La fin de sa vie…

Alors voilà Mme K. 56 ans qui s’étiole d’un cancer du sein. “Pas de morphine” qu’elle a dit. “Je veux être là jusqu’au bout”.

L’équipe soignante, sa famille, moi, on passe tous les jours pour essayer de lui faire entendre raison. Parce qu’elle souffre et qu’on veut la soulager, croit-on.

Elle sourit avec indulgence, elle sait la vérité : l’équipe soignante, sa famille, moi, on voudrait tous qu’elle accepte pour nous tranquilliser, parce que la mort c’est douloureux et qu’on a beau en voir tous les jours ça fait toujours aussi peur.

Un jour, ça en est trop, elle hausse un peu le ton et, l’air d’une mère qui donne une leçon à son fils, me tapote la joue et dit :

– Vous vous inquiétez pour rien : mon état ne signifie pas que je vais mourir mais que, simplement, je suis arrivée à la fin de ma vie.

Voilà : pas sa mort, non, mais la fin de sa vie. Tout simplement. Pour elle cela fait un gouffre de différence. Elle sourit, elle est sereine dans sa douleur et dans la fin de sa vie.

J’adore la façon dont certains mots font sens, je veux dire : j’aime VRAIMENT la façon dont certains mots font sens.

“La recherche a besoin d’argent dans deux domaines : le cancer et les missiles anti-missiles. Pour les missiles anti-missiles on a les impôts. Pour le cancer on a la quête.”
P. Desproges.

Si le site vous plait, donnez-nous un coup de pouce, partagez sur FaceBook, c’est juste en bas à droite de chaque article…

9 réflexions sur « La fin de sa vie… »

  1. XXX

    BB, tu ne me connais pas alors que moi, en lisant tes textes, j’ai l’impression de te connaître un petit peu.( mais je me trompe sûrement)
    pour égaliser je vais te dire un truc que je n’ai dit à presque personne et que je n’ai jamais écrit (d’ailleurs j’ai changé mon nom dans les com pour que personne sur la toile ne me reconnaisse …. je ne crains la pitié plus que le cancer)
    voilà : l’année dernière à 36 ans j’ai senti une petite bille sur mon sein gauche (celui du coeur), quinze jours après le médecin me disait ce que j’ai su à l’instant où je l’ai senti : j’ai un cancer du sein.
    j’ai été opérée il y a un an, puis la chimio et les rayons, et maintenant l’herceptine et le tamoxifène ….
    je suis vivante et en extra ball grâce à des hommes et des femmes comme toi. merci.
    je suis vivante et sereine parce que “vivre c’est mourir d’instant en instant, pourquoi devrais-je commencer à avoir peur aujourd’hui ?”
    je n’ai plus peur de mourir parce que je sais que je vais mourir, comme toi, comme lui, comme elle…
    merci BB

    1. Mésange

      @ XXX
      Sur ce blog, je n’ai jamais lu quelque chose qui ressemblait à de la pitié.
      Par contre, vous trouverez des coms emplis d’attention aux ressentis d’autrui et de compassion et d’intérêt pour celui/celle qui est en souffrance ou a souffert.,
      Douces caresses de plumettes XXX

  2. ROUYER

    bojour à tous,

    maman vient de partir (18 mois après notre père), et je répète à mes soeur et frère “pensez à elle avec douceur” ce texte m’a fait beaucoup de bien, merci

  3. Maïlys

    Ca fait du bien de sentir tant d’humanité (je me risquerai presque à dire c’est beau un homme médecin sensible… mais au vu des derniers posts, je vais m’abstenir :p). Bravo pour ce blog qui me touche profondément !

  4. Mamine

    On est fin 2018 et je me promène sur les premières plages du blog. C’est beau et touchant. J’espère passer un jour sous la fenêtre de ce vieux doc raciste avec mes 4 enfants métis 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *