Le super-pouvoir !

Alors voilà, l’autre jour, à la fac de L., j’ai donné une conférence.

Les larmes aux yeux, une étudiante a confié ses doutes, “Comment savoir qu’on aide ? Soigne ? Et si je fais des bêtises ?…”.

Et surtout : comment être HUMAIN ?

Les chefs à l’hôpital, explique-t-elle, sont parfois méprisants, tyranniques, et souvent imperméables à leurs questionnements.

« Qu’est-ce qu’on peut faire, monsieur Beaulieu ? a-t-elle demandé.

– Alors d’abord, ne pas m’appeler monsieur. »

[Chaque fois qu’on m’appelle monsieur, un chaton meurt quelque part dans le monde (notez que, statistiquement, c’est probablement vrai. On a tous un super pouvoir. J’ai une copine, chaque fois qu’elle claque des doigts, un feu passe au vert quelque part…)].

Eh, toi, là, oui, toi ! L’étudiant ou l’étudiante qui me lit ! Sache qu’il y aura toujours des chefaillons, des Napoléons en croq’s, tellement malheureux et peu sûrs d’eux qu’ils n’ont d’autres moyens pour se rassurer que de chier sur la gueule des autres jusqu’à la noyade pour se sentir légitime et “socialement validé” (ce point est valable dans TOUS les milieux professionnels).

Imaginez maintenant, chaque fois que cela vous arrive, que ce chef tient une pancarte avec marqué en grosses lettres rouges : “JE ME COMPORTE COMME UNE RACLURE PARCE QUE J’AI VRAIMENT PAS CONFIANCE EN MOI ET TELLEMENT PEUR”

Le voilà votre super pouvoir : vous, vous savez ce qui le détermine à être un gros tas de merde, alors que lui, il n’en sait rien.

Ce qui signifie que vous en connaissez plus que lui sur la nature humaine. Souriez : vous venez de devenir soignant et soignante.

40 réflexions sur « Le super-pouvoir ! »

  1. Augustin perruchon

    Alors, déjà se poser la question “est ce que je suis humain?” C’est l’être! Plein pot! Avoir des doutes c’est bien! Et puis l’avantage a l’hôpital quand on apprend, il est absolument INDISPENSABLE de croiser des gros cons car ça montre la direction a ne pas prendre, les gens à qui on ne veut pas ressembler. Audiard a fait de très bonnes répliques sur les cons! Les petits chefs, il y en a partout. Pour ma part, on devient médecin et humain au contact de l’autre. Soigner, ça veut dire : prendre soin. Ce sont des mots qui m’animent tous les jours. Prendre soin. Et dans les facultés ils apprennent pas qu’on peut soigner super bien en faisant une caresse sur la joue, en essuyant une larme, en tenant une main, ou en donnant un sourire. A la faculté ils apprennent pas qu’on peut s’assoir sur le bord du lit d’un patient, et qu’avant de lui palper le bide on peut lui demander qui c’est sur la photo sur la table de nuit, est ce sue ce livre que vous lisez est intéressant, est ce que vos enfants viennent ce soir, attendez, je vais vous aider à boire… Ça ils apprennent Pas!
    Fonc les trous du c…, c’est nécessaire, et l’image de la pancarte à rzclure, me plait, er je sais déjà qui regardé demain en y pensant et en me marrant !

  2. Cath

    Pas certaine que cela soit complètement vrai.
    Je veux dire qu’il y a des chefaillons nazillons qui savent pertinemment ce qu’ils font et qui en « jouissent ».
    Je n’ai jamais compris ce qui les pousse à agir de la sorte, le plaisir qu’ils ou elles en retirent, mais je sais que ces déséquilibrés existent et qu’ils font des ravages.
    Ne pas leur laisser la place, ne pas reculer, les contrer encore et toujours, mais honnêtement, s’il faut soigner ces individus, je suis pour la méthode cromagnon, même au niveau mental et moral.
    Je n’ai pas la mentalité de soignante, j’en suis bien navrée ( c’est pas vrai 😉 )

    1. mimi

      “nazillons” ? Faut pas exagérer.
      Que certains jouent au petit chef, vous en trouverez dans tous les milieux professionnels, mais vous en trouverez également dans les foyers…
      Sans doute, oui, ce sont des gens qui ont des soucis d’assurance, de bien-être.
      Mais, il y aussi ceux qui aiment régenter, diriger, et qui sont très bien dans leur tête.
      Il y a juste façon de faire… Et de dire…

      1. Rosi77

        Si si il y a des nazillons, de ceux qui poussent à la dépression voire au suicide. Ce ne sont pas que des chefs qui aiment régenter. Ce sont des malades qui jouissent de rabaisser l’autre. J’ai eu la malchance d’en croiser une. Et heureusement que ma vie familiale était des plus équilibrée sinon je ne serais plus là pour vous en parler.

