Les 500 000 Marie

(Photo : ICI)

Alors voilà… Aujourd’hui je veux parler du visage de Marie.

Marie est une femme, elle a la soixantaine, et elle est grand-mère.

Mais surtout, Marie boit.

Beaucoup.

Ses amis ne le savent pas.

Elle ment à tout le monde, tout le temps.

Même ivre morte, Marie soutient que non, elle n’a aucun problème avec l’alcool.

Elle refuse d’aller chez le médecin, parce qu’elle sait qu’il pourrait découvrir son secret.

D’ailleurs, Marie ne fait jamais de prise de sang : son taux de Gamma GT la trahirait. Elle a peur qu’on voie qui elle est vraiment à l’intérieur. Enfin, ce qu’elle croit être vraiment.

Elle se hait d’être si fragile.

Quand Marie garde ses petits-enfants, elle a hâte qu’ils repartent le dimanche soir. Elle a hâte et a honte d’avoir hâte. Elle les aime pourtant, mais quand ils s’en iront, elle pourra continuer de se saouler, mais sans se cacher.

Marie est dans l’alcool comme le moucheron dans la toile. Elle n’en peut plus de se débattre alors elle dit à sa fille de ne plus lui amener les petites. Car Marie a peur d’avoir un accident de voiture.

Elle a tellement honte qu’elle préfère renoncer à sa propre famille, Marie. À ses petites-filles !

Marie s’entoure de femmes qui ont le même problème. Pour se déculpabiliser. Se sentir moins seule, même si elle sait la vérité, Marie : on peut être plusieurs dans une solitude immense.

Le temps passe.

Parfois, Marie ne dessaoule pas pendant des jours. Un matin, Marie n’a plus de mari. Son amoureux est parti.

Elle ne parle plus à sa fille.

Avant, Marie avait une maison, mais elle a oublié. Elle a perdu son adresse. Marie est à la rue. Marie a froid, elle a faim, elle est violente. Marie crève. Marie pourrait être notre sœur, notre mère, notre tante, notre collègue, notre voisine. Marie n’existe pas, je ne l’ai jamais rencontrées. Ou plutôt si, elle existe, et elle existe TROP mais on ne le sait pas, c’est tabou ça, l’alcoolisme féminin.

Sachez-le : les Marie sont 500 000 en France, alors j’en ai probablement souvent rencontrées sans le savoir. Comme vous.

La romancière Cathy Galliègue, dans son dernier roman « Et boire ma vie jusqu’à l’oubli » pose ces mots dans la bouche de son héroïne :

« J’attends la nuit, cherche une porte-cochère pour m’y rouler en boule et boire avec dégoût, m’essuyant la bouche du dos de la main entre deux gorgées, jetant aux passants qui oseraient tourner la tête vers moi le regard de la mort. Je ne suis plus rien, coiffée, maquillée, debout, mais plus rien, et personne ne le sait. »

Je parle de ce roman parce qu’il aborde le sujet tabou de l’alcoolisme féminin, et qu’il le fait avec délicatesse et beaucoup de justesse. Il sort la poussière de sous le tapis, comme on dit. J’ai contacté la romancière ce week-end, je lui ai demandé pourquoi elle avait écrit ce très beau roman.

Elle m’a répondu ces mots bouleversants :

« L’alcool a mangé mon enfance, ma Marie à moi s’appelait maman, et nous ne nous parlons plus depuis dix ans. Alors j’ai écrit pour que les femmes concernées comme ma mère puissent parler. Et qui sait ? Peut-être même reparler à leurs filles ? ».

Cathy Galliegue a écrit, et moi, aujourd’hui, je parle. Pour toutes les Marie qui nous écoutent, et leurs familles.

Vous n’êtes pas seules.

