Casser, réparer, réconcilier.

Alors voilà… Quand tes chefs te demandent d’écrire pour eux ce que tu crois savoir du soin, tu écris cela (en page 4, Billet) :

http://e-respect.fr/uploads/e0b7ea27debfd748a318118c6ccce443.pdf

Ce n’est pas une anecdote médicale, et sans doute très naïf, mais vous me pardonnerez cette erreur de jeunesse !

La bise, je vais bosser ! Le mercredi, c’est gériatrie !

PS 1 : merci à JW qui se reconnaîtra, pour tes pistes et tes idées.

PS 2 : le livre avance, je me défonce vraiment pour vous donner quelque chose de beau, humain et bon.

22 réflexions sur « Casser, réparer, réconcilier. »

  1. patchina

    “Lorsque tu soignes une maladie, tu peux gagner ou perdre.
    Lorsque tu prends soin d’une personne, tu gagnes toujours.”
    Patch Adams
    😉

    Bacio a tutti*

  2. Nots

    J’ai lu, et je ne suis pas d’accord. Pas sur tout.
    D’abord, je pense qu’on peut avoir envie d’aller boire un café avec le type en blouse blanche qui vous annonce que vous avez un cancer, si cet homme vous regarde avec l’humanité et l’empathie nécessaire pour annoncer à quelqu’un qu’il va peut-être mourir plus vite que prévu. En réalité, ce serait même super : “venez, allons boire un café, nous allons parler”.
    Ensuite, je pense qu’il y a dans cette relation, un enjeu de pouvoir : le patient/malade/soigné est celui QUI SAIT ce qu’il ressent, physiquement ou psychiquement, peu importe, et il déteste viscéralement qu’on le prenne pour un imbécile, un affabulateur, un exagérateur… mais le médecin/soignant lui, est celui QUI SAIT comment ça fonctionne. Et il déteste qu’on doute de ses connaissances.
    J’aurai envie de dire à celui là : “je ne doute pas de vos connaissances Docteur, mais je doute que vous me connaissiez moi, alors que moi, je me connais depuis 18/34/59 ans…et je me remets entre vos mains, alors faites preuve d’humilité s’il vous plaît”
    Et ensuite, oui, il y a l’armure. Pour recevoir les coups de ceux qui souffrent et en sont aveuglés.
    Je suis d’accord.
    Et c’est dommage. Doser l’armure c’est difficile. L’enlever c’est s’exposer, trop, trop fort, trop dangereusement.
    Mais la laisser en permanence et en rajouter une autre au cas où, c’est carrément changer de métier.
    Les soignés ne s’y trompent pas.
    Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, oui, et surtout, une grande humilité.

    1. Herve CRUCHANT

      @Nots. Madame ou Monsieur Nots, vous avez du courage de parler ainsi. Parce qu’il y a bien peu de personnes sensées qui l’oseraient. Je crois votre vision des choses très affutée et tout à fait pertinente. Les Docteurs ne savent rien des personnes -enfin, nous oyons vous et moi ce que celà signifie, n’est-ce pas? Ils ont un savoir énorme sur les maladies des personnes. Je vous accorde volontiers que la maladie ne peut être confondue avec le malade. Ou alors, pour tuer la maladie faudrait-il tuer aussi le malade ? Vous faites une remarque tout à fait a propos en distinguant les deux. Il semblerait, en effet, que les Docteurs s’occupent un peu de trop près des patients lesquels se connaisent de l’intérieur, si j’ose dire. Il est diffile de faire la part des choses, cependant. Certains Médecins sont aussi très soucieux -trop?- de la bonne santé des gens. Vous savez comme moi que recevoir un sourire, un petit signe d’encouragement… la force que porte un merci ou un je-vous-en-prie-faites-donc. Certains, sur cette Terre, n’ont pas appris les bonnes mœurs, hélas, nous le savons tous. Donnons encore une chance à ces Docteurs là, si vous voulez bien. Je suis bien certain qu’ils auront fait grand cas de vos remarques. Bonsoir, Monsieur ou madame Nots. Ce fut un réel plaisir.

  3. anne

    Bonjour Docteur.

    Je viens de decouvrir votre Blog.

    Je crois que je vais le lire jusqu’au bout, devorer les recits et pleurer peut etre quand l’emotion, c’est a dire cette frontiere subtile et indefinissable unissant l’ame au corps ( en medecine on parle de physique et de psychique que les medecins ne savent relier que quand ils n’arrivent pas a trouver l’origine physiologique d’un symptome – mais pas que-qu’ils classent avec indifference dans la case pratique et fourre tout: “psy”) sera touchee. Et cela arrivera, j’en suis sure.

    Mais je suis au regret de vous dire que je n’en serai pas pour autant reconciliee, ni avec les medecins, ni avec la medecine.

    Et des histoires comme la mienne ( car il y en beaucoup, je le sais), je suis certaine que vous ne les rapporterez pas dans votre blog.

    Oui, vous avez raison, marcher, flaner, courir au vent, sentir la pluie couler sur son visage, c’est la vie, le bonheur absolue, que les medecins peuvent vous arracher par des actes chirurgicaux inutiles, tout en vous accusant au bout du compte, encourages et soutenu (par l’obligation de con–fraternite) par ses pairs au mepris de l’obligation de conscience et autres adjectifs chatoyants cites au moment de preter serment.
    Et tu ( j’utilise le tutoiement non par familiarite vulgaire mais comme un enfant, plus precisement un adulte a qui on a tout arrache de facon humiliante et a qui il ne lui reste que sa naivete d’enfants pour refuser d’admettre qu’une telle injustice est possible)vois la docteur, tu peux me raconter toutes les belles histoires que tu veux, le monde que tu decris est un monde cruel, condamnantles faibles pour defendre une pseudo superpuissance.

    Non, Dr, je ne crois pas que vous soignez, que vous guerissez, ni que vous mettez au monde.

    Non, ce n’est pas l’activite du medecin aujourd’hui qui n’est que d’appliquer des protocoles, parfois aveuglement.
    C’est ca le job du docteur.

    Le soin ne peut etre realise que par un etre humain, doue de sensibilite, qui accepte la relation, pas par un diplôme et des connaissances.

    Et un etre humain, ce n’est pas qqun qui stupidement s’effondre quand quelqu’un pleure, noye dans sa souffrance, c’est qqun qui recherche la verite et la justice.

    Ce n’est pas la maladie qui avilit l’Homme, c’est l’injustice, le mensonge, le mepris, l’ignorance aussi masque par une apparente suffisance…

    Et votre obligation de con fraternite foule aux pieds ce qui fait la dignite humaine…

    Merci pour vos jolies histoires.

    1. Herve CRUCHANT

      @Anne. Chère Anne. Puis-je me permettre de vous appeler “Chère Anne” ? Votre témoignage me touche vraiment. J’ai moi-même longtemps confondu les lettres grecques phi et psy. Je ne voyais là des signes sans réelle signification; des jeux de lettres pour premiers de la classe, si vous voyez ce que je veux dire.

      Ma mère, aujourd’hui disparue paix à son âme, m’a dit que ceux qui fréquenyaient les psys étaient des faibles qui s’écoutaient trop. Qu’ils feraient mieux de faire des efforts au lieu d’aller s’allonger sur le velours des canapés. Cette brave femme avait vécu deux guerres et pas des moindres : les plus Grandes ! et vu partir aux fronts de sa famille proche, des gars de vingt ans, vingt deux ans. Pour ne pas revenir. On n’a jamais su si ces jeunes avaient besoin de psys quand ils avaient les gueules cassées par les obus ennemis ou si leurs femmes avaient eu besoin d’aide quand elles étaient veuves à vingt ans. Après tout, notre monde d’aujourd’hui s’en est tiré.

      L’être humain ne semble pas fait pour être en pleurs. Ou désespéré. Ou pauvre. Ni même malade, c’est sur. je crois que vous avez raison. Il a besoin juste de bonheur, convenons en ensemble. Et certes de plus de justice et d’attention. Ceux qui ont pour seul but dans la vie de faire peur aux autres devraient peut-être, eux, aller voir des psys. Mais c’est là un sujet qui semble vous tenir à cœur, Chère Anne. Et je ne souhaite vraiment pas gâcher notre premier contact.

      Ce monde est un peu fou, certes, et très cruel. Les belles histoires d’hommes -et de femmes, oui, de femmes- que nous raconte le Docteur dans ce blog nous émeuvent et nous reconcilient avec la lumière. Qu’il en soit remercié. Il nous montre que la voie est encore ouverte à la vie.

      Que la vôtre soit paisible et douce, Chère Anne. Peut-être à bientôt de vous lire de nouveau ?

