Des questions sans réponses…

Alors voilà il était dans son fauteuil, il a voulu manger seul, il n’avait pas l’habitude… La bouchée est passée de travers : il s’est étouffé et il est mort.
Nous sommes arrivés, avec le pimpom rouge et jaune, l’attirail de guerre, etc. On a posé des perfusions, mis des drogues aux noms compliqués dans ses veines. On a enfoncé des tubes dans sa bouche, on a remplacé le mouvement de ses poumons par le cliquetis d’une machine.
Je crois qu’on l’a sauvé, oui, on l’a sauvé. On a été content, il a repris sa vie d’avant. Il était mort et nous l’avons récupéré. On a été content, oui…
[…]
Six mois plus tard. Une garde de nuit à l’hôpital. La mienne. Pas celle d’une co-interne, non, la mienne. Il FALLAIT que cela tombe pendant MA garde, comme un fait exprès. Une drôle de synchronicité.
On m’appelle dans un service.
Le même patient, une autre maladie (oui, oui, il y a des milliers de façons de mourir…) Je fais ce que je peux. Au petit matin, il meurt.

Est-ce ainsi que les Hommes meurent ?
On écrit : “Mort constatée à 6 heures 37”. Et voilà !
Ça parait très facile.

Donc, au petit matin, il meurt.

On me dit, on me répète, les chefs, les uns après les autres, les infirmières aussi (merci Pascaline…), que j’ai fait ce que je devais. Ça ne marche pas. Je me regarde dans le miroir, je me dis que j’ai 27 ans et que c’est un peu jeune pour se sentir coupable d’avoir tué un homme. On est quand même là pour sauver des Vies, non ?
Et puis, que signifie arracher un homme de la Mort un jour, pour se sentir coupable de l’avoir tué le lendemain ? Le Petit Dieu des Internes vous fait de ces blagues ! Ou alors je n’ai vraiment aucun sens de l’humour….

– Qu’est-ce qui est jaune et qui sent la peinture bleue ?
– Un pot de peinture jaune.

D’habitude, cette blague me fait rire. Pas ce matin. Je pense qu’elle a été inventée par le Petit Dieu des Internes. Un mauvais peintre qui n’a aucun humour, non ?

70 réflexions sur « Des questions sans réponses… »

  1. C'line

    Il faut beaucoup de courage pour affronter l’évidence de la mort, c’est pourquoi j’aurai toujours une admiration sans faille pour tous les soignants (même s’il y a des abrutis partout, on est bien d’accord (d’où l’importance de tes écrits ici)).
    Merci encore, Bibi !

  2. Q

    allez Baptiste, tu continueras à sauver d’autres vies, et à ne pas contrôler celles que tu ne peux pas sauver. Mais même si ceux que tu ne rattrapes pas te marquent plus, il faut continuer à se souvenir de ceux qui vivent grâce à toi.
    Free hug virtuel (parce que ça ne peut faire que du bien)

  3. Cath

    “se sentir coupable d’avoir tué un homme. ” ?
    Et puis quoi encore ?
    Un médecin qui fait ” ce qu’il peut” et qui n’est pas Dieu n’a pas à se sentir coupable.
    Qu’il se sente triste, malheureux de n’avoir pas gagné cette bataille, c’est un fait et certainement une souffrance, mais ” coupable”, non ! Je récuse ce terme qui ne peut et ne doit pas s’appliquer à ceux qui s’investissent pour soigner.

  4. untel

    Peut-être qu’il était simplement arrivé à la fin de sa vie ?
    Les urgentistes sont parfois des héros (merci sincère à eux), mais parfois ce sont des zorros qui volent la mort. Si le patient est content, c’est bien. L’est-il toujours ?
    cf le film Hippocrate.

  5. T. Anne

    Bonjour Baptiste.

    Votre texte est l’occasion pour moi de revenir sur une phrase que vous répétez souvent: “Le médecin donne la vie”.

    Et bien pour ma part je trouve cette affirmation choquante et je suis en total désaccord avec elle.

    Je l’ai trouvé tellement choquante que j’en ai parlé autour de moi, et je ne vous cache pas que mes interlocuteurs avaient le même point de vue que moi. Il vous ont trouvé cependant des circonstances atténuantes: “Peut être s’est il mal exprimé”, “Il a mal traduit le fond de sa pensée”.

    Mais ce texte montre que c’est bien ce dont vous êtes persuadé.

    En effet: Vous dites que le monsieur lors de votre première intervention “était mort” et que vous l’avait ramené à la vie.
    Je me souviens d’une phrase qu’un prof en médecine avait prononcé lors de son cours dans l’amphi au sujet des expériences de retour à la vie: “La mort par définition désigne l’irréversibilité, et tant qu’une personne retourne à la vie elle n’est pas arrivée au stade que désigne le mot mort: ce stade irréversible duquel personne ne revient”.

    Donc selon cette affirmation pleine de bon sens, on ne peut pas entendre que votre patient était mort lors de votre première intervention.

    Vous ne lui avez donc pas “donné la vie”.
    La vie est un processus beaucoup trop complexe pour qu’il puisse être donné et créé par les hommes ou les femmes.
    La médecine ne détient pas les clés de la vie pour la créer: aucune vie n’a été créée dans une fac de médecine ou un CHU. Rien que pour avoir une idée du processus biologique qui détermine la taille du pénis vous, qui avez poursuivi l’intégralité du cursus médical, êtes allé sur Google pour le connaître: tout n’est pas enseigné à la fac.

