La comptine des petits ramasseurs

Alors voilà,

Je n’ai jamais eu à m’occuper d’un enfant maltraité,

jamais eu à faire de déclaration aux autorités,

jamais eu à envoyer d’enfants aux hôpitaux pédiatriques sous un faux motif.

Mais j’ai vu des enfants à qui on disait,

parfois plusieurs fois,

dans une même consultation,

ces phrases là :

Tiens-toi !

Tu m’énerves !

Ne me touche pas !

Arrête de faire chier !

Et j’ai vu des parents houspiller, écarter l’enfant, repousser encore et encore, et j’ai vu l’enfant revenir à l’assaut, revenir encore et encore, assoiffé de tendresses impossibles,

et finalement laisser tomber les bras,

et partir dans un coin,

La tête basse, les mains lourdes, les doigts ouverts,

comme si l’amour était tombé par terre,

Et se pouvait ramasser.

Tiens-toi !

Tu m’énerves !

Ne me touche pas !

Arrête de faire chier !

J’ai vu ces enfants se coller à moi,

vouloir monter sur les genoux du docteur,

être docteur avec le docteur,

ne pas quitter le cabinet,

parfois entourer mon cou de leurs bras,

Pointer ÇA et ÇA du doigt,

Puis demander à quoi ÇA sert :

une toise en bois,

un stéthoscope,

un otoscope,

un marteau réflexe,

un abaisse-langue,

etc, etc, etc, etc,

alouette, gentille alouette,

Tiens-toi !

Tu m’énerves !

Ne me touche pas !

Arrête de faire chier !

J’ai jamais vu d’enfants frappés.

Jamais jamais jamais.

Mais ceux qui cherchent au sol,

l’amour d’une mère,

le geste d’un père,

Et qui s’en vont,

Le front bas,

les mains lourdes,

les doigts ouverts,

comme si l’amour était tombé par terre

Et se pouvait ramasser,

Et se pouvait ramasser,

Et se pouvait ramasser,

J’en ai vu des dizaines,

Et mes plus vieux confrères,

eux,

ils en ont pleuré des milliers.

Tiens-toi !

Tu m’énerves !

Ne me touche pas !

Arrête de faire chier !

J’en peux plus de toi !

Bordel, t’as pas bientôt fini de me coller ?

Tu m’ennuies !

Tu vas voir, ce soir !

Va-t-en !

Allez zou ! Dans la salle d’attente, je veux plus te voir !

64 réflexions sur « La comptine des petits ramasseurs »

  1. Carriot Anne-Marie

    C’est vrai que parfois on se demande pourquoi certains couples ont fait des enfants!
    A “l’insu de leur plein gré” peut être……

    1. la schtroumpfette nazie

      C’est vrai ! à une certaine époque, la mairie de Paris avait organisé une consultation sur les rythmes scolaires. Certains voulaient que l’école ouvre de 24h/24, pour pouvoir déposer et reprendre les enfants quand ils voulaient. Gratuitement bien sûr. Et ils étaient plusieurs. Moi, toujours serviable, j’ai parlé préservatifs, pensant que ça pouvait aider ceux qui, visiblement, en auraient eu besoin. Le point godwin a rapidement été atteint

    1. la schtroumpfette tatillonne

      Si je peux me permettre, il manque un aspect : celui de l’aîné (e) d’une fratrie, babysitter non consentant et néanmoins bénévole et corvéable à merci de ses petits frères et soeurs. Tous les soirs depuis la sortie de l’école jusqu’au retour du ou des parents, vers minuit en général. Curieusement, la question “mais qui appelle le samu si quelqu’un glisse sur une savonnette dans la baignoire / empile trois tabourets pour attraper le chocolat et se casse la figure / etc… ? ” surprend beaucoup…

      1. Laura

        Oh oui!
        Ainée d’une famille de trois enfants avec un petit frère plus jeune que moi de 13 ans. J’allais le chercher chez sa nourrice tous les soirs en sortant du collège et je lui donnais son bain et son repas avant le retour de nos parents. Et, à 16 ans (donc lui 3 ans et notre soeur 14 ans), nous restions seuls à la maison pendant 10 jours pendant que nos parents partaient en vacances. Lorsqu’il s’est blessé lors d’une balade, j’ai géré seule, demandant à une voisine de nous emmener aux urgences pour ses points de suture et n’informant nos parents qu’une fois rentrés à la maison afin qu’ils ne s’inquiètent pas. A l’époque nos parents disaient que “c’est normal de s’entraider en famille”… J’y repense maintenant que j’ai moi-même un fils et jamais je ne lui ferai assumer une telle responsabilité! A moi d’assumer l’éducation d’un enfant que j’ai désiré. Et je ne vois pas cela comme une charge mais comme un plaisir de tous les jours en le voyant évoluer.

