Toutes les histoires d’amour du monde.

Coucou à toutes et tous,

Ça fait combien de temps, ici ? Six ans ? Sept ? Je ne sais plus.

Merci à celles et ceux, fidèles au poste, et aux nouveaux arrivants et arrivantes.

Le temps passe…

(Mais non, chut, ce n’est pas de la nostalgie que tu ressens, là…)

J’ai écrit un nouveau roman et je m’apprête à retourner sur les routes à votre rencontre (n’hésitez pas à demander à vos libraires de contacter ma maison d’édition pour me faire venir. Je me déplace toujours avec plaisir et il y aura des free-hugs !)

Je crois n’avoir jamais rien tenté d’aussi ambitieux que ce quatrième opus.

Deux ans d’écriture et de recherches. Je n’ai jamais été aussi exigeant envers moi-même, envers mes éditrices (merci infiniment à vous, les filles🙏🏻♥️).

480 pages.

La Guerre, l’Amour, celles et ceux qui les font.

Quant à toi qui me lis : j’ai tellement hâte que tu participes à cette aventure…

Parce que oui, je ne te l’ai pas encore dit, mais ce roman que tu vas lire, quand tu l’auras terminé, je te demanderai de participer.

Participer à quoi ?

À une chasse au trésor mondiale.

Car ce roman n’est pas qu’un livre.

C’est une bouteille à la mer lancée dans une mer de lecteurs. Je cherche quelqu’un. Mon père et moi cherchons quelqu’un.

Ton rôle ?

Je vais avoir besoin de toi pour peigner le museau à la Guerre et au Temps qui passe.

Rien que ça ?

Oui, rien que ça. Prépare-toi bien ! Rendez-vous le 17 octobre ! Prêtes ? Prêts ?

Ce qu’en pensent les malades.

Aujourd’hui je veux parler à toutes les personnes qui nous écoutent, qui souffrent peut-être de DÉPRESSION et à qui de bonnes âmes viennent régulièrement recommander de, je cite, « SE BOUGER pour que ça aille mieux ».
Dire ÇA à une personne déprimée est aussi ABSURDE que si on balançait à un type avec un vitiligo, un psoriasis, ou de l’eczéma : « MAIS FROTTE FORT, ÇA PARTIRA !!!! » C’est nul. Ça marche pas. Ça culpabilise et c’est tout.
Je suis médecin, mais je suis aussi romancier. J’ai demandé sur internet à mes lecteurs souffrant d’affections en tous genres de me donner un aperçu des phrases maladroites qu’ils ont pu entendre de la part de soignants ou de proches…
Par exemple, dire à une femme qui n’arrive pas à avoir un enfant qu’elle -je cite- « doit arrêter d’y penser, parce qu’on connaît la belle-soeur de la voisine de notre coiffeuse qui a enfin réussi comme ça, en arrêtant d’y penser ! » ça ne marche pas. Mais surtout, en disant ça, on sous-entend que la femme est peut-être un petit peu responsable de son état, et que la fertilité est quelque chose qu’elle pourrait a priori maîtriser : « Ben oui quoi, si tu sais pas domestiquer tes follicules ovariens à 20 ans t’as raté ta vie… »
Non mais est-ce qu’on se rend compte combien c’est VIOLENT pour une femme d’entendre ça ?
Un malade faisait remarquer que c’est à peu près aussi débile que de balancer à un asthmatique : « Vas-Y Bruno !!! Respire profondément, ça va aller !»
Bah non, connard, si je pouvais respirer profondément, je serai pas en train de faire une crise d’asthme !!
Il y a derrière ces remarques cette idée qu’on pourrait contrôler/maîtriser son corps, son esprit, ses pensées.
Pourtant, on ne dira pas à une personne souffrant d’un cancer « moi perso je te conseille de mieux contrôler ta prolifération cellulaire, mais bon, je dis ça je dis rien »
Ben oui, DIS RIEN !
Car en vrai balancer à quelqu’un que son problème est dans la tête, ça ne console pas. Tout simplement parce que ce serait dans le pied, ce serait pareil. Ça reste à l’intérieur de nous et il faut batailler avec ça. Avec cet autre qui nous veut du mal. Cet autre qui nous ressemble, qui est nous. La dépression, c’est une méchante maladie auto-immune de la conscience. Ça existe, ça se mesure, avec des appareils compliqués, de l’imagerie compliquée, et ça se traite dans beaucoup de cas avec de vrais médicaments comme n’importe quelle autre maladie.
« La dépression frappe au hasard : c’est une maladie, pas un état d’âme. » écrit l’écrivain et poète Tahar Ben Jelloun. Et il a raison : si le bonheur était seulement affaire de choix, on vivrait tous dans un pays où les parkings des aéroports sont gratuits, manger du chocolat fait maigrir, et où David Bowie continuerait de chanter !
Alors QUE DIRE ?
Là aussi, j’ai demandé aux malades. Leurs réponses ?
D’abord, on ne dit rien. On ÉCOUTE. Ensuite rappeler à la personne qu’elle n’est pas seule, qu’elle compte pour nous, qu’on est là quand elle veut, que si on est désolé devant sa souffrance, elle peut parler sans crainte de nous blesser, que ce n’est pas sa faute si elle a mal.
Et qu’on peut l’accompagner chez le médecin.
Ah oui, et les internautes que j’ai interrogés étaient à deux doigts de rédiger une pétition pour ça : arrêtez de sortir cette phrase horrible, stupide, insupportable, pour quiconque a déjà connu un grand, un gros, un terrible chagrin d’amour : « Mais oublie-la ! » ou « Arrête de penser à lui » ou pire encore « Un de perdu dix de retrouvés ». Ben non, un de perdu, un de perdu.
S’il vous plaît arrêtez. Vraiment.