    Je ne vous fais aucun reproche, je tiens juste à vous rendre attentif à des réalités.

    Vous n’avez pas le pouvoir de donner la vie.

    Je vais vous donner un autre exemple:
    De mon temps, à la fac (il y a 20 ans) on nous enseignait péremptoirement, et en présentant les scientifiques qui à l’époque avançaient une thèse contradictoire comme des illuminés, que les fibres nerveuses ne pouvaient pas se régénérer.
    Impossible nous disait on à l’époque de greffer une main arrachée par exemple.
    Aujourd’hui une telle affirmation est une aberration.
    Et pourtant, à l’époque, beaucoup de médecins devaient être persuadés comme vous qu’il donnaient la vie.

    Les recherches évoluent, avancent à tatillon, chaque nouvelle découverte permet de prolonger des vies en corrigeant des processus physiologiques altérés qui mettent en danger le fonctionnement de l’intégralité de l’organisme.

    Mais de là à dire que la correction ou la guérison de ces processus altérés revient à donner la vie… Vous comprenez bien que les connaissances médicales actuelles sont beaucoup trop limitées pour présenter la médecine comme une telle superpuissance.

    “Vous avez fait ce que vous avez pu”, et pour le coup vos collègues ont eu raison: vous n’avez pas le pouvoir de donner la vie: vous avez le pouvoir et le devoir de la prolonger à hauteur de ce que vos connaissances et vos moyens vous permettent. Et quand ça ne marche pas, ça ne marche pas…

    Je crois que vous êtes intimement persuadé que “vous donnez la vie”.
    Et quand les faits vous montrent le contraire, vous êtes incapable d’intégrer cette réalité.
    C’est ce qu’on appelle la “dissonance cognitive”.

    Et vous savez Baptiste, je ne vous fait aucune reproche, je suis très mal placée: moi aussi quand j’ai fait médecine, j’étais animée comme vous de cette idée que le médecin donnait la vie… Je percevais la médecine je crois comme une religion. J’avais lu Claude Bernard: “Un médecin philosophe est à l’égal des dieux”… Blablabla…

    Mais l’âge et l’expérience ont fait leur effet sur moi. Et par ce message je vous fais part de cette évolution:
    Un médecin avant tout doit se concentrer pour BIEN faire son travail, user de ses connaissances, de ses compétences (qu’il doit toujours remettre à jour par une formation continue) et des moyens mis à sa disposition pour aider le patient, dans l’intérêt du patient.

    Et ça s’arrête là. Et à mon avis, le médecin qui fait déjà ça est un excellent médecin.

    La vie et la mort, même si elles sont toujours présentes dans votre pratique, ne sont pas entre vos mains.

    Encore une fois, je m’attends à ce que mon message soit perçu comme agressif par certains, ce n’est pas du tout ce qu’il se veut être.

    Je vous expose simplement mon point de vue. Ce n’est pas parce qu’il remet en question la croyance de beaucoup qu’il se veut être agressif: c’est un témoignage.

    Bien cordialement.

    1. Cath

      Ces remarquese semblent pertinentes et le fruit de l’expérience et de la réflexion. Mais, car j’ai un mais au bout des doigts…
      J’ai beau relire le post de Baptiste, et je ne lis nulle art qu’il a ” donné” la vie.
      Le patient a “repris sa vie”, “on l’a récupéré”, “arraché à la mort”, oui. Mais pas “donner” la vie. Baptiste ne s’est substitué à personne et nous fait part de son sentiment d’impuissance et de perte, nullement de superpuissance ou de héros salvateur. Non, simplement le quotidien de celui qui soigne, qui fait face et qui doit intégrer et surmonter, même dans la tristesse.
      C’est mon ressenti à la lecture, moi qui ne suis ni médecin ni soignante, juste lectrice.

    2. Adikia

      Où avez-vous lu qu’il donnait la vie et se prenait pour dieu ? Personnellement je retiens “Je fais ce que je peux.”
      À travers ce blog, je perçois une personne profondément humaine, qui ose nous livrer des histoires intimes et bouleversantes.
      Pour quelqu’un qui ne juge pas et qui dit ne pas être agressif, ne jugez-vous pas un trop vite Doc Bibi ? N’interprétez-vous pas un peu trop vite ses propos ? Ce n’est que mon avis : il nous livre des bribes de vies, de belles histoires… c’est ensuite nous qui les interprétons (comme nous pouvons)…

      1. Cath

        Ah, je savais bien : tu ne l’as pas écrit et je ne l’ai pas lu davantage, et pour cause. Me voilà rassurée quant à mes capacités de lecture. J’étais sur le point de demander un RV à l’ophtalmo moi 😉

      2. T. Anne

        Bonjour.

        Sapristi.
        J’avais lu votre blog d’un trait et j’étais persuadé d’avoir lu cette phrase.
        Peut être l’ai je lu dans un article ou un blog qui présentait votre livre ?
        Peut être ai je déformé mentalement ce que je lisais ?

        Toujours est il que je ne retrouve pas en effet la phrase que je rapporte, et je n’ai pas le courage de tout relire.

        Donc au temps pour moi concernant ma référence à cette phrase qui visiblement n’a pas été écrite.
        Désolée.

        Il n’en demeure pas moi que le sens général de mon message répond à votre article qui laisse entrevoir cette possibilité donnée au médecin de “donner” la vie, en particulier quand vous dites: “il s’est étouffé et il est mort” puis “on l’a sauvé”.

