L’homme qui chantait.

L’histoire c’est F., l’écriture c’est moi. Merci F. Si vous voulez raconter, c’est ici !

Alors voilà, son copain la battait, elle s’est enfuie. Elle l’aimait encore. Mais elle est partie. Sauver sa peau. Elle l’aime, il la frappe, elle l’aime encore. Elle sait que l’amour ce n’est pas ça, mais on décide de rien. Elle change de ville, change de département, même. Elle se retrouve seule, sans amis, sans famille, sans même un toit pour passer la nuit… La rue, c’est terrible ça… La rue… Elle a tenu bon, tenu debout, un bon bout de temps, debout, tenu, droite, tenu, tenu, tenu, elle serre les dents, puis un jour “crac”, les barrières s’effondrent. Elle fait une bêtise, et si tu changes quelques lettres à “faire une bêtise”, ça fait “essayer de partir voir les poneys multicolores plus tôt que prévu”. Elle a 22 ans, elle est loin de ses proches, et elle se retrouve de longues journées à attendre, les yeux dans le vide, allongée sur le lit d’un hôpital psychiatrique. Coincée dans un autre monde, oui, elle est coincée… Elle connaît le plafond par coeur, chaque tache, chaque aspérité, elle les connaît.

[…]

Ce jour-là s’annonçait pour elle comme les autres : pas envie de manger, pas envie de se laver, pas envie de se lever, pas envie de vivre… Dans le service, un aide-soignant passait dans les chambres pour changer les draps de lit. Vous voyez, rien de très formidable jusqu’ici… sauf que l’aide-soignant faisait tout cela en chantant. En chantant ! Elle ne pourra jamais expliquer ce qui s’est passé à l’instant où il a commencé à chanter “La vie en rose” de Piaf. Pourtant, elle s’est levée… spontanément ! Pour la première fois en deux semaines ! Elle s’est sentie attirée par sa joie, comme l’insecte va vers la flamme. C’était mystérieux, cet abandon joyeux dans ce lieu froid, triste, blanc et vide; tout à coup, c’était comme si le plafond n’avait plus d’importance. Elle s’est levée et elle a marché jusqu’à cet homme sans trop réaliser ce qu’il se passait. Arrivée devant lui, elle s’est sentie bête, elle savait pas quoi dire. L’aide-soignant s’est arrêté en la voyant plantée devant lui comme un piquet.

– Vous pouvez continuer ? S’il vous plaît…

– De quoi ?

– De chanter.

Il a repris avec Piaf, encore, mais “Je ne regrette rien”. Elle, elle l’a suivi jusqu’à ce qu’il ait fini son service, elle l’a suivi comme les enfants perdus la nuit suivent les étoiles, dans les contes. Elle pleurait. Les larmes coulaient sur ses joues, c’était la première fois qu’elle pleurait depuis qu’elle avait dû dire adieu à son ancienne vie. Depuis des mois, c’était la première fois qu’elle ressentait une autre émotion que la peur.

Le lendemain, cet aide-soignant était parti en vacance et elle ne l’a jamais revu. Elle ne connaît pas son nom, et elle regrette de jamais avoir pu lui dire merci… Mais tous les jours, depuis, quand elle doit se lever le matin, elle écoute “Je ne regrette rien” de Piaf. Elle repense à lui, à cette chanson hors du temps. Elle chantonne. 

Aujourd’hui, elle me dit qu’elle va mieux. Elle a son propre appartement, elle a retrouvé ses proches et elle a un chat (c’est un détail qui lui tient à coeur).

Ou qu’il soit, son aide-soignant à la peau colorée, elle lui souhaite de ressentir tout le bonheur qu’il a réveillé en elle à l’époque.

Ah, j’oubliais ! En Janvier, elle va commencer une formation. Elle a décidé d’être aide-soignante…

72 réflexions sur « L’homme qui chantait. »

  1. AnneduSud

    Merci F. et merci à cet aide-soignant. J’espère qu’il saura un jour que ce qu’il a fredonné a remis sur pied une jeune femme de 22 ans et qu’il continuera à mettre du bonheur dans les chambres et les couloirs. Et j’espère que cette future nouvelle aide-soignante mettra elle aussi du bonheur dans ses pas.

  2. Cat

    Merci Baptiste,
    Pour ce joli billet posté le jour de mon anniversaire.
    J’ai parfois comme tout le monde, moi aussi tendance à regretter, bien que je sache qu’il ne faut jamais rien regretter.
    Je me rêve une vie en rose, et un jour forcément elle viendra, puisque je n’aurai plus de regrets …
    Amitiés en vous souhaitant la même chose !
    Catherine
    ps : contente d’avoir retrouvé votre blog aujourd’hui !! (oui retrouvé, j’étais tombé, aie sans me faire mal, dessus il y a des mois de cela)

  3. Rainette

    Ou comment me faire croire à nouveau que la vie est parfois belle pour qui sait bien regarder, écouter….
    Pour avoir connu cet enfermement là durant 20 jours, je sais combien une toute petite chose peut redonner confiance… en soi, en la vie.
    Les aides-soignants : 2 mots qui vont bien ensemble et qui disent aussi ils aident, ils soignent … et pas toujours avec des remèdes savants !
    Un chat, ça soigne aussi un chat ! Je le sais, j’en ai trois !
    Prends soin de toi, prenez soin de vous !

    1. Cath

      Trois chats ? Bigre, j’ai de la concurrence 🙂
      En tous les cas, je ne sais pas si avoir des chats soigne, mais je garantis que les matous soignent 😉
      Très tôt, enfant, ils m’ont appris l’indépendance et la clandestinité pour me protéger. Attendre de grandir pour gagner ma liberté de dire, de faire, et de choisir. Je gage que peu d’adultes s’en sont vraiment rendu compte dans mon entourage d’alors. Ma chance.

      1. adèle

        Sauf ceux qui sont allergiques aux chats ! 🙂
        Les chiens soignent aussi. D’une façon différente.
        Par exemple, tu te fais des tas d’amis quand tu promènes ton chien.

          1. Suze Araignée

            Ah ah, moi j’ai deux chiens, deux chats (trois en comptant celui qui a disparu depuis mars…), un pigeon et une souris.

            La thérapie par les caresses n’a plus de secrets pour moi 🙂

      2. Rainette

        Eh oui, et pas les plus petits, des Maine Coons ! Et très sérieusement, ils font baisser le stress, ils font un bien fou avec leur ronronnements. Il faut juste ne pas être trop regardant sur les tapis “poilus”, les vêtements “poilus” ….. Ils sont incroyablement apaisants …. excellents associés des psys !!!

        1. Cath

          Maincoon ?
          Ah les beaux minets. Les miens viennent des forêts norvegiennes. Grands poilus devant l’éternel, avec des yeux… Je ne sais pas si on pourrait les associer à un psy, mais il est vrai qu’ils apportent du calme et de la tendresse, comme tout chat qui est heureux près de la personne de son choix.

  4. Fabymary POPPINS

    Bel espoir pour toutes celles dans la même situation. Il suffit , et je sais de quoi je parle souvent d’un mot, d’un regard, pour qu’on mette un coup de pied dans la fourmilière et que l’on décide de ne plus subir.

    Je pourrai peut être raconter, car ça pourra en aider d’autres, en tout cas merci pour tout ça, ces morceaux de vie.

  5. Roland

    Magnifique histoire, il y a des personnes qui réveillent des choses chez les autres, sans le vouloir, sans en avoir conscience…

    Cet aide-soignant a soigné bien plus qu’une patiente, il a soigné une vie !

    1. Marie

      Oui, tout à fait ça !
      C’est dingue ce pouvoir qu’il a de raconter la vie, la vraie, tout en insufflant de l’espoir en tout.
      Il ne l’a pas encore avoué mais il doit posséder des pouvoirs magiques…Chut !!!

  6. Darlinguette

    La musique est la langue des émotions.
    Emmanuel Kant
    Langage universel , la musique éveille ou réveille en nous des sentiments , des émotions cachées, ce n’est pas pour rien qu’on soigne par la musicothérapie …

  7. Grand33

    Bonjour Bibi,
    Pauvre gamine qui se prend des tôles par son mec et qui forcément lâche prise, à 22 ans. Que certains gars sont vraiment CONS. J’aimerai passer 5 mn avec eux, juste pour les “aimer”.
    Son histoire finit bien et c’est cela le plus important …. “la vie en rose ! la vie en rose ! …….”
    Vive les aides soignant(e)s colorés, ou pas.
    La bise

  8. Cath

    Mais où était la famille, où étaient les proches quand le sale type la tabassait ?
    Je dis “sale type” parce que je nem’embarrasserai jamais de subtilité pour qualifier ce comportement. Où étaient les gens qui auraient pu la soutenir, l’abriter ?
    En tous les cas, elle se reconstruit, et c’est bien. La force d’une chanson, tout de même…
    Quant aux aide-soignant(e)s, j’en côtoie deux pour le moment, et chapeau bas ! L’une d’elle nous expliquait -à ma mère et à moi- la difficulté de faire les lits dans le passé, quand ils étaient bas et que ça cassait le dos. Et appuyant sur la télécommande du lit médicalisé, elle remonte le sommier pour ajuster les draps et les oreillers. Alors, se penchant sur ma mère, un clin d’oeil malicieux et d’une voix douce et chaude comme la brise qui souffle au bord de la mer les soirs d’été, elle souffle ” j’aime le progrès”. Ne serait-ce que pour cette joie et le rire qu’elle a éveillés, je ne lui dirai jamais assez merci.

    1. florine

      la famille, elle est là. Quand elle peut, ou elle peut… faut il encore que la victime en parle, que la famille soit au courant. faut il aussi que la victime soit sur place. pour ma part, j’habitais à 900 km alors… puis je jurais que je n’étais pas battue. pour moi, être gifflée, pincée, poussée, étranglée, mordue… ce n’était pas être vraiment battue. je n’avais jamais un bleus!

      dans la violence conjugale, en plus, le bourreau isole la victime, coupe les liens familliaux… ce qui rend l’action de la famille encore plus compliquée. puis, une chose que j’ai appris aussi de tout cela, la victime doit aussi s’en sortir par elle même. avec du soutien bien-sur, mais si ce n’est pas SA décision de partir, elle risquera fort d’y retourné…

      1. Cath

        C’est exactement ce que j’ai ajouté dans mes commentaires suivants : le bourreau qui isole et manipule l’entourage, le chemin à faire par la victime et qu’on ne peut faire pour elle.
        Et le plus terrible dans votre témoignage ” puis je jurais que je n’étais pas battue. Pour moi, être giflée,pincée, étranglée… Ce n’était pas être vraiment battue.” C’est cela sur quoi je butte toujours quand j’essaie de comprendre comment la victime peut supporter la répétition de ces violences. La crainte est une chose, mais nier cette réalité….
        Je suis heureuse de lire que vous en avez réchappé et que vous avez trouvé la force pour faire ce chemin.

        1. florine

          et bien, si on nie la réalité, d’abord c’est parce que le bourreau manipule extrèmement bien la victime… pour ma part, la première giffle, j’ai riposter. ” ne me frappe plus jamais”. il a immédiatement explosé en niant m’avoir frappé… il a dis un truc du genre ” tu crois que je t’ai frappé là ? arrête tes conneries, si j’avais voulu te faire vraiment mal, j’aurais pu” puis il a encastrer son poing dans le mur juste à coté de ma tête… si en plus on a été élevé à coup de ” mais non t’as pas vraiment eu mal en tombant, arrête de pleurer…” ce genre d’intimidation marche très très bien.
          après, quand on finit par sentir que la situation dérape… on reste quand même. parce qu’on a plus personne d’autre, parce qu’on a des souvenirs génial… je parle même pas quand on a des enfants… ( ouf ce n’était pas mon cas…)
          après, il faut se reconstruire… et réapprendre à avoir confiance. cet aide soigant, au delà de me sortir du gouffre dans lequel j’étais, m’a aussi permis d’avoir une vision des hommes moins traumatique. un homme qui chante. un homme qui soigne. pour moi, ca a été extraordinaire.

          1. Cath

            Un jour, quand elle a pensé que j’étais assez grande, ma grand-mère m’a passé une consigne qu’elle tenait de sa mère ” petite, ne laisse jamais un homme lever la main sur toi. Ne laisse personne le faire.”
            Issue d’un milieu de journaliers, parmi les plus pauvres, Mémé avait des principes qu’elle a toujours mis en pratique et qu’elle a passés à ses filles. Et elle avait raison. Pour vous faire sourire, cet épisode qui était resté dans les mémoires. Ma grand-mère , jeune fille, avait été giflée en public par un bellâre avec qui elle avait refusé de danser au bal du village. Personne n’avait pris sa défense… Mémé, qui était dans l’assistance, s’est levée et a demandé à sa fille les raisons de cet esclandre. Informée, elle est allée trouver le gars et lui a allongé un ramponneau qui l’a mis KO. Un bras de femme travaillant aux champs, ça vous rectifie les comptes vite fait.
            De même, quand on pleurait, ma grand-mère n’a jamais dit “qu’on n’avait pas mal”. Une caresse, oui, pour réparer.
            L’image et l’attitude de ces deux femmes sont à garder à l’esprit 😉

          2. Rofine

            Cath, je n’ai pas de souvenirs de mes grands-mères parties trop tôt faire du poney multicolore.
            Tes paroles ont trouvé un écho en moi. Ma Maman me disait toujours de ne jamais accepter qu’un homme me frappe. J’ai eu la chance de trouver un compagnon qui est la crème de la crème !
            J’ai une fille. Comme son frère aîné, elle a appris à faire du judo pour garder confiance en elle et apprendre à se défendre en cas de besoin. Dès le primaire, je lui ai transmis le message maternel ( sa mamie) : ne jamais laisser un homme lever la main sur elle. Et sa marche, ce relais de règles et de principes !!!

            Florine : la solution c’est vous qui l’avez dans vos mains. Je vous envoie toute l’énergie+++ dont vous avez besoin pour pour vous reconstruire et écrire cette nouvelle page de votre vie. A travers le blogàbibi, nous serons près de vous.

            Je vous embrasse avec toute ma tendresse 😉

  9. josecile

    Attignat !!! Youhou !!! J’avais raté la librairie du théâtre à BOURG pour cause d’enfant malade, j’ai donc une chance de me rattraper.
    Et merci pour ce témoignage. Cette demoiselle a du courage, et son expérience la fera peut-être travailler en chantant, ou en souriant parce que parfois juste un sourire croisé au bon moment ça réenclenche des choses qui sauvent.

  10. adèle

    Parce que y en a qui doutent de l’importance des aides-soignant(e)s et AMP ????
    C’est bien simple : en EHPAD, sans eux les résidents ne survivraient pas.
    Les médecins et les infirmier(e)s les soignent, mais les aides-soignant(e)s et AMP les font tout simplement … VIVRE !
    On peut vivre sans médicaments, pas sans manger et sans boire, et pas sans contacts humains.

    NB 1 Perdre le lien avec son enfant devenu grand, une angoisse et une incompréhension.
    NB 2 Chanter pour aimer, un bébé hospitalisé qu’on ne peut pas prendre dans ses bras.

    1. Libellule

      Bonjour Adèle,

      Je ne suis pas sûre qu’une guéguerre entre corps de métiers “qui sont tous les seuls à avoir le métier le plus dur et le plus utile au patient et le moins reconnu” soit très efficace… Rien n’empêche un médecin de blaguer ou une infirmière de chanter, rien n’empêche de prendre soin ET de partager des moments de vie. Ne vous inquiétez pas, je fais les mêmes réflexions aux IDE et médecins quand ils font le même style de remarques ! 🙂

      A part ça, je suis tout à fait d’accord avec vous : les AMP et les aides-soignant(e)s sont très proches des patients et leur apportent énormément… bien plus que ce qui est inscrit sur la fiche de poste ! Il y en a qui sont de vrais rayons de soleil, autant pour l’équipe que pour les patients. C’est un beau métier, j’espère que vous vous y épanouirez longtemps.

