Ce qu’en pensent les malades.

Aujourd’hui je veux parler à toutes les personnes qui nous écoutent, qui souffrent peut-être de DÉPRESSION et à qui de bonnes âmes viennent régulièrement recommander de, je cite, « SE BOUGER pour que ça aille mieux ».
Dire ÇA à une personne déprimée est aussi ABSURDE que si on balançait à un type avec un vitiligo, un psoriasis, ou de l’eczéma : « MAIS FROTTE FORT, ÇA PARTIRA !!!! » C’est nul. Ça marche pas. Ça culpabilise et c’est tout.
Je suis médecin, mais je suis aussi romancier. J’ai demandé sur internet à mes lecteurs souffrant d’affections en tous genres de me donner un aperçu des phrases maladroites qu’ils ont pu entendre de la part de soignants ou de proches…
Par exemple, dire à une femme qui n’arrive pas à avoir un enfant qu’elle -je cite- « doit arrêter d’y penser, parce qu’on connaît la belle-soeur de la voisine de notre coiffeuse qui a enfin réussi comme ça, en arrêtant d’y penser ! » ça ne marche pas. Mais surtout, en disant ça, on sous-entend que la femme est peut-être un petit peu responsable de son état, et que la fertilité est quelque chose qu’elle pourrait a priori maîtriser : « Ben oui quoi, si tu sais pas domestiquer tes follicules ovariens à 20 ans t’as raté ta vie… »
Non mais est-ce qu’on se rend compte combien c’est VIOLENT pour une femme d’entendre ça ?
Un malade faisait remarquer que c’est à peu près aussi débile que de balancer à un asthmatique : « Vas-Y Bruno !!! Respire profondément, ça va aller !»
Bah non, connard, si je pouvais respirer profondément, je serai pas en train de faire une crise d’asthme !!
Il y a derrière ces remarques cette idée qu’on pourrait contrôler/maîtriser son corps, son esprit, ses pensées.
Pourtant, on ne dira pas à une personne souffrant d’un cancer « moi perso je te conseille de mieux contrôler ta prolifération cellulaire, mais bon, je dis ça je dis rien »
Ben oui, DIS RIEN !
Car en vrai balancer à quelqu’un que son problème est dans la tête, ça ne console pas. Tout simplement parce que ce serait dans le pied, ce serait pareil. Ça reste à l’intérieur de nous et il faut batailler avec ça. Avec cet autre qui nous veut du mal. Cet autre qui nous ressemble, qui est nous. La dépression, c’est une méchante maladie auto-immune de la conscience. Ça existe, ça se mesure, avec des appareils compliqués, de l’imagerie compliquée, et ça se traite dans beaucoup de cas avec de vrais médicaments comme n’importe quelle autre maladie.
« La dépression frappe au hasard : c’est une maladie, pas un état d’âme. » écrit l’écrivain et poète Tahar Ben Jelloun. Et il a raison : si le bonheur était seulement affaire de choix, on vivrait tous dans un pays où les parkings des aéroports sont gratuits, manger du chocolat fait maigrir, et où David Bowie continuerait de chanter !
Alors QUE DIRE ?
Là aussi, j’ai demandé aux malades. Leurs réponses ?
D’abord, on ne dit rien. On ÉCOUTE. Ensuite rappeler à la personne qu’elle n’est pas seule, qu’elle compte pour nous, qu’on est là quand elle veut, que si on est désolé devant sa souffrance, elle peut parler sans crainte de nous blesser, que ce n’est pas sa faute si elle a mal.
Et qu’on peut l’accompagner chez le médecin.
Ah oui, et les internautes que j’ai interrogés étaient à deux doigts de rédiger une pétition pour ça : arrêtez de sortir cette phrase horrible, stupide, insupportable, pour quiconque a déjà connu un grand, un gros, un terrible chagrin d’amour : « Mais oublie-la ! » ou « Arrête de penser à lui » ou pire encore « Un de perdu dix de retrouvés ». Ben non, un de perdu, un de perdu.
S’il vous plaît arrêtez. Vraiment.

On est d’accord, hein, les gens ?

Une chronique de l’émission Grand bien vous fasse​ à retrouver sur le site de France Inter ICI!

74 réflexions sur « Ce qu’en pensent les malades. »

  1. nathalie

    BRAVO Baptiste, 100% d’accord, même si moi aussi je me suis parfois laissée aller à commettre ce style de commentaires ! Merci de nous rappeler ce qui devrait être une évidence ; les clichés ont la vie dure et sont facilement contagieux.

  2. cali

    Après ma fausse couche à 18 ans à 6 mois et demi de grossesse, j’ai fait une dépression.
    Le pire que j’ai entendu ?
    “Tu vas pas déprimer pour ça quand même ? Tu es jeune, tu en auras d’autres! Remet toi en selle ça ira mieux!”
    Le tout avec un rire bien gras et bien sale.
    J’ai 39 ans et ça me fait encore frémir de colère!

    1. Emmanuelle

      Ha le fameux “c’est pas bien grave, t’en feras d’autre !”…
      Y’a aussi le “t’as bien dû faire quelque chose, pour le décrocher, ça se perd pas comme ça, un bébé !” (j’avais qu’à mieux ranger mon utérus, hein)
      … et aussi “je crois que tu n’es pas faite pour porter des enfants, tu sais” (ha ?! cool ! j’vais les faire rouler devant, alors)

      1. kichante

        On m’a dit “Les fausses-couches n’empêchent pas les bébés” et ça m’a aidée . 3 grossesses sans bébé et 4 bébés plus tard je redis cette phrase quand elle me semble appropriée

        1. Emmanuelle

          De mon côté, ce qui m’a aidée, c’est quand mon gynéco m’a parlé stats : 1 grossesse sur 3 finit par une fausse-couche, souvent précoce, si bien qu’on ne s’en aperçoit pas souvent… il m’a également dit que c’est un bon moyen pour la Nature de ne pas développer un embryon non viable pour telle ou telle raison.
          Sauf qu’avant lui, personne ne m’en avait parlé…
          Il a ajouté “je vous revois dans 3 mois, et je suis sûr que vous serez de nouveau enceinte”.
          Il avait raison. Si j’avais eu les stats en tête, ça n’aurait pas changé ma tristesse sur le moment, évidemment. Mais j’aurais préféré les connaître avant.

  3. Françoise Bofill

    pour votre collection!
    …et pourtant tu as tout pour être heureuse…
    et de la part d’un médecin traitant ( il ne l’est pas resté longtemps)à l’occasion de la visite des 3 mois de mon troisième à 33 ans, c’est à dire quand on est crevée et encore fragile : si vous voulez voir vos petits enfants, faudrait faire rapidement quelque chose pour votre cholestérol. J’en suis ressortie angoissée , effondrée et en pleurs
    PS j’ai maintenant 71 ans, 4 enfants et des petits enfants, un taux de cholestérol toujours un peu élevé selon la faculté, je mène une vie saine, je suis en pleine forme et ne prends aucun médicament. ah , si tous les généralistes pouvaient avoir votre générosité et votre humanité. merci

  4. Tara B.

    Oh oui, on est carrément d’accord.
    On oublie aussi les “oh mais vous la nouvelle génération, vous êtes tellement pressés de tout avoir tout de suite, ça viendra quand ça viendra” (parce qu’on pleure juste après une fausse couche), les “oh ben c’est pas grave ça, de toute façon le langage du corps est totalement sous-estimé, moi qui suis danseuse je sais de quoi je parle” (après avoir dit que son enfant avait un trouble sévère du langage reconnu comme handicap) et autres “serre les dents serre les fesse ça va passer” (parce que vous avez envie de mourir après vous être fait plaqué par votre premier amour).
    Voilà, on arrête les gens. Et on écoute l’autre. En silence. Parce que c’est ça qui lui fait du bien. Bonne journée à paillettes à tous !

  5. Loupiotte

    un qui m’a marqué “allez-y, vous POUVEZ pleurer” de la part de la psy de l’hôpital, quand on m’a arraché mon bébé qui n’avait que 24h pour l’emmener en urgences dans un autre hôpital qui avait un service de néonat plus perfectionné….en me laissant dans ma chambre toute seule …

    1. Emmanuelle

      Hahaha ! (pardon, c’est nerveux, je l’ai eu aussi, le “vous pouvez pleurer”)
      En néonat, 3 jours après une césa d’urgence, la pédiatre (qui s’y connaissait en allaitement comme moi en horticulture) : “madame, si vous continuez de l’allaiter à la demande, je lui remets sa sonde gastrique et je vous sors de la chambre !! Vous lui détruisez l’oesophage !! L’allaitement, c’est toutes les 3 heures, pas plus !!”