On est d’accord, hein, les gens ?

Une chronique de l’émission Grand bien vous fasse​ à retrouver sur le site de France Inter ICI!

Elle s’appelait Liliana Herrerai

Alors voilà, aujourd’hui je veux vous parler du visage de Liliana Herrera, une argentine de 22 ans morte cet été d’une septicémie suite à un avortement clandestin.
Pourquoi clandestin ? Parce que le projet de loi visant à légaliser le libre accès à l’avortement a été rejeté par le Sénat argentin.

En tant que médecin accompagnant des femmes souhaitant avorter, j’avais prévu de vous énumérer quelques éléments purement factuels, à savoir :

En France, 1 femme sur 3 avorte au moins une fois dans sa vie. 1/3 des Françaises de votre entourage.
Évidemment ce chiffre augmente dans les pays où l’accès à la contraception est difficile.

D’ailleurs, en parlant de ça, sachez que 3 avortements sur 4 sont pratiqués sur des femmes DÉJÀ sous contraception ! Pilule, stérilet, même préservatif. Tout simplement parce qu’aucune contraception n’est infaillible.
Pour la pilule, par exemple, le taux de grossesse est de 8%, c’est-à-dire que sur 100 femmes qui la prennent, 8 tombent enceintes sur une année d’utilisation. Sur ces 8 femmes, que font celles qui ne veulent pas ou ne peuvent pas poursuivre une grossesse ?
Elles ont recours à l’avortement, et elles y ont recours que ce soit autorisé OU pas. Les chiffres ne mentent pas : il y a la même proportion d’IVG dans les pays où celle-ci est légalisée que dans les pays où elle ne l’est pas. LA.MÊME.PROPORTION !!!
Ce que je veux dire c’est que quoi qu’on pense de l’IVG, une femme qui ne veut pas avoir d’enfant TROUVERA un moyen de ne pas avoir d’enfant.
La différence ? Dans les pays où elle est illégale, le taux de mortalité pour ces femmes est 35. FOIS. PLUS. ÉLEVÉ. Vous vous rendez compte ? Combien de Liliana Herrera ? Là maintenant au moment où nous parlons ? Soit l’IVG est illégale et les femmes meurent. Soit l’IVG est légale et ces femmes survivent ET ont le choix.
Pensons-y chaque fois que les opposants à l’IVG se font appeler les “pro-vie”. Si la légalisation de l’avortement n’a JAMAIS fait augmenter le nombre des IVG pratiquées, il est certain que cette légalisation a fait diminuer le taux de mortalité par rapport à l’IVG clandestin.

Tournons le problème à l’envers : si les hommes risquaient de tomber enceints à chaque fois qu’ils ont un rapport sexuel, l’IVG serait un droit inaliénable et inscrit dans la constitution. Oui, je crois que si chaque fois qu’un homme jouissait avec une femme en engageant son corps / sa santé / sa responsabilité / sa carrière pour les 80 ans à venir, on pourrait lire aux frontons des mairies :

« LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ IVG »

Ne parlons même pas des tampons et des serviettes hygiéniques qui seraient remboursés par la Sécu, mais ça c’est un autre débat.

Bref, j’avais prévu de vous dire tout cela, mais je préfère vous donner un chiffre : 500 000.
C’est le nombre d’IVG clandestines par an estimées par les ONG en Argentine.
Combien de femmes seront condamnées à mourir, à être mutilées ? Combien de Liliana Herrera ?
Combien de souffrances évitées si le sénat argentin avait légalisé l’IVG cet été ?
Le cinéaste Pino Solanas a prononcé cette phrase :
« Arrêtons l’hypocrisie d’une classe dirigeante qui sait que les riches peuvent avorter de façon sécurisée alors que les plus pauvres sont condamnées à l’infection ou à la mort ».
Je crois qu’il a raison. Alors j’ai amené une photo, c’est bête je sais, on est à la radio, mais maintenant tout est filmé.
N’oublions pas son visage : elle avait 22 ans, elle s’appelait Liliana Herrera et elle est morte d’une septicémie parce qu’elle était une femme pauvre dans un monde où les lois sont dictées par des hommes riches.
N’oublions pas son nom, n’oublions pas son visage.
Elle s’appelait Liliana Herrera.

