« Les fous et les folles »

(Texte écrit par ma collègue infirmière, C.)

Alors voila, elle était infirmière….elle a évité les services de psychiatrie, elle a travaillé en réa ,en chirurgie aux urgences, elle a mis tout son cœur à prendre soin de ses patients et de ses collègues avec une sensibilité particulière propre à ceux qui ont côtoyé la souffrance de l’esprit et de l’âme… mais elle a tout retenu… toutes ces phrases anodines que ses collègues ont dites sans savoir, ces phrases prononcées sur le ton de la plaisanterie… Ces adjectifs : fous, folles, tarés, employés pour désigner à chaque fois ces patients aux antécédents psys l’ont aidée à construire sa carapace pour que personne ne sache… puis un matin il y a eu ses collègues de nuit qui lui ont dit qu’ils ont eu peur d’aller dans la chambre de ce patient schizophrène pourtant il était calme et coopérant ( c’est ce qu’elle a constaté durant son tour).

Elle a donc demandé à ses collègues ce qu’ils auraient fait si ce patient avait été leur père : auraient-ils hésité à changer sa protection souillée ? C’en était trop, elle ne supportait plus cette banalisation indécente des troubles mentaux… parce qu’en vérité pour elle c’est sa mère qui est schizo… sa mère qui malgré la maladie l’a élevée, l’a poussée à faire des études, l’a aidée et soutenue dans ses choix….

Alors voila ce qu’elle vient dénoncer c’est la stigmatisation systématique de ces patients qui ne sont plus des personnes mais des fous des tarés, des criminels même…

L’exemple le plus probant c’est cette discussion entre soignants après la prise en charge au sein du service d’un homme violé qui ne souhaitait pas porter plainte et cette réflexion d’une autre infirmière qui trouvait dommage que ses agresseurs ne puissent être jugés et enfermés à « l’asile ».

Il ne viendrait à l’idée de personne d’envoyer des criminels en diabétologie.

Cette stigmatisation est coutumière au sein de notre société qui se gargarise de ces faits divers mettant en scène des personnes malades (on l’oublie trop souvent). Certes le passage à l’acte est induit par la maladie et souvent par les conduites addictives qui y sont associées ou l’absence de traitement, mais cela est trop rarement cité.

Dommage pour ceux qui se soignent et font de leur mieux, et dommage pour leurs familles.

39 réflexions sur « « Les fous et les folles » »

  1. Melissa

    Et s’ils n’y avait que ces patients que l’on stigmatise…. j’ai des tas d’exemples de patients suicidaires, alcooliques ou détenus que j’ai vu “maltraités ” par des soignants à l’hôpital et plus particulièrement aux urgences….. j’ai un jour fait remarqué à un de mes collègues qui était odieux avec la famille d’une dame qui avait sauté d’un pont qu’elle aurait pu être sa soeur ou même sa mère et que dans ce cas il aurait probablement apprécié un peu de gentillesse et d’écoute….

  2. Melissa

    Et s’il n’y avait que ces patients que l’on stigmatise…. j’ai des tas d’exemples de patients suicidaires, alcooliques ou détenus que j’ai vu “maltraités ” par des soignants à l’hôpital et plus particulièrement aux urgences….. j’ai un jour fait remarqué à un de mes collègues qui était odieux avec la famille d’une dame qui avait sauté d’un pont qu’elle aurait pu être sa soeur ou même sa mère et que dans ce cas il aurait probablement apprécié un peu de gentillesse et d’écoute….

  3. Mimie

    Bonjour a tous,
    Oui, moi aussi, qui prends des medicaments “psy” je vois le regard des autres changer sur moi quand ils l’apprennent… Y compris le regard des medecins, alors, je ne le dis plus… Pour les medecins, pour les pharmaciens aussi, nous sommes des tares, des debiles, alors que j’ai fait de longues etudes et suis docteure en Biochimie… J’ai eu deux enfants qui sont autonomes et ont a leur tour eu des enfants, et, oui, cela a ete difficile par moments, mais nous sommes d’autant plus fiers d’avoir surmonte ce handicap de la depression.