        Je vous répond tardivement pour des raisons d’emploi du temps.

        Félicitation pour votre nomination en tant que médecin et surtout, bon courage.

    3. Rofine

      De la part de CédA une lectrice très assidue du blog du Dr Baptiste :

      “il y a même des médecins, comme Baptiste, qui excellent dans l’art de
      REDONNER GOÛT À LA VIE, quand on l’a perdu…
      Abrasoleil de mon parlaba loin…”

      CédA

    4. Julie

      T.Anne, votre message n’est pas perçu comme agressif, rassurez-vous.
      Vos réflexions font réfléchir sur le supposé pouvoir que s’octroient certains soignants. Cependant je ne partage pas l’intégralité de vos propos. Vous écrivez: “Je crois que vous êtes intimement persuadé que « vous donnez la vie ».
      Je n’ai pas la prétention de dire que je connais Baptiste mais… moi je suis intimement persuadée qu’il ne le pense pas du tout. Ou alors je n’ai rien compris aux histoires qu’il nous raconte depuis le début ?
      D’ailleurs, un médecin qui pense pouvoir donner la vie, prendrait-il le temps de créer un blog où il expose certains de ses questionnements, ses doutes et parfois même ses forces et faiblesses ? ça me semble très ambivalent.
      Je note certaines majuscules à certains mots. C’est subtil et plein de sens. Et je trouve qu’il est bien loin du médecin tout puissant qui pense créer la vie. On a déjà vu ça dans des films de science fiction (ne me demandez pas d’écrire Franke… Fran.. Frankeinstein ?), bref ça ne marche pas.

  6. isabelle

    Mon maître de stage me disait il y a bien longtemps: “il faut aborder la médecine humblement: tu en sauveras quelques-uns, tu en aideras un grand nombre, mais méfie-toi, notre plus grand ennemi c’est la toute-puissance”. La mort est injuste, surtout quand elle frappe plusieurs fois et qu’on avait réussi à la renvoyer initialement mais ne pas pouvoir sauver ce n’est pas “tuer”. Tous les patients que l’on sauve finissent par mourir un jour, ils ont vécu, partagé des choses avec leurs proches, et ça c’est déjà immense.
    Il faut neuf ans d’études pour apprendre à soigner les gens, il faut toute une vie de médecin pour accepter de ne pas pouvoir les sauver tous.

  7. Cathy

    Bonjour,
    C’est mon premier commentaire sur ce blog que je suis depuis peu. Je trouve la remarque de T.Anne tout à fait judicieuse et réaliste.
    Le médecin ne donne pas la vie. Il aide souvent à la prolonger. Vous avez offert à ce patient 6 mois de vie en plus. C’est déjà un énorme cadeau. Merci pour lui.
    Si chacun a son destin écrit à l’avance (ce que je ne crois guère), cette rallonge a été un pied de nez inestimable. Vous ne lui avez pas donné la vie, vous lui avez donné 6 mois de vie. Son chemin s’arrête là. Il aurait pu être encore plus court.
    Il faut voir chaque victoire sur la mort comme une rallonge gratuite et inespérée. Les progrès de la science permettent d’en offrir de plus en plus. Chaque étape est une victoire, mais l’être humain reste mortel. C’est ce qui fait sa force et sa fragilité. Continuez !

  8. monkaleidoscope

    mmmmmmmmmmmmmoauis,
    je crois être assez en accord avec les posts précédents :

    un médecin sauve une (ou des) vie(s)
    un médecin prolonge une (ou des) vie(s)
    un médecin rend moins douloureuse (parfois) une pathologie
    et, quand le petit dieu des médecins est de bonne humeur, le toubib trucide (parfois) une vilaine bébête ou une métastase … ou rend sa liberté de mouvement, sa vie d’avant, à une personne qui pourra ensuite en profiter

    c’est déjà beaucoup … je veux dire VRAIMENT VRAIMENT beaucoup
    un médecin est un aidant, un passeur, un soigneur

    mais pas, alors pas du tout, un super-héros
    et peut être bien que c’est mieux (plus facile, plus logique, etc…), la vie quand, comme tout à chacun, on se doit d’être (de rester) tout petit devant la force incroyable (la magie ?) de la vie … mais aussi modeste devant la mort ???????????????

  9. SophieC

    Peut être qu’il faut accepter parfois de laisser partir les gens…J’admire le pouvoir des médecins qui peuvent sauver des vies. Mais j’ai vécu cette même situation très triste, ma mère qui s’étouffe avec une bouchée, qui tombe, qui devient bleue. Les pompiers qui nous voient, nous, les 3 enfants, qui disent: il faut la ramener. Qui la raniment. Une fois. Puis une autre, durant le trajet vers l’hôpital. De longues semaines de coma, une machine qu’on arrête et son cœur qui bat toujours. Mais son cerveau a été très touché. Ma maman est toujours vivante, c’est vrai. Mais 20 ans après et un infarctus plus tard, elle attend toujours son heure et je le vois bien, dans ses yeux, qu’elle n’est plus là. Alors bien sûr, il y a 20 ans, j’étais la première à dire: sauvez la. Aujourd’hui, nous, les 3 enfants, nous avons dit aux médecins: la prochaine fois, il faut la laisser partir… même si cela nous déchire le cœur.
    Merci pour cet article, Baptiste, il me fait une grosse boule dans la gorge, mais il me fait du bien, un peu, aussi.