  6. Annick SB

    Vous avez tout à fait raison !
    La bienveillance est parfois difficile à donner … souvent, je pense que c’est par maladresse ou par pure répétition de ce qu’on a entendu nous mêmes lors de situations de souffrance ….
    Puissions- nous être plus vigilants pour ne pas reproduire les erreurs !

  7. marie

    Je sors d’une consultation à l’hôpital y’a pas deux heures …en pleures, est-ce que c’est normal? avec une suspicion de ouf. évidemment la personne qui m’a reçue a été froide , sibérienne, nordiste du pôle et bien je te jure que dans mon cœur je cause intensément à mes petites cellules pour que rien de ce que cette dame m’a dit ne soit vrai et que les résultats de labo diront comme moi .
    je crois fondamentalement à la pensée positive comme veritable adjuvant des médocs que nous devons prendre quand la maladie est là , si tu n’as pas cette ressource de +++ tu te prives d’un grand réconfort, et c’est pas la sirène des glaces qui m’assène à la hache un diagnostic à la conf de fraise qui me fera dire le contraire.
    un patient “armé” n’aura aucun problème avec les remarques inappropriées des “biens portants” mais avec des médecins glaçons si!
    rage , haine, des espoirs.

    1. Ben lalou

      Je vous comprends je sors moi même à l’instant d’un rdv avec un docteur en radiotherapie qui me dit qu’elle n’est pas d’accord avec la chirurgie conservatrice du sein que l’on m’as fait (décision qui a été bien sûre prise en réunion à la clinique qui me suit par mon oncologue ; le chirurgien et d’autres docteurs) et qu’il aurait fallu m’enlever le sein dans sa totalité : mastectomie. Que c’est le protocole ! Comment peut-on dire ce genre de chose sans filtre au malade ? Elle a voulu quoi ? m’étaler son savoir marquer son pouvoir ? Une jeune femme qui devait certainement sortir depuis peu de l’école et qui connaissait sa leçon par cœur J’étais confiante et ce rdv m’as anéanti ; et as mis le doute en moi sur ma guérison Je vais me ressaisir comme toujours et attendre mon rdv avec mon oncologue en qui j’ai toute confiance. Mais depuis le début je me rends compte qu’à part lui aucun des docteurs que j’ai vu ne connaissent l’empathie et mon moral a souvent chuté à cause de leur capacité à faire fit de mon état psychologique actuel.

  8. big girl du 74

    “De quoi tu te plains ? T’as tout pour toi, tu es bonne santé ta famille aussi, tu as un gentil mari, de beaux enfants tu n’as pas de raison d’aller mal”.
    C’est sûr me faire culpabiliser en soulignant qu’il y a plus malheureux que moi, ça va m’aider à sortir la tête de l’eau. Tout le monde le sait bien que les dépressifs sont des petites chochottes qui s’écoutent trop (je blague, on est d’accord, je n’en pense pas un traître mot). C’est une saloperie la dépression, et quand on se débat avec, on est entouré de gens “bien intentionnés” à qui on ne demande rien, mais qui jugent et nous abreuvent de conseils non sollicités, parfois blessants, mais qui montrent toujours leur ignorance profonde de ce mal insidieux.

  9. Patricia Delahaie

    J’aime beaucoup aussi : “tu as un cancer, ne te laisse pas aller, il FAUT que tu aies le moral…” Autrement dit, tu as une maladie qui peut-être mortelle mais, si tu ne te secoues pas pour avoir le moral, ne t’en prends qu’à toi-même si tu ne guéris pas…

  10. Morgane

    Merci Baptiste pour ce coup de pied dans la fourmilière… J’en ai quelques unes pour vous:
    j’ai une maladie auto-immune qui évolue par poussées. Lors de la 2ème poussée (alors que j’avais tout bien fait, pris mes traitement avec une assiduité exemplaire et tout et tout) j’ai été très déprimée. Du genre où on réfléchit activement à comment faire pour se suicider proprement… Je vais donc voir un médecin généraliste dont j’avais entendu le plus grand bien, il me reçoit avec 3h de retard et quand je lui dit que j’ai atteint MA limite du supportable, le gentil Monsieur me répond :” oui bon bah ça va, il y a pire que vous!”
    Et depuis j’ai travaillé dur pour aller mieux, j’ai rencontré de chouettes personnes qui ont su m’aider puis je suis devenue sophrologue. Et en formation, une infirmière sophrologue de nous expliquer que “de toutes façons les maladies auto-immunes c’est déclenché par le mental et que quelqu’un qui a une sclérose en plaque, bah si elle fait une poussée, c’est de sa faute!”
    Voilà! Les idées comme celles-ci ont la vie dure, même dans le corps médical…
    Aujourd’hui ces vilaines phrases m’aident à être une meilleure personne / sophrologue et même si je ne suis pas à l’abri du faux pas, je fais très attention.
    Des comme vous Baptiste, on en voudrait plein plein plein! Merci d’exister (smoutchs)

    1. Lagaffe

      Courage pour la SEP. Je m’en trimballe une depuis bientôt 36 ans. Au médecin qui m’avait dit que c’était une forme lente, j’avais répondu que ça tombait bien car je n’étais pas pressé… A part ça, j’ai eu droit aussi à des réflexions ”pertinentes” du genre ” sclérosé, comme la vie que tu as mené, peut-être ? “. C’est très aidant.

  11. M

    Bel article, belle prestation, mais évidemment vous êtes médecin,évidement vous n’avez pas le droit de parler autrement, évidemment vous devez même y croire et faire confiance , pourtant votre demi-phrase ” ça se traite dans beaucoup de cas avec de vrais médicaments comme n’importe quelle autre maladie”me tord l’estomac depuis que je l’ai entendue hier sur la video de l’émission. Oui la dépression se traite dans “beaucoup de cas avec des médicaments”, mais surtout en France, où les antidépresseurs sont donnés à tour de bras par des généralistes pressés à des gens qui en ont besoin, mais aussi à des gens qui n’en ont pas besoin, parce qu’ils sont juste en deuil ou sous le coup d’un choc (voir les témoignages dans les commentaires supra) , parce que voir un psy leur ferait plus de bien, à des gens sur qui ça marche, certes, et qui en ont contents, parfois, mais aussi à des gens qui ne les supportent pas, qui viennent se plaindre d’effets secondaires et qu’on traite alors de rebelles et de chochottes en levant les bras au ciel et en leur disant qu’on ne peut alors rien pour eux,à des gens qui deviennent addicts et qui sont tellement secoués par les effets secondaires du sevrage médicamenteux qu’ils développent des symptômes… dépressifs, cercle éminemment vicieux. Alors cette demi phrase qui n’est pas totalement fausse, mais qui en elle-même est très insuffisante, aurait mérité plus amples développements.

    1. Mélusine

      Tout à fait d’accord. (Avec le bémol que même certain.e.s thérapeutes font plus de mal que de bien, hélas)
      Les médicaments seuls sont rarement efficaces à long terme, en fait.

  12. X

    Les (para)médicaux qui m’ont fait du bien ce sont ceux qui m’ont dit ” C’est bien Mme X, vous mettez tout en oeuvre pour aller mieux”; “Je ne peux pas faire de pronostic, tout ce qu’on sait c’est qu’on ne sait rien, mais le plus probable c’est qu’un jour ça aille mieux. Et sinon le moral ça va? Vous tenez le choc?”; “Vous avez de bonnes raisons de vous plaindre, ne lâchez pas, il y a un potentiel de récupération important, insistez pour vous faire aider”; “Je ne peux pas vous laisser comme ça, vous avez besoin d’aide”; “Vous n’êtes pas folle, votre plainte est légitime, ce n’est pas parce qu’on ne voit rien qu’il n’y a rien” ;”Le plus difficile c’est d’apprendre à vivre avec, il faut en moyenne un an pour ça, accrochez vous” ; “Vous savez, chaque chose en son temps, si vous venez me voir maintenant c’est que plus tôt vous n’étiez pas prête à vous attaquer à ce sujet la”; “Dites moi, je vous fait confiance, je vous suis”; “Si vous êtes d’accord….”; “Si vous me le permettez…”; “Je ne sais pas, mais on doit chercher à comprendre”; “Si vous le voulez, Donnez moi de vos nouvelles / Tenez moi au courant”
    Toutes ces petites phrases sont des jolies choses sur un chemin long et difficile qui a parfois l’air interminable / insurmontable. Elles aident à encaisser un peu mieux les (trop) nombreuses maladresses des autres.
    Et puis il y a aussi les proches “On sera ravis de faire la fête quand tu sera guérie, mais on n’est pas obligés d’attendre”; “Dis nous, on comprends pas, aide nous”; “J’ai vu un petit progrès qui a toute son importance”; “Tu peux aller te reposer, on viendra te réveiller”; “Passes sous la douche, je m’occupe du repas”; “Je viens te chercher, tu viens déjeuner à la maison”; “Je te porterai dans mes prières”; …
    Merci à tous ceux qui admettent leur ignorance et savent ainsi alléger les souffrances

  13. CaroPiano

    J’en ai une aussi
    Mon fils de 4 ans à qui la kine lui faisant un clapping : “fais un effort sinon ta maman va partir”
    J’étais tellement surprise Que je n’ai rien dit –
    Comment traumatiser un enfant sur l’abandon !
    Justement je suis là dans les moments difficiles, là pour l’aider car je suis adulte
    Merci encore Baptiste

  14. Marie Helene

    J’ai 57 ans. Je suis soignante. Je viens d’apprendre que je devais subir une mammectomie et avoir une chimiothérapie…Alors des phrases assassines, je vais peut être en entendre… Je penserai à vous Baptiste pour ne pas les laisser m’envahir!!