  4. OLLIER

    Et oui moi je travaille ds un service qui place les personnes sous tutelles et lorsqu’il y a une de ces personnes qui viennent me voir et me racontent leurs « délire « je les vois sortir de leur bureau pour écouter afin de pouvoir en rire ou bien elles m’appellent en indiquant y a un de tes neuneus qui veut te parler mais sont elles conscientes mêmes si ce n’est pas faute de leur rappeler que personne n’est à l’abri de devenir malade psy à l’avenir elles ou leurs proches ! Que en une minute suite à un accident elellespeuvent aussi perdre toutes leurs capacités on ne refera pas le monde la bêtise est humaine c’est si facile de se penser supérieur face à des personnes vulnérables

  5. Souslalune

    On se moque toujours très facilement de …. ce qui nous fait peur ! Merci Baptiste et j’espère que ton été au travail se passe bien (et que tu as la clim dans ton cabinet ;)).

  6. Justine

    Moi aussi je prends des médicaments psy et j’ai vite compris qu il ne fallait jamais le dire sous peine de mépris total de la part de tout le monde
    Les gens sont ignorants et en ont peur .. a juste titre d’ailleurs
    La maladie mentale est la seule qui n’amène aucune compassion de la part de quiconque … un fardeau de plus à porter
    Sauf des psychiatres car eux savent
    Il vaut mieux avoir un cancer qu une maladie mentale
    Vous serez au moins respecté dans votre souffrance

    1. SANNIER Françoise

      En effet, Justine, quand j’ai fait des dépressions (je suis bipolaire), j’ai été confrontée à de l’incompréhension et des leçons de morale sur la volonté mais quand j’ai eu un cancer j’ai été surprise de la compassion de mon entourage….

  7. Vie en Rose

    Vous croyez qu’un jour l’Homme arrivera à enlever l’étiquette de pédophile à celui qui a violé une fois ? L’étiquette de fou à celui qualifié par la médecine de schizo ? Implaçable au jeune de 12 ans qui repond à la violence familiale par la violence ?
    Est-ce que vous croyez qu’avec un peu de volonté, de ténacité et de perseverance un bégayeur peut arrêter de bégayer ?
    Ca peut-être long mais moi j’y crois ! bougeons les lignes ! Bougeons-nous chacun à notre niveau, faisons vaciller les idées reçues, faisons-nous notre idée sur chaque chose, zut !

    1. Cécile

      Je ne vois pas le rapport entre être un violeur et être accusé de pédophilie, sauf si évidemment cela a été commis sur un mineur, auquel cas même une fois (ça me dégoûte de vous citer) révèle sans aucun doute possible des tendances pédophiles.
      “Violer une fois” si je reprends vos propos, c’est une fois de trop, c’est impardonnable, cela doit être condamné et puni par la justice et il n’y a aucune discussion ni excuse sur ce cas.

      1. mimi

        Vie en rose,

        Je rejoins Cécile.
        Il faut espérer que ” l’étiquette ” comme vous l’écrivez d’un violeur ou d’un pédophile ne sera jamais “enlevée”.
        Allez dire celà aux parents de petits agressés, marqués à vie, meurtris par malheureusement bien souvent des récidivistes…
        Je serai même, et je vais choquer, pour rendre publics les noms de ces êtres abjects.

        1. Marie-Eve

          Et en imaginant quelqu’un qui ait commis l’irréparable, qui a été jugé, a effectué sa peine, beaucoup réfléchi, et qui depuis vit dans le remords faisant tout pour ne plus jamais replonger : doit-on lui retirer son humanité à tout jamais ? Autant à ce moment là remettre au goût du jour la peine de mort, en y réfléchissant bien ça me parait plus sympa d’être achevé une bonne fois pour toutes que d’être considéré comme une abjection jusqu’à la fin de ses jours.
          La moitié des pédophiles ont eux-même été abusés enfants. Les actes sont impardonnables, mais les êtres humains qui les ont commis et qui luttent de toutes leurs forces pour ne jamais replonger méritent qu’on regarde aussi leur part de lumière.
          Le fait de laisser l’étiquette dans le casier judiciaire peut tout de même être utile pour protéger les enfants et aider les pédophiles à ne pas céder à la tentation en ne les laissant jamais seuls avec des petits sans défense, mais le but n’est pas de leur faire payer chaque jour de leur vie un acte qu’ils regrettent sincèrement ou de les afficher publiquement pour être sûrs qu’ils soient bien haïs de tous. Je suppose que c’est ce que “Vie en Rose” voulait dire.

