PocahonTas d’émotions.

Le vrai titre de ce post : “Disney vous ment : Pocahontas n’est pas indienne, elle est vietnamienne.”

(Pour D. : en neuf ans d’études tu as su me montrer que voir le bon côté des gens est la forme la plus belle et honorable de résistance face à la brutalité des Hommes et de la vie.)

Alors voila D. fidèle compagnon des bancs de la fac.

Une merveille d’ami : mélange d’Épicure et de Pumba (d’ailleurs, si vous changez beaucoup de lettres à “Carpe Diem” ça fait : “Hakuna Matata”).

Sa phrase préférée : “il n’y a pas de temps froid, il n’y a que des hommes faibles”.

A les gènes d’un taiseux du nord, le D. : “je ressens des milliers d’émotions très fortes mais brosse-toi pour en voir un iota !”

Lui et moi, au Vietnam, à Hanoï, en gynécologie, des femmes en train d’accoucher. Des fluides, beaucoup, mais pas un cri : elle est poker-face, la vietnamienne parturiente. Elle serre les dents/envoie des textos à son mari resté dehors/souffre mais son visage reste impassible.

Je vais défaillir, D. est stoïque.

L’une pousse si fort que tout lâche : urine, selles, larmes, liquide amniotique…
Une sage femme saisit une paire de ciseaux et s’approche. Je pense : NON !!! Elle va pas faire ÇA !
Elle le fait.
Épisiotomie à vif.
Respect, les Femmes, respect…

Je vais tomber dans les vaps, D. ne bouge pas un cil.

Deux bébés arrivent coup sur coup. Ils crient. C’est magnifique. C’est bouleversant.
Le médecin vietnamien traduit : le garçon s’appellera “Forêt profonde en hiver” la fille s’appellera “Grande Colline”. Perso, je préfère “Pocahontas” mais c’est la mère qui choisit…

Je me tourne : D. a disparu. Dans le couloir, assis, il pleure comme une madeleine.
Je ne sais pas ce que sera la vie de ces bébés, mais ils ont réussi une gageure formidable : D. le Taiseux, l’ami précieux, pleure. En cachette, c’est vrai, mais il pleure.

Il n’y a pas de barrière qu’un mystère de femme ne puisse briser, je veux dire : il n’y a VRAIMENT pas de barrière qu’un mystère de femme ne puisse briser.

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12 réflexions sur « PocahonTas d’émotions. »

  1. fredric

    les médecins que je fréquente habituellement (pour le boulot!) sont des psychiatres. Ca change.
    comme dit si bien un ami, ne jamais oublier que les psychiatres sont les seuls médecins qui ne guérirons jamais personne.
    un mouchoir?

  2. élise

    Ah, c’est bizarre je n’avais pas conscience d’avoir fait autant de kilometres entre chez moi et la maternité…
    Parce que figurez vous que les episiotomies a vif existe aussi dans le sud de la France. Je ne l’ai pas vécu, mais ma meilleure amie, oui. Je n’y ai pas eu droit pour la seule raison que j’ai accouché devant la maternité, mais je suis sûrement mauvaise langue.
    Mais pour parler de ce que je connais, j’ai eu droit a trois points de suture a vif après mon accouchement (“mais… vous me faites beaucoup plus mal que mon fils en sortant!”/”mais non madame c’est rien du tout” , et en aparté a l’infirmière “mettez lui son bébé sur le ventre qu’elle se tienne tranquille”. Ah, les joies de la première tétée dans de telles conditions…).

    Sisisi. En France, accoucher sans péridurale c’est quasiment un crime a punir, histoire de mater ces rebelles qui font rien qu’a empêcher les obstétriciens de travailler. D’où la dénomination “salle de travail”, d’ailleurs. Les habitantes du monde des bisounours n’avaient pas bien compris QUI travaille dans ce cas la.

    Mais trêve de sarcasmes et un grand merci, Baptiste, j’ai découvert ce blog il y a peu de temps, je l’écume a l’envers pour rattraper mon retard. Poétique et émouvant. Et même si je ne suis pas encore réconciliée avec le monde médical (2 accouchements m’ont donné une bonne dizaine d’anecdotes a frémir, en plus de mes bonhommes), il est bon de lire un être humain sous sa blouse. Il y en a.

  3. Mogz

    Parfois j’ai envie de tout lâcher. De me laisser dépasser par cette lutte entre raison et sentiments. D’arrêter de jouer à celle qui contrôle tout. Parfois j’ai envie de tout lâcher et de disparaitre. Puis je te lis… Et je finis ma garde pour rendre ce que tu m’as donné, l’envie de vivre, l’envie de sauver.

      1. Kiliad

        Bonsoir, je suis infirmier de nuit.
        Ne t’arrêtes pas, je veux dire vraiment ne t’arrêtes pas de lire, d’écrire, d’exercer, d’apporter de la chaleur dans notre monde. On a vraiment besoin de se serrer les coudes, les miches, de s’échanger des regards entendus alors qu’on nous apprends qu’on ne doit pas ressentir sous peine de se blesser.

        Moi aussi je t’ai découvert il y a peu, moi aussi je dévore ce blog à l’envers.

        J’aime mon métier et tu es un collègue formidable !

  4. Oona

    Je ne savais pas que tu avais travaillé au Vietnam, encore une raison de venir, revenir, rerevenir etc … sur ton blog, dont je ne me lasse pas, merci !

    Et en vrai, Pocahontas, elle a faillit être Laotienne !
    Parce que j’ai bossé chez Disney pendant quelques (mémorables années mal payées mais ô combien riches d’expériences humaines et d’amitiés !) et à la sortie du film, ils ont cherché qui aurait pu incarner cette nouvelle héroïne sur le parc, sans dénaturer sa beauté … et je me souviens de la réponse lapidaire de ma copine N, qui était son véritable sosie, avec sa beauté hiératique et son extraordinaire chevelure noire, aux “recruteurs” de la Parade qui avaient essayé de la débaucher momentanément de son poste de femme de chambre “ils se grattent !!!” Elle n’avait pas que ça à foutre ma copine N, surtout pas faire la guignol dans une robe trop courte en agitant la main avec un sourire débile …

    (et si tu es sage, tu sauras que Mowgli était une fille !)

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