  2. Saturnain

    et on ne parle même pas des parents scotchés derrière leur gsm 🙁 triste constat cet hiver en vacances … Quand le monde a t’il commencé à dérapper ?
    Arrêtez la planète, je veux descendre

  3. Vincent ROUZADE

    Sans vouloir justifier ou chercher à excuser… Certaines fatigues parentales font que parfois, quand un enfant est un peu trop curieux, excité, demandeur… Et je reconnais qu’il m’est déjà arrivé de leur dire dire “Tiens toi”, “Calme toi”… De la même manière qu’on me l’a dit, petit.
    Mais je leur dit aussi “Je t’aime” ou “Je suis fier de toi”

  4. Elemm

    Frissons…
    J’espère que dans leurs mémoires, se graveront ces gestes, ceux du docteur qui écoute, qui est doux, qui touche sans faire mal, et le sentiment de sécurité dans les bras du docteur, qu’ils se souviendront.
    Ca existe. Pas dans la famille, mais dehors, ca existe.

  5. JosyCox

    Quel désespoir !
    Très belle écriture, vos mots sont tellement justes qu’on se croirait avec vous, avec eux…
    Merci pour votre humanité Baptiste.

  6. Anthony

    La maltraitance à enfant s’arrête bien trop souvent à la maltraitance physique…
    Malheureusement, la maltraitance psychologique, toute aussi destructrice, pour les enfants comme pour les adultes, est bien souvent relayée, à tort, au second plan…
    Le pire est que ces bourreaux psychologiques n’ont souvent même pas conscience de leur violence.

  7. Nathalie

    J’ai vu des allergologues appeler ma fille princesse et lui prêter leur stéthoscope pour ausculter leur main au cas où c’est là que battrait leur coeur. Et j’ai vu des généralistes prêter leur cachet à mon fils sans se plaindre du prix de l’encre. J’ai aussi entendu des généralistes me dire la même chose au sujet de parents soulevant leur enfant sans ménagement sur la table d’auscultation. J’ai vu des urgentistes faire semblant de jouer avec leur stétoscope le temps d’éveiller la curiosité de mon enfant à la garde pédiatrique et ensuite pouvoir l’examiner sans aucune réticence. Mais à chaque fois j’ai ressenti le stress d’être une maman qui vient consulter avec un enfant malade et un autre à surveiller. Et à chaque fois que j’ai ressenti que le praticien en face était bienveillant, et j’ai pu jouer mon rôle de maman et collaborer, expliquer, prévenir de ce que le gentil docteur allait faire.

  8. Chris

    Et que répondez vous ?
    Il faut parfois montrer au parent son enfant, lui expliquer qu’il a besoin de contact agréable et gentil pour bien grandir et que parfois c est difficile pour un parent de donner ça parceque lui aussi qd il était petit n’a pas reçu ou pour d autres raisons mais qu il ne faut pas rester comme ça. Que l on peut se faire aider, apprendre à donner et à recevoir. Que c est essentiel, que l enfant essaye d attirer l’attention de plus en plus parceque l attention reelle c est vital pour lui . Et que sans ça son cerveau apprend à repousser à son tour…..
    Avoir un bon numéro de téléphone à donner parcequ aider ce parent vraiment, cette relation familiale c’est aider aussi toutes les générations qui viennent après, c’est aider l humanité entière. C’est entendre vraiment ce petit humain, les difficultés d être parent.
    Ne rien dire c est cautionner aux yeux de l’enfant, aux yeux du parent, c’est accepter cette relation maltraitante comme normale et ça il ne faut plus que cela soit possible.
    ….. à lire ou relire : pour une enfance heureuse de Catherine Gueguen ….. Regarder les travaux de Céline Alvarez …. Et bien d’autres.
    Les preuves scientifiques sont là nous ne pouvons plus faire comme si. Et la parole du médecin, le regard du médecin est important…. Veiller à la santé physique et psychologique de chacun.

    Je sors de l hôpital aujourd’hui où ma fille a été hospitalisée service de chirurgie plastique de Montpellier …. Je n’ai presque pas dormi, nous sommes fatiguées mais chaque personne que nous avons vu là bas nous a souri, entendu, elles ont toutes (oui il n’y avait que des femmes) été d une extrême attention : de la personne qui faisait le ménage, aux auxiliaires, puéricultrices, la chirurgienne et l interne. Merci ! Et j’oubliais un homme oui, le seul, l anesthésiste humain aussi, délicat qui a veillé à la pudeur de mon adolescente adorée. Merci à lui aussi !