Texte et vidéo à retrouver sur le site de FRANCE INTER

Ce qu’on connaît…

Le visage d’aujourd’hui est celui de Jeannine, 95 ans, une belle vieille dame que j’ai reçue un jour au cabinet médical.
Elle était voutée, ridée, tremblante, le pas mal assuré, la vue trouble, bref, arborait tous les stigmates de la vieillesse, avec bien sûr, comme disait mon grand-père « les oreilles remplies de semoule » : elle était sourde comme un pot.
Je regarde sa prise de sang : nickel. Pas de sucre. Pas de cholestérol. Pas d’inflammation. Et des reins qui pètent le feu.
Je l’examine. Lui trouve une tension artérielle un peu élevée. Pas grand-chose. Rien qui ne justifie d’ajouter un nouveau médicament à la liste déjà longue comme le bras de pilules en tous genres qu’elle doit déjà prendre tous les matins.
Jeannine me demande :
Combien, la tension ?
Je lui explique (en parlant fort pour traverser la semoule) :
« Un peu élevée, mais c’est pas grave »
Je ne vais pas aller l’embêter avec un régime sans sel à 95 ans et encore moins avec des médicaments.
– Vous êtes sûr, docteur, que ce n’est pas grave hein ?
– Oui, oui, ne vous inquiétez pas.
Et voilà qu’elle me fait répéter une fois, deux fois, trois fois, de quatre manières différentes, que non, avoir un peu de tension artérielle à 95 ans, ce n’est pas grave.
Elle me l’a fait répéter combien de fois, à votre avis ?
Sept fois. SEPT-FOIS.
Et je dois bien avouer qu’à la cinquième, moi, du haut de mes 27 ou 28 ans, c’est à dire du haut de cette facilité-là que confère un jeune âge, je commence un peu à me sentir irrité de devoir répéter et impuissant à la rassurer.
Allons, 95 ans ! Et elle s’inquiète pour un peu de tension artérielle ? Mais il faut bien savoir rendre les clefs, un jour, non ?
J’étais, et le suis encore un peu j’espère, ce qu’on appelle communément « un petit con ».
Car soudain, elle lâche d’une petite voix fluette, cette petite voix enfantine qu’adoptent certaines personnes très âgées, cette petite voix capable de dire papa ou maman pour parler de leurs géniteurs morts des années plus tôt, avec ce ton voix de l’enfance revenue donc, elle lâche :
« C’est que, docteur, moi, je ne veux pas mourir ».
Voilà. MOI, docteur, je ne veux PAS mourir.
Ce n’était plus une vieille dame qui parlait. C’était l’humanité toute entière.
Qui a peur. Qui doute. Qui ne sait pas s’il y a un après.
C’était Norbert De Varenne, dans Bel-Ami, qui jette à Bel-Ami ces quelques mots :
« mon corps, mon visage, mes pensées, mes désirs ne reparaîtront jamais. Et pourtant il naîtra des millions, des milliards d’êtres qui auront dans quelques centimètres carrés un nez, des yeux, un front, des joues et une bouche comme moi, et aussi une âme comme moi, sans que jamais je revienne, moi. »
Oui, on peut avoir 20 ans et ne plus avoir envie de vivre.
Mais on peut avoir 95 ans et avoir la même boulimie d’exister qu’à 14 ans.
On peut avoir 95 ans, se découvrir de la tension artérielle et avoir peur.
Parce qu’on veut pas descendre la pente, pas tout de suite, ou alors pas trop vite.
Parce qu’on veut encore grappiller un jour aux mois qui restent, une heure aux jours, une minute aux heures.
Oh, pas longtemps, ce qu’on peut, une seconde, mais quand cette seconde se termine on en veut encore une, puis une autre encore. Parce que c’est la vie et que c’est tout ce qu’on connait. Qu’on veut sentir, respirer, toucher, goûter, aimer, pleurer encore un tout petit peu. Toucher la neige une dernière fois. Voir la mer une dernière fois. Et, quand cette dernière fois est passée, on en veut une autre et une autre encore.
PARCE QUE C’EST TOUT CE QU’ON CONNAÎT.

Pourquoi faut-il des enfants à l’hôpital ?

Alors voilà, aujourd’hui je veux vous parler du visage d’Annabelle et de son fils, Milo, 6 ans.
Alors qu’Annabelle prépare le déjeuner, Milo veut aider sa maman.
Evidemment, ce qui doit arriver, arrive.
Une cuisine- Un couteau- Un enfant.
Bref, on part pour les Urgences pédiatriques. En voulant cuisiner, le petit s’est coupé.

