles, je sors mon téléphone sous le regard inquiet de Monsieur Beauvisage, « Ça va aller, mon amour », j’ouvre l’écran, fais glisser le tiret du bas vers le haut, me trompe en voulant appuyer sur l’icône « lampe torche », et là… Parmi TOUTES les musiques, mon iPhone choisit celle-là… il choisit vraiment CELLE-LÀ !

« Ciao amore » , Adieu mon amour.

De Dalida.

Adieu mon amour, quoi !

DALIDA ! (Ne me demandez pas pourquoi j’ai ça dans ma playlist, je ne sais pas – et je nierai tout).

J’essaie d’arrêter la musique, me trompe, verrouille mon écran, refrain, « adieu mon amour » , l’hôtesse sourit comme un robot, les gens se réveillent en maugréant, monsieur Beauvisage tapote et murmure, « Ça va aller mon amour », refrain, « Adieu mon amour », JE souris comme un robot. 

D’habitude, j’aime les synchronicités, elle me font dire que je suis au bon endroit au bon moment de mon existence. Là, j’aurais voulu être partout, mais ailleurs.

Vingt minutes plus tard, je retourne sur mon siège. J’ai laissé Onfray ouvert sur ma tablette, bien en évidence. Georges et l’histoire de sa maman, ça calme.

Je reprends ma lecture « le rapport Kinsey estime à 6 % le nombre d’êtres humains ayant eu un rapport sexuel avec un animal ».

Je lève la tête, regarde les 250 passagers :

Qui ? 

Et avec quoi ?

Sur le coté, ma voisine me sourit et s’écarte : la philosophie est aussi utile qu’un pet dans un ascenseur bondé. 

Le voyage va être long.
PS : en vrai, j’ai peur en avion, et Dalida est le seul truc qui m’apaise. Ça et le lexomil. Surtout le lexomil, d’ailleurs. Dalida le sait bien, elle.

39 réflexions sur « Le président Dalida, Bataille et Marx sont dans un avion… »

  1. mimi

    Bonsoir,
    Moi aussi j ai peur dans l avion ! Mais, si nous voulons aller voir ce qui se passe ailleurs et, si nous le pouvons financière ment, je tente de contrôler cette peur. Mon médecin m a conseillé quelques “apaisements ” mais j ai refusé. Nous sommes allés parcourir lOuest des USA il y a 2 ans et j ai eu très peur sur le Paris/Los Angeles. Par contre nous avons terminé ce superbe périple par le Grand Canyon et chose étonnante, pas d appréhension pour le retour… Pourquoi ? Y a t il un lien entre ces souvenirs pleins la tête ou tout simplement “nous rentrons à la maison ” ?
    En novembre dernier, nous sommes partis visiter Floride, Louisiane et Mississipi, et là, j ai eu peur : de grosses turbulances, l hôtesse qui apportait les repas a dû s accroupir près de son chariot… J ai eu très peur ! Quant à la classe privilégiée dans les avions, j ai été très choquée par l irrespect des voyageurs : En quittant les avions, nous traversions les 1eres classes : ecoeurant de saleté, tt est par terre, les couvertures, les oreillers, les verres, les couverts, les serviettes…Aucune considération tout est permis. On paie donc tout est dû. ?.La bonne education n a donc pas de lien avec l argent, contrairement à ce que bcp pensent !!
    Bonne soirée.

    1. leslie

      Bonsoir Mimi,
      Marrant, moi ça m’a fait l’effet inverse: je suis partie aux USA sans appréhensions et après avoir survolé le grand canyon dans un petit coucou secoué comme un fétu de paille par les éléments (je n’ai d’ailleurs pas vu grand chose!), je suis rentrée morte de trouille… Comme si j’avais soudainement pris conscience que nous sommes peu de chose, soumis aux aléas du temps, obligés de faire confiance à une machine et aux hommes qui l’ont construite et qui la pilotent… Bref une angoisse qui depuis m’empêche d’être sereine en avion, même si je m’astreins à ne pas (trop) y penser!

      1. mimi

        Bonsoir Leslie,
        Le seul “coucou” que j’ai pris est un petit “4 places” pour aller en Corse. Jamais je ne remettrai les pieds dans ce genre d’avion !!!
        Bravo pour le survol du Grand Canyon, je n’ai pas eu ce courage. Nous nous sommes contentés de faire une quinzaine de km à pieds, à un cinquantaine de cm du Canyon. Somptueux selon l’heure et la position du soleil !!

