Archives mensuelles : février 2017

Le roi de Photoshop.

Alors voilà, mon premier patient vient pour un bouchon de cérumen. Je ne suis pas très réveillé, je fais du mieux que je peux avec la poire, évacuant de son oreille des petits morceaux d’une sorte de craie jaunâtre.À la troisième tentative, je baille, je me demande si j’ai pensé à régler un truc en rapport avec des travaux et une coupure d’eau à la maison (spoiler : la réponse est NON), du coup j’oublie de boucher la sortie d’eau de la poire, je presse et me retapisse la chemise d’une sorte de boue cérumineuse.

 (Vague impression d’être Daryl Hannah dans le film “Splash”). 

 Je suis comme ça : photo 1. 


Dixième patient : un bébé. Je l’examine, on papote avec la mère, ça a dû ennuyer le poupon, qui décide d’uriner sur mon pantalon. Cash.

“Vas-y petit, secoue toi la salade sur Tonton Baptiste, change-toi l’eau des olives sur le Docteur, il ne dira rien, c’est le métier qui rentre !”

 J’essaie de nettoyer ledit pantalon… avec de la solution hydro-alcoolique (mais pourquoi ?) et du septal (?!?!?… je me déteste tellement, parfois).

 Je suis comme ça : photo 2. 


Sortie du cabinet. Flemme de me faire à manger, allons prendre des nouvelles du petit traiteur chinois en bas de ma rue. Dans la queue, le type devant se tourne, se raidit, projette tout le contenu de son jus de lychee sur moi, puis bascule en arrière. Épilepsie. J’attends les pompiers avec lui. 

 Résumons: j’ai sur mes habits, 

 1-Du cérumen

 2-Du pipi de bébé 

 3-Du jus de lychee. 

 Ce ne sont plus des habits, c’est un Jackson Pollock : Photo 3. 


PS 1 : demain, j’amène des habits de rechange. 

PS 2 : OUI, en rentrant, j’avais une coupure d’eau. J’ai nettoyé mes fringues à la main et à l’eau minérale, en éprouvant TROIS sensations bien distinctes :

1- une certaine reconnaissance pour les machines à laver le linge,

2- une infinie compréhension pour les lavandières des temps jadis,

3- un vague (et très fugace) désir de mourir. 
Mais, maintenant, ça va mieux. 

Je suis comme ça : 

PS 3 : une de ces photos n’est pas Photoshoppée. Vous ne devinerez jamais laquelle !

PS 4 : je remercie Mme Marcellin qui m’a posé un lapin au cabinet, me donnant ainsi l’occasion de vous révéler toute l’étendue de mon talent sur Photoshop…

Petite parenthèse.

Coucou, 

Pas de texte ici cette semaine, car j’ai écrit sur un sujet qui me tient à cœur comme cette jeune femme a à cœur de raper ce parmesan (afin de préparer une délicieuse tartiflette au parmesan à sa cousine). 

C’est :

– ICI (pour le Huffington Post)

Ou :

– ICI (pour ceux qui préfèrent Médiapart, chacun sa crémerie, je ne juge pas )





BISOUS et courage (pour ceux qui en ont besoin). 

Victoria, David et moi.

Alors voilà, je vous raconte ce tragique et inoubliable jour qui marquera à tout jamais ma mémoire au fer rouge de la honte.Une patiente m’avait refilé une gastro (je crois que je vois même qui c’est…).

Pour être clair : je vomissais et chiais partout comme une poule, tentant de me consoler comme je pouvais, voyant là une excellente leçon d’humilité quand on a été l’invité, la veille, des cinq dernières minutes du JT de treize heures de France 2.

Malgré tout, me voilà obligé d’embaucher au cabinet (impossible de trouver un remplaçant, je porte des gants, et me drape dans ma vocation). Les heures et les patients me filent entre les doigts. J’ai des crampes d’estomac inimaginables… et de plus en plus besoin d’aller aux toilettes libérer le Kraken (ou, comme disait mamie, faire fonctionner la guillotine à boudin). 

La salle d’attente commence à se vider : je ne peux décemment pas aller au toilettes tant qu’il y a des gens qui risqueraient de m’entendre (ne mentez pas : on a tous eu ce genre de pensées). 

Soudain, ça y est. Salle d’attente vide. Je n’en peux plus… Ne me dites pas que je suis impudique d’écrire sur ce sujet. La vraie impudeur, c’est de cacher le corps et la réalité de ce qu’il est : l’être humain transpire, pleure, vomit, tousse, sent des pieds, et tombe parfois malade. C’est ça l’être humain, c’est pas David et Victoria Beckham, qui ne sont que des produits markétings destinés à complexer les petits garçons nuls en foot (je te hais, David, tu entends ? Je te HAIS !!!) et affamer les jeunes filles qui se trouveront toujours trop grosses, #photosencartonpâtebotoxéàlasaucehollywoodienne.

Je me glisse aux toilettes et là… festival. Libéré ! Délivré ! Je parachute un, deux, trois gothiques, je suis Louis Armstrong à moi seul, festival de saxophone, j’ai une fucking moto dans les fesses.

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*ici, insérez des prouts*

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(Je suis sûr que vous avez ri. C’est indémodable, les prouts, ça faisait déjà rire l’homo erectus dans sa grotte).

Hélas ! Trois fois hélas ! Le dernier patient avait laissé la porte ouverte…

Du coup, trois personnes attendaient en salle d’attente. 

La honte de ma vie. 

Et comme ces patients ne m’avaient jamais vu, et que je les sentais un peu gênés, un d’entre eux me fait, avec compassion et dans une tentative de briser la glace, “Vous savez si le médecin est déjà arrivé ?”
Je n’ai pas su quoi répondre. Mais je crois qu’il existe une dimension, un monde alternatif, où j’ai dit : “Je ne sais pas” et me suis assis à côté d’eux en salle d’attente.
Attendre.
Ce jour-là, j’aurais eu besoin qu’un médecin vienne s’occuper de moi. 
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Photo : L’hiver est rude ! Vous aussi, aidez ce gentil couple de pauvres hères qui n’ont plus rien à se mettre sur le dos en envoyant vos manteaux de fourrure Chanel, Hermès ou Kenzo à l’adresse suivante : 

Bibi Beaulieu

45 rue de la Guillotine à Boudin

33 666 Smecta-Sur-Saône