    Tous ces gens, me permettent de croire encore en l humanité

  9. Mimie

    Bonsoir, Baptiste,

    j’ai reçu un uppercut en vous lisant car j’ai été cette enfant-là “caresses de chat donnent des puces” disait ma mère en me repoussant, ou bien “toi tu as quelque chose à te faire pardonner!” lorsque je venais tendrement vers elle. ou bien encore “pousse-toi, tu vas gâcher ma photo!” voilà, une violence ordinaire et quotidienne.
    Et j’ai eu quant à moi à faire appel aux autorités pour protéger des petits enfants maltraités, moi qui ai fait de nombreuses années le métier de réparer chez les petits ce qui avait été brisé chez moi.
    Merci Baptiste pour votre attention aux petits enfants, et merci de me lire. Bonne soirée, Mimie

    1. Sirène

      Les mères “toxiques”, et brutales, violentes physiquement, difficile de trouver cela anormal lorsque c’est la normalité à la maison. Et croyez-moi, les enfants battus ne font pas toujours des parents qui battent, bien au contraire ! Et heureusement … mais en avançant en âge, cela devient de plus en plus difficile à supporter moralement. C’est bien des parents aimants …

  10. Laurah

    Ces mots touchent, facilement et durement. Et permettent de se poser la question : et moi? ais-je jamais eté blessant(e)? ais_je toujours su donner quand il le fallait? Regarder l’autre permet aussi cela… Merci à Vous Baptiste.

    1. nana63

      merci Baptiste pour ces mots tristes et beaux à la fois
      et merci aussi à vous Laurah ….se regarder permet de grandir, de s’améliorer , d’aimer mieux ..c’est vrai

  11. lajugie brigitte

    Certains enfants sont plus remuants que d’autres. Je suis d’une génération ancienne, où les enfants n’avaient pas le droit de passer avant les parents. “Quand tu seras grande…” combien de fois l’ai-je entendu ! Et c’était sanction immédiate à qui dépassait d’un cheveu. Par contre, lorsque j’ai été mère à mon tour, rien au monde ne m’a paru plus important que mes enfants. Je réfléchissais sans arrêt à la meilleure manière de me comporter avec elles. Pour la plus pénible, je déléguais auprès des grand-mères quelques temps, courts, mais qui me permettaient de souffler. Un jour que je j’étais en voiture avec une petite voisine, réputée pénible, que la mère renvoyait sans cesse, en attendant le retour de celle-ci, sa fille a commencé à tout toucher. J’ai réagi en lui expliquant tous les boutons, les commandes de la voiture, elle a été très sage et m’a fait un grand sourir quand je l’ai déposée chez elle.

  12. marco

    hier on avait des enfants , par amour ou par accident…difficile de ” juger “les élever était parfois”héroïque..”
    aujourd’hui hui avec l instruction… l’accès a la contraception et à l ‘avortement…les aides sociales…la connaissance du monde….ect…on pourrait croire que la naissance d un enfant est le fruit de l amour bien sur…mais aussi d une réflexion …et si la decision à malgré tout été une erreur..on a encore 3 mois pour changer d avis…si le destin s acharne encore sur vous.. vous avez alors l assistance sociale sous toutes ses formes…. et malgré tout… trop d enfants naissent du comportement d une femme …d’un homme… d un couple pour satisfaire une pulsion purement égoïste .le désir d enfant et…ou… à une frustration ou simplement pour retenir l autre…difficile ensuite de ne pas se retrouver avec des situations si bien decrite par vous ” cher ” BAPTISTE……

  13. De Passage

    Sans vouloir faire l’avocat du diable ce n’est pas parce que le parent va sortir “tiens toi” “reste assis” etc chez le médecin qu’il est tous le temps ainsi.
    Il y a des moments où l’ont peut et d’autre où l’enfant doit aussi apprendre à se tenir et à rester sage. Si vos patients vous ignorez complètement pour ne faire que jouer et répondre aux questions incessante de l’enfant comment réagiriez vous?

    Je suis en reprise d’étude, j’ai un fils de 18 mois et en période d’exam quand son père n’est pas encore rentré je passe un moment avec lui puis je vais bosser. Et quand il cherche à déchirer mes feuilles ou a jouer avec les touches ou l’écran de mon PC oui il a le droit aussi à des “vas plus loin” “non”, “tiens toi” etc Et quand il va vraiment trop loin parfois je lance aussi un “stop là tu m’énerves je ne suis pas un jouet ambulant” Et je pense que chez le médecin je répondrais à deux ou trois questions puis je lui demanderais de se tenir tranquille parce que j’estime que le praticien en face de moi n’a pas à attendre 3h que mon fils ne soit plus en demande d’attention.
    Mais pour les mêmes raisons il serait aussi sur mes genoux car je doute que vous apprécierez par exemple qu’il vienne éteindre votre pc, arracher vos feuilles etc…

    Apprendre qu’il y a des moments où l’on peut et d’autres où l’on ne peut pas fait aussi partie de l’éducation.