  10. Christelle

    Bonjour cher BB. Comme vous le dites si besoin, la mort n’est que la fin de la vie. Et notre vie à tous aura un jour une fin. Grâce à vous, ce Monsieur a pu prolonger sa vie de 6 mois. 6 mois avec sa moitié, ses enfants, ses amis. Alors ne soyez pas triste de sa fin de vie mais fier de ces 6 précieux mois.

  11. Ahava

    Mon ami, tu ne connais pas ta sagesse.
    Le courage, l’intelligence et la force d’avancer, c’est d’avoir les questions et de vivre dans les réponses. Et de continuer malgré tout à te tirer vers le haut tous les jours.
    La réponse est dans ton titre, on ne peut rien ajouter.
    (je sais que toi et le clergé, quel qu’il soit, ça fait deux, mais depuis que je te lis, tu cites assez souvent la bible sans t’en rendre compte, et parfois au mot près).

  12. Grand33

    Bonjour Bibi,
    Vraiment, je ne vois pas où, dans ton post tu te prends pour Dieu, peut-être parce que je n’y crois pas ( en dieu), ou peut-être parce que je n’ai pas fait d’étude de médecine, moi. ( ou alors il y a très longtemps quand je jouais au docteur vers 7 ou 8 ans).
    Je trouve la coïncidence de tes interventions, concernant cet homme, juste énorme à 6 mois d’intervalles.
    Tu as juste fait ton boulot dans les deux cas, et là, je rejoins beaucoup de commentaires : on ne peut pas tout réussir et gagner tout le temps même si l’on est très compétent.
    Et puis décidément l’ hôpital est bien un endroit très dangereux. On y meurt souvent…..
    La bise

  13. Vincent

    Bonjour Baptiste,
    Je ne suis pas soignant, ni actuellement soigné, mais je lis votre blog assidûment et offre votre livre à mes amis. Principalement pour la poésie, l’humanité, l’optimisme que l’on peut y trouver. Vous avez choisi la voie la plus difficile, en refusant la protection aisée du cynisme clinique et froid que beaucoup de vos confrères choisissent de revêtir (c’est juste un réflexe d’auto-défense de leur part, c’est humain…aussi). C’est en cela que vous êtes précieux.
    Maintenant, tous les commentaires de ce post disent la même chose, parfois avec plus ou moins de passion, ou de sympathie pour vous : quand c’est l’heure, c’est l’heure…et personne n’y peut rien.
    Bien sûr il faut se battre, jusqu’à la dernière seconde, car on n’est jamais sûr que c’est la dernière. Mais une fois passé cet instant, une fois l’ultime bataille perdue, l’important est d’avoir fait ce qu’il fallait… car la victoire finale est impossible…et heureusement, car la Mort est la seule chose devant laquelle nous sommes finalement tous égaux…si ce n’était pas le cas, la vie serait vraiment trop injuste.
    Continuez! Votre blog est un champs de fleurs printanières qui pousse sur le désert aride de mon ordinateur professionel! (et là, musique, et l’homme ailé s’envole dans le ciel, comme dans “Brazil!”).

  14. Thomas

    Ahava, votre commentaire est très beau et tellement vrai : l’homme est aussi grand qu’il est petit ! Cette histoire est incroyable et le hasard a été malheureux puisqu’à deux reprises vous avez été concerné par ce patient.

  15. M

    Bonjour Baptiste,
    Je vous suis depuis que votre livre est sortit et je vous adooooreee !!
    Je suis AS, il est vrai que ce n’est jamais facile d’être face à ” la mort ” j’essaye de me dire que j’ai fais tout mon possible pour la personne et de garder mon sourire jusqu’au dernier moment, ce qui est très important quand on est ” de l’autre côté “.
    Continuez comme ça B., si tout les médecins étaient comme vous sa serait presque magique d’être hospitalisé. J’exagère peut être un peu la, juste un peu hihi.

  16. heliotrope

    oh … est-ce vous qui l’avez ramené ? ou lui qui est revenu à l’aide de vos soins car il avait encore 6 mois de choses à vivre ?
    vous ne l’avez pas “tué”, attention ! abus de responsabilité sur la vie de l’autre …
    c’est tellement difficile à vivre d’être confronté à son impuissance
    bien cordialement

  17. le merrer cedrik

    le tueur d’infirmiers a fait une énième fausse route… jusque là Heimlich et ses potes étaient assez efficaces… cette fois ci …bof…
    un joli kt gris tant que nous le pouvions et des gars sont arrivés en criant une sorte de pin pon pendant qu’un autre criait bleu, bleu, bleu par la fenêtre… il nous l’ont intubé, ils nous l’ont adrénaliné et l’ont emporté.
    maintenant il est plus trop mort… entre son “grand mal “habituel, des doses de fait dodo assez forte (ça le change des neuroleptiques) et le poney multicolore.
    si ils nous le rendent comme il était avant, un de nous aura le droit à son arrêt de travail ( d’habitude c’est, au choix nez cassé, mâchoire fracturée, poignet en vrac…).
    si ils nous le rendent comme il est maintenant, nous sommes dans le caca… en psy nous n’avons pas l’habitude de tout ces tuyaux.
    et si ils ne nous le rendent pas, bin… tous nous aurons sur la conscience d’avoir laisser mourir sous nos yeux un patient.
    je pense que nous faisons un métier formidable (parfois).

