L’homme qui portait l’uniforme sous son vieux pyjama.

L’homme qui portait l’uniforme sous son vieux pyjama.

http://www.huffingtonpost.fr/dr-b-b/lhomme-qui-portait-luniforme_b_3784007.html

L’histoire c’est Biscotte, interne, l’écriture c’est moi.

Alors voilà M. Javert. Il est vieux (mais style très très très vieux, avec des rides, un dentier, des petits-enfants et tout et tout !). Même qu’il ne marche plus. Il est sur son fauteuil, tout glisse sur lui. Il est l’Indifférence personnifiée. On pourrait se déshabiller, se peindre le corps en violet et chanter “Tâta Yoyo, qu’est-ce qu’il y a sous ton grand chapeau” en lui lançant des petites fourchettes à escargot dans les yeux qu’il ne réagirait pas davantage. Biscotte n’a pas essayé la peinture violette (ça jure un peu avec ses yeux très bleus), mais la chef et lui essayent chaque jour de le stimuler un peu :
– Faudrait voir à pas feignasser au lit toute la journée !
Ou :
– Faut marcher, M. Javert ! La phlébite, c’est pas une bonne copine ! Fera pas de cadeau !
Ou, Biscotte, en tapant ses poumons :
– L’embolie pulmonaire, ça fait mal par où ça passe !
Pas le moindre petit début de commencement d’un tressaillement.
L’aide-soignant, l’infirmière, même la kinésithérapeute, ils essaient tous.
Le résultat du match est sans appel :
Équipe médicale : 0
M. Javert : 1
Risque de phlébite : x 23556691948.
La mort approche à grands pas car M. Javert refuse d’en faire un seul.
Et puis, un matin, la chef s’énerve et lance à tue-tête :
– COLONEL !
Le vieux lève sa tête :
– DEBOUT !
Une main sur l’accoudoir de gauche, une main sur l’accoudoir de droite, il se déplie lentement, tel un majestueux couteau suisse s’ouvrant en deux.
La chef commande :
– EN AVANT ! MARCHE !
M. Javert file droit, déambulateur entre les mains, regard perçant, les épaules voûtées, mais la mine fière et offensive. Il a rajeuni de 20 ans et sans l’aide d’aucune crème L’Oréal (même s’il le vaut bien).
Avant d’être vieux, il était militaire : vous savez, le truc avec des uniformes, des capitaines, des trompettes, des talkies-walkies et des “Papa Ours à Maman Ours : le panda est dans le terrier, je répète : le panda est dans le terrier !”. Le truc avec la guerre et tout et tout. Il était militaire, je veux dire… Toute sa vie.

« Je voudrais perdre la mémoire pour ne plus changer de trottoir quand je croise mes souvenirs. »
G. Moustaki

« On commence par oublier les noms, puis on oublie les visages. Ensuite on oublie de remonter sa braguette et un jour, on oublie de la descendre. »
G. Burns

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4 réflexions sur « L’homme qui portait l’uniforme sous son vieux pyjama. »

  1. Severine

    Merci ! Je viens de découvrir ton blog c’est grand, c’est beau, c’est drôle, c’est triste, ce que j’aime. Désolé si je te tutoie mais ça fais 1h30 que je te lis, et j’ai l’impression de te connaître ! Prétentieuse, non mais envieuse de se que tu vis. Les urgences me manques … Les gens, leurs histoires, leur bêtise , leur naïveté, leurs phrases stupides , leur générosité, leur méchanceté, leur gentillesse, leurs larmes de douleurs et de joie …. Ancienne aide-soignante aux urgences adultes et pédiatres en banlieue parisienne, puis en réa médicale à bordeaux, j’entame actuellement ma deuxième année d’école d’infirmière, lire tes histoires me rappelle tant de souvenirs et tant d’histoires aussi barrées qu’il m’est arrivées !!! Vivement juillet 2015 mon diplôme en poche que je me replonge dans cet univers si étrange, loufoque, drôle , pathétique mais si touchant que sont les urgences. En attendant je vais continuer à te lire, à sourire et à plisser les yeux en suivant tes histoires. Merci mais alors VRAIMENT merci pour ce que tu fais.
    Lamome ( tel est mon surnom, même si mon âge dis le contraire, c’est dans le cœur et dans les tripes que ça se passe , non ?!)

  2. Delphine

    J’ai une histoire de ce genre. Je travaille en maison de retraite et pareil nous avons un résident qui était militaire. Et toutes les nuits il était agité, un jour je lui ai dis “si vous continuez à faire le bazars comme cela, vous serez d’épluchures de patates demain !” il a fini par se calmer 😉

  3. Petit Prince

    En train de relire tes posts, et vraiment, j’adore tes comparaisons ! Comme Katiad, je trouve celle du couteau-suisse assez géniale…

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