        Comme m’a dit mon médecin, je prends bcp plus de risques au volant de ma voiture. Et c’est vrai. Je crois que le souci est tt simplement que je ne maîtrise pas la situation !!
        Bonne soirée.

        1. Leslie

          Je te rassure, Mimi, je n’y remettrai jamais les pieds moi non plus… plus que du courage c’était de l’inconscience ^^ Tu as dû voir plus de paysages du grand canyon que moi… j’ai gardé les yeux fermés ( et les doigts croisés !) pendant à peu près tout le vol 😉
          Pour aller en Corse, ça doit faire long aussi !

  2. josecile

    Mon compte en banque ne me permet pas de voyager en first, mais là, juste une fois, j’aurais aimé me trouver juste tout près de cette brave dame. Parce que je trouille pas mal en avion, et que je crois que le fou-rire que j’aurais eu aurait largement apaisé mon angoisse.

  3. Nicole

    Coucou Baptiste,
    Adorable histoire ! L’usage de Dalida pour la peur en avion sort de l’ordinaire, vraiment mignon….. et honnête d’accepter néanmoins la prévalence du Lexomil pour calmer la trouille. Le comique de situation avec les boutons du portable est génial. Bon scénario ! Médecin, auteur, blogueur, et bientôt scénariste… ou déjà scénariste. La zoophilie, bof, chacun peut écrire ou faire ce qu’il veut. Je n’y connais vraiment rien et ne suis guère curieuse.
    Ce que je retiendrai c’est l’importance de découvrir des trucs et ficelles contre cette chose terrifiante, prendre l’avion ! Plus jeune… il y a quelques dizaines d’années, j’amusais beaucoup mon mari avec “mes sueurs froides” ( je suais vraiment), mes crises de “tachycardie” ( il m’a chronométrée à 160/mn), j’ai serré les bras ou les cuisses, à leur en faire mal, de mes voisins peu préparés à ces intrusions dans l’intimité de leur siège personnel/accoudoir/place pour les pattes… Plutôt réservée de nature, la peur levait chez moi tous les freins de la “bonne éducation”, me jeter tout contre n’importe qui, coulait de source.
    Et puis, en 1991, nous avons envoyé notre fille cadette aux USA pour 10 mois, elle avait 14 ans, donc pas de vol accompagné. Je l’ai vu disparaître en haut d’un des escalators de Roissy. Le sourire affiché pour l’accompagner positivement jusqu’au départ, a fait place aux larmes dès qu’elle a disparu de notre vue et jusqu’à ce qu’est disparu aussi, ce monstre bruyant, inhumain et bizarre, capable de s’élever dans le ciel, plein jusqu’à la gueule de bipèdes dépourvus d’ailes. Mais ça n’est pas le sujet du jour.
    Tout ça pour dire que si j’avais eu le toupet d’envoyer mon Papillon de 14 ans de l’autre côté de l’Atlantique, seule dans ce grand oiseau de fer, alors que j’étais malade de peur lorsque je prenais l’avion, il y avait là une contradiction évidente.
    Je n’ai, depuis, plus jamais eu peur en avion. Peut-être est-ce que j’attendais le premier prétexte pour me débarrasser de cette tare, oui, je vivais cela comme une tare. J’adore voyager et depuis quelle chance de rester sereine pendant un vol.
    Dimanche, avec ma benjamine de 25 ans, départ de Paris pour Pékin, certes en classe économique (finances imposent) et 14:30 de vol ! Oui, j’ai de la chance, je penserai à toi, Baptiste, promis ! Surtout si on demande ” y a-t- il un médecin à bord ?”