      1. anonyme

        Moi aussi j espère vous lire à nouveau Anne .
        des bons et des mauvais il y en a partout .
        Moi je connais un homme extraordinaire et il est psychiatre .
        En ce moment il sauve une vie.

    2. Mésange

      Anne, votre souffrance s’entend à travers vos mots. Je comprends que vous ayez envie de faire porter à toute une profession ce que vous avez subi, mais je suis certaine que le jour où vous pourrez prendre un peu de recul, vous verrez que généraliser ainsi ne reflète pas la réalité… quelle que soit la souffrance ressentie.
      Dans toutes les professions (et chez les patients aussi hélas), il y a des incapables, des irresponsables, des “aveugles” et des “sourds”, des non-humains, des qui se croient tout-puissants, des cons… il y en a même qui cumulent! En principe, c’est de ceux-là dont on parle le plus ; c’est aussi ceux-là qui font du mal au métier que l’on pratique et souvent. Et à chaque fois, quand on l’aime, entendre parler de son métier dans ce qu’il a de plus négatif est exaspérant et désespérant ; cela occulte toutes les belles choses qui se font par ailleurs, toutes les belles relations qui se tissent.
      Bien sûr que le corporatisme existe chez les soignants comme ailleurs, bien sûr qu’il y a parfois de l’indéfendable qui est défendu, voire occulté. Il n’empêche que généraliser est quand même abusif.
      Dans ce blog, je crois que c’est cela que Baptiste veut montrer : tous ces soignants humains, attentifs, à l’écoute, responsables, qui ne profitent pas de la puissance que leur donnent connaissance et maîtrise technique, ou pour qui “protocole” est un mot lié à “accompagnement du patient”… Ils soignent, ils guérissent, ils mettent au monde, ils accompagnent, ils essaient de faciliter la fin de vie, mais comme ils le font du mieux possible, on en parle peu ou pas ou juste en bouche à oreilles. Il semblerait que Baptiste ait décidé de nous les montrer, tous ces discrets qui aiment leur métier et qui aiment les gens.
      Se réconcilier prend du temps, parfois beaucoup de temps, cela nécessite tant d”apaisement ; parfois on ne se réconcilie pas : trop de colère, de sentiment d’injustice… Anne, j’espère juste que ce blog va vous permettre de poser un autre regard sur soignants (et soignés!) et que vous finirez par vous dire : “ma souffrance est là mais je ne devrais pas généraliser”. Bonne lecture.

  4. marie

    donc vous avez victime d’une erreur médicale, une erreur non reconnue par un expert…. parce que l’expert était de mèche avec son collègue, et depuis votre vie est un enfer…ça peut être ça…? ou pas…de là à écrire que les médecins ne sont pas dotés d’humanité ….ne sont pas des êtres sensibles, je peux vous donner des adresses, j’en ai connu même qui y on laissé la peau à être trop en empathie avec les malades .
    autrement je suis bien d’accord avec vous “Ce n’est pas la maladie qui avilit l’Homme” c’est ce qu’on en fait nous les malades. Un bouclier , une force, une lance, une pique, un assommoir…

    ce n’est pas tant la confraternité que le corporatisme qui fait dire parfois à un médecin qu’un médecin ne peut pas être tout à fait un crétin….

    1. Herve CRUCHANT

      @Marie.
      C’est surement vrai. Je n’en sais rien mais vous semblez savoir de quoi il s’agit.
      Simplement, je ne comprends pas, dans ce cas, à quoi çà peut servir, là, de faire équipe contre un patient.

      Croyez-vous que tous ces gens se connaissent ? Ce serait terrible, non ? J’ai lu dans une revue trouvée dans une salle d’attente de docteur que certains partagent aussi leurs femmes ? Dans quel monde vit-on, je vous le demande : “dans quel monde vit-on ?” !

  5. Grand33

    Vous avez surement vécu une expérience trés douloureuse, et vous laisse des traces indélébiles mais de là à faire l’amalgame entre les “pas bons” que vous avez cotoyé et tous les soignants de la terre entière, il y a une énorme pas qu’il est difficile de franchir.
    Si vous croisez un homme barbu qui boite, je vous assures que tous les barbus ne boitent pas.
    Je vous souhaites beaucoup de courage

  6. Rofine

    @ Anne : en lisant votre post, j’ai bien perçu votre colère contre “les médecins ayant commis des actes chirurgicaux inutiles”. Je la comprends. Comme toute profession, des erreurs humaines sont possibles. Je ne veux pas les excuser, mais parfois ils pratiquent leur métier dans des conditions difficiles. C’est pour ces raisons que les chirurgiens ont l’obligation de souscrire une assurance et assumer leurs responsabilités devant la justice. Mais vous savez comme moi que la loi est longue à sanctionner.