  15. Lazuli66

    “Ah, tu as le moral, c’est bien, c’est la moitié de la guérison !”
    Eh bien non, raté, un cancer métastatique, même avec le moral, ça ne guérit pas. Pour ça, il faut au moins un miracle, et c’est beaucoup plus rare…

  16. SANNIER

    Bonjour Baptiste,

    Je suis bi-polaire et j’ai fais de grosses/graves dépressions avant qu’on arrive enfin à m’aider à stabiliser mon humeur à l’âge de……. 50 ans !
    Je vous laisse deviner tout ce que j’ai entendu de la part de mon entourage qui n’a jamais manqué de souligner mon “manque de volonté” et de la part de différents médecins qui m’ont conseillé de “prendre sur moi” et autres inepties qui m’ont bien enfoncé.
    Bref, je ne remercierai jamais assez la psychiatre qui m’a prise en charge avec le bon traitement et grâce à qui je peux apprécier de VIVRE….
    Merci beaucoup pour votre texte et intervention sur France Inter.

  17. Ollia

    Tellement vrai, tellement du vécu, tellement envie de vous dire merci. Guérie d’une dépression, aidée grâce à mes proches qui ont gardé patience et m’ont autorisée à souffrir, à ne pas nier que j’avais mal à l’âme, et qu’il y a de l’espoir, qu’on peut en guérir. Aidée grâce à des praticiens formidables qui ne jugent pas, évitent de vous droguer comme un zombie (du moins pas à long terme 🙂 ) écoutent, et soignent. Si des dépressifs passent par là : oui, vous allez mal. C’est normal. Vous n’êtes pas fous, ou méchants, ou des flemmards de première. Vous êtes des battants et vous allez vous en sortir car personne ni vous n’aime “en soi” aller mal. Et vous allez en sortir plus fort. Accepter son état, accepter qu’on ne peut pas tout le temps aller bien et ce malgré la pression de son entourage (qu’on envoie gentiment se faire aller voir chez les trolls) c’est le début de la guérison. Et merde à ceux qui veulent sauter les étapes et que vous vous leviez dès le lendemain en criant youpi. Du courage aux concernés 🙂

  18. Díez

    Il semblerait que l’on devrait se sentir coupables d’être maladroits quand on fait face à quelque chose d’inconnu … On fait de notre mieux -je suis sûre que la personne qui souffre un cancer est aussi maladroit que moi devant l’asthmatique, etc.
    Il faut être un peu emphatique et penser que ce qui compte c’est l’intention et le fait d’y être 🙂
    Merci en tout cas pour le rappel -et excusez-moi pour mon “pitoyable” français

  19. Lily

    “tes problèmes de santé mentale ont un impact sur la mienne, ça serait bien que tu penses à te faire soigner”
    sans déconner, j’y avais pas pensé, me lever en pensant à mourir tous les matins, ça m’éclate

  20. Catherine

    Dans un ordre d’idée un peu différent, après quelques années de célibat, suite à un divorce, je rencontre un nouvel homme. Je suis heureuse, je me sens désirée, je me sens belle, je décide d’aller voir ma gynéco pour me faire poser un nouveau stérilet. Elle regarde mon dossier, et me dit “oh, vous avez 45 ans ! ce sera donc le dernier stérilet que je vous pose, bientôt vous n’en aurez plus besoin !”. J’ai pris 10 ans d’un coup, comme une petite vieille qui n’aurait plus droit à l’amour. Je ne suis plus jamais retourné chez elle, mais j’aurais bien voulu qu’elle sache que ma ménopause, j’ai attendu d’avoir 56 ans pour l’avoir !

  21. Françoise

    Oui, on en entend des phrases assassines qui au lieu de nous aider, nous démolissent.
    A 38 ans, j’étais allée consulter un médecin ORL pour des acouphènes. Après l’examen, il a juste trouvé à me dire : “Eh bien, madame, vous êtes une future vieille sourde ! ” J’étais repartie complètement démoralisée et abattue. J’ai 63 ans, j’ai toujours des acouphènes, pas plus, pas moins. Mais cette terrible sentence ne m’a jamais quittée…
    Une autre. Mon frère est décédé d’une rupture d’anévrisme il y aura bientôt neuf ans. Il se soignait par la médecine allopathique, la complétant par l’homéopathie. Lorsque le médecin urgentiste a constaté son décès, en voyant les tubes homéopathiques sur un rayon, a eu la délicatesse de dire à son épouse : “Ah évidemment, s’il se soignait avec ça !” !!!
    Merci pour ce billet fort intéressant.

  22. Christine

    Certains médecins généralistes ou psychiatres gavent d’anti-dépresseur alors qu’il-y-a consommation d’alcool quotidienne avec forte envie de mourir…

    D’autres médecins prescrivent plusieurs médicaments pour aller bien dans la tête sur la même ordonnance, bonjour le mélange, surtout ajouter à celui de l’alcool.

    Puis la psychiatre de Purpan Toulouse après la TS IMV (tentative de suicide par ingestion médicamenteuse volontaire), et soirée trop arrosée et mal accompagnée, met sur son rapport: “notion de viol”. Elle était à la soirée quand c’est arrivé?? Hem….

    La gynécologue veut prescrire la pilule, au cas où ça se reproduirait. Oui, ce qui est écrit au dessus. Mais c’est un viol, pas juste une soirée trop arrosée, il n’y a pas consentement à chaque fois qu’on boit trop. On n’a pas envie de subir ça tous les week-end.

    Il y a aussi le psychiatre qui décide au bout de trois RDV s’il voudra continuer de vous voir, vous coinçant entre le mur et un meuble, pas bougé sur ta chaise! tout en fumant une clope pendant la consultation. Gérard P. si tu lis….
    Il y a le généraliste qui sourit en évoquant la dernière TS IMV LoL Mdr….

    Plus léger…..l’acné ne part pas avec le savon….. quand on baille, faut pas dire: bah faut dormir la nuit! INSOMNIE CONNARD TU CONNAIS!….. faut pas pleurer, merde, je vais boucher mes glandes lacrymales alors, elles servent à rien…… bah faut pas dire ça, ha bon je me tais tout le temps alors! Et si ça me fait du bien de le dire! et que je le pense! et que ça s’appelle la communication! et t’en à rien à foutre ou quoi!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Fais du sport… bouge toi…. t’as des amis? (passez moi une corde ou un flingue!)

    Parfois, un coup de pied au cul suffit, et ce petit coup de pied pour un PETIT problème, et tous les autres moments de la vie, ya que nous qui pouvons nous le mettre.
    PAR CONTRE, pour une dépression nerveuse (GROS PROBLEME), un cancer, un viol, un deuil, perte de bébé (qui s’amusent j’en suis sûre, sur des nuages tous mous avec leurs petites ailes blanches dans le dos, avec d’autres bébés, et des chiots et des chatons pour leur tenir compagnie… 🙂 )…
    c’est pas de votre faute! Oui c’est une maladie indépendante de la volonté.
    Trouvez un gentil Baptiste BEAULIEU, ya pas que des incompétents comme cités au début, ya aussi les forums internet, les livres aident beaucoup, quand on aime pas parler, parce qu’il y a aussi le psychiatre sourd bientôt appareillé, qui s’installe à trois mètres de vous dans son cabinet (blabla…… lui: hein? hein? hein?……!!!!!) Mais putain, t’es sourd ou t’es con ou les deux?! Je pleure! tu le vois ça!