      1. Esther

        Oui!! merci!! Et bon voyage…!!! Si tu es en Martinique, double ration de bisous! ( pour que tu puisses en distribuer là bas)

  4. Cath

    Moi je veux prendre l’avion avec Baptiste. Au moins, je rigolerai !
    Voyons, j’ai survolé le Sahara au mileu d’une tempête avec le steward qui ricochait d’un fauteuil à l’autre comme une bille de flipper. C’était un DC 7, parce que tous les DC10 étaient cloués au sol suite à catastrophes en série. Franchement, je ne recommande pas : toute la nuit, j’ai eu cette idée fixe ” si c’est comme ça, je reviendrai à la nage ou à la rame, mais pas en avion”. En boucle. J’ai essayé de me lever, mais les jambes ne répondaient pas. Pourtant pas la trouille.
    10 ans plus tard, nous sommes 5 personnes à monter à bord de l’avion dans un pays africain, et voilà l’hôtesse qui nous demande de nous asseoir tous à l’arrière, ” pour répartir le poids”. Toujours pas de trouille.
    L’avion m’assomme littéralement. Je m’endors illico. Sans lexomil, sans berceuse. Mais j’ai vu le soleil se lever à l’équateur, et ça, c’est un souvenir merveilleux. 🙂

  5. Nanou

    Mon mari adore raconter à la ronde que j’ai fait New-York-Paris à pied. Malade de peur, seul le fait de me lever et d’arpenter les allées de l’avion m’apaisait un peu (il y a 20 ans on pouvait encore bouger dans un avion, oui). Il est vrai que j’ai marché pendant toute la durée du vol (:-) Mais à l’aller, j’avais moi aussi eu recours au petit 1/4 magique!

  6. Bernadette Celestra

    Merci mon écrivain-médecin préféré,comme je vous trouve humain avec vos réflexions justes et normales et votre tolérance, continuez, ne changez pas !
    Bisous.
    P.S Venez-vous à Nice pour le festival du livre ?

  7. bluerhap

    Moi j’AVAIS la trouille en avion, mais ça c’était avant !
    Avant d’en parler avec des psys, avant de réfléchir à l’impermanence chère aux philosophies bouddhistes, avant d’accepter de remettre ma vie entre les mains de personnes qui, sauf cas rarissime de psychotique suicidaire, ont autant intérêt que moi à ce que l’avion se pose en bon état …
    Et puis un jour, le “déclic”. Nous survolons le Mont-Blanc, le pilote nous donne les informations habituelles sur les 40 000 pieds, les -62°, le temps de vol … Et conclut par “enjoy your flight” (profitez de votre vol), et là ça me sidère : il a RAISON !!! Plutôt que de passer mon vol à me crisper, à somnoler sous benzo, à fuir la réalité à travers des lectures ou de la musique … PROFITER ! Je suis assis à peu près confortablement, je me rends dans un pays que j’ai choisi pour y passer du temps de loisirs et de villégiature, et je SURVOLE LE MONT-BLANC ! Je suis tranquillement au chaud, et je surplombe les Alpes dans toute leur majesté.
    Depuis, je n’ai plus peur. Un peu d’appréhension lorsqu’on traverse des turbulences, ou lorsque le pilote est un peu brusque dans ses modifications de trajectoire, mais globalement j’ai enfin réussi à décider que je préférais profiter de l’instant que de me perdre dans les conjectures interminables sur tout ce qui pourrait mal se passer.
    Je vous souhaite à tous d’avoir la chance de parvenir à ce résultat, nous habitons un monde vaste et magnifique et avons cette chance unique de pouvoir le visiter quasiment dans son intégralité.

  8. Jeanne

    Je débarque sur votre blog comme on débarque sur le tarmac, ravie d’être arrivée! J’ai quelques trains de retard (restons dans les transports) mais peu importe, j’ai tout mon temps pour remonter le fil…
    Quant aux 6%, un coup d’œil votre avatar et je me dis qu’il y a un truc louche… je dis ça je dis rien.

  9. Herve CRUCHANT

    Yôh ! Salut les rampants. J’aime bien l’histoire du jour. Elle ressemble à celles qu’on se raconte au Bar de l’Escadrille entre deux vols. Fine et comme un mille feuilles, comme chaque fois. Je ne commente pas, ce ne serait pas délicat (((vraiment))).
    Par contre, la remarque de Mimi sur le tas d’ordures laissées bien en évidence en première est appréciée des “classes inférieures”, personnel de nettoyage comme personnel navigant. Mon penchant Nuit Debout me pousse déjà à regarder la richesse ostentatoire comme une tare sociale…mais ceci est une autre histoire.