(vous pouvez écouter cette chronique de l’émission Grand Bien Vous Fasse sur France Inter, ici)

39 réflexions sur « Les 500 000 Marie »

  1. Morwen

    Et les familles des Marie, elles font quoi ? Elles font comment ? Elles essaient de les sortir de là, de trouver des choses pour les retenir, de leur faire prendre conscience qu’elles les aiment malgré tout, qu’elles sont là, qu’elles souffrent aussi. Mais les Marie sont tellement loin dans la souffrance qu’elles sont inatteignables, inarrêtables. Jusqu’à la fois de trop, la bouteille de trop, la chute de trop, l’hématome de trop. Marie s’envole, enfin libérée. La famille reste, avec la culpabilité de ne pas avoir réussi. Soulagée que la souffrance soit terminée, soulagée de ne plus avoir à attendre cette fin programmée. Mais coupable de ne pas avoir réussi.
    Notre Marie à nous s’appelait Jacqueline. Elle avait 60 ans. Une fille. Un neveu. Une soeur. Une mère. Des petites nièces. Un ex mari. Un beau-frère. Tant de personnes impuissantes qui ont essayé mais échoué.
    Alors aux proches des Marie qui sont encore là : faîtes de votre mieux mais n’oubliez pas que c’est avant tout leur choix.

    1. Mélusine

      Je ne suis pas d’accord avec vous; l’alcoolisme est une maladie (qui cache très souvent de l’anxiété, et/ou de la dépression, et/ou….) et elle est très, très difficile à guérir.

      1. Cia

        oui l’alcoolisme est une maladie, et comme toute maladie, seule la personne malade peut décider de se soigner ou pas. Hélas, il est très difficile pour la personne souffrant d’alcoolisme de reconnaitre sa maladie et d’arriver à se soigner. L’entourage peut favoriser le processus mais ce n’est pas toujours suffisant.

  2. Rainette

    Ma Marie à moi s’appelait Michele.
    C’etait Ma maman. Elle est morte le 8 Novembre 2015 d’un cancer du foie.
    Elle fumait beaucoup… et puis, elle buvait. Mais je ne m’en suis rendue compte que 3 ou 4 ans avant sa mort.
    Je ne l’ai jamais vue boire de l’eau.
    Le vin c’etait dès 10h le matin. Mon père savait, il n’a rien dit.
    Un jour elle a voulu en finir : après avoir ingurgité une bouteille de gin elle est allée se coucher sur les rails du train. La police l’a trouvée à temps et conduite à l’hopital.
    Elle était consciente, pouvait encore parler et avait 4g d’alcool dans le sang.
    Ma Marie à moi, c’est son grand père, négociant en vins qui lui a appris à boire, reconnaître les vins. Elle avait 6 ans.
    Moi, je n’ai jamais bu de vin à table, je n’aime pas l’alcool, ça m’a toujours fait peur….
    L’alcool m’a pris ma mère et c’est vrai, on en a parlé… trop tard.

  3. MAG

    Non, ce n’est pas un choix.
    Si certains hommes deviennent alcooliques sans le vouloir, juste pour faire comme les copains des l’adolescence, d’autres et la très grande majorité des femmes qui tombent dans l’alcoolisme le font sans le vouloir vraiment.
    L’alcool est un « merveilleux » anxiolytique ; par hasard au début, puis pour retrouver cette impression de calme, de mise à l’ecart des problèmes qui bouffent de l’intérieur ; le mieux être , l’oubli momentané, obtenus librement sans en parler à qui que ce soit cèdent peu à peu la place au besoin d’alcool sans autre motif que le besoin physiologique.
    Cela n’était pas vraiment un choix au début, cela l’est encore moins après. Un suicide qui traîne dans le temps certes, mais qui devient « la faute aux autres ».
    Victime de soi, victime des autres, comment s’en sortir sans l’aide de spécialistes ? Je ne pense pas qu’il soit possible de renouer avec soi avec la seule aide de l’entourage, soit-il bienveillant.
    On ne dit pas à un ou une dépressif « bouge-toi ».
    Peut-être Baptiste en dira t’il plus.