      Prenez soin de vous et bon week-end !

      1. adèle

        @Libellule : Loin de moi, chère Libellule, de vouloir faire la guéguerre entre corps de métiers !!!???

        C’est un avis personnel, valable pour l’EHPAD où je travaille, où les résidents sont très dépendants et où l’aspect nutritionnel est capital. Ils doivent essentiellement leur survie à l’énergie et l’imagination que mettent les AS/AMP pour les nourrir, les faire boire, les lever.
        Leur qualité de vie aussi, puisque ce sont les AS/AMP qui ont le plus de relations avec eux (sauf certaines familles très présentes).

        Merci et bon WE à toi aussi. Le mien devrait être bon, j’ai dédicace. 🙂

        NB1 Je ne suis pas AS/AMP 🙂
        NB2 Je ne suis pas douée pour commenter, ça c’est sur, vu le nombre de fois où je suis comprise de travers. :’

        1. Libellule

          si ce n’est qu’un problème de forme et pas de fond, tant mieux…

          c’est vrai qu’en lisant le paragraphe sur médecins/IDE et AS/AMP :
          – avec un gros MAIS (opposition) entre les 2,
          – et l’argument selon lequel seules les AS/AMP les font vivre puisque les médecins/IDE n’auraient pas de rapports humains avec les résidents (y a qu’à lire ce blog pour être convaincu de l’humanité de certains médecins, pourtant), et leur fourgueraient des médicaments pas vitaux
          cela donne l’impression d’une franche opposition.
          Pour l’avoir vécu dans plusieurs équipes, c’est pénible et pas constructif du tout. C’est peut-être pour cela que j’ai mal compris aussi.
          Belle journée à vous

  11. Mvuninn

    Belle histoire de reconstruction.

    @ Cath : parfois, la famille est où elle peut… Malgré toute notre affection et toutes nos tentatives de la soutenir, ma cousine de 20 ans retournait toujours à ce copain violent et destructeur. Sa mère a essayé de l’arracher à ce sale type, ça n’a pas marché, nous lui avons offert asile pour qu’elle s’éloigne et elle a pris un train pour le rejoindre. Moi qui suis profondément non-violente, j’ai envisagé d’emprunter sa batte de base-ball à mon père pour briser les genoux et les poings de l’affreux conjoint. Et sans cesse, nous avons répété à ma cousine que nous l’aimions, qu’elle valait mieux que la désastreuse affection de son copain.
    Deux ans d’hématomes, j’en ai encore des bleus à l’âme.
    La famille, les amis sont là où ils peuvent, parfois. Pas toujours, je m’en doute. Je n’oublierai pas ce sentiment d’impuissance. J’ai regardé une jolie jeune femme se faire tabasser pendant deux ans, et ma main tendue comptait moins que les poings serrés d’un salaud. Dans sa bouche à lui comme dans la mienne, les mêmes mots : “reviens, je t’aime”.

    1. Cath

      Oui, c’est hélas la réalité. La famille assiste impuissante au désastre.
      Mais que je vous raconte deux histoires.
      Une amie – tiens, médecin aussi maintenant que j’y pense – constate que sa jeune soeur beaucoup plus fluette qu’elle, porte des traces de coups. Une fois, deux fois… La troisième, elle coince sa soeur et lui fait avouer la vérité. Ni une ni deux, et malgré les objurgations de sa soeur, elle coince le beauf et lui explique calmement que si jamais sa soeur porte encore une seule petite marque de coup, une seule, elle s’occuperait personnellement de lui et lui rendrait la pareille. Il faut dire qu’elle avait été vice-championne de ski au niveau national (pas en France), et qu’elle en avait gardé le gabarit, et la rage de la compétition… Le gars se l’est tenu pour dit.
      La seconde histoire se passe en France. J’ai, avec ma mère “naturelle” des relations difficiles, mais je dois rendre à César ce qui lui appartient. Il y a de cela quelques décennies – et gardez à l’esprit que la loi d’alors ne protégeait guère femmes et enfants- ma mère était enseignante, directrice d’école primaire. Un soir, on sonne à la porte, j’ouvre et je vois une petite fille toute fluette qui serre dans sa menotte un billet. Elle me demande si ma mère est là et si elle peut appeler sa grand-mère… Sa mère était en train de se faire tabasser d’importance par son compagnon, et la petite, terrorisée était enfuie pour chercher du secours auprès de son institutrice. Soit. Ma mère l’emmène et la dépose chez une de ses copines de classe en demandant aux parents de garder la petite, pendant qu’elle va au commissariat voir ce qui peut être fait.
      Comme vous le devinez, rien ne peut être fait, même pas une dénonciation au Procureur. La grand-mère alertée et qui a rejoint le commissariat en pleine nuit annonce qu’elle ne peut pas convaincre sa fille de quitter son compagnon -qui n’est pas le père de l’enfant- et que le drame dure depuis quelques années déjà. Quand ma mère revient, elle apprend que la maman a récupéré sa gamine et que les parents qui l’hébergeaient n’ont pas osé s’y opposer. Soit.
      Le lendemain, un samedi, la classe reprend. A la fin des cours, ma mère appelle la petite, l’installe dans la classe désertée et lui enjoint de commencer à faire ses devoirs tranquillement. Au bout d’une demie-heure, la maman ne voyant pas sa petite fille rentrer de l’école arrive affolée. Ma mère la reçoit dans son son bureau de direction, et là, elle lui annonce que la petite ne rentrera pas chez elle. Crument, elle lui explique que si elle veut se manger les coups, libre à elle. Mais la veille au soir, la petite s’est réfugiée chez nous terrorisée, et si la mère l’a récupérée chez les voisins, elle s’est bien gardée de venir la voir pour éviter d’être mise face à ses responsabilités envers son enfant, à savoir sa mise en danger, car l’autre fou ne tardera pas à s’en prendre à la petite. Donc, à prendre ou à laisser : ou elle fait le ménage chez elle et elle récupère son enfant, ou elle continue à prendre des coups, mais seule, et sans en donner le spectacle à sa fillette…
      La maman est repartie chez elle, et une heure plus tard, elle revenait chercher sa petite : elle avait fait place nette. La Mamie nous a fait livrer dans l’après-midi le plus gros bouquet de fleurs qu’il m’ait été donné de voir. Quant à l’affreux, eh bien, une semaine plus tard, il attendait son ex-compagne à la sortie de son travail, avec un fusil. Il est reparti entre deux flics, et on n’en a plus entendu parler.
      Tout ça pour dire que parfois, il faut du cran et de la fermeté face à l’enfermement de la victime et faire éclater les parois de la prison où la peur la tient enfermée. Savoir se dresser et faire face pour ceux qui ne peuvent pas ou ne peuvent plus.
      Plus facile à dire qu’à faire, je sais.