Alors, je rassure tout le monde : il s’agit d’une toute petite coupure de rien du tout, mais comme Annabelle le précise, elle n’en sait trop rien car son fils, dit-elle, « raconte n’importe quoi… ». Tous les soignants en ont déjà fait l’expérience avec les petits : il suffit de leur montrer un endroit en leur demandant s’ils ont mal pour que la réponse soient INVARIABLEMENT oui. Je pense que ça doit être une sorte d’instinct de conservation. Un reste de cerveau reptilien. « Dans le doute si on te demande, dis que tu as mal. Quelqu’un s’occupera de toi. »
Annabelle conduit donc son fils aux urgences pédiatriques de l’hôpital. On les installe en salle d’examen, son fils est sur-excité d’être là, avec des docteurs et des infirmiers.
A ce moment-là le pédiatre arrive, il commence à déballer le pansement autour du doigt blessé, quand l’enfant de 6 ans le regarde, pose sa petite main sur le bras du médecin pour arrêter son geste et lui annonce :” Je te préviens j’espère que tu es prêt parce que c’est pas joli joli. Tu vas faire des cauchemars… et toute la nuit en plus ! ”
Je remercie Milo d’avoir pris soin du petit coeur du pédiatre qui n’a pas dû voir de plaie depuis au moins une bonne heure !!
Pourtant, il faut se rendre compte que ces mots d’enfants sont magiques parce qu’ils nous ramènent par leur naïveté, à une poésie du monde que nous avons perdue. Celle des premiers temps et que retranscrit si bien Romain Gary dans son fabuleux roman « La vie devant soi » quand il fait dire au petit Momo la phrase suivante :

« Moi ce qui m’a toujours paru bizarre, c’est que les larmes ont été prévues au programme. Ça veut dire qu’on a été prévu pour pleurer. Il fallait y penser. Il y a pas un constructeur qui se respecte qui aurait fait ça. »

Dans le même ordre d’idée une infirmière raconte comment, un jour, qu’alors qu’elle tapotait le bras d’un enfant pour faire sortir la veine, le petit l’a regardée et lui a demandé : « hey, pourquoi tu me frappes ? J’ai pas fait de bêtise ! »
Deux personnes. Un adulte, un enfant. Deux visions différentes de ce qui est en train d’arriver.
De même, lorsque l’infirmière partira avec un échantillon du sang de l’enfant, celui-ci aura cette phrase : « Hey, où tu vas avec mon corps ? C’est à moi ! »
L’enfant a raison, le sang, son sang, c’était son corps.
Ces rapports entre cet enfant et cette infirmière, portent en germe tout ce qui, plus tard, sera responsable du fossé entre soignants et soigné. L’incompréhension, le manque de communication, l’incapacité à voir avec les yeux de l’autre, ce que voit l’autre, ce que ressent l’autre, sa vision À LUI de ce qu’il est en train d’arriver ICI et MAINTENANT au moment du soin.
L’enfant nous oblige à faire un pas de côté. A voir autrement. Ils sont importants dans une société. Ils le sont encore plus dans un hôpital. Y a un proverbe sanskrit qui dit « une maison sans enfant est une tombe ». Je crois qu’on peut dire la même chose d’un hôpital sans enfant. Un hôpital sans enfant est une tombe.
Car ce que ce gamin dit à ce médecin en le prévenant de la mocheté de sa petite blessure c’est : TU AS LE DROIT d’être encore touché par du sang, par une plaie, par des pleurs. TU AS LE DROIT de ne pas être totalement blasé. TU AS LE DROIT de faire des cauchemars quand le quotidien est trop dur. Même si t’es médecin. Même si tu en as vu d’autres. En un mot : TU AS LE DROIT d’être encore un être humain.
Et pour cette permission donnée à un seul qui vaut rappel à tous, j’ai envie de dire à Milo et à tous les enfants du monde, de la part de tous les soignants et de toutes les soignantes : MERCI.

« Les fous et les folles »

(Texte écrit par ma collègue infirmière, C.)

Alors voila, elle était infirmière….elle a évité les services de psychiatrie, elle a travaillé en réa ,en chirurgie aux urgences, elle a mis tout son cœur à prendre soin de ses patients et de ses collègues avec une sensibilité particulière propre à ceux qui ont côtoyé la souffrance de l’esprit et de l’âme… mais elle a tout retenu… toutes ces phrases anodines que ses collègues ont dites sans savoir, ces phrases prononcées sur le ton de la plaisanterie… Ces adjectifs : fous, folles, tarés, employés pour désigner à chaque fois ces patients aux antécédents psys l’ont aidée à construire sa carapace pour que personne ne sache… puis un matin il y a eu ses collègues de nuit qui lui ont dit qu’ils ont eu peur d’aller dans la chambre de ce patient schizophrène pourtant il était calme et coopérant ( c’est ce qu’elle a constaté durant son tour).

Elle a donc demandé à ses collègues ce qu’ils auraient fait si ce patient avait été leur père : auraient-ils hésité à changer sa protection souillée ? C’en était trop, elle ne supportait plus cette banalisation indécente des troubles mentaux… parce qu’en vérité pour elle c’est sa mère qui est schizo… sa mère qui malgré la maladie l’a élevée, l’a poussée à faire des études, l’a aidée et soutenue dans ses choix….

Alors voila ce qu’elle vient dénoncer c’est la stigmatisation systématique de ces patients qui ne sont plus des personnes mais des fous des tarés, des criminels même…

L’exemple le plus probant c’est cette discussion entre soignants après la prise en charge au sein du service d’un homme violé qui ne souhaitait pas porter plainte et cette réflexion d’une autre infirmière qui trouvait dommage que ses agresseurs ne puissent être jugés et enfermés à « l’asile ».

Il ne viendrait à l’idée de personne d’envoyer des criminels en diabétologie.