  18. Libellule

    Cher Docteur,
    1) Pouet-Pouet

    2) il était “arrivé à la fin de sa vie”, c’est vous qui nous l’avez appris.

    3) par définition, le médecin n’est pas là pour sauver des vies – même si ça arrive, surtout aux urgentistes – mais pour prendre soin des gens, leur donner une chance supplémentaire et de la qualité de vie.
    C’est quand même pas de votre faute si un homme qui ne mange jamais seul a fait une fausse route et qu’il a eu ensuite un autre problème de santé.

    4) Free hugs, ciloux, etc.

  19. Firewitch

    Petit extrait du serment d’Hippocrate: «Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.»
    Dites, doc Bibi, je l’ai lu en entier, il n’y a marqué nulle part que le devoir du médecin est de sauver des vies! Le devoir du médecin, c’est soigner… Et si j’ai lu correctement votre texte, c’est exactement ce que vous avez fait… les deux fois.
    Vous avez surtout besoin d’un hug, de gros bisous, de l’épaule virtuelle de vos lecteurs pour pleurer. Je vous envoie tout ça! Courage doc, c’est bien, ce que vous faites.
    Bises depuis l’ Écosse.

  20. isabelle

    Se poser toute ces questions sur la vie, la mort, avouer ses doutes, ses interrogations, c’est de la part de Baptiste faire preuve d’une grande humilité et d’une grande humanité, ce blog en est le témoignage absolu et pour ma part je viens tous les jours goûter de cette humanité, virevoltant au milieu de toutes ces histoires, prenant part à toutes ces vies(et toutes ces morts aussi, c’est ainsi), me remplissant de cette sensibilité hélas si peu présente chez certains collègues. Mais là je relis et relis l’article et je suis à chaque lecture perturbée par “j’ai tué un homme”, et je me dis que ça non, je ne peux pas être d’accord avec ce terme: ne pas pouvoir sauver, ce n’est pas tuer; on ne remporte pas chaque victoire contre la mort, la maladie, la détresse, et si c’était le cas ce serait d’ailleurs horrible que certains êtres humains aient ce pouvoir absolu, mais tuer c’est autre chose, c’est tout autre chose que ne pas réussir à empêcher la mort. Peut-être d’ailleurs est ce juste parce que je me refuse à dire que du coup moi aussi j’ai tué…

  21. Julie

    Tiens, ça alors, l’histoire d’aujourd’hui fait drôlement écho à mon histoire cette semaine.
    La culpabilité liée à notre travail… je suis en train de la vivre.
    Parfois les décisions que l’on prend ont un très lourd impact pour l’être humain que l’on a en face de soi. J’ai dû prendre la décision de ne pas être favorable au renouvellement d’un agrément (ce qui implique perte d’un travail pour la personne ou travail illégal par la suite). J’ai appris que cette personne a tenté de se suicider juste après avoir reçu la décision.
    Alors, j’ai beau savoir que je ne suis pas seule à avoir pris cette décision.
    J’ai beau savoir que j’ai fait mon travail de manière juste.
    J’ai beau savoir que d’autres professionnels avaient relevés de graves dysfonctionnements.
    Etc.
    Je ressens malgré tout le poids d’une certaine culpabilité. Je revois encore cette personne m’ouvrir à deux reprises les portes de chez elle et discuter avec moi de son travail.
    Pour plagier les mots de Baptiste: Je me regarde dans le miroir, je me dis que j’ai 29 ans (11 mois et des poussières) et que c’est un peu jeune pour se sentir coupable d’avoir poussé quelqu’un au suicide.
    Je vais faire hurler certains en disant ça mais… au boulot on en a bien rit quand même. Oui, le rire est parfois une merveilleuse façon de dédramatiser des situations absolument dramatiques. Et vous savez quoi ? Il est aussi une façade pour cacher la douleur qu’il y a derrière. Je riais, ça me faisait du bien. Une heure après j’étais dans le tram, il faisait nuit, le casque vissé sur mes oreilles plongée dans ma musique. Complètement perdue dans mes pensées, assommée par cette journée et fatiguée moralement, je me suis rendue compte que j’étais arrivée au terminus en relevant la tête et en constatant que tout le monde était descendu depuis longtemps. Petit moment de ridicule qui m’a fait du bien en le racontant le lendemain.
    Mais comme je suis une nana plutôt joyeuse dans la vie et que je ne veux pas flinguer le moral de Baptiste, ni de personne d’ailleurs, j’ajoute que les coups de blues et le moral défaillant dans ces cas là sont tout à fait normaux. Ils nous confirment que nous sommes soucieux des autres et de notre volonté de bien faire. Quelqu’un qui ne ressentira rien devra rapidement s’en inquiéter et changer de boulot. Je sais que Baptiste a fait ce qu’il a pu et moi ce que je devais faire. Rappelons nous de tous ceux que nous avons aidé, sauvé, à qui nous avons fait du bien.

    Pour être plus gaie, aujourd’hui en réunion j’ai lu à haute voix un rapport où il était écrit que la personne appelle une de ses pensionnaires “kiki”. Je vous jure que je ne l’invente pas ! C’est très difficile de rester sérieuse et de poursuivre la lecture tout en contenant un début de fou rire.
    Entre ce kiki là et cette histoire qui me fait penser à ce que je vis en ce moment, décidemment… on parle de hasard non ?