    Mesdames messieurs et autres ;-), on est 7 milliards, ya le choix pour tomber sur un gentil humanoïde à l’écoute, apportant réconfort et aide. Si une personne vous nuit, fuyez la, vous perdez votre temps et bien-être général, choisissez en un autre.
    En tout cas promis, ça peut s’arrêter, un jour ça s’arrête la souffrance! PRO-MIS! 🙂 🙂 🙂

  23. Sylve

    Bravo Baptiste pour tout ça qui fait aussi écho suite à mon burn out, alors que je n’arrivai pas à aller de mon lit à ma douche, je ne le souhaite à personne… dans le désordre :
    * “Bon plan le burn out pour se reposer”
    * “tu devrais te mettre un coup de pied au c…”
    * restée 6 mois à demi salaire car l’épuisement professionnel n’existe pas ! Quant à la dépression ce n’est pas un motif valable (Comité médical)
    * à mon retour à l’emploi à mi temps thérapeutique de la part de collègues de travail : “elle ne veut pas bosser “elle fait exprès d’être malade”
    * lorsque j’ai dénoncé toute cette violence : “la violence morale n’existe pas, seule la violence physique existe !” Dixit un directeur général,
    À noter que je bosse dans un hôpital… (vous êtes autorisés à rire ) Heureusement il existe aussi des personnes comme toi, des psys au-dessus du lot, des belles personnes qui sont là sur votre chemin et ce genre de vécu vous apprend à les reconnaître, les autres sont à laisser au bord du chemin…
    Encore 1000 mercis Baptiste pour tout

  24. Herve Cruchant

    On approche doucement de novembre. Nos déguisés à l’ancienne vont bientôt nous faire un coup de cent pour le 11, à coup sur. Le dernier poilu est mort depuis belle lurette et pourtant, la télé doit certainement nous préparer des émissions à discours et des mezzo voce comme elle en a le secret quand elle tente de se racheter une éthique. Nous expliquer Joffre et Clémenceau, Pétain peut-être mais pas Galliéni ni Nivelles. Et pourquoi donc tout çà, je vous prie ? Pour conjurer le sort, la guigne, la malepeste, aussi; et ce hasard diabolique, malsain, nanti d’une outrecuidance rare, qui vous attrape par derrière un beau matin et ne vous lâche plus, vous envoie en chimio vite fait vite vu après vous avoir organisé une visite des services hospitaliers commentée par les pros du genre. “Nous vaincrons car nous sommes les plus forts” reste une phrase exemplaire, tant par son absence de sens que par l’emploi périodique que nos stratèges en font. Tout est là, exposé comme à l’étal d’un commerce en abats bleus, rouges et blanc nacré, écorchés à la mode Soutine.
    De même que les phrases en forme d’apophtegmes parées du bon sens populaire citées dans le post ci-dessus, je hais les paraboles, les proverbes et les maximes. Tout ce fatras pseudo intellectuel sert de gousse creuse à l’incitation à la soumission, à nous fermer le clapet, à nous remettre dans notre détresse. Tout comme cette Ligne Maginot d’esprit centenaire qui nous préserverait à coups surs des coups de boutoirs de “nos amis Allemands” revanchards. Vrai. Tout au moins sur les bords et dans l’axe (!). Mais qui aurait attaqué de front une muraille dans laquelle une bonne partie des troupes s’était volontairement cloitrée alors que la troupe assaut aéroportée franchissait tranquillement bois et forêts pour sauter en parachute derrière nos lignes ?
    Toutes ces phrases, ces affirmation, ces géhentendüdirs, outre qu’elles viennent toutes de l’inépuisable puits de connerie humaine, ont pour but premier de servir d’écu. Derrière ce bouclier aussi pitoyable que la Ligne de défense des tranchées de Douaumont ou de Maginot, est recroquevillé un être trouillard et vil. Qui préfère bien amoindrir son vis à vis que de l’aider à survivre à ses angoisses.
    Sans aller jusqu’à mettre en œuvre l’idée dantesque qui me poursuit comme un mort de faim et qui consiste à passer un deal avec satan qui serait le suivant : ‘ mon satounet joli, transforme la connerie humaine en cancer métastasé mais en échange, supprime tous les autres.’ Ne soyez donc pas surpris par ce trait; vous qui n’êtes pas le moins du monde étonné par les foules qui se rassemblent en masse pour écouter un monsieur blanc dire aux pauvres gens que le célibat de ses prêtres ne sera pas remis en question et que le préservatif est une invention maligne. c’est ‘dieu’ qui l’a dit, vous dis-je.
    Alors quand vous aurez un paroissien devant vous qui vous raconte ses saletés intimes, envoyez-le paître au nom de la défense de la patrie aux frontières.
    J’ai eu l’expérience de vivre un tableau dépressif dans la vie qui se tire en douce en rasant les murs. J’entre dans la phase des chenus porteurs de statistiques. Deux détails pour en finir avec ces réflexions du mercredi soir : la dépression est vraiment une maladie scélérate dont personne ne peut vous sortir vraiment malgré tous les efforts qui sont faits par les soignants; seul, le débat intérieur avec votre alien intime, négociation pas à pas, peut vous permettre de vivre à peu près convenablement. Le second point, vous voyez, est bien la volonté de ne pas se laisser bouffer par le collègue incarcéré dans votre esprit. Oui, je suis sur que l’entêtement, l’orgueil, la gniaque, le gout de la castagne, peut nous amener à faire taire l’abruti qui nous habite et parfois nous hante. Si je parviens à faire taire certains désagréments corporels uniquement par la volonté de dominer mon corps, dans la mesure infime de l’ordre d’une douleur envahissante, par exemple, je puis assurer que c’est là le résultat d’une longue pratique.

    Laissez les dires, laissez les fers; et que Mieux vous apaise et vous couvre de joie. Un peu. Mais ce sera déjà beaucoup

  25. Pilou

    Perso, je me suis juré de ne jamais prononcer les mots GARDEZ LE MORAL à qui que ce soit, je l’ai trop entendu lorsque j’ai eu un cancer, C’EST LA MOITIE DE LA GUERISON, tu parles ! mais personne ne fait rien pour m’aider, qui va s’occuper de mes marmots ? ALLEZ TU VA T’EN SORTIR, mais bien sûr, comment ? Oui je m’en suis sortie, mais sans personne. A présent lorsqu’une personne malade vient me voir, avant tout je l’écoute, elle vide toutes ses angoisses, et je lui dit ensuite combien ce sera difficile, qu’elle passera par des moments de découragement que ce sera normal qu’elle laisse faire le temps, et qu’en jour viendra où elle sortira la tête de l’eau, après tout nous ne sommes que des humains, pas des surhommes et que la faiblesse n’est pas une tare. Je me demande si les gens qui prononcent ces mots, ne le font pas peut-être pour se rassurer eux-mêmes, quoiqu’il en soit, le jour où il leur arrivera un gros pépin, quels mots aimeraient-ils entendre, pas sûr que GARDEZ LE MORAL leur suffise !

    J’ai aussi entendu JE ME METS A TA PLACE, . impossible, il faut vivre soi-même la situation pour s’en rendre compte. BON COURAGE eh oui, facile !

  26. Curare-

    ”Ça reste à l’intérieur de nous et il faut batailler avec ça.”

    Je crois que tout est relaté avec ces quelques mots pour la fouilleuse de textes que je suis . .
    Naît-on spleen ? Cette question fait partie de ma dose quotidienne de questionnement sur mon état dépressif que je cache au monde entier . .
    Je suis Cyorane !
    On m’avait dit : ”Si tu es dépressive, ne lis pas Cioran.”
    Il m’a pourtant apporté des réponses stratégiques sur mon envie incessante de mourir . . ou d’avancer plus vite vers la mort !
    Le dépressif chronique est attiré par la mort. .
    il n’en a pas peur et il ne comprend pas pourquoi les personnes ont en peur . .
    Je pourrais peut-être en faire un livre, tiens pourquoi pas . .
    Le dépressif chronique ne ressuscite jamais vers la guérison . .
    C’est 1 roublard permanent . . pour oublier chaque lendemain qui n’existe pas . .
    Le seul lien qui le raccroche à la vibration naissante des matins, c’est le fait que tout meurt 1 jour . .
    Cioran a toujours parlé du suicide et n’a jamais voulu accomplir cet acte désespéré parce que catalogué ”d’acte de lâcheté” . . sans doute . .
    Il est mort de la pire maladie qui l’a rendu éternel malgré lui . . Avec Alzheimer, il n’a pu revenir sur son
    ressenti du suicide et l’analyser jusqu’au bout . . de son dernier souffle . .
    Je crois que il est temps en France, que l’on pense à la mort assistée . .
    C’est important pour ma génération qui finie de vivre avec l’ombre d’Alzheimer . .
    Cher Baptiste, merci d’œuvrer aussi pour l’euthanasie assistée . . il est temps !