    1. Mélusine

      Exactement. (Et, hélas, beaucoup trop de gens disent encore “bouge-toi” aux personnes en dépression… :/ )
      Il y a aussi les groupes d’entraide, qui sont très efficaces.
      Et il existe des groupes d’entraide et de soutien aussi pour les proches. Parce que le problème aussi avec l’alcoolisme d’un proche c’est que tous les proches rentrent dans un système (inconscient) qui pèse lourd sur la personne malade aussi. Donc, en tant que proche la meilleure chose qu’on peut faire pour soi ET pour l’autre c’est aussi de chercher de l’aide.

  4. Souslalune

    Merci pour ce beau témoignage Baptiste. Je n’aime ni le vin ni l’alcool et on m’a tres souvent traitée de rabat-joie à table … peut-être ai-je été moi aussi une Marie dans une vie antérieure, et peut-être en ai-je conservé la peur de me laisser à nouveau piéger . Courage à toutes et tous ceux qui luttent et sombrent. ..

  5. Moineau

    Heureusement, il y a aussi des Marie qui s’en sortent ! J’en suis une. Pourtant, j’ai voulu en finir avec la vie, moi aussi, comme la Marie de l’histoire…. Je souffrais tellement qu’il fallait que ça s’arrête. Quand un médecin a cru être rassurant en me disant : “Vous avez un foie de jeune fille !” (j’avais 41 ans), j’ai pensé : “Et merde ! ça va être long…”. Et pourtant, je suis là aujourd’hui, 23 plus tard, à témoigner que la vie est belle sans alcool.
    Quand j’ai “touché mon fond”, la médecine m’a aidée à soigner le côté physique de la maladie. Mais ceux qui m’ont appris à BIEN VIVRE SANS ALCOOL, ce sont les Alcooliques Anonymes. Peu importe l’association, mais l’aide d’un groupe de parole entre ancien.ne.s buveu.r.se.s est une aide considérable.
    Car l’alcool n’est que la partie visible de l’iceberg, l’arbre qui cache la forêt. Arrêter de boire ne suffit pas pour aller bien. Un travail sur soi est incontournable.
    Quand aux proches, qui souffrent terriblement de voir ainsi se détruire un être cher, il existe également une association d’entraide : les groupes familiaux Al-Anon.
    On ne peut pas empêcher un.e alcoolique de boire s’il ou elle ne l’a pas décidé. Mais il n’y a PAS DE CAS DÉSESPÉRÉS : seulement des cas désespérants… Il faut y croire ! Il y a aussi des histoires qui finissent bien…
    Courage à toutes celles qui sont encore “dedans” ainsi qu’à leurs proches.

  6. SANNIER Françoise

    Ma Marie à moi était ma maman : alcoolique qui mélangeait des cachets qu’elle prenait à l’hôpital où elle travaillait comme infirmière psychiatrique ; elle avait des bouffées délirantes, M accusait de l’espioner, me battait tous les jours ; puis elle s’est suicidée quand j’avais 17 ans et en partant ma dit de dire à mon père (alcoolique et violent lui aussi) qu’elle mettait sa blouse et les clés de son placard d’hôpital sur le meuble. Durant quarante ans je me suis cru responsable de n’avoir pu l’empêcher de se suicider et je viens juste d’apprendre, en psychothérapie, qu’à dix sept ans on est pas coupable de la mort et du suicide de son parent….. J’ai cinquante huit ans et ma vie commence maintenant………

    Merci de m’avoir lu.

    1. Liberté Christine

      Quelle douleur Francoise exprimée dans votre commentaire. Et quelle « chance » d avoir compris. Je vous souhaite le meilleur pour votre vie enfin libérée.

    2. Liberté

      Quelle douleur exprimée Francoise dans votre commentaire. Et quelle « chance » d avoir compris. Je vous souhaite le meilleur pour votre vie enfin libérée.

  7. Liberté

    Tellement bouleversant. Je n ai pas de Marie personnellement mais va savoir pourquoi j ai toujours été bouleversée par le visage des Marie croisées au hasard de la vie. Car le visage de Marie porte sa croix faite de vin et d alcool. L homme qui boit ne porte pas ainsi le signe de ses breuvages sur son visage. C est plutôt dans son comportement et seulement s il a trop abusé. Pour Marie si. La peau des Marie porte en grosses lettres capitales « je bois ». Encore cette fichue discrimination. Marie qui boit n a pas le droit de le cacher.