    Par contre, je ne suis pas d’accord avec vous quand vous mettez TOUS les soignants dans le même “panier” si j’ose dire. La majorité d’entre eux exercent leur métier avec beaucoup d’empathie et d’humanité.

    Je vous encourage vivement à lire toutes les histoires écrites par le Dr Baptiste à partir de son vécu ou celui de ses collègues sans oublier les messages laissés par les lecteurs de son blog.

    Bonne lecture à vous !

  7. Anne

    Bonjour à tous.

    Je ne m’attendais pas à ce que mon message génère autant de réactions et je remercie chacun d’avoir prie le temps de me lire et de me répondre.

    Tout d’abord je voudrais clarifier certains points qui me paraissent essentiels:

    Mon message en ce lieu n’a pas pour but de condamner une profession entière ( l’objet de mes griefs est plus subtil que “mettre tout le monde dans le même sac” même si mon message a laissé visiblement entendre le contraire: je reste convaincu que tous les praticiens ne sont pas des connards pour le dire rapidement et trivialement, j’y reviendrai plus tard ), et encore moins de former une coalition de patients contre les médecins. Surtout pas.

    J’ai beaucoup de respect pour les engagements du Dr Beaulieu, et je ne veux pas utiliser son blog pour regler mes comptes avec certaines personnes. Je trouve ce type de démarche vile.

    Non, l’objet de mon message est de raconter (sans entrer dans les détails dont la précision pourtant apporterait un éclairage sur la gravité des faits et donc expliquerait l’intensité de ma colère) ce moment, cet évènement qui a fait qu’il y ait un clash, une rupture de confiance entre le corps médical et moi. Le titre de l’article n’est il pas: “casser, réparer réconcilier”?

    Je prendrai le temps un peu plus tard de répondre à chacun individuellement, je ne veux pas bâcler mes réponses.

  8. Anne

    Me revoilà.

    A Mr Hervé Cruchant.

    Merci beaucoup pour votre réponse.
    Je suis allée voir un psy.
    Il y avait non seulement à apprendre à canaliser la souffrance, mais aussi la colère ( et comme le révèle mon premier message, ce n’est pas encore acquis, je l’admets, même si ça va beaucoup mieux)
    En outre, nous ne nous rendons pas compte à quel point notre perception du monde est conditionnée par notre physique et nos capacités physiques.
    Chacun de nos membres est un témoin et plus même, un partenaire de notre vécu, de nos expériences. Chaque cicatrice est une photographie d’un moment de notre histoire.
    Intégrer un tel traumatisme nécessitait un accompagnement psychologique.

    Et il faut aussi apprendre à se pardonner à soi même ( je suis plus explicite dans une autre réponse)

    A Mésange:

    Merci beaucoup pour votre message.
    Votre analyse est pertinente et sonne juste.
    Vous savez, je ne me sens pas forte de ma colère.
    J’en ai eu besoin pour me sentir exister quand mes sens étaient complètement mobilisés par les neuropathies.
    Mais je suis consciente qu’elle n’est pas bonne conseillère. Elle a cela de pervers qu’elle nous donne un sentiment de toute puissance, d’être le centre du monde en fonction des exigences de qui tout doit se soumettre.
    Je travaille à relativiser, et j’aimerai pouvoir penser à tout cela sans bouillonner.

    Je suis parfaitement consciente en outre qu’il existe des médecins formidables, et après avoir lu l’intégralité du Blog, je suis convaincue que le Dr Beaulieu est de ceux là.

    Je suis convaincue aussi que parmi les médecins qui m’ont humiliée:
    Je traduis ce dernier mot: qui, ayant sous les yeux des examens type IRM, scanner, radios qui montraient les anomalies expliquant les symptômes que je décrivais, et tout en me prescrivant des antalgiques puissants, me disaient que ma souffrance était psy, simplement pour ne pas voir leur nom impliqué dans une histoire d’erreur médicale car ils n’ont pas le droit de dénoncer un confrère devant un patient, impératif catégorique de l’ordre.

