Celles et ceux qui pensaient.

Alors voilà,

les phobies d’impulsion et les pensées parasites peuvent toucher tout le monde, n’importe quand, et quand ça arrive la personne peut le vivre très mal, se considérer comme un monstre et/ou avoir peur d’elle-même.

Quelques exemples :

Vous êtes sur un balcon ou un quai de métro, vous pensez que vous pourriez sauter ou vous jeter sous la rame quand elle arrive. C’est idiot, vous vous sentez heureux et pas dépressifs pour deux sous, mais BIM, vous y pensez.

Vous êtes sur l’autoroute et vous vous dites « un petit coup de volant, et tout est fini ».

Ça arrive, je l’ai écrit dans mon troisième roman, chez les jeunes parents : une maman tient son bébé, et elle l’aime, mais parce qu’elle l’aime elle pense qu’elle pourrait le jeter contre le mur, par la fenêtre, ou lui faire du mal. Et elle y pense car… c’est horrible d’y penser, et que l’esprit humain, ben c’est compliqué ! Ça peut arriver aux jeunes papas aussi. Personne n’est à l’abri d’expérimenter des phobies d’impulsion : le passage à l’acte est nul.

Parfois ça arrive chez des personnes ayant été maltraitées, ayant été victimes d’inceste ou de violences sexuelles dans l’enfance : elles aiment les enfants, les leurs ou ceux des autres, ne toucheraient jamais à un cheveu de leurs têtes, pourtant elles s’imaginent leur faire ce qu’on leur a fait à elles, et cela les terrifie.

Alors oui, ces pensées parce qu’elles sont hautement subversives peuvent empoisonner la vie. La perspective de faire du mal à quelqu’un ou à soi-même est violente en soi.

Pourtant, et je vulgarise énormément, c’est la subversion même de ces pensées qui en font peut-être tout l’intérêt cognitif : elles restent sans doute un moyen pour notre cerveau de se confronter à nos propres peurs, et de les soumettre à une forme d’exorcisme et/ou de souffrance imaginée donc paradoxalement contrôlée.

En gros, et aussi bizarre que cela puisse paraître : c’est parce qu’on pense ce qu’on pense qu’on est libre de ne pas y céder, et si l’on songe au pire, c’est pour mieux le conjurer.

Personne n’est absolument lisse. Tout être humain est la réunion du beau et du laid, se trouve au croisement du terrible et du sublime. Nous ne sommes pas des grenouilles froides, comme écrivait Nietzsche.

Et surtout, je le répète : les passages à l’acte sont rarissimes, MAIS si ces pensées vous empoisonnent trop la vie, vous pouvez et devez en parler.

Ne vous pointez pas du doigt. Ne culpabilisez pas. Verbalisez vos peurs et vos pensées. Les médecins et les psychiatres sont là pour ça : permettre de dire pour ne pas risquer de faire.

Ah et un dernier point, très important : une discussion où vous confiez posément et en vous sentant en sécurité les émotions humaines qui vous traversent n’est pas censée se terminer par un jugement de vos soignants et, j’ai envie d’aller plus loin, par un jugement de vos proches.

2 réflexions sur « Celles et ceux qui pensaient. »

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