        1. nurf

          En effet ça porte un nom : PERVERS NARCISSIQUE MANIPULATEUR. ma femme et moi avons croisé chacun le sien. Un enfer ! obligé de fuir ! et ces gens ont réussi a se mettre dans postes ou ils sont indéboulonnables malgré leur malveillance. Ces gens sont si mal dans leur tête que l’échec de l’autre est fondamental, ils rabaissent les autres pour se grandir artificiellement, etc…. Ils sont comme ça car ils n’ont eu aucune valeur aux yeux de leur parents. Je vous invite a faire des recherches sur ce type de profil qui font des ravages dans les entreprises et saccagent les projets et gens….

  3. Gene

    “j’ai vraiment pas confiance en moi et j’ai tellement peur” : OUI , c’est bien de voir la pancarte !!

    Et même , aussi, ceux qui l’ont oublié, qui se comportent comme des brutes. Peut on être soignant et considérer que certains sont des monstres ? Jugeons les actes, voyons les masques, mais n’oublions jamais que derrière chaque tyran, il y a un être égaré.

  4. Coralia

    Ayant lu, relu, dévoré votre livre et n’étant toujours pas lasse de le relire je me suis dit pourquoi pas aller lire son blog. Et quelle bonne idée ce fut ! Comme le livre j’ai dévoré tous les articles publié en une soirée ( sois environ trois heures de temps devant un feu de cheminée) Je tenais à vous dire que votre blog est une pure merveille ! Continuez ainsi et merci !
    Merci pour les rires ( bonne gymnastique facile pour éviter les rimes !) et la joie que vous nous donner à travers votre livre et votre blog !

  5. Sylve

    Bonsoir Baptiste,
    Je crois pour ma part que nous gardons notre humanité et notre bienveillance justement en ne devenant pas comme eux, en intégrant pas en nous la violence qu’ils nous envoient… Certes la pancarte m’a bien fait rire aussi mais lorsque je croise ce genre de personnes aujourd’hui je me pose cette question : qu’est-ce qui a blessé cette personne à un moment donné dans sa vie pour qu’elle devienne une pourriture sur pieds ? Qu’est-ce qui s’est passé pour que le petit garçon ou la petite fille innocent(e) qu’il (elle) était soit devenu(e) cet être ignoble ? Certes ils n’ont pas d’excuses parce que chacun(e) peut faire le choix de l’humanité plutôt que celui de la violence… et lorsqu’on choisit on change l’avenir car c’est à nous de rester ouverts aux autres au lieu de rester barricader dans nos peurs… Apprendre à voir avec son coeur voilà ce qui devrait être dit à vos étudiants en priorité… Ils ont bien de la chance de t’avoir comme prof en bienveillance et je souhaite pour cette nouvelle année qui approche que plus jamais personne ne te dise Monsieur 😉 Miaou prends bien soin de toi

  6. Le chêne vert

    Surtout toujours se rappeler qu’on a un être humain devant soi…
    Il y a peu, je suis allée chez l’ORL pour une baisse d’audition de l’oreille gauche et je suis ressortie de son cabinet (on entend tout de la salle d’attente, je me suis même demandé pourquoi j’allais passer un audiogramme) avec un neurinome acoustique avec forces détails sur les inconvénients de ces tumeurs. je n’ai jamais autant pleuré de ma vie en rentrant chez moi… Bref, ce mec est un con et je n’y retournerai pas… Pour la petite histoire, l’IRM est négatif, mais ça, c’est un autre roman.

  7. gendan

    Bonjour Baptiste,
    Que j’aime vous lire.
    Votre article m’a fait me souvenir qu’il y a très longtemps, lorsque je suis entrée de plein pied dans ma vie professionnelle, le responsable du service où je travaillais, m’impressionnait énormément.
    J’avais une collègue et amie, qui s’était rendue compte de mon état de nervosité face à cet énergumène, qui n’hésitait pas à tyranniser le personnel sous ses ordres.
    Un jour, elle me dit ceci : “imagine toi ce monsieur, le matin au levé, allant aux toilettes. Imagine-le sur les lunettes des WC, tu verras que ta peur disparaîtra. Cet homme est comme tout le monde, ni plus ni moins”.
    Elle avait entièrement raison. Ce fut radicale et depuis, jamais plus je ne me suis laissée impressionner par qui que ce soit.
    Bonne fête à vous.