    Pour ceux qui m’aiment bien et qui veulent me remonter le moral: avez vous lu la liste des 10 livres que Baptiste avait noté sur Facebook ? Le premier qui me retrouve la référence de celui qui parle de développement personnel et de mythologie gagne toute ma reconnaissance. (ouais, j’avais pas noté…)

    Merci, la bise à tous !

      1. Julie

        Désolée Cath, mais je ne l’ai plus cette liste… Il aurait été plus malin de ma part de demander directement sur Facebook ou alors je le demanderais à Baptiste, c’est encore plus simple !
        Bises

          1. marie

            Dans cette liste, il doit y avoir la pièce de théâtre “Incendies” de l’auteur Wajdi Mouawad…. voilà, voilà est-ce plus clair Dame Cath? Sinon il y a la vitamine E mais là je fais ma Josette la science …..

        1. Cath

          Oui, merci Marie. J’avais cherché sur internet en me disant que si Marie citait, il devait y avoir baleine sous gravillon. Je ne connais pas, je vais donc aller faire un tour dans une librairie histoire d’enquêter, pour voir si j’aime.

  22. Mél

    Soigner, parfois et souvent Sauver des vies mais parfois aussi il faut savoir aussi laisser partir…TU l’as dit toi même, on ne meurt pas, on arrive à la fin de son temps de vie.
    Il y a bientôt 6 ans mon père est arrivé à la fin de sa vie, 47 ans, myelome multiple, plus d’options. Les médecins l’ont prévenu que ses organes allaient lâcher les uns après les autres. Cest son coeur qui a lâché en premier et je ne remercierai jamais assez le médecin qui a fait le choix de ne pas le réanimer, de ne pas lui avoir donner quelques jours de vie de souffrance en plus. tu es médecin , tu soignes,Tu n’es pas Dieu, Mahomet ou Shiva.TU es humain, et toutes ces questions que tu te poses montrent ta grande humanité Tu as fait ce que tu as pu. Quand c’est l’heure c’est l’heure. L’heure pour la vie, l’heure pour le trépas et le voyage au pays des poneys multicolores. Il y a des jours plus difficles que d’autres, demain est un autre jour
    Free hugs Baptiste!!!!

  23. Souki

    Pas forcément très joyeux, mais j’aime vraiment ce poème (et il est un peu de circonstance)
    Bises

    Je mourrai d’un cancer de la colonne vertébrale
    De Boris Vian

    Je mourrai d’un cancer de la colonne vertébrale
    Ça sera par un soir horrible
    Clair, chaud, parfumé, sensuel
    Je mourrai d’un pourrissement
    De certaines cellules peu connues
    Je mourrai d’une jambe arrachée
    Par un rat géant jailli d’un trou géant
    Je mourrai de cent coupures
    Le ciel sera tombé sur moi
    Ça se brise comme une vitre lourde
    Je mourrai d’un éclat de voix
    Crevant mes oreilles
    Je mourrai de blessures sourdes
    Infligées à deux heures du matin
    Par des tueurs indécis et chauves
    Je mourrai sans m’apercevoir
    Que je meurs, je mourrai
    Enseveli sous les ruines sèches
    De mille mètres de coton écroulé
    Je mourrai noyé dans l’huile de vidange
    Foulé aux pieds par des bêtes indifférentes
    Et, juste après, par des bêtes différentes
    Je mourrai nu, ou vêtu de toile rouge
    Ou cousu dans un sac avec des lames de rasoir
    Je mourrai peut-être sans m’en faire
    Du vernis à ongles aux doigts de pied
    Et des larmes plein les mains
    Et des larmes plein les mains
    Je mourrai quand on décollera
    Mes paupières sous un soleil enragé
    Quand on me dira lentement
    Des méchancetés à l’oreille
    Je mourrai de voir torturer des enfants
    Et des hommes étonnés et blêmes
    Je mourrai rongé vivant
    Par des vers, je mourrai les
    Mains attachées sous une cascade
    Je mourrai brûlé dans un incendie triste
    Je mourrai un peu, beaucoup,
    Sans passion, mais avec intérêt
    Et puis quand tout sera fini
    Je mourrai.

  24. Soulalune

    Je compatis de tout coeur au sentiment d’impuissance ressenti Baptiste. Vous avez agi avec toute votre compétence professionnelle, ne culpabilisez pas.
    Par contre, je comprends bien que perdre “cette bataille” ait pu être douloureux, et merci à vous d’avoir le courage de l’écrire.

  25. Didou

    Ouille ! Ca sent le mouchoir aujourd’hui…
    Et sans toutefois vouloir en rajouter, j’ai une révélation à vous faire…
    Ca risque de faire mal, alors peut-être serais-ce préférable de s’assoir avant de lire : tous vos patients vont mourir un jour…
    Oui, je sais, dit comme ça c’est brut de pomme et pas particulièrement encourageant mais au fond, c’est pour ça que ce n’est pas le nombre de vies sauvées qui construit un médecin, c’est le nombre de sourires partagés, de rires échangés, de complicités bâties et de relations fondées.
    Au fond, ce qui fait de vous un médecin, c’est l’opportunité de pouvoir partager avec des inconnus des brèves de vies qui vous forgerons aussi bien qu’ils construiront vos patients eux-même…
    Et des brèves de vies de patients, ce n’est pas ce qui manque sur ce blog…

    Preuves que vous devez être en train de construire un grand médecin…

  26. my

    Merci Baptiste de mettre des mots sur tout ça.
    sur cette culpabilité.

