Double K de conscience.

Alors voilà Mme K., adorable dame de 92 ans qui perd un peu les pédales.

L’autre nuit, elle a empêché tous les patients de dormir :

“Un kilomètre à pied, ça use, ça use…etc…” qu’elle chantait à tue-tête pendant des heures. Sachant qu’elle ne marche plus depuis longtemps, il doit y avoir une forme d’ironie divine que je ne saisis pas très bien.

Avec moi, le contact passe bien : je me présente tous les matins car elle a oublié qui je suis et oubliera demain encore. Cette amitié à renouveler, c’est un vrai défi journalier.

Un jour, elle me dit :
– Docteur, j’ai un problème, je ne sais pas ce que je dois faire.
– C’est-à-dire ?
– Je ne sais pas si j’ai envie de faire pipi ou caca.
Moi, sans trop réfléchir à ce que je dis (en même temps, qu’est ce que vous répondriez à ça ?) :
– Qu’est-ce que vous dicte votre conscience ?
Elle, étrangement lucide :
– C’est pas vraiment ma conscience qui pose la question !
– Vous savez quoi : vous avez des protections, vous n’avez qu’à faire les deux et nous vous changerons. Problème résolu ?
– Des protections ? J’avais oublié…

Bien sûr que vous aviez oublié, Mme K., bien sûr…

Mais on est là pour vous le rappeler. Car ça sert aussi à ça neuf ans d’études, je veux dire : ça sert aussi VRAIMENT à ça neuf ans d’études.

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7 réflexions sur « Double K de conscience. »

  1. Astrid

    J’ai cherché, mais je n’ai pas trouvé de réponse à cette question :
    Comment peut on décemment/déontologiquement/éthiquement (rayer la mention inutile) conseiller à quelqu’un de se pisser et/ou de se chier dessus ?

  2. Marie

    J’adore votre blog et je le dévore.
    Mais là j’avoue que moi non plus je ne comprends pas.
    C’était pas possible de lui proposer au moins un bassin?

  3. Une aide - soignante ...

    Il n’est pas décent de demander à une personne de s’uriner dessus lorsqu’une autre solution est possible … Mais malheureusement, il y a des fois, des moments, des instants et aussi des patients, qui ne présentent aucune autre solution … et croyez moi, on préférerait installer Mme K sur une chaise percée plutôt que d’avoir à effectuer un change complet, je veux dire, on préférerait VRAIMENT, ne pas à avoir à changer des dizaines de patients par jour … !

  4. Crevette

    Bon j’arrive longtemps après la bataille mais …. c’est la deuxième fois (avec un grand écart entre les deux fois) que je lis ce billet, et les commentaires qui l’accompagnent… et ça me rend VRAIMENT triste de voir que les (rares) avis sont (presque) tous négatifs. Alors voilà, moi je l’aime VRAIMENT beaucoup celui-là comme tant d’autres (tous les autres ? hmmm y a un risque ….) Je ne tiens pas à déclencher un débat, juste à donner mon avis ….

  5. Cath

    Mais non chère Crevette, pas de risque.
    On n’a pas relevé, c’est tout. À quoi bon ? L’important : la vieille dame a été rassurée et elle a pu se soulager. On peut penser qu’il y a aussi une raison si on ne lui a pas proposé le bassin ou une autre solution. Alors c’est d’autant plus gentil quand on sait la difficulté pour changer les personnes qui ne sont plus des nourrissons : choisir de rassurer la vieille dame au détriment de son propre confort.
    On aimerait plus de soignants de cet acabit avec nos mamies ou nos papis à l’hôpital ou à la maison, quand on n’est pas là pour prendre le relais ou qu’on ne sait pas comment faire pour aider sans faire mal.
    Voili voilà.

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