    Je suis né sous la forme d’un être volant, plume et poils compris, sens du vent, tout bien cinglé comme il faut. Mon absence de discernement entre ce qui est possible et pas raisonnable est borderline : je n’ai pas le vertige. Curieusement, mon corps a la sensation du vide et j’ai les symptômes du vide ressenti (mains qui picotent et cette curieuse ivresse) mais j’ai envie-besoin d’y aller, de planer, de jouir du vol. Je suis construit avec des synapses en forme de roue de loterie sur un stand de la Foire du Trône : tout se fait au pif. Sérotonine, dopamine, tous les autres neuromédiateurs sont distribués en vrac. Ouais. Je ne suis pas une référence normative. Sauf que j’ai presque cédé à cet attrait du vol à 7 ans quand, assis sur le rebord de la fenêtre du troisième étage de l’immeuble sur rue où j’habitais, je me disais qu’il était possible d’atteindre la fenêtre ouverte d’en face, au rez-de-chaussée, parce que la trajectoire était possible. Je n’ai pas sauté, hélas, “parce que si je rate, je m’écrase en bas, tout mort, et çà fera pleurer ma manman.” Toute ma structure est là : de l’air, que de l’air et des femmes, que des femmes. Et vous trouvez çà drôle? Dommage que non. J’ai donc fait une vie autour de ces deux axes forts. Tout çà pour dire que je suis navigant, que l’image sous toutes ses formes est une sorte de pointillé de trajectoire et que tout doit être aussi harmonieux qu’une ligne de vol, qu’un “kiss landing”. Le jargon dit “la valeur d’un pilote ne se mesure pas à ses diplomes, au nombre de ses heures de vols, et à l’appréciation de son moniteur; la valeur d’un pilote se mesure à la qualité de son dernier atterrissage.” C’est pas faux. Ceci dit pour introduire, comme dirait Bataille mais pas dans le même domaine, quelques lignes aéronautiques susceptibles d’aider à goûter le vol.

    D’abord, il faut dire qu’un vol n’est jamais pareil à un autre. Les navigateurs à voile vous le diront : aucun jour ne ressemble à l’autre. Alors, pour détricoter votre peur, regardez un bouquin de vulgarisation météo, la forme et la raison des nuages. Emerveillez-vous de notre atmosphère; vous en faites partie de plein droit : nous sommes composés de millions (plus?) de bactéries, de presque 70% d’eau avec deux globes oculaires d’eau de mer pure et salée, d’un sang oxygéné et d’une soufflerie assez géniale, je dois bien le dire. Et alors ? et alors, savez-vous comment on peut voler, mécaniquement ? mais non, ne reprenez pas vos cours à l’ENAC ! juste, rappelez-vous quand, enfant, vous mettiez la main à la portière de l’auto et qu’en la faisant pivoter un peu elle tirait votre bras vers le haut. On a longtemps cru que c’était la force sous la main qui l’éjectait ainsi. Et bien non. Je vous laisse trouver pourquoi, alors. C’est sur ce principe porteur que fonctionne le vol mécanique. Une fois tout cela parcouru, l’essentiel reste à faire : monter dans le zinc, s’asseoir et confier sa peur à la machine. D’abord, savoir que cette machine est imaginée, construite, essayée, modifiée, observée en permanence et qu’elle est entièrement à la disposition de l’homme, navigants en premier. La machine, telle qu’ un robot d’Asimov, ne peut pas vous nuire, décider à votre place. Et il est normal que les accidents soient dus à des causes humaines. Quand on sait comment fonctionne cet ensemble astucieux et génial complètement optimisé pour être efficace, le moins lourd possible et fonctionner dans des conditions mille fois plus difficiles que celles qu’il va rencontrer dans sa vie, la trouille reste du domaine de la psychologie. Et c’est Nicole qui a trouvé la solution : piquer-coller-jeter son affect dans l’avion, l’envoyer outre (ici avec sa fille). Et ne plus considérer l’appareil que comme un moyen de transport le plus sur qu’il soit (mais si, pour voler on n’a pas besoin de sortir couvert, vous voyez : tous les transports sont passés en revue!) ou un engin fantastique qui vous procure des choses que personne d’autre que vous ne verra jamais plus : le décor, la facilité pour aller prendre langue ou simplement voir les yeux des cousins qui habitent au bord du monde… et pour les indécrottables, quelques sensations pleines d’adrénaline.

