À sa place. (Mozart démasqué, Version 2)

(Il existe un film de Woody Allen, “Melinda-Melinda”, où une bande d’intellectuels New-Yorkais essaient de savoir si la vie est une tragédie ou une comédie. Ils se scindent en deux et décident de raconter l’histoire d’une jeune femme, Melinda, qui sous un angle tragique, qui sous un angle comique. Ce film est une merveille qui n’apporte aucune réponse.)

À SA PLACE.

Alors voilà le fils de Mme A. qui consulte au cabinet pour une ulcération du gland et un ganglion inguinal. Syphilis primaire.

Le fils de Mme A. ne travaille pas. Il est déficient mental léger. Il tourne/retourne sur lui-même à la maison.

Deux semaines après, sa mère consulte pour le même motif.
“Même motif, même punition” a l’habitude de dire le bon Dr O.
Syphilis primaire.

Docteur O. :
“Moment de gêne, elle se recroqueville et me dit :
– C’est le seul moyen que j’ai trouvé quand il est obsédé par… Il est énervé. Je suis toute seule. Il a 19 ans, vous comprenez… Je l’apaise comme je peux. Sinon, il devient violent.”

Le bon docteur O. m’explique que, à ce “moment précis”, elle se met à pleurer.

Je veux bien le croire. Impossible de se mettre à sa place mais, à sa place, je pleurerais sûrement.

Pleurer parce que le père n’est pas là, parce qu’elle est seule au fin fond de la campagne, parce que le fils n’est pas l’enfant flamboyant et en pleine santé qu’elle espérait mettre au monde, parce que sa vie n’est pas ce qu’elle imaginait petite fille en rêvant du prince charmant, de leur rencontre et de leur fin magique, celle où ils se marient et ont beaucoup d’enfants…

Impossible de se mettre à sa place mais, à sa place, je pleurerais sûrement.
On le ferait tous.
VRAIMENT.

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3 réflexions sur « À sa place. (Mozart démasqué, Version 2) »

  1. Lauranne

    Bonjour!
    en très bref, je viens de passer 2 heures à lire ton site. Non-stop. Je ne pense pas avoir besoin d’être réconciliée avec qui que ce soit, mais la légèreté de ton écriture mariée avec le sérieux des sujets en ont fait une lecture extrêmement enrichissante.
    Merci pour ça!
    Lauranne

  2. emi

    infirmière en psy, cet article me rappelle un patient handicapé dont la mère s’occupait ” manuellement” ( pour être polie..) car son fils avait 19 ans, des besoins naturels et rien pour les soulager….
    Merci pour ton blog. Je l’ai découvert récemment et il me fait rire, ou pleurer..

  3. marie

    les mamans d’enfants déficients mentaux sont à mes yeux la souffrance incarnée, nuit et jour elles se disent qu’est-ce qu’elle il deviendra quand nous ne seront plus là …je ne crois pas qu’il existe aujourd’hui des structures d’accueil qui puissent apporter une réponse apaisante à ses mères, comme ils n’existent pas suffisamment de lieu pour qu’elles puissent trouver un répit, une respiration propre à elles en dehors du couple ultra fusionnelle qu’elle forme avec leur enfant, malgré elle. je pense aussi a cette maman qui s’est vu refuser le droit de travailler au motif qu’elle avait des jumeaux autistes…triple peine…peine infinie.

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