    Mais ca ne veut pas dire qu’une fois en dehors chez le médecin, je ne le féliciterai pas s’il s’est tenu sage, que je ne lui tiendrais pas la main ou n’essayerai pas de le faire danser comme à son habitude au milieu de la rue.
    Ca ne signifie pas que chez moi il n’a pas des moments câlins, des moments de jeux à deux ou trois, des félicitations etc.

    Ca signifie juste qu’il y a un temps pour tout et que chez le médecin c’est tout sauf un terrain de jeu.

    1. Emmanuelle

      Il y a quand même des limites et une question de vocabulaire. “Tiens-toi” est admissible pour les raisons que vous donnez, même normal. “Arrête de faire chier”, “j’en peux plus de toi” ou toute autre parole de rejet, non. Parce qu’elles sont blessantes et qu’elles le restent à vie.
      Ou alors il faut se demander pourquoi on a voulu un enfant.

  14. Marie la mère

    Cher Baptiste, cher cher Baptiste, donne moi s’il te plait un peu de ton pouvoir d’écriture, de ta façon de dire les choses claires sans tourner autour du pot mais sans être agressif. Tu dis tout cela tellement bien, en étant clairvoyant, professionnel et surtout humain.
    Merci Baptiste de tout cela.
    Ce texte me bouleverse pour bien des raisons, tu sais aussi toucher les coeurs…
    Kisses and Hugs

  15. Noémie

    Regarder le monde, et le juger, à travers le prisme d’un temps de consultation, c’est comme vouloir décrire une salle observée par le trou d’une serrure.

    Tout parents a/aura connu un jour, surtout lors de consultations médicales, des moments de fatigue, énervements, mots qui dérapent.

    Cela n’en fait pas des parents malveillants, et les enfants, de pauvres victimes.

    Il y a une vie, souvent heureuse, en dehors du cabinet médical.

    Elle ne se donne pas forcément à voir dans sa plénitude lors du huis clos consultatif.

    Nos enfants nous apprennent et nous changent bien plus que l’on ne peut l’imaginer.

    Chaque expérience de vie est positive.

    Amicalement.

  16. sandrine

    Merci pour ce texte .Il y a des maltraitances qui ne se voient pas mais laissent de terribles marques à l’intérieur .
    Il y a même des maltraitances socialement admises.

  17. Uto

    “Mais ceux qui cherchent au sol,

    l’amour d’une mère,

    le geste d’un père,

    Et qui s’en vont,

    Le front bas,

    les mains lourdes,

    les doigts ouverts,

    comme si l’amour était tombé par terre

    Et se pouvait ramasser,” ….

    Malheureusement MAGNIFIQUE. tout est dit en peu de mots. Merci Baptiste d’être présent pour ces enfants là, qui n’oublieront jamais j’en suis sûre votre attention bienveillante. Trop de géniteurs ne sont pas des parents, et laisse inaugurer d’un monde im-monde. Heureusement, de nombreux porteurs de Lumière sont là pour empêcher l’ombre de se propager

  18. Geneviève

    Le texte est “malheureusement” beau… “Malheureusement” parce terriblement juste
    Ancienne instit’ , j’en ai tellement vus de ces enfants là, de ces familles là.
    Toutefois, entre “calme-toi” ou même “tiens toi tranquille” et “Ne me touche pas” ou “Arrête de faire chier” il y a une différence.
    Et je crois que nous (instit’, médecin …) nous devons écouter, entendre et … dire.

    Pour ce que je connais, l’hôpital très très souvent pour ma fille maintenant grande, j’ai toujours rencontré un personnel soignant attentif, compétent, gentil et je suis sûre que les choses vont dans le bon sens grâce à des gens comme vous entre autres.

  19. Christine

    Quel texte magnifique, Baptiste. Je ne suis pas médecin et n’ai donc pas vu cela en cabinet, mais si souvent, hélas, dans la rue, dans les magasins, au marché… Avec à chaque fois la boule au ventre et l’envie – que je réfrène – d’intervenir.

  20. MURIEL MITTEAU

    C’est vraiment un sujet qui me peine au plus haut point !!! ces pauvres bout de chou qui ne demandent qu’une chose être AIMER ! ils n’ont pas demandé à être là, alors pitié ne faites pas des gosses pour de mauvaises raisons, faites les juste par AMOUR ! Rien n’excuse un tel comportement avec son enfant,
    on a toutes et tous connus des sales moments dans notre vie et bien nous les “super”mamans aimantes, la priorité était toujours le bien être de nos chers petits non ? Baptise très sincèrement je vous plains lors de ces consultations, on doit se sentir tellement impuissant !

