Le miracle de Noël. (Partie II : la FIN)

(Suite de l’anecdote précédente)

Moi, un peu honteux, de répondre :
– Pas du tout madame, et puis il y a des choses plus graves que d’arriver en retard au repas de Noël.
(Phrase maladroite et j’aurais mieux fait de me fouetter avec une pelle que de la dire car :
– elle a un cancer qui lui bouffe le lobe frontal;
– elle va passer Noël toute seule dans une chambre d’hôpital.
Effectivement, il y a “des choses plus graves”…)

Elle me sourit, me remercie de ma gentillesse (???), je lui explique où elle va, lui caresse la joue, et sans trop savoir pourquoi (Noël ? hypoglycémie ? besoin irrépressible d’un peu de chaleur humaine ?) je l’embrasse sur le front, juste au dessus de son méningiome, en lui souhaitant un agréable Noël. Ça l’a fait sourire jusqu’aux oreilles.

Le surlendemain, en arrivant, j’apprends qu’elle a guéri subitement de son méningiome et qu’il n’y a plus une trace détectable de tumeur. Elle remarche et semble 20 ans plus jeune. Sa famille est venue la récupérer et la ramener à la maison en s’excusant de leur manque de compassion et d’amour.

Vous y avez cru ? Vraiment ? Moi, je me suis vraiment imaginé cette fin là quand j’étais en train de manger le foie gras et les treize desserts.

Elle est morte le lendemain matin. On n’est pas à la TV, il n’y a pas d’angelots sur les rebords de toits enneigés et (ATTENTION révélation) le père Noël n’existe pas. Désolé. Même si j’aurais adoré cette première version de l’histoire, j’ai jamais vu de miracle. Il n’y a pas de chute drôle ou spectaculaire à cette consultation, juste une femme qui meurt, un cancer, un petit con qui regarde sa montre et embrasse un vieux front ridé sans trop savoir pourquoi.
Cette année, Noël n’a servi à rien.

Je ne comprends pas ce que cela signifie, je veux dire : je ne comprends VRAIMENT pas ce que cela signifie…

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6 réflexions sur « Le miracle de Noël. (Partie II : la FIN) »

  1. ANNE

    Mais non Noël n’a pas servi à rien ! Tu es peut être la dernière (ou une des dernières) personne à lui avoir donné de l’amour (ne rougis pas, c’est une manifestation d’amour de l’embrasser, pas besoin de trémolos dans la voix pour que ce soit vrai … et tout simple), tu lui as donné la joie de Noël qui est juste l’amour partagé, et pas la tranche de foie gras en entrée suivie de la ribambelle de plats qui transforment les après repas en échange de régimes amaigrissants. Là, quand tu l’as embrassé, t’as vraiment fêté Noël ! Mais depuis tu l’as peut être compris? Allez bises : )

  2. Christine

    Mais oui, Anne a raison, tu lui as peut-être donné son plus beau Noël depuis longtemps. Un charmant jeune homme l’a embrassé ! Ça faisait combien d’années que ça ne lui était pas arrivé ?
    Sinon, juste pour te dire que je lis ton blog depuis hier et que j’ai encore 4 pages à lire. Je ne suis pas prête de me coucher. Je pleure puis j’éclate de rire, suivant les anecdotes. M’étonnerait pas que mon mari appelle le SAMU pour me faire interner 😉
    bises d’une future patiente ((( (j’aimerais bien avoir un bisou, même si ce n’est pas Noël, et même si je n’ai que 53 ans 🙂 )))

  3. La Vachère

    Les Noëls à la con, je connais, j’en ai infligé quelques uns.
    Pas aussi “graves” que quand c’est des gens, mais quand on fait venir le véto à point d’heure le 24 au soir pour une vache en fièvre vitulaire, mammite colibacillaire ou césarienne, voire la totale…
    Ca pourrit tout le monde : le véto et sa famille, mon moral parce que j’ai une mémère qui va pas bien… Et si je devais réveillonner (ce qui m’arrive de moins en moins rarement), ma famille à qui je téléphone en urgence et chez qui je débarque couverte de bouse, de sang, de lait, de pus, et odorante, parce que j’ai sauté dans la voiture directement…
    Courage, tu n’as vraiment pas un métier facile, je t’admire.

  4. nots

    j’aime bien celle-là.
    Le père Noël c’était toi.
    Et les adultes disent n’importe quoi : le père Noël ne peut pas être partout à la fois, la preuve, toi, t’étais avec la dame, pas autour de la tablée familiale.

  5. psabrinz

    La fin s est très bien finit pour elle, mourir simplement sans chichi, plutot qu’entourer pas des hypocrites, vous lui avez offert un très beau cadeau ce dernier soir aussi beau que l orange de votre grand mere pendant la guerre, Noël est le don se soit pas l’achat de l’Amour….

  6. Agnès

    J’avoue, j’ai cru à la fin heureuse… Mais cette histoire reste un beau conte de Noël. Je suis sûre que cette vieille dame est partie apaisée et réconfortée par votre geste.

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