    “1 et 2 et 3 et 4 et 6 et … ” pendant de longues minutes, bras tendus, poignets et épaules verrouillés.
    Avec ces mots qui tournent en boucle dans la tête “reviens, allez vas-y, s’il te plait, reviens ”

    Quand il refait surface, cette bouffée de bonheur d’avoir pu être l’un des maillons de la chaine.
    Notre métier nous offre de très beaux moments.

    Quand il sombre, que retentit le “stop, on arrête là, ça ne sert plus à rien” …

    Souvent on accepte
    On a fait le maximum.
    Il y a des choses que l’on ne maitrise pas.

    D’autres fois, même si on a tout fait, et comme il faut,
    on a ce sentiment tenace qu’on aurait peut être pu … ou qu’on aurait du …
    Et que peut être que si …

    Un soignant, c’est aussi et avant tout un humain.
    Qui préfère les belles histoires.
    Celles qui finissent bien.

  27. Hervé CRUCHANT

    Le voilà le pire cas. Dans sa propre vie. On est ceci, on est celà. On a fait des études ou pas. On va faire. On va être. C’est sûr. Dans tous les cas, c’est sûr.

    Et puis voilà le pire cas qui se présente. Nous voilà dans le rôle du témoin. Du touriste. Perdu dans le grand hall de gare de la vie. Une valise dans chaque main…

    Un homme, que j’ai connu soigné jadis qui s’étouffait de vivre; qui était si seul qu’il ne pouvait plus choisir entre respirer et se nourir; des fois on sait plus comment faire…. Et le voilà ce soir cette nuit ce noir qui envahit tout. Je ne sais pas faire ce qu’il faut avec lui; je sais faire ce qu’il faut avec sa maladie; mais pas avec lui qui finit sa vie. Voilà. Le pire cas.

    Une histoire banale me direz-vous. Une vie qui finit, une histoire qui se raconte. Solitude banale vide du témoin qui ne sait plus.

    Le pire cas….

  28. Michel

    Merci, BiBi de nous partager vos mots, de permettre que nous revisitions (sous votre climat) nos émotions enfouies, les indigestes ou les succulentes. Vous me semblez, cette fois, confronté à l’irruption d’un “destin ?” incontrôlable qui heurte votre sensibilité… :
    vous étiez pleinement heureux 6 mois plus tôt,
    et voila que malgré tout ce que vous avez pu faire,
    cette fois, un autre siffle la fin de partie…
    Vous atteindrez probablement plus jeune que moi une vision où :
    la réalité de “cet incontrôlable” est paisiblement compatible
    avec nos projets, nos émotions humaines.
    L’image du champ vous parle, et je me compare au “paysan” qui ne saurait attendre de savoir si l’année sera bonne pour planter…
    Merci d’avoir commencé votre sillon, pour nous, la terre en est un peu plus belle.

  29. ANNE-LAURE

    Bonjour Baptiste,
    D’habitude, quand j’ai un coup de mou, lire ton blog me fait du bien,
    aujourd’hui c’et toi qui a un coup de mou, mais je n’ai pas tes talents d’auteur,
    Hasari Pal a dit : “tout ce qui n’est pas donné est perdu”, tu as tout donné.
    Il y a des fois où il arrive ce qui doit arriver.
    Bon courage et à très bientôt. Anne-Laure

  30. marie

    Longtemps j’ai gardé dans mon sac le livre de Jean-Dominique BAUBY “le scaphandre et le papillon” ce journaliste qui a écrit son carnet de bord de malade… il dit ” Autrefois, on appelait cela “transport au cerveau” et on en mourait en toute simplicité. Le progrès des techniques de réanimation a sophistiqué la punition. On en réchappe mais flanqué de ce que la médecine anglo-saxonne a justement baptisé le locked-in syndrom : paralysé de la tête au pied, le patient est enfermé à l’intérieur de lui-même avec l’esprit intact et les battements de sa paupière gauche pour tout moyen de communication ».
    Un des chapitre s’appelle Jour de chance
    “Ce matin le jour est à peine levé qu’un méchant sort s’acharne sur la chambre 119. Depuis une demi-heure l’alarme de l’appareil qui me sert à réguler mon alimentation s’est mise à sonner dans le vide. Je ne connais rien d’aussi stupide et désespérant que ce bip-bip lancinant qui ronge le cerveau. En prime, la transpiration à décollé le sparadrap qui ferme ma paupière droite , et les cils englués me chatouillent douloureusement la pupille. Enfin, pour couronner le tout, l’embout de ma sonde urinaire s’est déboitée. Je me suis complètement inondé. En attendant les secours, je me chantonne une vieille rengaine d’Henri Salvadore : « viens donc , baby, tout ça c’est pas grave ». D’ailleurs voilà l’infirmière .Machinalement elle ouvre la télévision .C’est la pub. Un serveur minitel, le « 3617 Milliard » propose de répondre à la question « êtes-vous fait pour faire fortune ? ».
    Entre sa réanimation punitive et son décès Jean-Dominique Bauby a eu le temps d’écrire ce petit livre fabuleux , le monsieur que vous avez « récupéré » puis qui reparti vers ce que Michel appelle « cet incontrôlable » a sans nul doute eu besoin de ce sursis pour laisser un petit carré de drap de lin où nous tous et grâce à toi nous écrivons sur ses pas, ces minuscules empreintes de vie qui resteront gravées quelque part. La bise Baptiste et take care les powers rangers veillent.