  8. kath de Belgique

    tellement vrai dans l’enseignement aussi (métier que je pratique depuis 3 ans à peine, âgée aujourd’hui de 56 ans) , les profs qui enfoncent les gosses, pourrissent leurs têtes avec des “tu devrais faire coiffeuse”, je suis aujourd’hui fière d’être une enseignante “soignante” prenez bien soin de vous en 2018

  9. Lightdys

    Bonjour Baptiste et merci !

    Ca me fait penser que je suis tombee sur un chefaillon Napoleon en tant que patiente, il y a peu de temps… Condescendant, meprisant et paternaliste au possible, une caricature ce gars.

    je l’ai rembarre, mais je suis ressortie en pleurant et j’ai broye du noir plusieurs jours.
    Enfin, au moins, j’ai ose lui repondre, c’est deja ca…

    J’aurais aime voir la pancarte ce jour-la.

  10. jouploux

    auparavant les chefs étaient très compétents, la hiérarchie existante était en quelque sorte réelle et nul besoin de s’en prévaloir,
    de nos jours, les chefs sont incompétents dans leur majorité, il ne leur reste plus que ce besoin méprisant d’écraser les autres pour montrer leur supériorité,

  11. Celine

    Le fameux chefaillon… Vous dites qu’il a peur, et vous avez raison. Vous savez, j’ai toujours profondément respecté le personnel soignant. J’ai été éduquée aussi dans le respect de l’autre. Jusqu’au jour où mon père s’est retrouvé en réa entre la vie et la mort et que le chefaillon m’a envoyée paître moi et mes pauvres questions d’un revers de la main. J’ai attendu que mon père s’endorme. Puis je suis allée voir ce monsieur. Juste pour lui signifier que s’il ne savait pas comment me le dire, que s’il avait peur de me le dire, moi je sentais la mort prochaine de mon père. Je la sentais dans mon cœur, mes tripes par terre, à son visage. Mais que lui n’ avait pas à me manquer de respect. Que c’était juste ça que je lui demandais…du respect.

    Purée…pensez aux chatons…interdisez formellement à vos élèves de vous appeler monsieur, c’est trop cruel…

  12. Dr François-Marie Michaut

    Comment devient-on chef, dans quelque domaine que ce soit ?
    En ayant bien vissé dans la tête que la vie ne peut être qu’un combat. Réussir sa vie, c’est gagner ce combat.
    Tous les autres, sans exception, sont à désarmer, au mieux, ou à occire au pire.

    ” Connais-toi toi-même” disait ce vieux fou de Socrate il y a 2 500 ans… Résultat : il a été condamné à mort pour avoir corrompu la jeunesse et offensé les dieux ( lire les chefs de la société).

    1. ALAIN

      Oui des RACLURES de ce genre existent aussi dans l’enseignement… Ils ont une capacité phénoménale à pourrir la vie des autres, qui m’affole !!! Je me demande d’où ils puisent cette énergie dévastatrice…

  13. Béatrice

    Pour Augustin Perruchon, j’aurais tellement aimé vous rencontrer au CHU de Bordeaux il y a 2 mois. Peut être que je n’aurais pas chialé toute une nuit suite à une annonce qui m’a mise à terre. Juste une personne, le reste des soignants ont été formidables. Je dois y retourner en février mais j’ai tellement la trouille de le revoir que je vais faire semblant d’aller au RV mais je vais annuler. Et même la pancarte, les supers pouvoirs où les Wawa ça ne marche pas. Et pourtant, c’était la sixième opération.
    NB : je suis une femme drôle, mes amis adorent quand je leur raconte mes mésaventures hospitalières et j’en ai plein la musette, j’ai la pêche, je vois toujours le verre à moitié plein, mais ce jour là j’ai été humiliée comme jamais. Si une infirmière qui s’appelle Murielle passe par là, je la remercie. Rien que de l’écrire, j’en ai les larmes aux yeux, et pourtant….

  14. Oona

    Merci Baptiste, j’adore ce nouveau super pouvoir (avec d’autres hein ? mon préféré, mais que je n’ai pas encore utilisé, est celui de transmettre la gastro juste en serrant la main de mes usagers, sachant qu’aucun ne se lave jamais les mains en sortant des toilettes, bah moi, je me lave les mains à chaque fois que je leur serre, alors que je pourrais faire des ravages, mais non, je reste modeste …)
    Voir cette pancarte “JE ME COMPORTE COMME UNE RACLURE PARCE QUE J’AI VRAIMENT PAS CONFIANCE EN MOI ET TELLEMENT PEUR” ça va me faire du bien, me rasséréner, me rendre plus forte … mais aussi me donner furieusement envie de leur coller en travers de leur tronche cette pancarte à ces pervers narcissiques manipulateurs …
    En fait le super pouvoir que j’aimerais réellement avoir, ça sera justicière masquée qui corrigerait ces tristes individus !
    ça serait bon, ça ! Yesssssss !!!

    1. Cath

      Bon, ben y a pas que moi qui ai des envies de rectifier les erreurs façon cromagnon ! Avec l’Oscar qui nous disait qu’il ne faut jamais résister à la tentation au motif qu’elle pourrait ne jamais revenir 😉 je crois qu’il y en a qui ont raison d’avoir peur !
      Bonne année a tutti !

  15. Tmy

    Coucou Baptiste !
    ça fait hyper longtemps que je n’étais pas venue sur ton blog avec les ECN tout ça tout ça…
    ton article me fait du bien. J’étais en stage avec un chef de service extrêmement méprisant et sexiste, ça a été très dur de le voir écraser chacun d’entre nous tous les jours.
    Il n’hésitait pas à me descendre, ça a été très dur… c’est fini maintenant mais ça m’a beaucoup atteint déjà que de base j’avais pas confiance en moi.
    bref ça va mieux maintenant.

    Prends soin de toi 🙂

  16. Nadezda

    Vous avez raison, dans tous les domaines les puissants sont méchants et cruels, surtout avec nous les artistes. Prendre conscience d’une méchanceté gratuite provoque toujours une grande souffrance. Courage à la petite étudiante !

    Que cette Nouvelle Année , vous apporte ce que votre coeur désire.

    Amicalement

  17. petit passereau

    “JE ME COMPORTE COMME UNE RACLURE PARCE QUE J’AI VRAIMENT PAS CONFIANCE EN MOI ET TELLEMENT PEUR”. Ils devraient faire des tee-shirts avec ce slogan, j’en aurais quelques uns à distribuer, à ceux qui me voient avec une pancarte “JE SUIS FAIBLE, ÉMOTIVE ET INCAPABLE DE ME DÉFENDRE. JE SUIS VOTRE CIBLE IDEALE”. vos mots font du bien Baptiste, et avec les commentaires je me sens moins seule. La bise à tous.

    1. Oona

      C’est vrai que ce genre de raclure possède un detecteur infaillible pour nous trouver, mais ce n’est pas parce que nous sommes “faibles” mais parce que nous nous sommes des personnes sensées, intelligentes, professionnelles, nous nous remettons en question, nous prenons du recul, du coup cela les attire comme une faille dans laquelle ils peuvent s’engouffrer … courage <3

      1. Cath

        Tout à fait exact. Une fois qu’on a compris, on attend avec l’escopette et le gros sel pour plomber l’arrière train du ou de la lâche ( pour s’en prendre ainsi aux gens en profitant de son pouvoir il faut être lâche), une sommation d’usage du genre « à qui parlez-vous ainsi je vous prie ? », la question desarçonne généralement. Si d’aventure, la personne récidive, tir à vue san sommation ! 😉

        1. Oona

          Oui, ou alors on reformule, en élevant un peu le ton, afin que d’autres entendent “Alors attends, si j’ai bien compris, tu es en train de dire que je fais mal mon travail, voire que je ne le fais pas du tout ?” mais sans passer par les aigüs, sinon ça fait hystérique, non, il faut également rester calme et posée …
          En fait, on devrait toujours avoir son petit manuel du pervers narcissique manipulateur … L’avant dernière que j’ai croisée, était assez caricaturale, j’arrivais quasiment à cocher chaque page du manuel, j’avais presque de la pitié pour elle, mais seulement parce que je n’étais pas sa victime !
          La dernière a fait voler mon équipe en éclat, alors que c’était la psy, et qu’en dehors des patients, elle était quand même censée un peu nous tirer vers le haut …
          Bref …

  18. djé

    Jadis, quand j’étais interne, il y a trrrèèèèsss longtemps, je me rappelle d’une garde aux urgences de …. un soir d’été. Une file d’attente qui n’en finissait pas, une envie de pisser que je ne pouvais assouvir, des infirmières courant partout…ET cette jeune fille la bras en écharpe. Chute de roller !