  21. 40

    Le plus beau texte que j’aie lu sur ce blog, et je les ai tous lus.
    Merci.
    Il y a encore plus triste, l’enfant qui ne demande rien, qui n’attend rien, qui ne sait même pas qu’il peut espérer un geste tendre, celui qui n’a jamais eu de câlin de sa mère, il y en avait beaucoup autrefois, comme l’Abbé Pierre qui l’avoue dans une autobiographie: ” Je n’ai jamais eu de câlins”.

  22. Giroflée

    Merci Baptiste de donner la parole à ces enfants le temps de ce témoignage à la fois magnifique et terrible…De leur donner votre Amour, de les mettre dans la Lumière…et de nous interpeler…aussi…

  23. Véro

    Je travaillais pour l’assurance maladie. Nous partagions les locaux avec les assistantes sociales de la caisse d’allocations familiales. Un jour, une femme avec plusieurs enfants est venu me voir pour régler un problème. Un seul enfant devait se tenir droit, sans bouger ni un œil ni un regard, sinon il prenait un coup. Je suis allée, sous prétexte de contrôler le dossier, voir une assistante sociale. Celle-ci, après avoir vérifié, m’a dit, d’un air las, ” ils sont déjà sous surveillance et nous ne pouvons pas faire plus!” Même longtemps après, je me dis que je ne pouvais pas aller plus loin. Et pourtant, en racontant cet épisode, j’en suis encore meurtrie et je me souviens du nom de cette assurée !

    1. marie

      Une grand-mère un jour m’a dit qu’elle avait fait, avec son mari le parcours complet pour avoir la garde de leur petite fille (à peine 3 ans) parce que leur propre fille a des problèmes mentaux “acceptable et compatible” avec l’éducation d’un enfant à la condition qu’elle prenne son traitement. Sauf que leur fille est une grande rebelle qui a bloqué les compteurs pile poil à l’acmé de sa bonne vieille crise d’ado, donc le traitement “c’est si je veux”. Et elle veux pas .
      Un juge pour enfant au bout de deux ans allait signer, mais la maman a déménagé, changé de région et donc toute la procédure est à refaire . La jeune femme un jour m’a appelé , pour un problème de voisinage concernant ses chiens, à un moment je l’ai entendu crier comme une hystérique, en une seconde sa voix était devenue complétement différente, comme dans un film d’horreur , “vous criez comme ça après vos chiens? ” “non, non, c’est après ma fille … elle m’embête”.
      J’en suis à deux signalements au procureur, un aux services sociaux , plus les démarches des grands- parents, de deux maires, sans assurance que çela aboutisse.
      Nous vivons dans un pays “civilisé”, des lois encadrent le bien-être de tout un tas de truc enfance, vieux , animaux, plantes grasses, vertes ou à fleur, nos dirigeants font des congrès, des sommets, des assises pour améliorer le bien Ëtre, assurer la gouvernance…ET BLABLABLA
      et nous les pioupious de base avec nos petites musclés ont tente tous les jours de retenir le flot, que la facade ne se craquelle pas un peu plus … la facade du mur dit du “tout va bien, on a le contrôle”.
      Oh God , la garde de nuit!

  24. MAG

    J’ai lu toutes les opinions possibles dans les commentaires.
    Comment juger le comportement de ces mères sans connaître leur vie ? Elles ont rêvé d’un enfant parfait, elles se retrouvent en lutte avec une vie compliquée. La grossièreté des unes, compte tenu de leur éducation, n’est souvent pas pire qu’une expression forte de rejet poli des autres.
    C’est nous, notre esprit qui juge ce qui est bon et ce qui ne l’est pas.

    Enfant, où que j’aille, mon comportement angélique attirait des compliments. En fait, j’étais tétanisée de peur, peur des coups reçus et à recevoir au moindre battement de cils qui aurait déplu.
    Peur de laisser voir ou deviner que j’étais battue également.
    J’en ai gardé entre autre une insensibilité à la douleur physique qui a pu être une gêne pour des diagnostics médicaux.

    J’ai élevé mes enfants dans l’amour, avec patience et respect, malgré les vicissitudes de ma vie. L’un n’empêche pas l’autre.