    1. Moineau

      Pas forcément, car nous sommes tous et toutes différent.e.s devant l’alcool.
      Personnellement, j’ai pu le cacher pendant des années car je n’avais aucun signes extérieurs.

  8. Marie's daughter

    Marie, c’est ma mère. Marie c’était aussi mon père. Et d’autres.
    La maladie alcoolique a pris la vie de mon père, j’ai essayé – on a tous essayé – de l’aider. Mais elle a été plus forte, la maladie. L’alcool, ça a été sa façon à lui de se cacher sous la couette et de n’en plus jamais sortir.
    La maladie prendra ma mère, sans doute , parce qu’elle refuse de se faire aider – aussi.
    Je devrais peut-être détester mes parents d’avoir grandi entre deux Marie. C’est pas joli, une vie dans l’alcool. Ou me détester, moi, de ne pas être arrivée à faire quelque chose. Parce que vraiment,c’est pas joli une vie dans l’alcool.
    Mais ils ne sont pas coupables de ce qui leur est arrivé, et moi non plus (MOI NON PLUS).
    Alors je suis restée aux côtés de mon père, comme j’ai pu. On fait ce qu’on peut, dans ces cas-là, on se protège aussi.
    Et je ne perdrai pas de vue ma mère. Elle a le droit d’avoir une famille et des moments de répit. Et je garde un (tout petit) espoir qu’un jour, elle vive mieux avec elle-même. Si seulement…

  9. Claudine

    Bonjour ,
    Moi aussi j’ai été une ” Marie ” pendant 20 ans …
    Après le départ , soudain , de mon mari , j’avais 40 ans , deux enfants , 10 et 18 ans ? J’ai découvert que le cocktail “médicaments +alcool” faisait dormir à l’heure où montent les angoisses du soir , et j’ai bu …Bu…
    Mes enfants le savaient mais c’était uniquement le soir et la journée ( J’étais prof …) je “fonctionnais” …
    Cela a duré des années , au grand désespoir de mes enfants …Et puis , un jour , j’ai décidé que c’était terminé …
    J’ai appelé les AA que je n’ai jamais pu joindre …
    J’ai pris RV avec un médecin alcoologue qui m’a expliqué , avec de petites épingles les unes à côté des autres sur la table , le mécanisme de mon addiction …
    Je suis allée , pendant des années , à des groupes de parole …
    J’y ai surtout vu des hommes …Les femmes se cachent …
    On peut s’en sortir , sans médicaments , mais il faut en parler …Les groupes sont là pour ça et il y en a partout …
    COURAGE !

  10. Pascale

    Bonsoir,ma Marie était ma maman .Elle se noyait dans l’alcool pour ne plus entendre les voix dans sa tête,elle se croyait ensorcelée,me rendait responsable de tous ses malheurs .Enfant,je l’ai cru.Elle buvait en cachette.Elle a fait deux fausses couches à cause de l’alcool.J’ai supporté ses coups et ses brimades.En terminale,je décidai de faire mèdecine.Il m’a fallu des années de psychothérapie pour comprendre pourquoi j’avais voulu devenir mèdecin:je voulais guérir ma Marie! Un jour elle décida d’arrêter de boire .Mais l’alcool avait ravagé sa santé mentale.J’ai été son souffre douleur jusqu’à deux mois avant sa mort quand elle comprit que c’etait la fin .Elle me laissa enfin en paix. Elle partit tranquillement.Elle avait 88 ans.