    Radios : doute sur fracture spiroïde du radius ! Le manip radio, un amour, refait “x” clichés et me dit ” Je sais pas, appelle ton chef…” Bon sang, appeler mon chef ? l’angoisse monte…. Il était 3h du matin et mon chef dormait…oui, nous on bossait à ne pas pouvoir prendre 1 minute pour vidanger notre vessie..mais lui, il dormait !

    J’appelle. réponse ” TU ME FAIS CHIER. DÉMERDE TOI”.

    Ok, je réfléchis et j’écris donc dans le dossier ” 3h : appel du sénior qui refuse de se déplacer . motif ” TU FAIS CHIER DEMERDE TOI”… Bah oui, j’étais premier semestre, pas sûr de moi, j’étais là pour apprendre mon job et ce c**** me dit de me démerder alors je note sa remarque dans le dossier pour me couvrir.

    Je retourne voir la patiente et je lui explique que j’ai un doute et donc que dans le doute on va faire une attelle plâtrée, que les radios seront relues demain par le radiologue et que si elle n’a aucune nouvelle, c’est que ça va et qu’elle peut virer l’attelle. Sinon, elle sera reconvoquée. Elle comprend. Elle est gentille. Elle me remercie même alors que moi je me sens nul à chier, que j’ai envie de pisser et que ça commence a m’obnubiler cette foutue envie de pisser mais que je suis déjà en train de penser à la file d’attente qui s’allonge..parce qu’on est un soir d’été dans une ville touristique et que la salle d’afflux massif vient d’être ouverte ;-( Je me sens nul et je sens que je vais pas arriver a gérer et que je vais faire des erreurs et que je suis un mauvais bébé médecin, que c’est trop de pression, que je sais même pas analyser une putain de radio !

    Le lendemain, alors que j’enquillae sur mon travail dans mon service d’affectation (pas de repos compensateurs à l’époque…), le radiologue m’appelle :
    – descend IMMÉDIATEMENT”
    – ok, pourquoi ?
    – viens et dépêche toi, ne me fais pas perdre mon temps (je transpire à mort, je cours, et j’arrive en radio)

    le radiologue me regarde comme si j’étais la dernière sous merde du monde et lâche “t’es nul ou quoi ? tu la vois pas cette fracture ? quel imbécile. Les internes vous êtes des boulets”

    fatigué, exténué même, aucun filtre ne résiste, aucune retenue alors je parle avec mon coeur, celui d’un mec qui se sent incompétent et surtout qui est fatigué, déçu de lui même et déçu de ne pas trouver les ressources pour lui apprendre son job

    “d’abord, MONSIEUR, sachez que sans nous les internes, votre hôpital ne tourne pas ! ensuite, je vous rappelle que je suis là pour apprendre mon job et que vous êtes payé pour le faire. Par ailleurs, si vous avez lu le dossier ( un radiologue doit savoir lire) vous verrez que j’ai noté “doute sur fracture” que j’ai demandé avis à mon sénior et que ce dernier a préféré terminer sa nuit en me laissant dans la merde”

    GRAND MOMENT DE SOLITUDE… JE ME SUIS GRILLE…LA FIN DE MON SEMESTRE VA ETRE UNE HORREUR…

    ????

    Le radiologue s’est immédiatement excusé….on a parlé….sa femme était malade…ses gamins avaient je ne sais plus quoi…il en pouvait plus….on a parlé….et il est devenu un allié pour toute la suite de l’internat !

  19. petite PACES

    Bonjour!
    Ce message va sûrement paraître un peu fou mais voilà: merci.
    Je suis étudiante en première année de médecine pour la deuxième année consécutive. Je n’ai pas encore eu la chance de connaître les chefs de service braillards ni les chirurgiens aigris. J’ai seulement connu les amphis, les QCM et les profs qui sélectionnent.
    Alors merci, merci de redonner un visage à mon potentiel avenir, merci de donner de l’humanité au métier de soignant.
    Si j’y arrive, si je deviens médecin et si par dessus tout j’arrive à soigner et à rendre les gens plus heureux, ce sera sans aucun doute en grande partie grâce aux petites leçons de vies quotidiennes de ce blog.
    Merci encore,
    Ne changes rien!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *