Archives mensuelles : juillet 2013

L’homme qui prenait du recul.

Salut à tous,

Juste un petit mot pour expliquer : je ne modère jamais les commentaires négatifs, sauf deux cas de figures qui sont :

– les trolls : personnes qui m’insultent, insultent les lecteurs ou les patients à la seule fin de générer une polémique. Comme dit l’adage anglo-saxons : “don’t feed the troll !”

– les anonymes. On peut me critiquer, dire que j’écris de la merde, etc., aucun problème, mais laissez un mail où je peux répondre. Je n’aime pas me faire attaquer sans pouvoir répondre…

Sur ce, j’ai pris la décision difficile de ne publier qu’un à deux textes par semaine. J’ai beaucoup de co-internes DONC beaucoup d’anecdotes ET, surtout, j’écris beaucoup. J’ai plein de choses à vous raconter. Mais entre mes patients, les consultations, mes gardes, ma thèse, le livre, les soirées Bounga-Bounga, je suis un poil fatigué. Et quand je suis fatigué, ma sensibilité s’exacerbe et les critiques me touchent. Je prends un peu de recul.
De plus, avec le blog, j’ai délaissé la poésie. J’aime écrire de la poésie. Ça me manque, j’ai besoin de la retrouver un peu.

Je vous salue bien,
À la semaine prochaine !

B. B.

GO WITH THE FLOW.

((((( Les histoires drôles arrivent, en attendant je vous présente Chef Pocahontas, les internes l’ADORENT. Vous aimiez Chef Viking ? Vous allez adorer Chef Pocahontas ! ))))

GO WITH THE FLOW.

Alors voilà, il y a quelques semaines, Chef Pocahontas amène un jeune de 18 ans aux Urgences, lorsqu’il meurt dans l’ambulance du SAMU.
C’était inattendu, violent, injuste : jeune, 18 ans, grande faucheuse, poney multicolore dans les nuages.
On installe le corps dans un box des Urgences, on attend la famille. Ils arrivent et pleurent.
La copine du jeune est là.
Elle a 17 ans, elle annonce devant tout le monde, qu’elle est enceinte :
– On avait décidé de le garder. Mais maintenant ? Je ne peux pas.
Elle regarde l’infirmière :
– Comment vais-je faire ? Toute seule ?
La mère du jeune homme décédé vient près d’elle et attrape son bras.
Je ne sais pas comment elles vont faire, mais elles essaieront, toutes les deux.
Chef Pocahontas m’a confié son trouble : “Le soir, j’étais dans un centre commercial. Les gens allaient et venaient dans les allées. Ils achetaient du beurre, du lait, des œufs, des paquets de PQ, comme si de rien n’était. Je pensais à cette famille, à ce gosse, et je me demandais ce que ça voulait dire, d’acheter du lait, des œufs, des paquets de PQ.”
Cette soirée-là, dans le bus, je me posais les mêmes questions que Chef Pocahontas. En face de moi, il y avait cette fille très pâle, habillée en rouge avec de l’encre sur les doigts. Deux arrêts plus loin, un jeune homme à la peau noire est entré dans la rame. Leurs deux visages se sont illuminés. Il l’a embrassée sur la bouche, s’est assis près d’elle, a sorti son téléphone, posé un écouteur sur son oreille droite, gardé l’autre pour lui-même. Chacun le sien. Les deux cordons se réunissaient au milieu. Ils se tenaient par la main, ils écoutaient la musique.
Je les ai trouvés beaux.
Il faudra que j’explique à ma Chef combien ils étaient beaux.
Vraiment.

Si le site vous plait, donnez-nous un coup de pouce : partagez sur Facebook ! C’est juste là, au coin en bas à droite de chaque article !

http://www.facebook.com/pages/Alors-Voil%C3%A0/438071062932844

Et rejoignez nous sur la page Facebook (lien colonne de droite) ou sur Twitter à “@AlorsVraiment”…

Le téléphone sonne toujours trois fois.

((((( parenthèses entre parenthèses : je remercie l’équipe éditoriale de “Femme actuelle” pour leur article papier sur mon blog… Merci beaucoup ! ))))

Le téléphone sonne toujours trois fois.

Illustration du très coloré Douglace : http://www.douglace.com/#!galerie/c1k7w

L’histoire (déjà entendue un millier de fois, donc soumise à caution) c’est M., l’écriture c’est moi ! Merci !

Nota Bene : le titre est à prononcer avec une tonalité d’effroi. Comme celui d’un film d’épouvante avec Peter Cushing (spoiler pour les cinéphiles : à la fin de l’anecdote, le tueur arrête de boiter, il s’aperçoit qu’en fait son psychologue est mort -parce que, oui, il voit des gens qui sont morts- et que la drôle de forme qui dépasse du sable sur la plage en fait c’est la Statue de la liberté ! Et la toupie s’arrête de tourner…)

Alors voilà 2 heures du matin, dans un petit hôpital de province.
L’aide-soignante et l’infirmière veillent.
Dans la chambre 7, deux malades, deux fins de vies. Le premier côté porte, le deuxième côté fenêtre.
À 2 heures 3 minutes, quand l’infirmière fait son tour, elle constate que le patient, celui côté fenêtre, est décédé.
Elle prend son courage à deux mains, compose le numéro de la famille :
– Je suis désolée.
La famille, en larmes :
– Ce n’est pas votre faute, on s’y attendait. Merci de nous avoir tenu au courant.
L’infirmière raccroche.
[…]
Il lui faudra quelques minutes pour se rendre compte de sa bévue : elle s’est trompée de classeur, a appelé la mauvaise famille -celle du patient côté porte !
[…]
Elle rappelle :
– Je suis honteuse, c’est une erreur terrible, je vous prie de bien vouloir m’excuser. J’ai confondu son dossier avec celui de son voisin de chambre.
La famille, compréhensive :
– Ce n’est pas grave, au contraire. Cela veut dire que notre Maurice est toujours en vie.
Évidemment, l’histoire aurait pu s’arrêter là, si, par le plus malvenu des hasards, Maurice n’avait rendu l’âme à son tour, 30 minutes plus tard.
[…]
L’infirmière me raconte : “J’ai regardé le téléphone. Je savais que je devais rappeler une troisième fois, leur dire que, cette fois-ci, il n’y avait pas d’erreur… Maurice était bel et bien décédé… mais là, à trois heures du matin… il n’y avait rien de plus terrifiant que ce téléphone”.

Je veux bien la croire.
Vraiment !