Cette stigmatisation est coutumière au sein de notre société qui se gargarise de ces faits divers mettant en scène des personnes malades (on l’oublie trop souvent). Certes le passage à l’acte est induit par la maladie et souvent par les conduites addictives qui y sont associées ou l’absence de traitement, mais cela est trop rarement cité.

Dommage pour ceux qui se soignent et font de leur mieux, et dommage pour leurs familles.

Les enfants particuliers.

Texte de ma consœur J.

“Alors voilà. Je suis pédopsychiatre et cette journée a été marquée par 2 Enfants Particuliers.

Tanguy a 9 ans. Il a été placé en urgence pour carences affectives, éducatives et maltraitances il y a quelques jours. Sa mère, enceinte, a été retrouvée alcoolisée et en errance. Ne pas juger. Dans le foyer d’accueil d’urgence, il explose à la moindre frustration. Ils ne savent plus comment faire pour l’apaiser. Lorsque je le rencontre, c’est un petit animal aux aguets. Il refuse tout en bloc mais accepte finalement l’échange, il collabore à sa manière. Ses yeux sont si mobiles. Il a les genoux écorchés. Il est en colère contre ce juge qui lui a fait quitter sa maison. Tellement sur le qui-vive et en même temps tellement attentif à tous les propos échangés avec les personnes du foyer qui l’accompagnent. Chez lui, il était le bouc émissaire de tous les soucis familiaux m’expliquent-elles. Pas le choix : prescription de neuroleptiques afin qu’il puisse accéder à un peu d’apaisement.

Et ensuite Leila qui arrive cet après-midi de pédiatrie. Elle a fugué de son foyer et a fait une mauvaise rencontre. Un type qui l’a accostée, l’a effrayée. Et Leila la mal aimée, Leila qui est persuadée que rien de bien ne peut lui arriver, Leila qui se met en danger, a dit non mais n’a pas osé se débattre. Violée. Pas de préservatif. Elle a 14 ans. Depuis 3 jours en pédiatrie elle refuse l’examen et les prélèvements gynécologiques. Prostrée, elle ne se nourrit presque plus. Lors d’un viol, les prélèvements doivent être réalisés dans les 72 h pour que des tests génétiques puissent être réalisés. Avec l’infirmière, nous passons des heures alternativement à essayer de la convaincre de réaliser ces tests. Parce qu’elle ne doit plus être seulement une victime. Parce que ce pourri doit pouvoir être identifié. Les autres jeunes du service ont perçu son mal être à son arriver. Ils s’agitent, se disputent. Il faut gérer. Tic tac. Ce soir il sera trop tard. Et Leila s’enfoncera encore plus dans ce statut de victime. Et en même temps on culpabilise, parce qu’on lui demande de montrer, d’exposer son corps blessé. Parce qu’un écouvillon, même si ce n’est qu’un « coton-tige un peu plus grand », elle ne peut envisager qu’il la touche là. Je lui dis qu’elle doit réagir. Ne plus subir. Que grâce à son courage, elle empêchera peut-être cet homme de récidiver. Que grâce à elle il pourrait peut-être se faire soigner. Ne pas juger. A 19h elle accepte. Lors de l’examen, l’infirmière est d’un côté de la table d’examen et moi de l’autre. Elle nous tient la main. Elle serre les dents. Nous comptons les écouvillons (il y en a 5). Je compte les secondes à haute voix pendant chaque prélèvement. Je ne sais pas pourquoi. Probablement pour lui montrer que le temps s’écoule, que ce calvaire va finir. Elle serre ma main. Elle est courageuse.

Il est 20h, ma journée est terminée. Je me rends directement dans mon petit resto favori. C’est l’été. La terrasse est très agréable. Des touristes, des familles avec leurs enfants profitent de cette belle soirée.

Deux mondes… Impossible de basculer dans celui-là malgré ses attraits. Impossible de faire sortir les enfants de mon esprit.

Tanguy et Leila, on aurait envie qu’ils soient des Enfants Particuliers comme dans les livres, avec des pouvoirs pour se sortir des situations horribles.

Il fallait que ça sorte. Merci d’avoir lu. Bonne nuit”

L’autre côté de la barrière.

Texte de ma consœur Claire (je suis en congés cet été, je termine mon prochain roman, je partagerai donc seulement des textes de patientes ou de soignantes. Photos : ICI )

Bonjour Baptiste,

Je lis avec grand plaisir votre blog depuis vos débuts et j’ai aussi lu tous vos livres.

J’ai 33 ans, 2 enfants de 4 et 6 ans, et je suis (ou plutôt j’étais) médecin de famille (pas seulement généraliste, mes patients me le disent et vous le diraient aussi). Depuis le plus loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu faire ce métier, ou plutôt toujours eu cette vocation, m’occuper des autres. Je soignais des familles entières des arrière grands parents aux arrière-petits-enfants.

J’ai fait mes études au CHU de J., j’exerçais dans l’Aude dans un petit village. Une petite vie heureuse et bien remplie, et les matins, lorsque je poussais la porte de mon cabinet, et que j’en sentais l’odeur, une sensation de bien être et de bonheur d’être là s’emparait de moi à chaque fois.