      1. Libellule

        Je suis contente pour ces 2 femmes, Cath. Merci d’avoir partagé l’histoire. Toutes celles dont j’avais eu connaissance avant se finissaient mal (dont une avec le fusil et la police aussi, mais une femme mutilée par le tir juste avant l’arrestation, c’est peut-être aussi ça qui fait hésiter les familles devant un compagnon – ou une compagne – sans limites dans sa violence).

        1. Cath

          Je sais Libellule, je sais. Mais j’ai souvent remarqué que quand on recule devant la crainte de la violence et de ses conséquences, cela se termine toujours mal pour la victime de son choix. Si on ne laisse pas faire, on a une chance, aussi minime soit-elle, ne serait-ce que pour redonner confiance en elle à la personne qui est victime.
          Je connais aussi malheureusement des cas où une justice frileuse -ou un magistrat indifférent- n’a rien fait pour protéger, et où cela s’est terminé tragiquement. Et dans ces cas- là, la famille était présente. Mais quand la folie meurtrière s’épanouit et explose…

      2. Mvuninn

        Chaque bleu sur ma cousine était une souffrance. Nous avons visiblement manqué des ressources que votre amie et votre mère ont su mobiliser.
        C’est encore douloureux. Je n’ai pas su être la soeur et la directrice d’école dont vous parlez. Juste la grande cousine, à 700 km de là, essayant de comprendre la soumission abjecte de l’une, la violence de l’autre.
        Néanmoins, et pas grâce à moi (j’avais répondu à Baptiste, mais mon commentaire est tombé dans un puits), ma cousine a quitté son compagnon violent et elle a assez cheminé pour ne plus se trouver dans ce type de relation.

        Mais merci pour cette leçon de vie, vraiment. Je vous dirais bien que la prochaine fois, ma famille fera mieux, mais je préfère imaginer qu’il n’y aura pas de prochaine fois. Parce que prendre une batte de base-ball en se disant qu’on va aller briser les rotules de ce sale con, c’est trop difficile à faire pour moi. J’ai pas le cran. Je préfère retourner dans mon association accueillir des femmes victimes de violences.

        1. Cath

          Que je sois bien claire Mvuninn.
          Comme je l’ai écrit, mon amie qui a protégé sa soeur avait le gabarit et la force d’une sportive de niveau de compétition, et ce n’est pas rien, croyez-moi. Et c’est bien ce qu’a compris le beauf, comme tout lâche qui se respecte. Et en plus, elle était sur place. Ça aide, c’est plus facile qu’à 700 bornes.
          Quant à ma mère, elle avait aussi le gabarit et en a toujours imposé. Et elle était sur place également. Et une seule fois, une seule, un crétin a levé la main sur elle, ce qui ne lui a pas vraiment réussi.
          Quant à moi, je ne suis pas bagarreuse, je ne sais pas flanquer des coups, sauf par réflexe, et ma maladresse me rend dangereuse, c’est ma seule chance ;). Par contre, j’e suis, paraît-il, plutôt mauvaise et vacharde à l’occasion, ce qui me permet de faire sentir à ces gens qu’ils ne m’impressionnent nullement, ce qui me rend infréquentable à leurs yeux.
          Mais n’ayant jamais été confrontée en direct à ce que vous avez vécu et souffert du fait de votre impuissance, je ne voudrais pas que vous en conceviez de la culpabilité. Ce dont je veux témoigner, c’est qu’il y a de nouvelles voies, que les choses changent et qu’on peut chercher de l’aide et ne pas baisser les bras. Parfois des gens sont prêts à vous aider et à s’interposer. Il est vrai qu’aller casser la figure au “sale con” ne résoudrait pas le problème, mais lui faire prendre la mesure du minable qu’il est en plein jpur et à la face du monde peut être aussi efficace. Il faut choisir ses armes et ne pas y aller seul(e).
          Cela dit, j’ai quand même commandé une bate de base ball pour mon petit Noël ( une Louisville).