  11. Val

    Elle s’appelait marie-monique cetait m’a mère,
    S’était une femme super quand elle était aucun,de moins en moins souvent !
    Depuis toute petite j’ais vécu avec l’alcoolisme de mes parents mais c’est m’a mère que j’essayais de “sauver ” Elle a gâché sa vie et la mienne jusqu’à mes 46 ans ! Du matin au soir et du soir au matin, Je ne pouvais jamais lui laisser la garde de ma fille, j’ais menti à tout le monde tellement j’avais honte, a la campagne tout le monde se connaît.
    2 ans avant sa mort jais abdiqué et je l’ais abandonnée, elle avait choisi la bouteille a sa fille, elle est morte seule dans un lit d’hôpital en une semaine rongée par l’alcool.
    Son médecin que j’étais aller voir pour lui demander de l’aide m’a dit “On ne peux pas sauver les personnes qui ne veulent pas être sauvées ”
    10 ans après tout cela me poursuit encore,

    1. cia

      Val, parfois, pour se sauver soi-même, il est indispensable de fuir. C’est douloureux, culpabilisant mais nécessaire. Je vis la même chose avec ma maman que j’ai dû fuir jeune adulte pour ne pas sombrer avec elle. On a parfois juste la force pour se sauver soi.

  12. Cia

    Ma Marie à moi est ma maman. L’alcool a marqué sa vie et mon enfance d’une grande balafre. Lorsque j’étais enfant, je la haïssais parfois. J’ai 41 ans, elle en a 71. Nous ne nous parlons plus. J’essaie de faire le chemin pour renouer les liens avec cette maman bancale et fragile qui ne changera plus. Je ne sais pas si j’aurai le temps et la force…
    L’alcool a détruit ma maman ,il a été un anesthésiant pour oublier sa propre enfance.

    Elle n’a jamais réussi à guérir de son enfance. Moi si.

    Je suis heureuse. Elle non.

    Mon enfance saccagée, je ne la regrette pas. Elle fait partie de mon histoire, elle a fait de moi la personne que je suis aujourd’hui, elle m’a conduite à rencontrer l’homme merveilleux qui partage ma vie depuis 20 ans. Les seuls regrets que je porte, c’est de voir ma maman si seule et malheureuse, d’être incapable de l’aider, de la fuir parfois tant j’ai peur d’avoir mal encore.

  13. 40

    Je crois que j’ai plein de Marie autour de moi, des amies, des connaissances,
    l’une un petit coup d’Armagnac avant d’aller plaider, l’autre aux Urgences la nuit pour de drôles d’attaques de panique qui lui font jeter le canapé sur lequel elle a vomi, deux autres qui ne commencent jamais un repas au restaurant sans un verre de sangria, une bière, celle-ci qui boit le soir pour s’endormir, celle-là qui accompagne un mari bien imbibé, celles ci qui chuchotent “désintoxication”, celles qui sont minces car cigarette et alcool, celles qui rognent sur la nourriture jamais sur l’alcool, celle qui cherche la clé de la cave que quelqu’un a piquée, celle qui dit qu’ elle ne boit pas mais juste de la bière, …bref c’est fou ce que les gens boivent, et sont accros à cette drogue dure. Les hommes, je n’en parle même pas, encore plus lamentables.
    Moi je dis que je suis allergique à l’alcool, on me regarde avec honte, parfois agressivité, j’ai même entendu ce reproche étonnant, “tu n’as pas d’addiction”!
    Quand donc va t’on arrêter de produire tout ce vin, de cultiver toutes ces vignes et de chanter les louanges de la bibine infecte qui rend malheureux, malade et qui tue ?
    Quand va t’on arrêter les soi disant fêtes mais authentiques beuveries ?