  25. La louve poète

    Voilà des mots touchants, qui m’ont émue aux larme.
    Est-ce que c’est parce qu’ils ont forme d’un poème, et qu’ils me font penser à du Prévert? (Les pieds du père de famille sont rouge, mais les chaussures sont bien cirées, il vaut mieux faire envie que pitié).
    Toujour est-il qu’ils sonnent juste, comme des mots trop longtemps ressassés, alors me voilà, je vais prendre une part de ce terrible fardeau, et repartir avec un phrase :

    les mains lourdes,
    les doigts ouverts,
    comme si l’amour était tombé par terre
    Et se pouvait ramasser,

    En vous souhaitant tout le bonheur (et la tendresse) du monde, à Vous, Baptiste, et aussi à vous, commentateurs,
    bien le bonsoir de la Louve

  26. Anne

    Holàlà comme ça me touche… C’est dur pour les petits, c’est dur pour les médecins (ils me le disent souvent) parce qu’ils n”ont pas le temps pour aborder ces sujets avec les parents, avec les enfants…, et s’ils réagissent comme cela, c’est aussi que c’est dur pour les parents.
    Je suis en train de publier tout un dossier sur les punitions (y compris les brimades) peut-être que, … en fait je ne sais pas ce que cela pourrait faire 🙂 … vous aider à mieux trouver les arguments? envoyer les parents vers des consultants en parentalité… En tout cas, je serai ravie d’échanger avec vous sur le sujet si vous en avez le besoin. Et lien vers le début du dossier: https://happymenagerie.fr/punition-ca-sert-a-quoi/

  27. Ghislaine Ghanay

    Bonjour,
    Je suis nounou depuis 15 ans j en ai vu passer quelques uns me dire « papa taper maman» «papa a cassé la cuisine»… ou des négligences d hygiène… ou commence la maltraitance ? Je dirai qu elle commence au moment où l enfant est négligé, de quelque manière que ce soit, ne pas le laisser s exprimer, ne pas L ECOUTER… et la bientraitance dans tout ça ??
    «vous dites : c est épuisant de s occuper des enfants.
    Vous avez raison.
    Vous ajoutez :
    Parce que nous devons nous mettre à leur niveau, nous baisser, nous pencher, nous courber, nous rapetisser.
    Vous vous tromper :
    Ce n est pas cela qui nous fatigue, mais le fait que nous devons nous élever jusqu’à la hauteur de leurs sentiments.
    Nous élever, nous étirer, nous hisser sur la pointe des pieds
    Pour ne pas les blesser
    M. Janusz Korczak (poème)
    Bien à vous

  28. Florence Angers

    Merci mille fois Baptiste pour ce témoignage qui hélas reflète si souvent la triste réalité…
    J’ai moi-même écrit un récit que l’on peut trouver chez Edilivre sur la maltraitance (inconsciente?) de certains psychiatres vis à vis des jeunes qui ne rentrent pas dans leurs petites cases… “Hors-Normes, le parcours du combattant”, c’est le récit vrai de trois années de souffrance d’un jeune, au départ incompris de ses parents, mais encore moins compris de l’institution psychiatrique française, institution qui présente de sacrés retards parfois dans sa façon d’aborder la famille… Seuls quelques soignants, de votre “famille” Baptiste ont permis de sauver ce jeune in extremis… Donc merci Baptiste d’être une si belle personne !

  29. granier annaick

    Voila, tu m’a encore fait pleurer ! C’est pas permis d’écrire aussi bien ! Vite, vite, une histoire gaie pour sécher nos larmes !

  30. Cath

    Je me demandais pourquoi un sac poubelle illustrait le post ce
    matin.
    Pas bien réveillée et enchifrenée.
    Et là, je viens de reconnaître un coeur en vrac, à la poubelle.
    De battre mon cœur s’est arrêté.

  31. Florence

    Bonjour Baptiste,
    Je suis soignante, maman et humaine… et parfois quand la vie fait que tu es épuisée et que tu as donné beaucoup d’énergie pour les enfants des autres… ce jour là ton propre enfant peux t’exaspérer au plus au point pour 3 fois rien, même s’il est la chair de ta chair et que tu l’aimes plus que tout, et que tu lit des tonnes de bouquins sur la parentalité bienveillante pour respecter au mieux cet enfant…
    Juste parce que tu n’es pas super woman et qu’alors un mot, une remarque assassine, va sortir de ta bouche pour atterrir sur ton enfant. Et devant le regard des autres cela arrive encore plus souvent.
    A ce moment là, dans la seconde même tu t’en veux déjà…
    Les parents sont parfois mis à rude épreuve, le burn out parental existe, il ne faut pas jeter la pierre avant de connaître toute l’histoire…
    Merci pour ton Blog plein d’amour et de bienveillance qui nous aide à apprendre à être meilleur !

  32. granier annaick

    Oups désolée, je vous ai encore tutoyé ! J’ai l
    u que vous n’appréciez pas que vos lecteurs vous tutoient car ensuite, ils se croient permis des commentaires personnels pas forcément sympas ! Je vous promets de ne jamais vous considérer comme un pote et de toujours respecter votre travail et votre sensibilité ! Pardonnez moi d’avance si un tutoiement m’échappe parfois, il n’est que le reflet de mon affection !

  33. Elle

    Magnifiquement écrit !
    Le “Ne me touche pas ! ” me choque et me fait mal
    Comment un parent peut dire à son enfant (que, dans ce contexte on imagine malade) :
    “ne me touche pas !” Toi, mon enfant, je t’interdis de me demander aide et réconfort !
    Non mais… si c’est pas de la maltraitance ça y ressemble !

    1. Arwen

      il m’arrive parfois de dire ça à ma fille…je suis autiste et les contacts me sont insupportables quand je suis fatiguée, en colère, en saturation..il arrive que je lui dise quand elle vient de faire une crise (violente la crise, ma fille est autiste aussi..) donc oui, il arrive que je lui dise ça parce que tout mon corps est électrifié..j’ai besoin d’attendre que la colère s’estompe, j’ai besoin que la violence qu’elle peut parfois déclencher en moi s’apaise, pour pouvoir lui faire un vrai câlin plein d’amour et pas juste un câlin réflexe…
      Mais en général, les enfants demandent beaucoup de câlins lorsqu’ils en reçoivent peu, et ensuite, comme l’a dit quelqu’un ils ne demandent même plus..et c’est peut-être pire
      C’est un peu le même principe avec les pleurs des nourrissons…
      La violence à l’égard des enfants m’est insupportable, et avec mes amies, nous élaborons des stratégies pour valoriser l’enfant aux yeux de son parent, et apaiser le parent, lorsque nous assistons à des scènes difficiles

  34. B

    Parfois il n´y a plus de mots. Ils ont été remplacés depuis longtemps par des haussements d´épaules, des mimiques ou des soupirs que seul l´enfant identifie.

  35. Bellissima Francia

    Baptiste…
    Je te lis régulièrement, je t’adore, tes histoires sont belles (ou pas) et poétiques et tu as indéniablement beaucoup d’empathie mais attention… là, en tant que maman, j’ai envie de te dire attention! Tu touches un point sensible: j’en ai plus qu’assez des jugements que les autres portent sur moi en tant que parent. Tu vois, tu ne sais pas tout… tu devrais pourtant savoir que 4 min dans ton cabinet, ce n’est pas la vrai vie. La maman en face de toi qui prononce tous ces mots elle est peut-etre 99% du temps une super maman et là tu la vois dans le 1% du temps ou elle fait pas ce qu’il faut! Elle est clairement à bout, fatiguée etc… Quand c’est pas le médecin qui juge, c’est la maitresse, la vieille dame au supermarché, le voisin etc… la liste est loooongue…
    J’ai une copine qui dit plein de gros mots et oui parfois elle dit à ses enfants “tu fais chier” et ça peut choquer mais derriere elle rigole et les enfants rient avec elle. C’est la meilleure maman du monde.
    Moi meme ça m’est arrive de réprimander mes enfants severement dans le cabinet d’un médecin parce qu’ils gigotaient et touchait à tout… mais parce que si toi ça ne te derange pas, d’autres trouvent ça insupportable et te reproche de ne pas discipliner tes enfants!
    Attention donc! Merci

    1. Cath

      Je vous lis avec attention.
      Mais il y a une façon de dire, de faire. Des mots très durs peuvent sortir de la bouche de parents exaspérés et fatigués, mais il y a quelque chose dans la voix qui sonne “fatigué” ou “habitude” ou “tu fais ch… et je ne t’aime pas”.
      Et il y a dans la réponse de l’enfant quelque chose qui lit ” je sais” ou “j’ai l’habitude ” ou “tu me fais mal” ou “mais moi je t’aime, pourquoi pas toi?”.
      Alors celui qui regarde et fait précisément attention, lui il entend tout cela. Ne lui en faites pas procès.
      Je suis de ceux qui signalaient “mais moi je t’aime, pourquoi pas toi?” et qui ont fine par dire “‘j’ai l’habitude”. Avant de dire “je pars et je ne te parle plus”. Quoiqu’il arrive.
      Et surtout de ceux qui refusent qu’on fasse mal à un enfant de cette façon, parce que j’estime qu’en tant qu’adulte responsable, on n’a pas à faire supporter cela à un enfant. Et surtout pas un langage aussi déplacé. Les passages à vide existent, mais si on est capable de se maîtriser face à un adulte, pourquoi ne pas le faire vis à vis d’un enfant ? Parce qu’il ne peut pas se défendre ? Cela apporte-t-il quelque chose à celui qui écrase ?
      J’ai vu des gamins se comporter comme des diables, et les parents ne pas laisser faire, usant de fermeté, mais jamais de violence verbale ou physique. Et je n’ai jamais vu ces gamins partir les mains et le cœur vides.
      Il n’est pas question de juger à tort et à travers. Il est question d’écouter et d’entendre, de savoir faire la part des choses. Il est très ou trop facile de laisser aller et de prendre une habitude au prétexte de la fatigue, de l’énervement. Une habitude, oui, de celles qui font qu’on ne sait plus si le parent s’adresse au chien ou à l’enfant. Dans le meilleur des cas.