  12. Raphy

    Rappelons au passage (ça peut servir), qu’il existe un numéro d’appel d’urgence pour les cas de violence conjugale : le 39 19.
    De nombreuses associations sur tout le territoire peuvent recevoir et héberger les femmes (et les hommes) battu(e)s, avec ou sans enfants.
    Il n’y a pas de fatalité, et aucune raison de traîner dans la rue. Il existe plein de gens prêts à écouter et aider qui sont souvent beaucoup plus utiles et efficaces que la famille (pour des tas de raisons qui n’ont rien avoir avec les sentiments 🙂 ).

  13. sarah R.

    Putain Bibi, je chiale encore ce matin, c’est pas malin !

    La vie est dure, des fois, et c’est encore plus douloureux sous les coups. Mais les cicatrices s’effacent avec le temps. On ré-apprend à tenir debout et à avancer, et on arrive même à être très heureux.

    Si tu viens en Haute-Savoie (tu sais, là où ya de la neige l’hiver, le meilleur endroit pour ceux qui aiment la traumato !…), disons vers Annecy, je viendrais te faire un câlin, promis !

    Bonne tournée dans le nord est, amusez vous bien

      1. sarah R.

        ahahahah ! c’est gravé dans le marbre, tu ne peux plus revenir en arrière !!

        je vais voir avec mon libraire, na (je fais ça seulement et uniquement pour le câlin, bien évidemment) !

          1. Sarah R.

            C’est fait Baptiste !
            Il m’a dit qu’il allait regarder ton site et prendre contact pour savoir comment te faire venir dans nos belles montagnes !!!
            J’espère que tu viendras, je fais des supeeeeeers câlins et des suuuuuupers gâteaux (sisi, j’te jure !!)

  14. GDR

    Cet acte, cette attitude n’est pas quantifiable, n’est pas traçable, n’est pas chiffrable.
    Il n’en demeure pas moins indispensable, éclatante vérité.
    Comment faire comprendre à nos décideurs que le soin c’est aussi ce qu’a fait cet aide soignant ?
    En leur mettant cette magnifique histoire (et les autres) sous le nez ? c’est un début.
    A force de petits pas on fini par parcourir de grandes distances.
    Merci de nous embarquer avec toi dans cette marche, dans cette démarche.
    A nous d’embarquer les autres.

          1. GDR

            Je travaille dans un hôpital et une étude interne m’a amené à constater une différence de perception entre soignants et soignés concernant la sécurité des soins et l’implication des patients lors des soins.
            Afin d’en savoir plus, j’ai souhaité interroger nos concitoyens sur le sujet.
            Je vais donc organiser dans des bars une série de “cafés citoyens”.
            Le principe est simple, expression libre autour de ces deux questions
            “Qu’est-ce que la sécurité des soins ?” “Comment le patient peut-il être acteur des soins ?”.
            A la sortie, nous pourrons travailler à des projets et des actions visant à partager et faire se rejoindre les visions des soignés et des soignants.

      1. Melmanie

        Exactement d’accord, très juste, répondant à ce très beau billet, et très rassurant que nous soyons plusieurs (soyons optimistes : nombreux!) à penser que l’important n’est pas forcément quantifiable, traçable, chiffrable, que l’humain ne se mesure pas, ni ne se résume à un compte-rendu transmis à l’administratif, que le temps donné aux soignants, aux éducateurs, aux enseignants, et même qui sait aux responsables d’équipes ne doit pas toujours être justifié… Suivre une méthode, un process, ça marche très bien sûrement avec des machines… Mais avec un humain ? Commencer en partant du principe qu’il est un numéro identique à tous les autres ? Vraiment ? C’est inhumain, c’est violent, c’est contre-productif et ça me semble vain… Je ne suis pas soignante, je suis enseignante, mais quand je suis face à un enfant qui ne “marche” pas bien, je n’ai pas de mode d’emploi pour le “réparer”… Je le considère, j’essaie de l’écouter, je tente de le comprendre… Parfois, c’est un acte de hasard, comme ici, qui apporte la clé. Mais comment faire avec un temps minuté, avec des équipes réduites, avec des listes de tâches qui s’allongent ? Bien sûr, il faut réduire les coûts, rationaliser les dépenses, j’entends cela. Mais l’humain ? L’humain le plus fragile, l’humain confronté à la maladie, lui faire subir cela ? Et obliger les soignants à en venir à ça ? C’est faire souffrir les soignés et les soignants, c’est faire offense à notre société. Donnez du temps aux soignants, rendez-nous l’humanité de notre société, s’il vous plait…

  15. Mathea

    Quelle belle histoire en ce doux matin d’automne (10 degrés), ça sent le renouveau, les promesses d’un futur toujours meilleur et du bonheur en perspective!
    Merci pour ces sourires Baptiste!

  16. marie

    Limonaire , Piaf en boucle et Higelin et Leclerc Félix et Julien aussi
    « Le tour de île » …des caisses de livres, une pluie automnale à l’abri dans une cabane
    Des feuilles, un crayon …des pinceaux, des tubes de couleurs,
    des toiles posées sur un cheval ailé
    « Tant que l’Amour ( de mes frères et sœurs humains) inondera mes matins »
    Et l’ombre du jasmin sur le mur ocre,
    Ou la lune orange de feu dans le ciel d’hiver.
    Puisque « Dieu réunit ceux qui s’aiment » à ce qu’on nous promet
    « Je (sentirai toujours) en moi mon cœur qui bat »
    C’est ça qu’il ne faut pas perdre de vue
    L’émotion….qui fait naitre l’arthérapie
    Tout est Art pour ceux qui savent entendre, voir, sentir et ressentir, gouter aussi
    « Quelque fois si douce
    Quelque fois si dure
    Je n’en connais pas de facile, je n’en connais que de fragile
    Quelque fois si drôle
    Quelque si seule » …..la vie , nos vies
    Vraiment « il y a quarante milles façons d’oublier les chôses difficiles »
    Même quand « je ne savais où prendre ni comment te donner le courage de vivre »
    Au détour d’un couloir d’hôpital une chanson te ramène à ton essentiel
    Et c’est beau, inespéré
    Merci Maestro

      1. marie

        que des barbouillis je fais je donne donc pour les voir faut prendre la carte michelin , le van vw les fleurs dans cheveux et vogue!!!! on a une petite centaine de points de chute à visiter genre! yo

  17. Chloé

    Je n’ai jamais lu vos livres car j’ai 12 ans et je suis au collège mais je vous promet que je les lirais. Ma maman vous aimes beaucoup et elle vous a vu le 26 septembre en Bourgonne. Elle vous a offert des chocolats d’ailleurs. Vous avez longuement parlé avec elle et je me tenais à coté d’elle je vous écoutais. Vous avez une belle façon de parler et vous dites des choses très vrai. Ma maman sera surement souvent dans les librairie en décembre 2016 et d’ici la j’aurai peut être lu vos livres!!!

    1. Grand33

      Bonjour Chloé,
      Je crois que Baptiste n’ose pas te le dire mais ton petit mot doit lui faire très plaisir.
      je te souhaites une bonne année scolaire et …….. de bonnes lectures.

  18. Sisterenvrac

    Je ferme les yeux et je me rends compte que si tu changes quelques lettres à F. Ça fait “ma petite soeur que j aime mais que je ne comprends pas toujours”.
    Elle a 23 ans, il la cogne, il la malmène, elle l’aime qd même, même si “c est pas sensé être ça l’amour”…
    Où st la famille et les amis? On est là, présents, dans les starts in block pour le jour où ma petite colombe voudra renouer avec la “vraie vie”. On ne peut pas forcer les gens à prendre les bonnes décisions, on ne peut pas contrôler ses proches. (Et heureusement!)
    Les associations c est bien mais il faut encore que la personne y soit consentante, qu’ elle admette qu’ elle a été battue et que la pente peut être remontée.
    Elle a 23 ans, elle vient de changer de ville, de département même. Elle ne veut pas en dire plus pour l instant. Aux dernières nouvelles Rambo a promi que ça n arriverait plus. Elle l aime encore. Elle repartira peut être à nouveau ds ses bras.
    En plus maintenant elle est loin, ça va pas être simple.
    L’envie de rejoindre les poneys multicolores j espère qu’ elle ne l aura pas. La volonté de couper net et la force de s y tenir, je suis certaine que c est possible mais qd?….

    Ce qui m agace c est les réflexions “et la famille que fait elle? Oh mon dieu cette bande de lâches amis et proches l’abandonne?!!!” On donne beaucoup d amour, des paroles réconfortantes, on lui exprime notre confiance en ses valeurs et sa force pour que ce qui est fissuré le soir par les coups puisse ne pas se briser définitivement… on ne peut pas envoyer Rambo voir les poneys multicolors alors on fait ce qu on peut et meme si ca a pas l air d etre encore efficasse, on est là….

    1. Cath

      Je comprends votre énervement. Mes remarques visent surtout les gens qui pensent qu’un couple doit tenir avant tout, qu’il y a forcément une raison pour qu’elle /il soit ” corrigé(e)”… Car ces gens et ces remarques sont encore trop nombreux. Et surtout, le bourreau, ce pervers, manipule l’entourage si souvent pour arriver à ses fins.
      Mais voilà, il y a un chemin à faire par la victime, et personne ne peut le faire à sa place, c’est vrai. Par contre, pour ce qui est du bourreau, il y a à faire, et c’est là que je me pose souvent des questions.
      Je le reconnais, c’est une situation, un état de chose que je ne comprends pas. Et j’ai posé la question à beaucoup d’intervenants. Et la perception de la victime de sa propre situation n’est pas la plus facile à comprendre. Mais ce qui est certain, c’est qu’il y a maldonne dès le départ, le mensonge de base qui consiste pour le bourreau à faire croire qu’il l’aime.

  19. Pierre-Clément

    Je te (je me permet, je suis Gersois 😀 ) suis depuis le début du site qui était même un blog il me semble, j’adore tes histoires (vraies), je veux dire j’adore vraiment tes histoires, c’est mon premier commentaire et je me suis senti obligé, personne n’a jamais été battu dans ma famille ou dans mes proches et pourtant je me sens toujours concerné par les violences faites aux femmes, cette histoire me touche plus que les autres, surement parce qu’elle a une happy end, une sacré happy end qui redonne le sourire, je veux dire une sacré happy end qui redonne foi en l’Humanité, “Elle” si tu me lis je te souhaite tout le bonheur du monde dans ton futur métier et prend bien soin de toi et de ton chat : )