    1. Hervé Cruchant

      Avec tes lignes, tu es déjà dans mon je. Comme un dessin fait au calque. Mon prof de dessin disait que calquer c’est redessiner, si possible en mieux. Par ‘mieux’, il voulait pousser ses élèves à traduire le trait en y ajoutant de leutr propre personnalité. Je redessine donc tes lignes en gommant Cioran, qui m’a fait toucher la vase un jour mais en y mettant Nietszche. En mettant le sens humain de Nietszche. Oui, je veux recopier ton instinct de mort. L’une de ces morts qui vous fait de la faucille en rigolant de toutes ses dents, qui accompagne l’Ankou, qui est bien ridicule. A ma mesure, avec ses haillons et son air d’en avoir deux. Qui en fait tellement trop qu’elle en est devenue illusoire, improbable, ridicule. Celle-là, je la connaît : on se parle tous les jours. Tout le temps.
      Celle dont tu parles m’est également connue. C’est plutôt une houle qui me tend le flux invisible, la force cosmique d’un destin impérieux. Autant la faucheuse devenait intime à force de mimiques visuelles, se neutralise par l’usage d’un folklore de comedia del arte, autant cette vague scélérate qui tourne autour des phares est un monstre sans visage, sans regard, nanti d’une force inouïe. C’est de celle là dont tu parles, j’en suis sur, je l’ai rencontrée. Elle nous persuade qu’elle est la guide maîtresse vers la paix du corps et l’inertie apaisante de l’âme réfugiée dans une posture de statue. La paix bienfaisante, l’ultime paix salvatrice. Mais là encore, cette force ne peut rien pour nous car, pour qu’elle accomplisse son œuvre tout à fait, il faudrait qu’elle nous laisse le dernier geste : le suicide. Or, quel qu’en puisse être l’alibi -volonté de sur-être ou désespoir absolu- le geste reste un acte délibéré d’humanité déglinguée mais encore suffisamment lucide pour passer à l’acte. Alors, ce suicide -ou cette mort volontairement assistée- apparaît comme un éclat à la statue par laquelle nous avions prévu d’en finir.
      Alors, quoi? Mon je du jour est exactement le même, le temps est exactement le même, la déchéance est la même aussi, parce que je suis le meilleur observateur de mes manques, des oxymores innombrables et envahissants qui peuplent mes rues et mes chemins, moi qui croyait pouvoir vivre dans des espaces piétons, en souriant aux mères et aux enfants, en saluant le quidam que j’imaginais confrère complice, prêt comme je l’aurais été à distribuer les fruits de mes mesquines connaissances, dire bonjour, se parler du temps qu’il fait dans le ciel, du temps qu’il fait dans nos montres et que de savants savants prétendent ne pas exister tous comptes faits.
      J’ai quitté l’âme du ravi provençal, ne trouve plus belles les roses et préfère les étendues fleuries des hauts plateaux andins. Je n’aime plus les bois sculptés qu’on trouve sur les étals au bord des pistes d’Amazonie qui restent des merveilles de travail et de fatigue. Je préfère les empreintes en creux dans les rochers du bord du fleuve, polissoirs où venaient tantôt les Amérindiens pour aiguiser les flèches qui allaient les nourrir. J’aime voir et toucher la terre du monde entier, parfois même les mains de ceux qui vivent loin d’ici et dont les doigts ressemblent tant à la terre qu’ils habitent. Ils ont souvent des yeux enfoncés dans leur passé et de cette orbite apogée viennent des lueurs de diamants reflets de lune, de feux de braises semblables aux plumes des plus belles.
      Mon je a besoin de paix. Peut-être même de sérénité. Du grésillement d’un paysage accompagné d’un vent doux qui maraude. Mon je devient doucement solitaire. D’une solitude pleine, sans abandon en échange. Le profond désespoir fébrile s’est mué en certitude carpe diem. Athée et banal, resté curieux mais sans illusions à réveiller devant l’immense richesse galvaudée que sont la Terre et ses habitants.

      Voilà un peu de je. Je n’ai pas trouvé de joker dans cette partie à qui perd gagne. Je me sens souvent bien futile et surnuméraire dans mes tendances à vouloir servir de passeur. J’ai bien l’impression que ce souhait aussi est un semi-échec.

      Que Mieux te donne la force de te tenir debout; rien que pour tenir tête à ton alien personnel intérieur. Je ne sais pas bien ce que dirait Cioran dans ce contexte. Nietzsche a grommelé dans sa moustache : “devenez ce que vous êtes”. çà me paraît convenir pour attaquer cette nuit. tu ne dors peut-être pas très bien. dans mon cas, j’ai appris Leo Ferré, Vian, Brassens, Baudelaire….par cœur. ‘çà le fait’ : je suis un chien.

      1. Curare-

        Bonsoir Sir Hervé Cruchant
        N’osant rebondir en ce lieu dit de commentaire (sur 1 sujet particulier de notre cher Baptiste)
        Proposez-moi 1 sursaut dans une autre dimension où nous pourrions continuer à débattre (votre post amène une réponse . . j’en ai envie) . . avant que l’on ne s’oublie dans l’infernale . .
        Je reviendrais demain à la même heure . .

  27. Onakan

    La dépression, le chagrin d’amour, ces choses que l’on vit chacun à notre manière et que parfois personne d’autre ne peut comprendre, mais les gens se permettent de juger, sans savoir ce que l’on ressent ni même ce qu’on à dans la tête (ou dans le cœur), le tout sur un fond de solitude… Les phrases maladroites (parfois assassines) qui retourne le couteau dans la plaie, la “bienveillance” de certains…

  28. Nanou

    Je n’ai pas lu les autres commentaires, pressée que j’étais d’apporter ma pierre à l’édifice. Mais je vais le faire. Depuis mes 15 ans (et j’en ai 35 de plus) je souffre périodiquement d’attaques de panique HORRIBLES (pléonasme), qui ont parfois entraîné de la déprime, voire de la dépression. Jamais aucun soutien, surtout dans mon entourage proche. Mes parents c’est “t’as un problème? Tu es faible, tu t’écoutes. Tu es AUTOCENTREE. Quand on veut, on peut”. Scoop: NON. Et puis devinez? Il y a deux ans mon mari m’a quittée, après 25 ans de vie commune dont 20 de mariage. Je l’aimais, j’ai été très très très triste, je le suis encore. Et je confirme, les “avance, passe à autre chose, arrête d’y penser “(tiens, quelle bonne idée) ou mieux “mais tourne la page!” n’aident pas DU TOUT. Pas plus que le “Bah, c’est que c’était boiteux” de ma mère (mère!!!), dont le couple dure depuis 53 ans, oui, mais qui se fait tabasser depuis toujours, cause d’ailleurs de mon état anxieux. Bref… Si vous ne pouvez pas aider ou réconforter, taisez-vous les gens, et surtout, n’oubliez jamais que chaque cas est unique. Peut-être que vous, vous pouvez avancer en laissant tout derrière, vous “bouger”. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Mais où est passée l’empathie bon sang? Merci Baptiste, vous êtes quelqu’un de bien.

  29. Lebarbu

    Je suis asthmatique.
    “c’est dans la tête” et consorts, je l’ai entendu aussi.
    Et surtout, “si tu étais moins nerveux, tu aurais moins d’asthme”.
    Un jour j’en discutais avec mon pneumologue qui m’a répondu “si les asthmatiques avaient moins d’asthme, ils seraient moins nerveux”.
    Ce n’est pas ça qui guérit l’asthme. mais ça soulage la culpabilisation.

  30. A

    J’apporte ma pierre à l’édifice :
    L’année dernière j’ai fait un burn out. Au cœur de cette période, j’étais incapable de dire que c’était un burn out, je me battais pour avancer tout simplement. Je ne dormais plus, je ne mangeais presque plus ou mal, je perdais du poids à vue d’œil. Je vais rarement chez le médecin, mais là j’ai fini par me décider à consulter parce que j’étais inquiète de mon état de santé. C’était difficile d’exprimer ce que je vivais, j’ai parlé de la charge de travail, de la pression, de mon état de santé, de la fatigue….
    La réponse du médecin : “Je ne vais pas vous mettre en arrêt, vous prendriez plus de retard dans vos dossiers”
    Résultat de la visite : je suis sortie du cabinet au bout de 30 minutes dans une salle d’attente vide, pas d’autres patients, avec une prescription de médicaments incompatibles avec mon métier où j’étais amené à conduire. J’ai gardé ma fatigue et mon stress qui m’empêchait de faire correctement mon travail. Et j’ai ajouté le sentiment de ne pas être entendue….

  31. Lectrice

    Bi-Bi, généraliste au bon coeur et au bon cerveau (ben oui il faut les deux), fais entendre ta chronique non seulement dans les cabinets de qui exerce en libéral ou en hôpital, mais aussi, mais SURTOUT dans les administrations chargées de l’assurance maladie-invalidité et chômage.
    Parce que là, les réflexions des médecins contrôleurs ne sont pas “maladroites”, elles sont intentionnelles, décochées pour t’éliminer des statistiques – que ce soit par une guérison ou un suicide, les stats ne font pas la différence…

    Responsabiliser, qu’ils disent. Etat social actif.
    Culpabiliser qu’ils font. Etat flic et harceleur.

    Chômeuse de longue durée harcelée par la chasse au job, me voilà en invalidité reconnue pour dépression nerveuse sévère. 6 mois d’arrêt (je suis dépressive depuis probablement plus de 2 ans, mais l’arrêt de travail avait jusqu’ici été refusé par l’assurance-maladie pour “manque de travail ou chômage indemnisé”… j’ai chômé sans être indemnisée, tel est mon tort !)
    Au 7e mois d’arret, comme prévu par la loi, première convocation devant le médecin contrôleur, une femme.
    La praticienne, qui a devant elle le diagnostic, le suivi de ma généraliste traitante et le rapport psychiatrique, ne m’ausculte pas, elle demande juste “quels sont les difficultés physiques qui vous empêchent de travailler ?” (pas un mot sur le psychologique).
    J’explique: insomnies, fatigue persistante… Commentaire “Bon mais on ne va pas vous garder en invalidité pour ça jusqu’à la pension.”
    Je précise que c’est à force de chercher du boulot en vain (des années de recherche, entrecoupées d’autres problèmes physiques – 4 opérations chirurgicales, je passe les détails) que je me suis épuisée. Que l’absurdité des démarches imposées rend fou, au sens littéral du terme: je raconte un exemple et comme, du fait du stress de revivre ce souvenir, ma voix monte dans l’aigu, la médecin me coupe “pas besoin de crier pour ça, ne vous en prenez pas à moi, hein, je n’y suis pour rien”.
    Je présente mes excuses, tout en précisant que de la situation que j’ai racontée et de quelques autres (vécues au travail que j’ai perdu, puis au chômage) je fais encore des cauchemars aujourd’hui.
    Commentaire “En tout cas l’aptitude au travail elle est là, c’est juste que vous ne trouvez pas à l’employer”. Bref je n’ai qu’à traverser la rue, comme disait l’autre.
    Conclusion de la médecin-conseil :” C’est bon mais je ne pourrais vous prolonger que de quelques mois pas plus hein” Je me retiens de demander si je dois me taillader les veines pour être considérée autrement que comme tire-au-flanc par défaut.
    De retour chez ma généraliste (une perle elle), j’apprends que cette médecin contrôleuse a démoli une autre patiente dépressive soignée par ma généraliste. Cette patiente-là ne s’est pas retenue comme moi de demander s’il fallait faire une tentative de suicide pour être crue, elle a eu droit comme réponse à “ça c’est votre responsabilité”.
    Ma généraliste a déposé plainte. A force d’obstination et d’autres cas, a obtenu de faire virer cette médecin conseil de la mutuelle où elle sévissait alors. Cette même médecin-conseil a été illico réengagée par une autre caisse mutuelliste, la mienne…

    ça se passe en Belgique, été 2018…

  32. emma

    merci, Baptiste
    en même temps c’est difficile de trouver spontanément quelque chose d’intelligent à dire quand on se trouve en présence d’une personne en souffrance, toute sensibilité à nu – c’est vrai qu’il faudrait y réfléchir pour en pas faire d’impair quand la situation se présente.
    Mais que dire des “maladresses” (et ce mot est parfois un euphémisme ) des professionnels, qui, eux, ont, en principe été formés aux aspects psy de leur métier. Tenez, tout simplement les médiatiques gourous du bien être, qui répètent en boucle “marchez, faites du sport” sous entendu, “ou bien, crevez, feignasses ! “, culpabilisant tous ceux qui ne peuvent pas courir et pédaler, pour des raisons physiques ou parce qu’ils sont déprimés ou agoraphobes. Ne pourraient ils se pencher sur des solutions possibles pour ces gens là, au lieu de les narguer du haut de leur forme éclatante ? ( au fait : est on en bonne santé parce qu’on fait du sport, ou fait-on du sport parce qu’on est en bonne santé ?)

  33. Souslalune

    Quelle avalanche de témoignages ahurissants !
    De mon côté, j’ai eu :
    – on vit très bien sans enfant, occupe -toi de ceux des autres ;
    – je te souhaite une bonne fête des mères (je n’arrivais pas à avoir d’enfants), mais oui, tu es la mère des chiens et des chats
    – t’as pas envié de mourir au moins, non, alors ça va
    – ah bon ,tu vas voir un psy toi, t’es sûre que t’en as besoin ?
    – à la sage-femme à qui je demandais ce que deviendrait mon bébé après l”IMG, réponse : ” de la bouillie ” ….
    Bref, je m’arrête, mais souvent j’aurais préféré le silence, plutôt que d’entendre ce que j’ai entendu !

  34. Bénédcite

    Eh oui; ces fameuses petites phrases. Quand j’ai appris que je ne pourrais plus avoir d’autres enfants que ma fille unique car risque de rupture utérine pouvant me faire mourir. J’étais très mal car je voulais plusieurs enfants et je devais faire le deuil de ne plus pouvoir en avoir… Une amie, sans doute bien attentionnée, m’a dit pour me réconforter : “Il faut que tu penses que tu as de la chance d’en avoir déjà un”. Eh bien, ça ne m’a pas aidé du tout…

  35. Cath

    Moi, je vais un peu détonner.
    Des dépressions sévères, j’en ai vues quelques-unes. J’ai essayé d’ecouter, souvent désarmée devant l’ampleur des dégâts et de la souffrance. Je reconnais que j’a dû dire des choses maladroites, et puis j’ai appris aussi à me taire et à écouter, notamment les spécialistes qui s’y connaissent quand même mieux et qui signalaient le caractère incontrôlable de la maladie. J’ai aussi parfois essayé de détourner les personnes de ce mal qui ronge en proposant activités ou sorties ou aide, enfin des petits quelque choses à ma portée. Je dis les personnes, parce que j’ai quand même l’impression de les « attirer ».

    Mais, j’en ai pris plein la g… moi aussi, du style « t’es forte, toi », « tu fais face et ça ne te fait pas mal », « t’es pas malade, tu sais pas ce que c’est, alors tu peux faire », sous-entendu tu peux te charger de faire ce qu’on n’est pas capable de faire parce que nous, nous souffrons.
    Tout ça parce que précisément, je la ferme ma g…, que j’ai décidé une bonne fois pour toute de garder pour moi et de ne pas emm… mon monde, de continuer à marcher même, parce que je ne conçois pas de reculer, ce qui est en quelque sorte un garde-fou. On essaie de se protéger comme on peut.
    Alors, il m’arrive maintenant de fermer la porte aux gens qui me bouffent. Je sais que la dépression peut durer pendant des années, que c’est lourd et handicapant, mais j’avoue qu’il m’arrive d’en avoir marre d’etre prise pour une bête de somme, et j’envoie bouler.
    Comme ma mère de cœur, qui a perdu son unique enfant, a serré les dents et a repris le collier, a enduré les plaintes des uns et des autres qui se plaignent de leurs enfants. Qui se plaignent à elle, elle qui écoute…

    1. Renaud

      Votre – dure – expérience n’est pas incompatible avec ce qui a été dit par ailleurs. On sait que les dépressions aiguës exercent aussi d’immenses pressions sur l’entourage, surtout pour celui qui s’en préoccupe.

      Nul ne vous en voudra de chercher à vous protéger comme vous le pouvez, d’autant que vous semblez être quelqu’un sur qui nombre d’autres comptent (peut-être trop).

      Bonne continuation

  36. petitpassereau

    “Tu restes comme ça parce que tu te complais dans ton état, à croire que tu as besoin de déprimer”
    Oui maman, qui ne rêverait pas en effet de se réveiller chaque jour avec l’envie de se flinguer? J’adore ces petits matins ou tenir la journée paraît déjà une épreuve insurmontable, je me shoote à la mélancolie.

    Pour ceux qui sont dedans: tenez bon, on peut s’en sortir, j’en suis la preuve. Il faut trouver le bon moment, les bonnes personnes. Ça prend du temps, de l’énergie, il faut le déclic mais l’après vaut le coup.