    Car il faut parler de çà : les cas où çà “tabasse” un peu. Vol en Afrique… pour faire le joint avec le commentaire de Cath. C’est un avion de l’IGN qui va faire des images au Mali. Un HD34 (Hurel-Dubois), bi-moteur construit spécialement pour ce job par les ingénieurs du même nom qui ont doté cet appareil de deux ailes très étroites mais très longues. A l’étape, l’équipage IGN descendant nord-sud rencontre un autre équipage qui remonte et sort du Sahara sur un DC3, le même qui a fait le débarquement de Normandie, entre autres. Robuste, compact, taillé pour en prendre plein la tronche sans moufter. Les gars qui en descendent sont hagards, défaits et tout crispés. “C’est à vous le Hurel ? Et vous allez où? Nous on en vient ! çà tabasse drôlement ! et avec vos grandes plumes, vous allez faire demi-tour…”. Le Hurel est passé en “gigotant” un peu et en absorbant les rafales et les courants thermiques comme un brave, tordant juste comme il faut ses ailes, comme vous faites de vos bras pour passer dans une laie forestière au début de l’été. Et c’est tellement bon de vivre çà. Ce n’est pas un exploit, ce n’est pas destiné à la presse. Juste un salut à notre planète…Les situations difficiles se gèrent parce qu’elles sont connues depuis l’Aéropostale et même avant. Et il est extrèmement rare qu’un avion casse en vol. Moins rare que du personnel de cabine soit collé au plafond et retombe en se cassant des membres. Si çà ne va pas fort dans votre tête, allez parler au PNC, marchez, comme le dit Nanou. Mais surtout -surtout- si vous restez assis, soyez toujours attachés. Toujours… En quittant votre place, laissez l’endroit comme vous l’avez trouvé en entrant ou comme vous souhaiteriez le trouver. Lisez des anecdotes rigolotes sur les vols, de celles qu’on raconte au Bar entre soi. Le reste, tout le reste -et il y en a des tonnes- est inracontable. Je vous ai dit : chaque vol pour chaque personne est unique, non renouvelable. Comme la qualité d’un dernier atterrissage, nom de nom !

    Que Mieux vous garde pour des tas de vols, pour vous rendre accros.
    @+

    1. Cathh

      Voilà ce que me rappelle le commentaire d’Hervé
      https://youtu.be/8XC3Hc-rAkk

      Foster Brooks expliquant à Dean Martin qu’il a besoin de prendre un petit godet pour se donner du coeur à l’ouvrage avant d’aller au boulot.
      Que faites-vous dans la vie ?
      Suis pilote de ligne…

    2. mimi

      Bonsoir “le volant” !
      C’est vrai que chaque vol est unique, mais chaque passager également.
      Un autre souvenir en vol intérieur au Mexique. Nous avions la chance ou la “malchance” d’être juste à côté de la porte du poste de pilotage grande ouverte. A ma grande stupeur, je vois le pilote pivoter sur son fauteuil et s’installer pour prendre son déjeuner…
      Je reconnais, il y avait très très longtemps que je n’avais pas pris l’avion et cette anecdote à bien une vingtaine d’années. Mais, quelle peur !! Qui pilotait l’avion ???
      J’avais mon gentil mari qui me rassurait… Mais, des questions se posaient dans ma petite tête !!
      Moi, ce que je n’aime pas c’est voir l’avion sur grand écran au dessus de l’océan. Je sais c’est idiot, mais au-dessus de la terre me rassure. S’il doit tomber, la chute sera identique voire pire. Mais on ne se refait pas !!
      Par contre j’adore les atterrissages, tt simplement parce que je me retrouve enfin “sur le plancher des vaches”.
      Nous partons à Rome en septembre pour nos 40 ans de mariage, en avion. Mais nous survolerons la terre !!
      Dans quelques mois, une belle semaine à New York… Là, moins évident pour moi, mais j’aime tant visiter et rencontrer qu’il n’y a que l’avion qui permette cela…
      Très bonne soirée ET MERCI.