  8. Marie-Eve

    Quelqu’un qui semble irrationnel, ou qui n’est plus dans la réalité du commun des mortels, ça fait peur. On ne sait pas comment il va réagir, et les crimes décrits dans les médias comme l’oeuvre de fous n’aident pas à calmer les angoisses. Ensuite, la peur rend stupide et on dit des conneries blessantes.
    Tant que les handicapés mentaux ou psychiques seront bien planqués dans des centres ou des hôpitaux, on ne les connaîtra pas suffisamment pour voir leur part de cristal au lieu de les imaginer forcément violents.

  9. LISAA

    Étrange . La folie. Voir l’autre fou. Le monde qui juge ce qui est fou ou ne l’est pas, ce qui est malade, ce qui ne l’est pas…à l’infini.
    … Et qui n’est pas dans les codes du groupes est exclu. Qui est le groupe ? Une somme dindividualités qui ont potentiel à se différencier dans le respect mutuel. Oser la différence, offrir sa différence source d’enrichissement pour chacun et pour soi.
    Imaginer un monde sans jugement ou quoi que chacun fasse, l’autre ne jugera pas, acceptera inconditionnellement. Ça ressemble au paradis…
    Bien à vous ❤

    1. Anne Courbière

      Merci Lisaa pour ce témoignage qui résonne tellement en moi… que j’aurais pu l’écrire…
      Et y ajouter ma part:
      Pendant la maladie, et après la mort de mon mari, j’ai côtoyé la folie et la dépression. Je n’ai jamais pris un seul médicament (autre que de l’homéopathie).
      Parce que ce qui m’est apparu, c’est que ce sont des “mal à dire”, et que la chimie n’a aucun effet sur les souffrances de l’âme… sinon de les faire taire.
      M’est aussi apparu que la folie et la dépression sont des “maladies” du non-choix: et je parle de ma propre expérience, bien sûr… La folie serait pour moi la difficulté (ou l’impossibilité) de faire le choix entre la vie ici-bas et la vie dans l’au-delà (ou entre notre part terrestre et notre part spirituelle) et serait dans le sens vertical.
      Et la dépression serait l’incapacité à faire le choix entre une situation insupportable à vivre dans le quotidien, et une autre situation qu’on s’empêche de mettre en oeuvre par peur de l’inconnu, ou par peur de perdre le “bon” indissociable de la 1ère situation… Et serait dans le sens horizontal.
      Et, parce que je me suis laissé le temps de retrouver l’énergie pour faire ces choix-là, sans m’assommer par des anti dépresseurs, j’ai traversé cette épreuve… avec le soutien, l’écoute et l’aide précieuse d’une psychothérapeute.
      Au bout de 7 ans, je me sens enfin apaisée. Et je suis en bonne santé.
      C’est juste un témoignage pour dire que c’est possible.

  10. Nidral

    Les préjugés vis à vis des patients fragiles psychologiquement, perdurent donc… Après un parcours dans des services hospitaliers variés, nouvelle arrivée dans un centre hospitalier général éloigné et disposant, de ce fait, d’une unité de psychiatrie, j’y ai été affectée, sans bien connaître cette spécialité dont ma formation initiale m’avait privée. Face aux soignants d’autres spécialités, j’ai découvert là que l’étiquette “d’infirmière psy” posée sur ma tunique pouvait me donner un statut de professionnelle de seconde zone… Comme ce jour où un de mes patients, en rétention urinaire, nécessitait un sondage à effectuer par un médecin somaticien. J’ai été envoyée, poussant ce monsieur sur un fauteuil roulant, dans les services susceptibles de régler le problème, essuyant plusieurs refus successifs avec les mots méprisants qui allaient avec sur le service dont je venais ! Déconcertée, j’attendais l’ascenseur pour reconduire mon patient, toujours non traité, vers la psychiatrie, quand j’ai croisé un néphrologue de l’établissement que je connaissais un peu. Il était venu ces temps derniers solliciter l’aide de l’équipe de psychiatrie car un de ses patients, jeune, refusait de passer par la dialyse qui s’imposait pour lui… Il m’a demandé ce qui m’arrivait et, devant le résumé de la situation, révolté, alors qu’il était en train de partir pour déjeuner avec des collègues, il m’a demandé immédiatement de le suivre pour s’occuper de ce patient. Cet homme savait, ce que trop de soignants oublient encore, que tout être, quelles que soient ses difficultés, a le droit d’être soigné et que les professionnels, nous sommes les uns et les autres complémentaires. Cet épisode m’a marquée car il fut le premier mais, malheureusement, pas le dernier, de ce qu’un soignant en psychiatrie peut vivre.

    1. marie

      Complémentarité, voilà bien le mot tant qu’une personne n’est pas prise dans toute sa complétude, son intégralité , les labos à cachous auront de beaux jours devant eux.
      Merci d’avoir de l’humanité dans ce monde de dingues et je ne parles pas de la psychiatrie , je parle des quidams du monde dit normal avec pincettes et guillemets et entre parenthèse. … La “folie” n’est pas un gros mot , tous les créatifs sont “heureusement” fous, ça craint lorsqu’elle est hors contrôle
      ET dangereuse pour la personne elle même ou autrui.
      Les poètes maudits sont des naufragés qui auraient pu être sauvés si une “infirmière psy et un “poetologue ” attentionnés” avaient entendus le “cri”.

      Tant que nous construisons des prisons et des HP nous serons dans la spirale infernale qui ne mène pas à ” l’être bien” de tous.

    2. Lagaffe

      Bonsoir Nidral

      un statut de professionnelle de seconde zone… Eh oui et ça ne date pas d’hier ! Quand il y avait encore la formation séparée pour les psy, on était déjà considérés comme ça. Maintenant qu’il n’y a plus qu’un seul diplôme, je vois que ça n’a pas beaucoup changé. Ah si, une chose : avec une formation en psy plus que légère, une part non négligeable des personnels ‘’formés’’ comme ça (et pas volontaires) arrive dans les services à reculons. Ils ont peur des patients (parce qu’on a peur de ce qu’on ne connait pas) et, dans ces conditions, comment parler de prises en charge, quand chacun considère l’autre comme un danger ?

      D’où le retour à des pratiques qu’on avait réussi à ne plus utiliser qu’exceptionnellement : contention, chambre d’isolement. Une régression de 40 ans en arrière…

    3. Monoblogue

      Nidral, ton commentaire fait écho à de multiples expériences au cours de mon exercice en psychiatrie. Je me souviens notamment de cette patiente que j’ai amené aux urgences somatiques un matin, car on l’a retrouvée inconsciente dans son lit. Le mépris, voire la méfiance des trois médecins qui l’ont tour à tour pris en charge sur place : sous-entendant qu’avec tous les traitements qu’elle prenait (essentiellement du Tercian pour apaiser ses velléités suicidaires, très fortes dans la crise qu’elle traversait), eux aussi seraient sûrement dans cet état. Cette image de la psychiatrie barbare est tenace ; en grande partie car la peur est ennemie de la connaissance, et ainsi, les pathologies mentales et les soins qui y sont appliqués restent comme étrangers à toute une partie des MCO… Entraînant parfois de curieuses réactions face à la détresse, qui est commune à l’ensemble des êtres humains.

  11. Lili

    Nous sommes dans une société qui veut rester dans la norme et qui rejette la diversité, alors on crée des cases. Les personnes que l’on met “en case” sont une richesse pour la société. Prenons en soin, avant de tomber dans une société robotisée qui ne fera que des clones. Je crois que l’on a connu cela au cours de l’extermination de la dernière guerre !

  12. 40

    Le problème c’est que cela se soigne très mal, ou pas du tout et que c’est à vie. Avec traces génétiques sur la descendance.
    Sans doute la maladie qui détruit le plus et fait le plus souffrir, soi et les autres autour de soi.

  13. Tiphaine

    J’ai passé 5 jours en réanimation suite à une TS. J’ai été entouré par des soignants compétents, à l’écoute. Sauf un. J’ai encore son nom en tête et ça me désole car il ne mérite pas que je me souvienne de lui. Quand il m’a dit “vos parents sont là” et que j’ai dit que je refusais de les voir – les visites sont normalement interdites dans ce service je m’y sentais donc en sécurité – il m’a lancé un magistral ” Oui ben il va falloir assumer ses actes maintenant”, le tout, en ouvrant la porte de ma chambre en grand, pour bien me faire comprendre que mon humanité n’existait plus. Ignoble. Il n’était pas à la hauteur de ses collègues.

  14. Herve Cruchant

    Dure limite que celle posée par la dérive mentale.

    Si le critère est d’être nuisible à la société, alors, embastillons la plupart de nos gouvernants, les gens de pouvoirs, les décideurs inconnus du sort des autres qu’ils ignorent, les yakas et les fokons, l’arbitre du match de volley amateur perpétré le 16 décembre 1954 à Beauvillage, les ramasseurs de balles, les tués au combat, les tuez les tous, aussi.

    Si le critère est de protéger pour éviter l’auto-flagellation, alors, désignons les artistes, les créateurs, les sans-filistes, les amours passions sans toi je meurs, le héros qui revient du combat, l’infirmière qui vit avec des cons stéthoscopés autour du cou , le défenseur de la veuve et de l’orphelin, de la joie, de la paix, du travailleur obligé d’aller travailler pour vivre, le soumis, le taiseux, le sans dents, le dernier de cordée, ceux qui baissent les yeux, les chanteurs de rue, ma sœur, le président des états unis d’amérique du nord. et bien d’autres encore.

    On pourrait pitcher : “les abrutis et les cons”.

    De l’endroit où je me trouve -depuis la maternelle, je suis au fond de la salle près du radiateur- votre lettre m’interpelle bien plus que la table de sept. Je télépathe, de derrière, que vous n’accrochez pas à mes suggestions. Que Mieux vous garde ! vous avez bien raison : tout çà et d’autres choses ont été tentées pour ralentir l’activité de ces fléaux.

    Il reste une solution efficace instantanément mais épuisante, tant le réservoir est immense : répliquer en demandant “qu’entendez-vous par là ?” par exemple. Ou penser à des horizons bleus sable chaud alizés mollet si vous aimez çà. Ou tout autre fantasme, si le moment s’y prête. Imaginer le “client” en animal sauvage ?

    Tout cela ne va pas arranger les affaires des patients qui souffrent de leur désordre mental. Celui qui est prostré après avoir subi une humiliation destructrice. Qui ne reconnaît pus personne. Qui raconte toujours la même histoire. Qui fout le camp à longueur de temps. Qui aime les autres. Qui voudrait bien foutre sur la gueule des méprisants, une fois, maintenant, rien que pour rigoler un coup et même qu’après il prendra ses pilules et ira sagement dans l’espace qu’on lui a désigné comme lui-même a désigné son coin à sa chienne aux yeux tristes quand il lui a dit qu’il reviendrait bientôt ne soit pas triste, mon bon chien. Il est surement dingue quelque part. Ou branque. Ou tordu. Il s’en fout totalement, le barjot qu’il est peut-être. Il n’écoute pas le méprisant qui donne ses ordres aux autres qui l’accompagnent sans même lui demander comment allez vous aujourd’hui ou lui jeter un regard. Il aime parler avec son infirmière qui s’adresse à lui doucement et parfois lui tient la main. Elle, elle parle à Monsieur Ahmed, traité parce qu’il a toujours peur depuis qu’il est tombé du cinquième étage avec le sac de ciment que le contre-maître lui a demandé fissa merde Ahmed. Cinq étages et pas une égratignure dehors. Tout déglingué dans la tête seulement. Lui, “bougnoule illétré sûrement bon à rien” comme ils disent en rigolant.

    Souvent, il demande à cette gentille infirmière au moment d’aller faire une séance de sysmo : “qui va s’occuper de mes enfants ? vous avez parlé avec ma femme ?”
    Et elle lui répond : “Tout va finir par s’arranger, Monsieur Ahmed. Tout va s’arranger. Je reviens tout à l’heure.” Et elle revient tout à l’heure. Elle leur invente une histoire paisible de nos campagnes et lui parle du bled roussi par le soleil tanné par le temps, où, quand le moment revient de fêter le solstice d’hiver, les chèvres noires et brunes décorent les arbres en grognant de plaisir. C’est leur façon d’échanger un morceau de mie contre un morceau de fromage. Loin de toute cette pollution qui jaunit les horizons des villes, les propos malfaisants et les ‘sains d’esprit’.

    Que Mieux vous donne la joie d’être différente aussi.

  15. kath de Belgique

    @ vie en rose , suite à votre commentaire, j’ai décidé – que plus jamais- never ever – je ne lirai les propos bienveillants de Baptiste. Je vous souhaite la vie en rose, celle où les pédophiles seront pardonnés pour un seul viol. Je ne vais pas vous traiter de folle (ce serait un comble par rapport au propos de ce jour) mais simplement de femme au cœur de pierre Je n’ai vraiment plus rien à faire sur ce blog

    1. Caroline

      Voilà qui s’appelle jeter le bébé avec l’eau du bain… Hallucinée, moi ! En quoi les propos bienveillants de Baptiste sont-ils responsables des commentaires de vie en rose ?!

  16. Dr BLANC

    Comment faire rire un enfant et lui faire une piqûre sans déclencher pleurs et sanglots ?
    ou DOCTEURS PIQÛRES de cirque en foire
    https://www.youtube.com/watch?v=MOOxpT9q2mo
    une petite video qui buzze depuis 2014 à plus de 5 millions de vues
    sous prétexte de le faire rire (et surtout pas pleurer) pendant qu’il lui fait une piqûre, un médecin fait le clown prenant l’enfant pour un idiot en cherchant à lui faire croire qu’il ne s’est rien passé (et que surtout ça ne fait pas mal)…
    Père Noël, petits lutins, pensée magique et mystification sur fond de disqualification du ressenti physique et sensible de l’enfant et d’une prise de pouvoir sur lui par l’adulte

    cognitivement pas très économique pour le médecin : s’il fait beaucoup de piqûres dans la journée, il doit être fatigué le soir le collègue (sans compter la surconsommation de mouchoirs en papier !)
    mais surtout drôle de leçon pour l’enfant : de dissimulation d’information et de manipulation…
    “distraire” vous avez dit ?
    mais ça sert à quoi exactement et avec quels effets à terme ?

    ce médecin semble bien intentionné pourtant…
    https://www.youtube.com/watch?v=IwmUZ2eTT_s
    Interview du Dr Michael Darden (USA)
    difficile de ne pas rire et de ne pas se moquer de l’enfant tant le médecin semble sympathique et le papa apparemment gentil
    la contagion émotionnelle entraine l’adhésion et la complicité par l’identification

    Depuis, d’autres “videos-gags” se moquant unanimement d’enfants apeurés et hurlants se sont multipliées dans toutes langues et cultures tout autour de la planète et font flores
    https://www.youtube.com/results?search_query=child+injection+funny+video
    https://www.youtube.com/watch?v=bCljDf5veEs
    de quoi alimenter un sado-masochisme pour quelques décennies ?
    revendiqué par des impuissants, des tordus et des drogués aux sensations fortes, aujourd’hui vulgarisé et ‘tendance’ dans toutes les nuances du gris
    c’est pathétique
    ma vision du monde et je la partage

    Plus instructif de voir celle où le Dr Hamilton enseigne comment calmer un nouveau-né (jusqu’à 3 mois) en le portant positionné serré
    How To Calm A Crying Baby – Dr. Robert Hamilton Demonstrates “The Hold” (Official)
    https://www.youtube.com/watch?v=j2C8MkY7Co8

    quoique… prudence, prudence
    la méthode peut être bonne au départ, et utilisée à l’arrivée pour faire du packing ou transformer les bébés en animaux de foire…
    https://www.youtube.com/watch?v=kR3q9sXM7WA
    Impossible Challenge : How to calm babies in 5 seconds?