    C’est difficile de trouver les bons mots, je me sens toujours gauche et démunie devant un proche malade. J’ai sûrement déjà été maladroite, peut-être déjà blessé par ignorance ou par bêtise. Ne jugeons pas trop non plus ceux qui nous heurtent par maladresse.

  37. PK

    fausse couche… c’était le 5eme enfant attendu …. mais ça peut être le premier, le second… “tu en feras un autre”. et “tu en as déjà 4”. mais celui là dès les premiers signes il avait une existence, peut être même une petite tête dans la tête de sa maman, celui la il a vécu et a marqué une mère et il va y rester.
    c’est pour cela que l’avortement c’est si difficile … alors on peut être triste, on peut pleurer, sans compter que la bombe à hormones s’est dégoupillée d’un coup et que le sevrage est brutal mais ça … ce n’est pas important il parait….

  38. Francoise

    Trois histoires vraies :
    – je suis fatiguée, anormalement je trouve, un peu nauséeuse aussi, j’ai 25 ans mais je suis prof : donc pour mon médecin, c’est “dans la tête”. Sans même m’ausculter, il me donne des somnifères (bien sûr : je me plains de trop dormir). Eeeeh non ! ce n’était pas dans la tête : c’est une belle appendicite qui, non diagnostiquée, a tourné en péritonite.
    – enceinte jusqu’aux yeux, dernière consultation avant la naissance, j’ai quelques vergetures. Mon gynéco, contrarié, remarque finement : c’est une erreur de diététique. Heureusement mon mari a rétorqué du tac au tac : mais non, plutôt une erreur de contraception, non ?
    – invitée chez des amis, j’ai bu du révélateur photo que le maitre de maison avait “rangé” au frigo dans une bouteille d’eau standard. Je téléphone au centre antipoison, et là, la question à deux balles : “mais pourquoi vous avez bu du révélateur ?”. Heureusement je n’avais bu qu’une gorgée, et comme j’ai trouvé un goût bizarre à cette “eau”, j’ai pu empêcher tous ceux qui avaient dilué du sirop avec de s’empoisonner.

  39. Tiphaine

    Oui, les donneurs de leçons sont nombreux. J’ai fait un burn out (j’étais aide-soignante). J’ai failli me jeter dans la Loire, car dans le début de la crise, je ne maîtrisais presque plus rien. J’ai juste eu de la chance que ma désinhibition ne soit pas totale. J’ai mit du temps à remonter la pente. A l’idée de reprendre mon ancien boulot, je faisais une crise de panique, j’angoissais, tremblais de tout mon corps. Et tout ce que ma mère à pu me dire c’était “prend sur toi”, “fait un effort”. Je rentrais dans une colère noire à chaque fois. La colère c’est tout ce qu’il me restait à l’époque. Et aujourd’hui encore …
    J’ai aussi eu ce chirurgien orthopédique que j’ai été voir après 10 années de soucis aux genoux, qui ont fait que j’ai abandonné tout sport pour avoir moins mal, car mes rotules se luxe légèrement régulièrement. Il m’ausculte, sent bien que la rotule bouge bcp, craque sans cesse et fini par me lâcher un “c’est dans la tête”. Depuis, c’est toujours la même chose, monter des escaliers peut vite devenir compliquer, je ne peux pas me mettre à genoux ni m’accroupir plus de 30 sec, du coup, le dos prend. Alors comme c’est dans “ma tête”, je fais un déni, je force, je boite, j’ai mal… De toute façon, le boulot, il faut bien le faire, mal ou pas.
    Ces deux phrases ont eu un énorme impacte, je suis marquée pour de longues années encore.

  40. Martine Dubois

    Merci beaucoup Baptiste pour ce beau texte. J’ai été confrontée à la dépression et je me rends compte que je n’ai pas toujours eu les mots justes pour aider mon frère qui était atteint de cette terrible maladie qui le détruisait et m’entraînait vers le bas. C’est vrai que j’avais envie qu’il se bouge mais très vite j’ai compris que, au risque de servir d’éponge, la douceur était plus efficace. Enfin momentanément, puisqu’il a fallu l’hospitaliser 1 mois pour qu’il se sente beaucoup mieux et qu’il ait un traitement adéquate. Je ne jette donc pas la pierre aux maladresses des accompagnants par contre l’entourage extérieur, leurs conseils ne sont pas toujours à la hauteur.
    En ce qui concerne la rupture amoureuse, effectivement on ne remplace l’être aimé d’un coup de baguette magique, les plaies du coeur sont longues à cicatriser voire jamais.

  41. Lise

    Comment expliquer que personne ne puisse aider véritablement une personne dépressive ?
    Ni ses proches, ni les médecins généralistes, ni les psychiatres …
    Je tourne et retourne cette question depuis la mort en juin dernier de mon papa, décédé dans un accident de la route d’une violence extrême après avoir fait demi-tour sur l’autoroute.
    Pourquoi personne n’a su l’aider ? Pourquoi ?
    Il était pourtant suivi et soigné pour cette dépression dans laquelle il s’enlisait ….
    Qu’est-ce que qui différencie ceux qui trouvent la capacité à remonter quand ça va mal, et ceux qui n’y parviennent pas et s’enfoncent peu à peu dans les ténèbres ?
    Je n’ai pas la réponse.
    J’ai essayé de le soutenir, j’ai essayé de trouver des mots choisis qu’il aurait pu entendre, j’ai essayé la douceur, l’empathie, l’écoute, je me suis fâchée aussi parfois, lasse de l’entendre raconter sans fin son malheur …
    Ses amis, nombreux, fidèles, ont essayé de l’accompagner, de le brusquer parfois pour provoquer quelque chose, une prise de conscience, une envie, une étincelle d’énergie pour refaire surface …
    Rien n’y a fait, et il a sombré complétement, au point de commettre cette erreur de jugement (ou ce choix …) fatal(e) …
    Il me reste mes questions, et mes regrets ….

  42. Flex

    Et bien, je suis en plein dedans. Mon chat adorable que j’ai adopté il y a 6 mois a disparu. J’angoisse… Je n’étais pas encore remise du décès du précédent il y a moins d’un an, et 17 ans de “vie commune”. Après une nuit de stress j’arrive au travail et mon supérieur m’engueule (sans raison, et sur un sujet qui ne me concerne même pas). Je craque. Un partie de mes collègues me dit “Oh faut pas le prendre comme ça”. Mon père au téléphone : “Mais tu es la seule à réagir comme ça, c’est pas normal”. Je suis un ruine émotionnelle.
    Arrêtez de reprocher au gens d’être ceci ou cela, trop sensibles, pas assez forts. C’est rajouter une couche de culpabilité. Je n’ai pas à m’excuser pour un état dans lequel eux me mettent !
    En passant, pour eux qui veulent un bon coup de gaule, je vous conseille le spectacle Nanette d’Hannah Gadsby.

  43. Sonia

    Ah la la … “tu peux manger, ça te fera pas de mal, tu es tellement mince” (ça c’est quand j’étais anorexique), “va voir un nutritionniste”, “fais un effort”, “mange une pomme à la place” (ça c’est quand j’étais boulimique), “sors, va au musée, lit un livre, va voir tes amis, change toi les idées, ça va passer” (pour soigner ma dépression – qui est reconnue depuis comme une vraie maladie thanks god). Et devoir répondre : “tu diras à un diabétique qu’il n’a pas besoin de traitement?”, “à un paralysé de se bouger un peu ?” ? “Non ? Bon, ben là c’est pareil” … Ah la la …

  44. Christelle

    Obèse toute ma jeunesse en partie à cause de la malbouffe familiale pâté frites mon père me disait quotidiennement de me remuer pour échapper à la constipation : “Si tu te remuais un peu plus tu ferais cac…” J’entends encore ses mots résonner en moi et ça me dégoûte… aujourd’hui j’ai 41 ans je ne suis plus obèse depuis 16 ans et malgré un boulot bien remuant du sport une alimentation riche en fibres je souffre toujours autant de constipation et aujourd’hui papa si tu me lis ça fait 42 ans que tu aurais dû te remuer pour échapper à l’épouse narcissique…

  45. Linette

    C’est évident dans les études de médecine il n’y a pas psyco/empathie, juste technique médicale. J’ai reçu une étudiante en médecine interne en cancérologie qui m’a dit que le “patron” laissait aux internes annoncer aux patients la “gravité” de leur état !!! Il avait des “cas” devant lui c’est tout, aux “petits” personnels de gérer la suite. Etant la fille et l’épouse de malades cancéreux j’ai reçu les informations de l’état du patient d’une façon lamentable, je n’en suis toujours pas remise. Je sais que cette profession est exigeante mais vous avez des humains sensibles en face et non des amas d’os et de chair. Heureusement il y a des soignants attentifs et je les remercie de ne pas avoir perdu leur humanité.