Un lundi soir après mon cours de gymnastique, lors du moment que la prof appelle « retour au calme » (c’est de la relaxation) j’ai ressenti une sensation vasculaire inhabituelle au niveau abdominal. Et en rentrant chez moi, je me suis gratté le cou et j’ai trouvé une adénopathie sus claviculaire droite. Je n’ai pas bien dormi la nuit qui a suivi, la sensation d’avoir une masse battante dans mon ventre, et puis ce ganglion. Le lendemain matin, 10 visites, m’occuper des autres, c’etait dans un coin de ma tête, mais pas aussi présent. J’ai parlé de l’adenopathie à une consœur qui m’a dit : « va faire une bio et fais quand même une échographie abdominale et une radiographie thoracique dans une semaine si ça persiste ». Bio faite et parfaite. Mais 2 jours après la sensation de masse battante abdominale est toujours là, plus présente encore. Il y a des antécédents familiaux d’anévrisme chez moi, je demande donc à une copine médecin vasculaire de me faire une échographie l’après-midi même : « Tu vas pouvoir bien dormir ce soir Claire, tout est parfait ! »

Oui mais moi je sens bien que quelque chose ne va pas. Le soir après l’echo des douleurs basi thoraciques droites vont commencer, elles seront insomniantes et iront crescendo jusqu’au diagnostic. Au début j’espère qu’un zona va sortir, c’est bête comme on essaie toujours de se rassurer, j’ai guété l’éruption pendant plusieurs jours, et puis la fatigue le samedi, et la petite toux sèche le dimanche, et le ganglion toujours là… Je savais que j’avais un épanchement pleural et la petite case « lymphome » clignotait déjà dans ma tête. J’ai lâché le mot à mon mari et ma mère, mais aucun ne l’a entendu.

Le lundi matin je suis allée consulter mais pour la première fois de ma vie, je n’y étais pas : la douleur, la fatigue, et l’inquiétude pour moi même. A midi je suis allée faire une radiographie thoracique : j’ai bien un épanchement pleural et mon médiastin est tellement élargi que j’ai fait un malaise vagal en le voyant.

L’après-midi le scanner a retrouvé une masse mediastinale de 10 par 11 cm qui comprime l’artère pulmonaire : mes confrères ont appelé l’oncopole. Je suis rentrée le lendemain à l’hôpital L. pour initialement une biopsie mediastinale qui s’est transformée en une ablation de l’adenopathie sus claviculaire. Couac sur couac : je suis hospitalisée en pneumologie allergologie, je vois un premier interne de chirurgie thoracique qui me dit qu’il va m’opérer le lendemain (alors qu’il sait déjà qu’il n’en sera rien), il me présente ensuite un interne plus jeune : « Je vous présente Alix qui sera avec moi demain au bloc. »

Le lendemain le bloc est désert : il y a une opération sous robot à l’autre CHU, ils y sont tous pour voir, sauf Alix. L’infirmière au bloc opératoire a ouvert mon dossier, elle lit : « biopsie mediastinale ». Je lui réponds : « Ah non, je suis marquée au niveau du ganglion ». Puis elle dit : « Mais Alix, tu n’attends pas Pierre pour commencer ? » et Alix de répondre : « Il est à l’autre CHU ! » L’intervention durera 1h30 à la place du quart d’heure initialement prévu. Et depuis j’ai un lymphocèle qui me gêne beaucoup et a dû être ponctionné à plusieurs reprises.

De retour en chambre Alix passe me dire : « C’est bon vous pouvez sortir, on aura les résultats dans deux semaines ! » Là c’est trop, je lui demande de contacter expressément les hématologues de l’oncopole, que j’avais eu au téléphone la veille de mon hospitalisation, et qui m’avaient donné un numéro d’urgence à faire dans la nuit que je passais chez moi si ça n’allait pas. Je me sens oppressée et refuse de rentrer chez moi dans ces conditions. Ils me garderont 3 jours en tout (mardi mercredi et jeudi), non sans remplacer par 2 spasfon mes corticoïdes du jeudi matin 😂. J’ai très vite pris le parti d’en rire, de rectifier leurs erreurs et d’en rire, que faire d’autre.

Mes confrères et mon cousin médecin ont contacté les anatomo pathologistes (qu’ils connaissent) de l’oncopole où est partie ma pièce opératoire pour qu’ils la regardent très vite. Tous sont très inquiets.

Je suis rentrée chez moi le jeudi soir, le vendredi matin, je suis passée au cabinet et un confrère m’a ausculté : l’épanchement pleural s’est majoré, l’oppression thoracique et les douleurs sterno chondrales sont permanents. Je lis l’inquiétude sur leurs visages : « Maintenant tu vas dans le cabinet, tu prends le téléphone et tu appelles l’hématologue, sinon c’est nous qui le faisons ! » Je l’ai fait, j’en tremblais de peur, d’angoisse, de voir des adénopathies cervicales sortir comme des champignons en quelques jours à peine. 15 jours d’anapath, ce n’était pas possible. L’hématologue me dit que les résultats tomberont l’après-midi même, au pire le lundi.