        1. marie

          il est dur sans nul doute, mais tellement juste, par exemple lorsqu’il parle de son ange gardien, l’orthophoniste Sandrine , “qui a instauré le code de communication sans lequel je serais coupé du monde”…un truc qui vaut bien le Nobel des orthophonistes !!!….”et de comprendre que l’humanité hospitalière se divise en deux.Il y a la majorité qui ne franchira pas le seuil sans essayer de piger mes SOS, et les autres, moins consciencieux , qui s’éclipsent en feignant de ne pas voir mes signaux de détresse.Tel cet aimable abruti qui m’a éteint le match de football Bordeaux-Munich à la mi-temps en me gratifiant d’un “bonne nuit” sans appel.”
          bref faut acheter le Livre de Bibi ET le livre de Bauby (smiley clin d’oeil, parce que le Jean-Do il aurait kiffé d’être soigné par un Baptiste assisté d’une Brigitte et d’une Cilou)

          1. Cath

            Oui, une équipe de choc, mais trop rare. J’ai vu tout récemment un centre ou des personnes âgées ” déambulent”…. Pas d’activités, pas d’accès au parc… Non, les seuls corridors pour marcher, perdus… Le seul geste de douceur envers une des malades est venu d’une autre malade moins marquée ( et que je venais chercher pour le wk). J’ai vu quelque personnel soignant sur place : aimable, prefessionnel sans aucun doute, mais absolument rien de plus, pas d’empathie, pas d’attention envers ces personnes. Exactement comme “l’abruti” décrit supra : pas besoin d’essayer de communiquer avec le malade, sans intérêt pour le mec qui fait son job.
            Le métier est très dur, qui en douterait ? Mais comme me l’a dit mon amie, qui elle sait encore se défendre – c’est terrible d’écrire cela- pour certains, cela confine au mauvais traitement.
            Pas le moral en ayant vu cela.
            Voilà. Il y a encore du boulot….

  31. veronuique comolet

    la mort est toujours violente, toujours scandaleuse. D’abord parce qu’elle remet chacun devant sa finitude; ensuite parce qu’elle est signe de séparation, de mystère. Etre bousculé quand elle arrive est un signe d’humanité. et il est bon parfois de se rappeler que nous sommes mortels et que le meilleur des médecins ne peut pas tout. C’est en le sachant qu’il devient humain.
    En le sachant, et en l’acceptant. en toute humilité. et en restant auprès de l’autre, celui qui va partir; sans fuir.
    http:www.vivantsensemble.com

    1. Albigène

      @ veronique comolet
      Merci de redire que nous sommes tous mortels. C’est en effet une des rares choses dont nous pouvons être sûrs. Comme le patient qu’évoque Baptiste, nous, humains manquons cruellement de savoir vivre…
      Félicitations pour vôtre engagement bénévole dans l’accompagnement en soins palliatifs.
      Il est triste de constater que 20 % seulement des personnes qui doivent bénéficier des soins palliatifs y ont accès ; le manque de moyens est cruel et la formation des professionnels de santé à la culture palliative reste marginale.
      Merci pour ce que vous faites auprès de ce ceux qui s’en vont et pour leurs proches.

  32. Ludo

    Cher Baptiste,
    Chienne de vie… Ou chienne de mort ?

    Afin de me blinder contre notre maîtresse à tous, la flirteuse faucheuse, j’ai adopté la technique ultime du cycle du deuil (comparé au cycle du changement).
    Après des mois de méditation, je pense avoir validé les différentes phases initiales (choc, colère, déni, nostalgie, acceptation), il me reste encore le soulagement, l’interet, et le plaisir.
    Ce qui veut dire que ma propre mort ne m’inquiète plus, car partant du principe où à peine je nais, je meurs. Le laps de temps entre les 2 événements s’appelle du BONUS.

    Malheureusement, cette technique ne s’applique absolument pas à la mort des autres, qui me touche toujours autant. J’ai donc décidé de profiter des bonheurs de la vie, des gens qui en valent la peine tant que je le peux.
    Et décidé aussi de devenir un gros con, car comme on dit que les meilleurs partent en premier, autant être pourri pour rester !!!

  33. Viviane

    Bonjour baptiste,
    Bonjour les fans,
    Comme d’hab , j’adore
    Le texte et les multiples commentaires…
    J’aime l’image du sillon de Michel, tracé dans l’aride écran de Vincent pour y planter des fleurs d’émotion !
    Regarde d’un peu plus loin et voit le champ comme une pièce de monnaie, les sillons que tu y trace d’un côté sont les négatifs d’autres marques de l’autre côté.
    Tu ne peux pas ressentir la joie de sauver de tes mains quelqu’un qui se noie sans éprouver la souffrance de ne pas réussir a chaque fois. Finalement est ce que chaque émotion n’a pas son pendant, ne faut il pas accepter de ressentir l’une comme l’autre pour RESTER VIVANT !!
    Je me suis demandée quel âge il a ce patient ? Six mois, c’est pareil ou pas quand on a 10 ans ou 90 ans ?
    Et puis finalement, quelle importance, c’est pareil !!!
    Merci a tous,bizz

  34. Viviane

    Renaud : J’ai cent ans et chui bien content
    J’ai encore mal aux dents.
    Mais la souffrance c’est rassurant,
    Ca n’arrive qu’aux vivants …
    😉

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