  14. charlotte

    Ma Marie à moi s’appelait Michèle et c’était ma maman ; elle est décédée d’insuffisance hépatique il y a bientôt 2 ans et elle était… médecin. Elle avait 64 ans.
    Elle a bu toute sa vie, est vraiment tombée dans la maladie il y a huit ans. C’était couplé à une dépression, on ne sait pas quoi de l’oeuf ou la poule d’ailleurs… Elle a toujours nié.
    On a tout essayé, elle aussi je crois, même si je lui en ai souvent beaucoup voulu de ne pas vouloir se soigner, même si vraiment des fois ça rendait fou les rechutes, systématiques, les mensonges, constants, le déni avec la bouteille à la main.
    On est passé par des hospitalisations contraintes, une cure, de laquelle elle est rentrée avec des bouteilles dans la valise, des moments où on se voyait moins car je me protégeais et surtout beaucoup de douleur, de chagrin, d’impuissance et de culpabilité.
    De la violence parfois aussi de sa part ; de ma part aussi, des mots, très durs, dans des tentatives désespérées de la faire réagir.
    Et pour elle, je ne sais pas trop… de la souffrance beaucoup c’est sûr, mais aussi, peut-être, une fierté mal placée, qui finalement l’aura emportée.
    7 jours avant de mourir, toute jaune dans son lit d’hôpital, elle me disait : “j’aimerai bien retrouver la santé”… alors que forcément elle savait. Jusqu’à la fin elle aura fait comme si.
    Mon père, mon frère et moi sommes restés orphelins d’elle, après l’avoir accompagnée jusqu’au bout. Elle ne verra pas grandir ses 5 petits enfants, qu’elle adorait, comme elle nous adorait nous d’ailleurs. Celle qu’elle n’aimait pas, c’était elle-même, et je ne saurais jamais pourquoi.

    1. opaline

      Comme ton commentaire me touche. Ma Marie à moi est morte il y a neuf ans, c’était ma soeur. Jamais on a prononcé ce mot : alcoolique, même quand son cancer de l’oesophage la dévorait… Par fierté, par pudeur. par honte aussi. Mon petit garçon son petit chéri comme elle l’appelait, a allumé les cierges autour de son cercueil. L’alcool tue à petit feu, lentement, sûrement, en silence.

  15. marie

    Le gène de l’alcoolisme nous sommes deux soeurs je suis ivre avec un dé à coudre d’alcool ma soeur tient debout avec un litre et plus de vodka dans le sang, je frôle le coma éthylique a deux verres elle attaque son ménage avec méthode passé ses deux bouteilles … ton fils ne voit pas que tu bois , non il crois que c’est de l’eau. .. le mal à dit de la bibine c’est la potion magique abordable licite ludique des grands et petits bobos de la vie…l’alcoolisme mondain , les verres ballons geants des grands crus, les overdose de ”bourdon”,
    Quelqu’un dit on fait quoi concrètement?
    On soigne laddiction en cherchant la cause de ce suicide a petite gorgée, a grande inspiration ( sic ) en catimini, le Dr Oliverstein avait dit que les drogués n’étaient pas heureux, on peut s’en sortir si on en a profondément l’en-vie…et qu’on trouve le bon thérapeute. .. la conjonction essentientielle
    Les vins et spiritueux (spirit quand même ) fleurons du savoir vivre français. ..et puis l’eau de vie l’assommoir

  16. marguerite

    Agnès sentait toujours l’alcool. Mais une femme propre et pimpante qui sent l’alcool dans une maison ordonnée et une vie ordinaire, ça passe inaperçu. J’étais enfant, pour moi l’odeur d’une femme alcoolique c’était juste l’odeur d’Agnès. Et je trouvais cette odeur attachante.
    Comme toutes les odeurs de ma “bibliothèque olfactive”, je reconnait celle ci parmi milles même maintenant que je suis adulte. Mais qu’est ce qu’on peut faire pour une Marie qu’on croise dans sa vie ?!
    J arrive à témoigner pour les femmes qui souffrent de l’addiction par laquelle je suis passée (les troubles du comportement alimentaire), mais pour les femmes alcooliques, je ne sais pas, pas encore.

  17. ISA

    Dans ma génération, mes frères et moi, et mes cousins aussi, nous ne buvont pas. Nous ne rions pas aux ambiances de fn de soirée arrosées.
    Quand on m’en fait la remarque je dis en souriant que dans ma familles mes ancêtres ont bu ma part.
    Pour avoir vu mes grands parents se débattre et souffrir d’une fin de vie bine abimée , parce que ma mère et ses frères en ont été négligés et gardent encore les souvenirs d’une enfance de honte et de misère…
    Non l’alcool n’est pas indispensable à ma joie, au contraire même !
    Et mes enfants ont appris à trouver le bonheur sans alcool. je souhaite que d’autres trouvent la voie d’une vie pleine et heureuse sans béquille…

  18. Belette

    Au vu de tous ces témoignages bouleversants, je suis touchée.. Touchée parce que des Marie j’en ais connu aussi..
    Des Marie qui nous faisaient croire que cette fois, c’est fini, elles n’y retoucheront pas à ce fameux dernier verre..
    Des Marie qui ne montraient pas qu’elles buvaient et que vous découvrez un peu tard.. Beaucoup trop tard..
    Des Marie qui portent tellement de souffrances en elle qu’elles n’en peuvent plus et qui prennent le dernier verre de trop…
    Des Marie qui pensant tenir le coup viennent travailler alors qu’elles ont des patients à soigner..
    Des Marie qu’on aimeraient tant aider…
    Je me dis qu’au final Marie, ça pourrait être moi, une proche, une collègue, une amie, une voisine, que sais-je encore..
    La question qui me taraude .. Comment aider Marie???

  19. Anne Courbière

    Oui, tous ces témoignages sont bouleversants… Entre ceux et celles, comme moi, qui n’y touchent pas (par allergie ou par mémoire transgénérationnelle…) et ceux et celles qui sombrent dedans en silence et dans le déni, ne serait-ce pas la souffrance de vivre ici-bas qui nous relie tous?
    Qu’on soit addict ou non, la souffrance est la chose la mieux partagée au monde: on souffre soi-même, ou de voir souffrir (et se détruire) les autres…
    On peut peut-être seulement se prendre dans les bras…

  20. Erika

    J’avais un copain de classe qui ne voulait jamais que je vienne chez lui. Il venait chez moi, on jouait ensemble. Il ne voulait pas que je vienne chez lui parce que sa maman avait une maladie “gênante” selon ses dires. On a tout essayé avec mes copines pour comprendre ce que c’était, on a tout demandé, est-ce qu’elle pleurait beaucoup, est-ce qu’elle était fatigué, est-ce qu’elle avait besoin d’aller aux toilettes tout le temps, est-ce qu’elle se mettait à dire n’importe quoi, est-ce qu’elle avait une maladie contagieuse? Ce n’était pas ça. Non. Non. Et il ne voulait pas dire ce que c’était. Bien plus tard, je crois avoir compris qu’elle était malade de l’alcool.
    Récemment, j’ai souffert de l’alcoolisme d’un proche. Avec des répercussions très graves sur toute ma famille.
    Je ne regarde plus un verre d’alcool pareil. Et je constate que l’on me “réprimande” régulièrement de ne pas boire, ou de ne pas boire beaucoup, presque jamais. “C’est traditionnel, c’est culturel”. Parfois, souvent, ça a a surtout le visage du malheur .
    On parle pas mal des violences conjugales / familiales. N’oublions pas que, souvent, l’alcool est un facteur qui déclenche des violences. A quand un vrai plan addictions?

  21. SOLANGE MERCIER

    Ma maman était une Marie…. Elle a bientôt 90 ans !
    Comme toutes les Maries, maman a commencé à boire pour noyer sa solitude, nous étions tous partis… Ses trois enfants, pour lesquels elle avait vécu.
    Seule, sans époux qui l’avait abandonné avec ses trois mioches, elle s’est battue, débattue et nous a porté jusqu’à notre équilibre, puis, est tombée.
    Pendant des années elle a sombré. J’avais envie de la tuer ! Je l’ai poussé dans les escaliers espérant la voir morte parfois pour que tout cesse… Que de souffrances multiples pour ma sœur et moi a n’en voir jamais le bout. Puis une femme, psychiatre l’a rencontré, car nous avions usé d’un ultimatum : Nous, tes enfants et petits-enfants ou ton amie “la bouteille”. Cette femme lui enlève toute culpabilité et sait lui parler…. Le traitement démarre, maman admet avoir besoin d’aide !
    Aujourd’hui encore nous t’admirons maman, d’avoir réussi à traverser tant et tant de ponts, la tête haute et nous t’aimons tellement ! Merci Maman, d’être là, encore, auprès de nous.
    Tu es La Belle personne, tu restes notre modèle pour ta force et ton courage.

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