Le vendredi soir, nous sommes en train de visiter l’école de mon cadet qui fera sa première rentrée en septembre. Le téléphone portable capte mal, mais c’est « hématologie » qui s’affiche. La secrétaire me dit : « Vous êtes attendue en hématologie protégée à 19 heures (il est 18 heures et nous avons plus d’une heure de route, et il faut appeler mes parents pour qu’ils gardent nos enfants), donnez moi vos coordonnées et celles de votre personne de confiance pour que l’entree soit faite plus rapidement ! » Cela capte mal et coupe à plusieurs reprises, nous quittons l’école précipitamment, moi toujours au téléphone.

Pour moi c’est que l’anapath est tombée et que c’est tellement agressif que c’est très urgent. C’est la première fois que je perds pieds devant ma famille et surtout devant mes enfants, la terreur de ne plus les revoir s’empare de moi. Chaque jour depuis qu’ils sont nés je leur ai dit que je les aimais, ça c’est bien déjà, je n’aurais pas ce regret. Je pars avec mon mari en pensant ne jamais les revoir.

Dans la voiture, je dis comment je voudrais être incinérée à mon mari et quoi faire de mes cendres. J’ai l’impression que je vais mourir de manière imminente. Tout cela n’est pas rationnel mais j’ai cessé de l’être quelques heures ce jour là.

Voilà, depuis 1 mois et demi je suis hospitalisée en hématologie protégée pour le traitement d’un lymphome lymphoblastique T. Rien que son nom semble barbare. Il se traite comme une leucémie. Donc 3 ans de chimiothérapie, les médecins ont annoncé la couleur d’emblée : 3 ans sans travailler pour moi, je serai immunodeprimée, donc impossible d’être au quotidien en contact avec des personnes malades. Quelle ironie…

Demain je pourrai enfin rentrer chez moi et revoir mes enfants car ils sont interdits dans le service ces petits nids à microbes. J’ai eu une chimiothérapie d’induction, et là direct en suivant le premier bloc de chimiothérapie de consolidation. Le TEP scan dit : rémission complète, tout le monde se réjouit, les médecins, mon entourage, je reste sur ma réserve. Les nausées et la fatigue sont mon lot quotidien, mais je tiens bon pour mes enfant et mon mari. Je serai rapidement en aplasie à la maison, donc moins de câlins avec mes enfants, ça ça va être difficile. Mais 14 jours à la maison quand même, ça me semble un cadeau depuis tout ce temps bloquée ici.

Merci de m’avoir lue Baptiste.

Mes enfants me manquent, mes patients me manquent…

Claire.

Dis Maman, c’est quoi l’inclusion ?

Texte écrit par la romancière Caroline Boudet

Alors voilà, j’avais vraiment l’intention de n’avoir ni à écrire, ni à publier ce post. Vraiment. Parce que tout devait se passer pour le mieux, et il n’y avait pas de raison que ça se passe autrement, n’est-ce pas ?

Mais ce soir, trop c’est trop.

Ce soir 29 juin, cela va faire plus de 7 mois que nous, parents de Louise, qui a trois ans et demi et un chromosome en plus, bossons pour qu’elle fasse sa rentrée dans les meilleures conditions en septembre prochain.

Vous voulez savoir, ce que c’est, bosser pour que son enfant handicapé fasse sa rentrée en petite section, en 2018 en France ?

En novembre 2017 nous avons commencé à rassembler tous les papiers nécessaires pour faire une demande d’AVS (Auxiliaire de vie scolaire). Pourquoi tellement à l’avance ? parce que la MDPH, l’administration qui décide des attributions d’aide humaine pour les personnes handicapées, met en moyenne 5 mois dans notre département à traiter des dossiers de demande – c’est une moyenne basse pour la France.

Tellement à l’avance, parce que nous voulions arriver au mois de mai ou juin et avoir ce sesame officiel qui permet à l’éducation nationale d’embaucher quelqu’un, et que nous voulions que cette personne soit là dès la rentrée. Parce que nous voulions FAIRE LES CHOSES AU MIEUX.

Donc, dès novembre, nous avons : rempli un dossier de demande de 20 pages, recueilli des certificats médicaux, détaillé les journées de Louise, expliqué par écrit quel était son « projet de vie » à trois ans, et pourquoi il nous semblait au mieux pour elle, après la crèche ordinaire auprès de ses camarades, d’entrer en maternelle avec les autres. Après tout, l’ère du temps est à l’inclusion, n’est-ce pas ?

Et bien l’inclusion c’est ça, donc : préparer 10 mois à l’avance une rentrée scolaire sur le plan administratif. Attendre cinq mois. Recevoir une « notification », papier sans âme qui vous annonce une décision que vous ne comprenez pas : « attribution d’une AVS mutualisée ». Chercher à comprendre ce que cela veut dire, combien d’heures elle sera avec Louise, quand elle arrivera, qui l’attribuera ?

C’est comprendre que «AVS mutualisée », c’est une personne dont le temps sera partagé entre plusieurs enfants, peut-être sur plusieurs écoles différentes.

C’est demander « combien ? et combien d’heures auprès de Louise ?