  20. olivier

    Merci, Baptiste, pour ces pages qui titillent l humanité de chacun, qui abordent des sujets graves avec un ton léger….
    C est à chaque fois un plaisir de te lire.
    Dimanche, au Clos Vougeot, je t ai loupé ( arrivé trop tard), mais je vais réïtérer en octobre à Attignat…
    En attendant, take care…

  21. Julie

    Pourquoi les hôpitaux psychiatriques sont-ils des endroits aussi stériles, tristes et froids ? Pour y avoir travaillé un été, j’ai du mal à imaginer que de tels endroits puissent aider à guérir. Une chanson a soulagé et aidé cette jeune femme, alors pourquoi pas un peu plus de couleur ?
    Bon d’accord… c’est sans doute très naïf comme questionnement, mais tout de même… tout ce blanc…

  22. Herve CRUCHANT

    Je marchais dans le vent, ébouriffé, les yeux à demi clos. Avec un Harry qui chantait “…this is my island in the sun…” dans la tête. Un type que vous connaissez surement, qui s’est tenu droit face aux tempètes durant toute sa vie.

    De retour at home, encore gris de bruits et de souffles, je procède à un petit pelage impudique : cache-nez au patère, la dure dure-mère en mouton tressé à la langue de vipère à côté, les mitaines Recto sur le petit meuble*… Mais je découvre une chose qui reste là, en place entre ce lobe Si et ce lobe La. Comme ce papier collant qui provoque un réflexe animal, inutile, comme lorsqu’on s’est brûlé en voulant voler un truc qui sent bon mais qui est hyper chaud.

    J’arrête toute activité corporelle, place la “musique intra-crânienne maison” sur mute et lis ce qu’il y a écrit sur l’intrus.

    “Deviens ce que tu es”, disait le poulet.

    Et, depuis ce jour bizarre où les gens avançaient dans la rue et que le vent soufflait si bizarrement fort, au point de courber les échines, de rentrer les museaux frileux dans les cache-nez mais d’allumer les étincelles de l’avent dans les mémoires aux accords muets d’un Jamaica Farewell, ces mots me retiennent. Ont changé ma vie. “Deviens ce que tu es”.

    Je vois que ce phénomène se produit ailleurs. Dans un hôpital psychiatrique acronymé. Un type à couleur de rhum vieux fait un lit en chantant les deviens-ce-que-tu-es d’une petite bonne femme en noir. Mais voilà qu’une jeune fille entend cette musique. Deviens ce que tu es. Peut-être a-t-elle tout compris de ce que dit Grand33, Frère de Fine: ne jamais laisser seuls deux gens qui souffrent d’avoir méconnu la notice de l’amour et de s’être égarés dans la vie.

    Alors, toi là qui grise dans ta tête, ou dessus, ou les deux parce que c’est comme çà la vie épicétou, que Mieux te garde et …Deviens ce que tu es….

    *ces mitaines sont des attributs normaux en tant que mitaines; sauf qu’elles n’ont pas de face verso (côté palme); juste un côté recto, côté dessus de la main. ceci pour pouvoir faire des caresses et des boa-ciloux. çà tient à rien, la tendresse…

    1. Rofine

      C’est un bonheur pour moi de te REtrouver et de te Relire Hervé !
      Tu m’es très précieux, parmi d’autres personnes présentes dans le blogàbibi…
      Dès la naissance de ce blog, je t’avais repéré dans les commentaires des lecteurs. Je lisais TOUT mais n’osais pas donner mon point de vue… Et puis un jour, je me suis jetée à l’eau, sans bouée de sauvetage, pour écrire mon premier commentaire…
      Toi, Baptiste, Grand33, Albi, Ced´A, Marie la bleue, Martine, Mésange, sans oublier mais proches et mes VRAIS amis, vous m’avez aidée à me mettre débout. Et ça, ça n’a pas de prix.
      Je t’aime de toute ma tendresse comme mes frères et sœurs de la Fine.
      Plein de bizouxdouxguéritout 😉

      1. Herve CRUCHANT

        Merci Roro. J’ai pas vu écrit Claudie, ma Grande Clodie Bleue ? bon. là je vais vite, l’ordi est dans le bloc sur la table organes intimes aux vues de tous. C’est fou ce que l’implosion soft d’une Live peut faire aux psychismes délicats tels que mon écran en abrite ! et je te dis pas… avec les machines modernes, on doit faire pas moins de 4 (quatre) opérations cardiaques (passquequat’ cœurs il y a), pontages, changement de durites et un p’tit coup dans le revenézy, passage chez le bijoutier pour les broches et travail au petit jour (tu sais bien, Yves Montand disant à Louis II “il est l’or… il est l’or de se lever… il est l’or, Mon signe or…”). Prévoir une petite pose ( ‘II’ sur le hiéroglyphe) et rester ébahi devant un machin noir qui fait “chips” si tu le touche, une sorte de mille pattes argentées dans laquelle (çà ne peut être qu’une feeeuuumel’ pour avoir ces capacités transistores) il se passe et se croisent des tas de choses genre 0 et 1, positif ou négatif… enfin, c’est ce qu’on médit. Voilà, en gros. je suis niveau 0 et j’espère passer niveau 1 quand j’aurai refermé le malade. j’explique mal mais je suis un intuitif doux, question électrosoft; je préfère le hard. un peu comme Frère de Fine Gé33, après une troisième mi-temps suite de match PSG-OM un jeudi soir entre copains. Bon, je te laisse, un grognement s’élève du bestiau et çà sent le caramel exotique : un transfo qui fond, je pense. Bises au chat. H’

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