    Voir comment on pouvait sacrifier un patient sur l’autel du dieu confraternité, est ce qui précisément m’a dégouté du monde médical, et d’ailleurs me dégoute toujours.

    En théorie je peux comprendre leur comportement, mais le vivre, je vous assure, à moins d’être dénué totalement d’amour propre, est insupportable.

    Et c’est cela précisément l’objet plus subtil de mes griefs, il ne remet pas les compétences et la bonne volonté du praticien en question, il explique un fonctionnement général de la médecine qui, parce que je l’ai vécu dans des circonstances aussi douloureuses et traumatisantes, me terrorise au bas mot.

    J’irai jusqu’à dire qu’il a été plus insoutenable psychologiquement que l’echec de l’intervention.
    Car les conséquences de l’intervention pouvaient être atténués par une chirurgie de reprise.
    Mais le déni du corps médical de votre souffrance, c’est quelque chose d’insupportable.

    Si j’avais vécu les mêmes symptômes mais résultants d’un accident de voiture dont le responsable aurait été une personne ivre, je suis convaincue que ces praticiens auraient été charmants, prévenants, professionnels, m’auraient même fait un laïus sur ces connards de types ivres qui prennent le volant et mettent en périls la vie d’autres personnes.
    Mais non, l’auteur de la mutilation était l’un des leurs.

    Je le retient comme une leçon de vie et suis désormais sur mes gardes.

    Et je ne vous cache pas que je suis électrisée désormais par un médecin qui défend une erreur de diagnostic, même sans aucune conséquence, de son confrère. Avant je ne m’attardais pas sur ces points.
    A ce niveau je précise que mon bagage d’études scientifiques me permet de comprendre et surtout pas d’élaborer, j’insiste bien là dessus, un raisonnement médical et donc d’en percevoir la cohérence. Mais ça, parce que j’exerce une profession rêglementée qui n’a rien à voir avec la médecine, mon interlocuteur l’ignore.

    J’avais mis ces connaissances entre parenthèses et acceptais de m’en remettre entre les mains de l’omniscience du médecin.
    Je le regrette aujourd’hui amèrement.

    A Marie:

    Merci beaucoup pour votre message.
    On m’a souvent demandé si j’envisageais un recours en justice.
    Ce n’est pas l’objet de mon intervention dans ce Blog.
    Ici, il est question de ce qu’un traumatisme de ce type peut laisser comme séquelles chez un patient dans son rapport en tant que soigné au monde médical en général et aux médecins en particulier.

    A Rofine:

    Merci beaucoup pour votre message.

    Vous avez parfaitement raison.
    L’erreur est humaine. Et même moi, voyez vous, je n’en suis pas exempte:
    Ma plus grosse erreur est d’avoir fait confiance à ce médecin, une confiance aveuglée par tous les éloges que j’entendais alors à son sujet exprimés par ses patients.

    Je n’ai même pas demandé un deuxième avis, et pour bien remuer le couteau dans ma plaie, je n’ai même pas vérifié si les diagnostics qu’il a posé étaient seulement plausibles ( et un doute me taraudait à l’époque, mais j’avais décidé de faire confiance).
    Eh bien je me suis rendue compte que tout, absolument tout de ce qu’il m’avais pondu était faux.

    Voyez vous, moi j’admets mon erreur, ce qui me permet d’avancer et de vérifier désormais les diagnostics, et surtout de demander un deuxième avis au moins en cas de doute, ou pas. Par principe, demander un deuxième avis.

    Lui, n’a rien admis, absolument rien.

    Alors oui, l’erreur est humaine, et l’echec permet d’avancer.
    Et en général ma colère s’apaise instantanément quand quelqu’un admet son erreur, même aux conséquences graves.
    Je ne peux porter la responsabilité de ses erreurs à lui!!!

    J’ai lu le Blog du Dr Beaulieu dans son intégralité.
    J’aime l’engagement de ce Docteur et le respecte.

    Et je sais pour en avoir rencontré dans mes difficultés, peu il est vrai, que des docteurs comme lui existent bien réellement.

    C’est d’ailleurs l’un d’eux qui m’a aidé à améliorer ma situation qui est certes encore douloureuse et invalidante, mais grâce à ce médecin il y a une nette amélioration.

    Ce que je déplore c’est mon impossibilité à avoir une relation franche avec lui.
    A devoir passer sous silence des colères qui comme vous pouvez le constater m’animent encore.
    Parce que je sais que son obligation de confraternité l’obligerais à défendre l’indéfendable.