  10. Mésange

    Je déteste la rangée centrale, j’adore être contre un hublot, mirettes grandes ouvertes. Si possible tout au fond, là où il n’y a que 2 sièges et donc seulement mon conjoint à déranger lorsque j’entrouvre le volet du hublot sur un lever de soleil. Je retiens de mes quelques vols transatlantiques ma gourmandise quand au-dessus de la mer de nuages, je déguste une immensité de crème chantilly. Ou ces minuscules points blancs dérivant dans l’océan près du Groënland : des icebergs… ; ce patchwork qu’est la France quand on la survole, les verts du sud de l’Angleterre, le trait sableux des dunes de la côte Atlantique devenant écumeux puis si bleu quand on quitte Bordeaux, l’arrivée sur la vallée du Saint Laurent ; la nuit , ces villes tant éclairées que l’on voit après le décollage ; Laisser dériver mon imagination : où vont tous ces bateaux qui croisent au large des côtes ou celui que l’on aperçoit parfois tout seul au milieu de l’océan ? Temps gris, nuages, rien à voir : lecture, mots croisés, gros dodo… et penser au bonheur des retrouvailles avec les miens et les amis d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique.
    Caresses de plumettes à tous

    1. Cath

      Ben moi, je cherche toujours la travée pour avoir une chance d’étendre les guiboles. Le hublot, non pas vraiment. Et encore moins au dessus de l’aile. Ma doué, quand l’avion vire et que je suis par malchance au dessus de l’aile et que je regarde par le hublot…. Pour vous faire le dessin, quand j’étais petite, on a dû arrêter le manège des chevaux de bois, alors, dans le zoziau la- haut, hic… Mais toujours pas la trouille.
      Un grand moment, avec une complice es-vacances -qui elle a la trouille mais qui y va quand même-.
      Vol long courrier de nuit pour l’hémisphère sud. Au moment où le personnel de bord éteint les loupiotes et où les passagers voisins de rangée sont endormis, la voilà qui fait un bond. Que pasa ? J’ai paumé ma bague ( cette manie de jouer avec sa bague…). Nous v’là à 4 pattes dans la travée pour essayer de localiser l’anneau ( souvenir d’Egypte) sans réveiller le monde. L’hôtesse qui veillait vient aux nouvelles et nous éclaire avec une lampe torche – pas encore d’Iphone- quand je vois l’autre qui caresse délicatement le pied du voisin… Mais qu’est-ce que tu fais ? ( chuchotis d’ambiance bien au- dessus des nuages). Ben, je crois que la bague est sous sa chaussette ! Le type a bougé et on a récupéré la bague. En tous les cas, pendant qu’on s’étouffait de rire avec l’hôtesse, le gars tutoyait les anges en roupillant 😉

      1. Myriam FdF

        J’ai de la chance, je voyage avec mon grand à moi et nous sommes toujours placés au début de la travée, donc pas de soucis pour étendre les jambes 🙂 .
        J’ai attendu presque un demi siècle pour monter dans un avion… (premier mariage avec un cheminot, ceci expliquant cela 😉 ) j’étais tellement heureuse de ce premier vol que je n’ai pas ressenti la plus petite appréhension.
        Depuis, lorsque je monte dans un avion, la fatalité des antillais (à demain, si Dieu veut 😉 ) me colle à la peau : arrivera ce qui arrivera, ma vie n’est plus entre mes mains mais dans celles du pilote.
        Sauf petite exception, j’ai fait une escale, une fois, à St Martin. J’étais seule, à l’avant, côté hublot. A l’atterrissage, j’ai vraiment cru qu’on allait percuter le toit de certaines maisons… et au décollage, une heure après, c’est la montagne qui s’est dangereusement rapprochée de nous. Belle trouille dans les deux cas. C’est arrivée en martinique que j’ai appris que l’aéroport de St Martin est l’un des plus dangereux au monde… Boh, je ne ferai plus escale là-bas, voilà tout 🙂

  11. Herve CRUCHANT

    On peut atteindre au sublime en lisant Bibi. Les plus anciens dans ce blog le savent bien. La preuve, cette pensée du jour ( 6 mai !) de Pierre Desproges, qui allie Bataille au vol au dessus d’un nid de coucous et au sort du Monde : “1856 – naissance de Freud – “sans Sigmund Freud, l’Homme ne saurait pas qu’il a envie de baiser sa mère. Ce serait la fin du monde.” Planant, non?