    mais nous sommes en Chine ou aux États-Unis n’est-ce pas ?!
    ou en France
    https://www.youtube.com/watch?v=Gmw_z3KPCPw
    Packing session on french autistic children

    quand quel que soit l’âge et le lieu, le principe humain sur lequel ne pas transiger devrait être le même : le RESPECT
    instaurer la pacification des sociétés passe par la bientraitance des enfants, et y’a du travail ! on est au tout début de la prise de conscience

    Preparing for Medical Procedures
    Social Story: Today I Am Having a Blood Draw
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=TB8dgBZVLRw
    This video was developed by treatment professionals at the Johnson Center for ‘Child Health and Development’. Print and share the flyer: http://ariconference.com/webinars/support.pdf Medical visits can be stressful for anyone and individuals with autism often face extra challenges during procedures like blood draws due to communication deficits and sensory issues. Individuals and caregivers can watch this video to preview and prepare. Printable social story:
    http://www.johnson-center.org/downloads/pdfs/blood-draw.pdf

    aujourd’hui la prise de sang du gamin ‘différent’ (et des autres) :
    pas plus compliqué que ça… 🙂
    même plus besoin de faire le clown-médecin (seulement pour les urgences et les cas désespérés)
    juste les bonnes infos, l’aide appropriée, le geste médical correct, et de quoi ne surtout pas s’ennuyer
    même pas peur !!!
    quand est-ce qu’on expliquera tout aussi aux neurotypiques, ça les rendrait moins bas de plafond ?
    la documentation médicale, une spécialité de santé publique à ce jour encore vérolée et exsangue…

    MOTS-CLEFS : information médicale ; acte médical ; bientraitance ; enfant ; atypique ; neurotypique

  17. Suze Araignée

    Il est sans doute nécessaire de répéter que 10% des schizophrènes se suicident. Qu’ils et elles sont plus souvent victimes de violences que la population générale. Que sur 200 meurtres commis, 1 seul est commis par une personne atteinte de schizophrénie (ce qui en fait 199 commis par des non schizophrènes, donc si vous voulez ne pas être assassiné-e… ne fréquentez que des schizophrènes !).

    Par contre, je trouve le dernier paragraphe maladroit (pas violent, mais maladroit).
    Celles et ceux qui ne se soignent pas ne le font pas pour être dangereux/euses (ce qu’ils et elles ne sont pas franchement beaucoup non plus d’ailleurs), mais parce que prendre conscience qu’on a besoin d’aide et avoir le courage de demander cette aide, c’est long et difficile.
    Celles et ceux qui arrêtent leurs médicaments ne le font pas pour commettre des passages à l’acte (qu’ils et elles ne commettent presque jamais), mais parce que les traitements ont des effets secondaires parfois lourds, et parce qu’il n’est pas facile d’admettre qu’on devra sûrement prendre des médicaments à vie. Et parfois aussi parce que les psychiatres préfèrent mentir et infantiliser les patient-e-s (en niant les effets secondaires, en refusant d’écouter l’expertise des patient-e-s…), croyant que c’est comme ça qu’ils et elles pousseront les patient-e-s à ne pas arrêter leur traitement, alors que ça a (évidemment) l’effet inverse.
    Celles et ceux qui prennent des drogues (schizophrènes ou non d’ailleurs) le font parce que ça apporte de l’apaisement, que c’est une forme d’auto-médication contre les angoisses insoutenables, le manque d’énergie, la violence de l’existence, et qui, en prime, apporte parfois du plaisir. Et celles et ceux qui prennent des drogues, schizophrènes ou non, ne devraient pas être stigmatisé-e-s et considéré-e-s comme des gens dangereux non plus. Parce que les usagers/ères de drogues, addictes ou non, qui passent à l’acte, sont elles et eux aussi extrêmement minoritaires.

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