    Et cela crée un malaise.
    Non, moi, je ne veux pas boire un café avec mon praticien, me sentir d’égal à égal avec lui.
    Je reconnais au médecin des compétences que je n’ai pas et je le respecte pour cela.

    Ce que je déplore c’est le manque de sincérité, le formalisme…

    Un jour, c’était il y a bien longtemps, un médecin m’a dit du fond de son coeur ce qu’il pensait. Il s’était un peu isolé de ses confrères ( c’était à l’hôpital), pour qu’il n’entendent pas (exit les bisous et les mots enjoleurs, c’était quelque chose de beaucoup plus sérieux, de beaucoup plus fondamental et vital).
    Il m’a dit quelque chose de tellement sincère que cela a transformé ma vie, encore aujourd’hui. parce que ce médecin, si humble et dont le métier le rendait pourtant si grand à mes yeux, a pris le temps d’être sincère.
    Et vous voyez, une vérité qui est sincérité n’attend pas d’être gentille ou séductrice pour faire son effet.

    Il lui suffit d’être sincérité.

    Je crois en la sincérité.
    C’est pourquoi par exemple ce grand professeur qui affirme dans un des texte du Dr Beaulieu qu’il peut connaître à un mois de grossesse le sexe de l’enfant est le type même de médecin dont je méprise le comportement.
    Il n’est fondé ni sur la vérité, ni sur la sincérité: uniquement sur la confortable et caressante idée de toute puissance que lui renvoie un patient ignorant.

    Vous savez, ne pas savoir, c’est quelque chose de fantastique.
    On se doute bien Docteurs que vous êtes compétents, que vous n’avez pas volé votre diplôme, que vous avez galéré…

    C’est là que j’ai su que ce chirurgien ferait la chirurgie de reprise: à un moment il s’est ouvertement devant moi remis en question.
    Alors j’ai pu lui faire confiance.

    Par ailleurs, je n’ai aucun complexe pour ma part pour ce qui concerne la psychiatrie, les psychologue enfin tous ces mots qui commencent par psy.

    1. Mésange

      Anne, votre longue réponse… me fait un immense plaisir, car, comme l’écrit Cath “avoir couché tout cela sur » le papier » ne peut que faire du bien et donner à réfléchir”… à vous, à nous les lecteurs et/ou patients lambda, aux soignants qui lisent ce blog.
      Merci infiniment pour la clarté de vos propos et la façon posée dont vous les écrivez. Au réel plaisir de vous relire.

  9. Anne

    Euh.
    Je viens de me relire.
    Oup’s. On ne peut pas éditer le message: la dernière phrase appartient au paragraphe de la réponse que j’ai donnée à Mr Hervé Cruchant.

    All my apologies.

  10. Cath

    Je pense que d’avoir couché tout cela sur ” le papier” ne peut que faire du bien et donner à réfléchir.
    Se remettre en question est une grande qualité, tout comme reconnaître ses erreurs ( pas toujours facile). Et puis, un point essentiel : se faire aussi confiance et s’écouter, notamment quand on est en mesure de “suivre”, à défaut de poser un diagnostic, bien entendu.
    J’espère que les choses iront en s’améliorant, et que la colère ira en s’apaisant ( mais garde-en toujours un peu, cela peut aider).

  11. Amélie

    Je ne crois pas qu’on vous déteste. Je suis tentée de dire “nous”, d’ailleurs, puisque j’étais pharmacienne, mais les pharmaciens c’est encore autre chose. Pour les médecins, je crois qu’on est juste sur un changement de paradigme, plus ou moins facile à accepter. On ne vénère plus le médecin, juste parce qu’il EST médecin. Ou en tout cas de moins en moins. J’ai épousé un médecin, je bosse avec des médecins, et pour notre fille malade nous en voyons encore tout un tas. Pour moi, un bon médecin sera celui qui saura -en plus de ses compétences- faire preuve d’empathie, qui traitera son patient (et son entourage) comme le humains doués de sentiments qu’ils sont. L’empathie ne s’apprend pas à la fac. Elle est bien mal répartie dans la population soignante. Mais on la trouve aussi bien chez les internes que chez les professeurs ou les chefs de services. Question de personne. De là on pourrait enchaîner sur l’injustice qui fait que tu vas tomber un jour sur un con imbuvable, alors que ton voisin de chambre aura un médecin empathique. Mais je vais m’arrêter là pour le moment 🙂

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