    2. Tijac

      Rassurez vous Francia, vous ne ressemblez absolument pas aux parents décrits par Baptiste .

      Des mamans fatiguées, qui font un “marathon de tâches familiales” tous les jours, sans jamais un jour de repos, qui doivent gérer en permanence l’imprévu, inventer des solutions, mener 6 à 8 tâches de front : nous en voyons tous les jours dans nos cabinets médicaux et elles ont bien du mérite !
      Alors, il arrivent que ces mamans soient débordées ou excédées (ou humiliées par un regard réprobateur) et qu’elles se fâchent après leur enfant. Les mots employés pour réprimander, n’ont pas grande valeur. Souvent, on sent dans la voix de la maman que cela lui fait mal au cœur d’être obligée d’engueuler son gamin, ou très rapidement il y a un geste ou une parole tendre (que cela soit conscient ou non). Quand les parents aiment leurs enfants, ils laissent toujours échapper quelques “signaux”, sans même s’en rendre compte.

      Par contre, on rencontre parfois les parents décrits par Baptiste …..souvent le regard de leur enfant nous hante longtemps après la consultation.

  36. Arwen

    La vraie violence commence là, même si comme il est dit dans les commentaires, je suis aussi parfois cette maman qui soupire quand mes enfants font les andouilles chez le docteur, parce qu’ils sont grands, parce que je suis aussi parfois fatiguée, parce que leurs différences ne se voient pas et qu’il faut toujours se justifier, parce que par ailleurs, je me donne à 200% dans mon rôle de maman pour qu’ils soient bien et que juste quelque fois, j’ai besoin qu’ils se tiennent un peu tranquilles 🙂 Et bien sûr, c’est toujours dans ces moments là qu’ils s’agitent…
    merci Baptiste

  37. Bonnet Arlette

    J’ai connu aussi le manque d’amour. Je suis arrivée 10 ans après la dernière d’une famille de 5 filles. Je ne compte plus les fois où mes parents m’ont raconté comment eux et mes soeurs pleuraient et disaient “on n’en veut pas de celle-la !” et “si au moins c’était un garçon, ce serait moins dur” !
    J’ai traîné ça pendant plus de 50 années de ma vie. J’ai fait une analyse stricte durant 4 ans et puis j’ai rencontré Jacques Salomé qui m’a aidée et j’ai enfin pu pardonner et renouer avec ma mère car j’avais rompu tout lien avec cette famille qui m’avait fait tant de mal. Aujourd’hui, je suis sereine et j’ai des enfants et des petits-enfants et je suis toujours émerveillée de voir comme ils sont soudés et comme ils s’aiment tous. C’est un peu ma revanche sur la vie.

  38. Valérie

    C’est tellement vrai….et hélas tellement courant qu’on en oublierait la tristesse des mots, des gestes et surtout des conséquences sur ces pauvres petits.Horrible.

  39. Marie-Eve

    Les textes comme ça partagent mon cerveau en deux, une moitié a envie de pleurer, l’autre a envie de serrer fort tous ces enfants, de les embrasser, de leur chanter des chansons (ce qui n’est pas très pratique si on pleure)

  40. L

    A chaque fois qu’un petit n’a pas assez de courage pour faire partir une quenotte, j’adresse à l’hôpital à 2h de route pour une sédation au protoxyde d’azote.

    A chaque fois les parents hurlent : “A CAUSE DE TOI ON VA DEVOIR ALLER A L’HÔPITAL J’AI PAS QUE CA A FAIRE”

    Comme si l’agressivité allait rassurer le petit. Comme si les parents n’avaient rien à voir dans les caries des enfants.

    J’ai fait lire le texte à l’assistante. Elle en a vu des petits ramasser…

  41. Anne-Marie LANOTTE

    Très beau texte. La négligence affective, une maltraitance qui ne laisse pas de traces visibles, et dont on parle si peu. Peut-être la pire de toutes, la plus difficile à réparer.

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