C’est au mieux entendre « on ne peut pas vous dire, 10 h par semaine au maximum, et quand ? on ne sait pas », au pire n’avoir aucune réponse.

C’est entendre, quand on évoque le projet de scolarisation, comme première réponse « mais vous avez pensé à prolonger la crèche ? ». Une fois. Deux fois, trois fois. C’est avoir peur, en effet de faire une FOLIE, prendre des avis, comprendre qu’une petite section avec trisomie 21 n’a rien d’un voyage sur la Lune. C’est faisable. C’est souhaitable.

Alors on a refait un dossier, avec re- un certificat médical, et re- les avis des pros qui suivent Louise, pour expliquer que ce serait vraiment mieux pour tout le monde, enseignants comme élèves, que notre fille bénéficie d’une AVS pour davantage d’heures que « 10 maximum par semaine ». C’est qu’avec des classes de 25 à 30 en petite section, on peut comprendre aussi en tant que parents que rien ne soit évident et avoir envie de faciliter les choses. Et on avait vraiment, vraiment envie de rassurer tout le monde pour que Louise ait une rentrée sereine.

L’inclusion, c’est de nouveau envoyer ce dossier, en avril, en plusieurs exemplaires, en courrier suivi, en recommandé. Et attendre qu’il soit réceptionné. Et appeler deux fois, trois fois, cinq fois, pour entendre en juin « Mais oui on l’a reçu le 14 mai, mais alors là, vraiment, on ne pourra pas l’examiner avant septembre ».

Pourquoi pas, mettons toutes les bonnes volontés avec nous pendant ce temps, rencontrons l’équipe pédagogique, organisons une réunion avec 13 personnes autour de la table. 13 personnes, vous voyez le truc : impressionnant, n’est-ce pas, quand on se souvient qu’on prépare une petite section de maternelle et pas le prochain sommet de l’Otan.

Mais vaille que vaille, c’est utile, dépassons nos appréhensions et discutons avec ces personnes autour de la table qui sont motivées pour aider Louise à faire au mieux son entrée dans l’école. On est en juin, tout semble prendre forme, l’école prête à l’accueillir, l’enseignante et l’Atsem rencontrées, le centre de loisirs dans les starting-blocks, la kiné, l’orthophoniste et la psychomotricienne prêtes à se déplacer à l’école comme elle le font à la crèche, pour les séances de rééducation de Louise.

Alors, même si la grande inconnue reste en juin cette histoire d’AVS, prenons d’une main un anxio, de l’autre notre mal en patience, c’est ça l’inclusion, et on va y arriver. Attendons septembre, toutes les bonnes volontés sont là, c’est ça l’inclusion.

Et puis BAM, fin juin, un coup de fil qui nous apprend que finalement, ça n’est plus « du tout » possible que les pros qui suivent Louise continuent à venir la voir dans l’école. Pourquoi ? Euh, on ne le fait pas. Ce qu’il faut c’est que les parents viennent la chercher à l’école et l’emmènent à son rendez-vous. Ou alors payez une baby-sitter pour l’emmener.

Et d’ailleurs, si on vous appelle, c’est pour vous demander si vous avez envisagé que votre fille reste un peu plus longtemps en crèche. (Cinq fois).

Alors là, toi t’es mère, mais tu es aussi secrétaire, GO, greffière, administratrice, j’en passe et des meilleures depuis huit mois, tu es sur les rotules. T’as donné toute ton énergie parce que l’inclusion, oui tu y crois. Mais là t’as les jambes qui flageolent et la voix qui tremble. Parce que le message qu’on te balance, avec cette question répétée, n’est pas du tout : « bienvenue à l’école de la République».

Alors puisque sur cette page on partage les progrès, les joies, les peines, les réalités sans fard de la vie avec un enfant porteur d’un handicap, ce soir je vous raconte ma colère, mon effondrement, mon écoeurement mon sentiment d’injustice et surtout de solitude face à tout cela. Ça fait huit mois, et on revient à la case départ. Et maintenant, on fait quoi ?

Maintenant, quand vous entendrez cette petite phrase « oui, il/elle va aller à l’école, on a fait toutes les démarches pour », vous saurez ce qu’elle cache pudiquement dans la vie des familles.

PS : Et je me dois de préciser malheureusement que nous sommes dans une situation qui est loin d’être la pire.

Caroline Boudet

Des vacances.

Bonjour à toutes et tous,

Pas de chronique cette semaine.

Mais une nouvelle, parue dans le magazine ELLE.

“Elle s’appelait OCTAVIA”

Écrite avec le coeur.

J’en profite pour vous dire que je vais prendre quelques semaines de vacances ici (je travaille tout l’été au cabinet médical).

Je termine les corrections de mon prochain roman, qui ne devrait pas tarder à trouver les étals de vos librairies…

Une tumultueuse et romanesque épopée sur l’Amour pendant la Guerre.

Je vous reviendrai à la rentrée en bonne forme.

Comme l’indique l’article ci-après, j’officierai tous les lundis en tant que chroniqueur sur France Inter.

Bonne et douce journée à toutes et tous,

Baptiste.