  12. marie

    Condensons Dalida Bataille Onfray zoophiles hyperglycémie Caraïbes madras et tutti quanti. Là mon gars tu nous fais un condensé de chez Toutenun. Dalida c’est le sixième jour de Chahine, révélée tragédienne et puis après voilà, elle est morte, dur dur. Bataille les hivers rudes auvergnats où les rustres vont au bal pour faire danser des slow à leur Darling sauf que Darling a quatre pattes, mais il s’en fout le Jeannot, Darling elle aime bien ça. C’est triste et pourtant authentique.
    Rihanna aime les pythons quand elle est nue sur son tapis en peau de grizzli sous les ventilos de sa villa 50XL avec vue sur les eaux bleues des Caraïbes juste au loin derrière sa piscine débordante, c’est class c’est VIP ! mais non vérifié.
    Madoué ! (que dirait Katochat) les Caraïbes, coté pile les cocotiers , coté face tous les excès, l’hédonisme on the fraise en prend un coup, si tu te laisses aller sous les tropiques t’as tôt fait d’être une éponge à ti punch aux narines farinées. Fait gaffes métro! Les sucres suaves et la poudreuse bouffent méthodiquement de l’intérieur et tu te retrouves sur un vol transatlantique classe Madras vers la cure de désintox parce que t’as un fréro blindé qui a fait l’aller retour dans la journée pour sauver son Billy de frangin qui voulait kiffer la life. Terrible et authentique aussi.
    Alors en avion même pas peur et trop la petite phrase “la philosophie est aussi utile qu’un pet dans un ascenseur bondé. ” la bise

  13. Fabymary POPPINS

    Suis désolée pour la dame et son malaise, mais qu’est ce que j’ai ri. Je n’ai pas peu en avion, par contre un conseil, ne pas profiter en emmenant son enfant de deux ans aux wc dans l’avion pour faire aussi la pause pipi, évitant ainsi de ramener à sa place l’enfant et de retourner aux wc (l’enfant étant capable de sauter sur les genoux des passagers) car en faisant donc cette pause pipi, la porte s’est ouverte en GRANDDDDDDDDDD et devant moi un steward me demandant si tout allait bien, ben me suis je dit, avant que il se pointe ainsi devant moi tout allait bien, et pourquoi il était là? simplement parce que mon charmant bambin avait appuyé sur le bouton d’urgence!!! et au fait c’était un vol PARIS/ FORT DE FRANCE!!! bises Baptiste

  14. lectrice boulimique

    Premier vol à 18 ans (pas bcp depuis mais peu importe) pour voyage scolaire en Grèce – à l’époque on étudiait encore le grec ancien pour le bac littéraire.
    Engin volant: un DCje-ne-sais-plus-combien, rempli d’étudiants (2 ou 3 écoles devaient avoir réservé le même vol le même jour la même heure… ). 2 sièges de chaque côté d’une allée centrale, donc 50% de jeunes frustrés de ne pas voir grand-chose au hublot accaparé par le voisin de fauteuil plus chanceux.
    Soudain annonce au micro, par un commandant soucieux de nous voir apprendre le plus possible de ce voyage culturel: “A la droite de l’avion nous survolons Venise”.
    AMHA le pilote a dû dare-dare mettre 5 degrés de gîte sur l’aile gauche pour compenser le rush vers les hublots de droite de l’entièreté de la cargaison touristique zélée à s’instruire !!! et c’est ainsi que j’ai vu pour la première fois de ma vie cette ville lacustre qui du ciel a vraiment la forme d’un poisson.

    (P.-S.: guide génial à lire absolument avant visite et même après: “Venise est un poisson” par Tiziano Scarpa; http://www.lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=64750)

  15. Julie

    Woua ! Quelle merveilleuse synchronicité ! A défaut de t’avoir fait rire sur le moment, elle aura bien fait rire tes lecteurs !

    La dernière fois que j’ai voyagé en l’avion, j’ai pris des photos (l’intérêt d’être côté hublot). J’ai une mer de nuages comme souvenir. En survolant l’Afrique du nord, j’ai photographié d’immenses cercles de cultures. De grands ronds verts au milieu d’une terre désertique. Impressionnant.
    Quant aux “coucous”… le plus sympa c’est d’en sauter ! (moniteur et parachute dans le dos bien entendu. C’est mieux.)

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