  46. Beatrice

    Une semaine aprés une intervention, on m’a renvoyé au CHU où j’avais été opérée. Fatiguée comme je ne l’avais jamais été. Je croyais faire une dépression.
    Le chirurgien qui m’a opérée m’a accueilli en me disant “les gens comme vous, on n’aime pas ça ici !”
    J’ai passé la nuit à pleurer en me demandant ce qu’on me reprochait. Là j’étais sûre de faire une dépression.
    J’avais une septicémie.
    Dûe à un staphylocoque doré attrapé pendant l’intervention.
    Depuis j’ai été réopérée, j’ai fait deux autres septicémies mais l’approche fut différente. Totalement différente. Ce n’est plus de ma faute. Quant à moi, je ne dis pas que c’est la faute des soignants.
    La faute à pas de chance.
    Je bénis les services d’infectiologie qui ont fait rentrer l’humanité à l’hôpital.
    Rien que d’en parler j’ai les yeux pleins de larmes, tellement ces mots furent violents.
    “Les gens comme vous, on n’aime pas ça ici”
    Je crois que même en maison d’arrêt, on n’accueille pas les gens comme ça. Et c’est tant mieux !

  47. Tintin

    Salut Baptiste,

    Je t’avais laissé un commentaire sur un billet qui gardera toujours une place (j’en suis sûr, spéciale) dans ton esprit parmi tous tes billets: “le texte que j’aurais voulu lire quand j’avais onze ans” publié fin avril. Moi je m’en souviens car j’avais évoqué un problème personnel vis à vis de l’alcool et ta réponse m’avais particulièrement ému. Du coup ce dernier texte, je le vis, notamment lorsqu’on me fait des réflexions sur ma consommation d’alcool (particulièrement facile à gérer quand t’es en craving avec un coca zéro sur une terrasse en face de quelqu’un qui t’explique ça une pinte de bière à la main…).

    Je trouve ce texte absolument magnifique, et j’essaye de le partager autant que je peux. Car mine de rien, je suis un peu dans le domaine de la santé… Je suis pharmacien, même si j’ai choisi de faire une thèse de doctorat (en fin de thèse actuellement) pour évoluer dans le domaine de la recherche (et si possible de l’enseignement).

    Si j’écris ce mot, c’est car quelque part loin au fond de mon esprit m’est revenu un parallèle, et le voilà: quand tu écrivais dans ton précédent billet- je cite- “Tu as le droit de t’aimer comme tu es, tu as le droit de vivre fièrement avec celui ou celle que tu aimes, tu as le droit d’exister sans honte, sans culpabilité, tu as le droit de revendiquer ton identité et ta place dans ce monde”, je ne peux m’empêcher d’extrapoler à tous ceux qui vivent une condition difficile. Particulièrement ces mots là: “tu as le droit d’exister sans honte, sans culpabilité, tu as le droit de revendiquer ton identité et ta place dans ce monde”, qui s’applique absolument à tous les êtres humains qui peuvent souffrir de quelque handicap que ce soit, de quelque souffrance que ce soit.

    Merci Baptiste

  48. Nadezda

    Mon mari a fait un infar au mois de mars, je raconte à une copine mes angoisses , ma peur de ce qui pourrait lui arriver , elle me répond ” allait ma grande, reprends toi et surtout que cela ne te bousille pas la vie ” .

  49. Sandaluz

    J’ai eu la gynéco en plein parcours PMA qui me fait mal a en pleurer pendant un examen ( merci l’endometriose): ” soit vous vous taisez et vous vous laissez faire soit j arrête tout”
    Le gastro qui me dit l’écho endoscopie rectale ben c’est pas pire qu’un doigt dans le cul
    Le dentiste qui me fout dehors avec la bouche en sang après m’avoir arraché une dent de sagesse mal anesthésiée : “arrêtez donc votre cinéma et que je ne vous revois plus ici”
    Les infirmiers qui me disent aussi d’arrêter mon cinéma après ma cœlioscopie alors que je me tordais de douleur. Ils m’ont renvoyé chez moi je faisais une occlusion intestinale sur bride
    Plus que les paroles maladroites, ce sont les attitudes méprisantes et avilissantes qui ont été pour moi d’une grande violence.
    ce pouvoir exercé sur votre personne en état de faiblesse.
    Et le pire c’est qu’on serre les dents, on ravale ses larmes, et on se laisse faire, parce-que EUX savent, parce que on le veut ce bébé, parce-que oui on veut guérir
    Et parfois on tombe sur des Baptiste….

  50. sarah m

    Un jour que j’étais très malade (genre grippe), j’avais accepté que ma mère vienne me voir. Elle était partie après m’avoir dit “quand même, j’ai lu un livre sur une fille qui a fait les camps de concentration, donc bon, y en a qui de bonnes raisons de pleurer” et “c’est pas un peu psychologique tout ça ?”.
    A ce moment, je me suis dit que mon Lapinou que j’avais ressorti pour l’occasion m’avait apporté un bien plus grand réconfort. Et qu’au final, quand on va pas bien, quel qu’en soit la raison, on a pas besoin de bien plus que ce qu’apporte un doudou : ressentir une présence et une écoute. En vrai, on a pas besoin de beaucoup plus.
    Mais je crois que les gens, de manière générale (et ma mère en particulier) ont un peu de mal avec l’idée de faire office de Lapinou, alors ils parlent, parlent… alors que c’est si simple de n’être qu’un Lapinou.

  51. Monique

    Merci Baptiste pour votre humanité, cela devient rare. Je connais depuis bien longtemps ce genre de problème. A 18 ans j’ai subi des violences sexuelles et n’en ai parlé à personne jusqu’à une très grosse dépression à 59 ans. J’ai eu la chance de rencontrer une psy qui m’a beaucoup aidé mais trop tard pour réussir ma vie. Je vis seule, toujours avec la peur du contact d’un homme et pour couronner le tout étant malentendante on me balance une phrase du genre la masturbation ça rend sourd. Croyez moi cela fait très mal.

  52. Laetitia

    Entendu de la part de mon ex belle famille après que le père de mon fils (3 ans et demi à l époque) m ait quittée quasi du jour au lendemain apres 9 ans de vie commune pour une autre et sans aucune “mise en garde ” préalable… :
    “On te demande pas comment ça va car tu vas nous dire que ça va pas ”
    “Elle n’ a qu’à prendre un chat” (!!!!)
    “Finalement, ça change rien !” (Car je pouvais toujours leur amener mon fils s’il était malade, en prenant…. le même bus)
    “Tu vois bien que ça se passe bien !”(entre mon fils et la nouvelle compagne )
    Bref : empathie ZERO. Considération ZÉRO.

  53. Ping : psychiatrie 030918 – notesperdues

  54. elisa marnet

    J’en avais fait un article sur mon blog un jour, après ma dépression post partum…pour que les gens puissent tenter de comprendre. Pourtant, même mes proches qui l’ont lu m’ont parfois ressorti ce genre de phrase. Malgré le fait de rabâcher, certains ne veulent pas comprendre. Je le sais, j’étais pareille. Je ne comprenais pas comment on peut se laisser aller à ce point. Et, pire, je dirais presque que j’ai du mal à comprendre la femme que j’ai été pendant ces presque 2 ans. Une sorte de trou noir. Mais ça arrive d’un coup, c’est comme ça. Un “coup de tonnerre neuronal” comme me l’a expliqué ma psychiatre. Oui c’était ça…le matin je bossais normalement, le soir dans ma voiture en 30 secondes je suis descendue en enfer et ça a duré 18 mois. D’un coup. Sauf que ce n’est pas remonté pareil, d’un coup.

    Quant à ce truc qu’on dit à toutes les mamans dont la grossesse tarde à venir, je tiens à la commenter… Oui il y a probablement un facteur stress dans le fait de tomber enceinte, mais il y a tellement d’autres choses ! Pour parler de mon cas encore une fois (ce n’est bien que de notre cas qu’on peu décemment parler en étant sûrs), je désirais cet enfant plus que tout au monde. Du jour où on a arrêté le préservatif je n’ai fait qu’y penser. Que ça, tout le temps, presque 24h/24 vu que j’en rêvais. Dans les toilettes, en cuisinant. C’est comme ça ça ne se contrôle pas. Et à cause de toutes ces mauvaises langues je me rajoutait un stress supplémentaire car je pensais que cette obsession ferait tarder les choses. Ben non. 2 cycles. Rien à voir. Et là pour le deuxième je sais que je serai pareil. Et ça mettra peut-être 1 an, qui sait ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *