Archives mensuelles : janvier 2013

Ce que font les étudiantes en médecine la nuit.

Photo sublime de Desiree Dolron

(L’histoire c’est M. et E., l’écriture c’est moi. Merci !)

Alors voilà E. et M., deux jeunes femmes, deux jeunes internes. Elles débutent leur vie de femme, elles débutent leur vie de médecin.

Et voilà Mme et Mr A., 21 et 23 ans.
Elle vient pour un traumatisme facial. Il vient pour un traumatisme de la main.

E. s’occupe de madame.
Madame a l’œil droit explosé. Son discours est un peu décousu. Chute dans l’escalier, coin de meuble… elle change plusieurs fois de version.

M. s’occupe de monsieur.
Monsieur a une fracture des métacarpes. Il n’a qu’une version : “j’ai tapé dans la porte”. Il rajoute, avec un sourire en coin qui met M. très mal à l’aise : “j’ai tapé fort”, “plusieurs fois”.

Madame refuse de porter plainte. “Je l’ai énervé, c’est ma faute”.
Monsieur persiste : “je l’ai défoncée cette porte…”
(Phrase exacte employée par Mr A.)

Qu’est-ce que font les étudiantes en médecine la nuit ?

M. et E. : deux jeunes femmes, deux jeunes étudiantes en médecine. Elles débutent leur vie de femme, elles débutent leur vie de médecin. La nuit, elles soignent. Du mieux qu’elles peuvent. Même si parfois elles ont envie de taper VRAIMENT très fort et plusieurs fois.

– Je l’ai défoncée cette porte…
Mr A.

– Un jour, Dieu effacera du cœur des hommes toutes les lois qui ne sont pas d’amour.
Marguerite Yourcenar, L’Oeuvre au noir.

– Qu’est-ce que TU fous ? Il y a des jours tous les jours…
BiBi.

(Les illustrations sont trouvées sur les réseaux sociaux où elles sont libres de droit ce qui n’est pas le cas sur CenterBlog. Si vous connaissez les artistes, on veut bien connaître leurs noms et l’afficher ! Redde Caesari quae sunt Caesaris)

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N’oubliez pas les capotes.

(L’anecdote c’est N. petites jambes, grand médecin, l’écriture c’est moi ! Merci !)

Alors voilà le jeune généraliste N., en remplacement, qui reçoit le petit M. H. 6 ans.
– Tu te sens en forme ?
Il ne répond pas. La mère :
– Dis au docteur si tu es en forme.
– Je veux pas parler au Petit Docteur ! répond le morpion en désignant N.
La mère :
– H. ! On ne dit pas ce genre de choses !
N. de penser “c’est vrai que je ne suis  pas très grand, mais en cas de combat de boue j’aurai quand même le dessus, minus…”

Il dit à la mère :
– Venez-là, on va le peser, le mesurer. Je vois que son carnet de santé n’est pas à jour.
N. enthousiaste, essaie de renouer le contact :
– 1m11 ! C’est très bien !
– Oui. Dans un an, je t’aurai dépassé.
“Pas si je te casse les jambes avant…” pense très fort N.
Comme il ne se souvient plus du rituel latin pour pratiquer un exorcisme, N. dit :
– Bien, tout est en ordre, il peut jouer au foot.
La mère range les affaires. Le gamin, narquois :
– Au revoir Docteur Petit Monsieur.
À cet instant précis, une idée traverse Dr N. : “Tant que le petit est là, on pourrait en profiter pour faire son rappel vaccinal. Ce serait bête d’oublier. Le tétanos, c’est vilain…”

Qui sait ce qu’a fait N. ?

Moi, je sais… À demain !

On ne peut rien contre la conscience professionnelle, je veux dire : on ne peut VRAIMENT rien contre la conscience professionnelle.

“Crux sacra sit mihi lux ! Nunquam draco sit mihi dux. Vade retro Satana ! Nunquam suade mihi vana! Sunt mala quae libas. Ipse venena bibas !”
Extrait d’un rituel latin d’exorcisme bénédictin.

Si cela ne suffit pas à calmer le monstre, se mettre bien en face, le regarder droit dans les yeux et dire lentement en articulant chaque syllabe :
– On t’a menti : le Père Noël n’existe pas.
Effet garanti.

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La femme qui cassait des briques avec ses mains.

Petit souvenir de l’externat.

Pour Mme U. grande guerrière et mère formidable (mais cette phrase est redondante : on n’est pas une mère formidable sans porter les armes et casser quelques dents…)

Alors voilà Mme U., 62 ans, sympathique patiente à l’histoire de vie terrible qui vous rappelle que, oui, la vie est parfois une vraie chienne et, oui, les êtres humains aboient avec beaucoup de naturel…

Dans le bureau, je fais ma catharsis en briefant ma co-externe :

– Imagine : enfant de l’assistance publique, elle passe de foyer en foyer, son mari lui fait six gosses puis se barre, l’ainé des gamins est en taule : il la frappait. Sa propre mère ! Elle en parle comme si son petit garçon avait volé une pomme. On lui trouve une masse utérine : hystérectomie totale. Le chirurgien merde : section du nerf hypogastrique -perte des fonctions sphinctériennes- sera obligée de se sonder et faire des lavements jusqu’à la fin de sa vie. Là, cerise sur le gâteau, elle économise pour une chirurgie correctrice de sa myopie : mauvaise cicatrisation, surinfection, fonte purulente du globe oculaire. Sa vie c’est Rémi-sans-Famille et les Misérables en 98 mots.

Je rajoute cette phrase stupide :

– À sa place, je sais ce que j’aurais fait !

Là, une voix dans le couloir passe la porte du bureau :

– Vous vous seriez occupé de vos enfants.

Je me retourne, Mme U. est là et a tout entendu. Je suis mort de honte. Elle a un œil qui dit :

– “C’est pas grave mon petit, ma vie fait cet effet là à tout le monde” et l’autre œil qui dit juste :

– “Merde”.

J’essaie de me souvenir lequel est en verre et lequel il lui reste pour pleurer.

Je suis désolé Mme U., je veux dire : je suis VRAIMENT désolé.

Pour tout.

(Mme U. a assez souffert sans qu’on lui rappelle son calvaire. Hormis son oeil de verre, j’ai modifié son parcours de vie pour le cas improbable où elle pourrait lire ces lignes. Et quand j’écris “modifié”, je vous assure d’une chose : je l’ai édulcoré… À demain !)

P. Desproges : un journaliste interrogeant Ray Charles :

« — Ça ne vous rend pas malheureux d’être né aveugle ? »

Ray Charles de répondre :

« — Oh ! Vous savez, ça aurait pu être pire : j’aurais pu être noir ! »

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Le jour où je me suis pris pour Chuck Norris.

(Le site est victime de son succès : passé un nombre de visiteurs, des pubs s’affichent. Je n’y peux rien, mon frère ne possède pas d’entreprises vendant des tronçonneuses et je ne touche pas d’argent sur ces pubs).
((J’adore les parenthèses entre parenthèses. C’est très sexuel.))

(Même ici, ils sont là : partie II)
Même ici, ils sont là…

(Anecdote dédiée à tous les gens, du milieu médical ou pas, qui ont eu à composer avec un chef imbuvable (ce qui doit réunir beaucoup de monde !). Je vous ai vengé, modestement mais quand même…)

Alors (re)voilà le bon Docteur O., vous savez, celui qui “n’a rien contre personne” alors qu’en fait il a un peu de tout contre tout le monde. Les noirs, les arabes, les gays, les enfants, les fibromyalgiques, le président normal, etc… Particulièrement les juifs : “en P1, tu as d’un côté les juifs, de l’autre les non juifs. En P2, d’un côté les séfarades, de l’autre les ashkénazes.”
Ha, ha, ha, ha…
Je dois être très bête : je pensais que c’était un concours.
Un jour, il dit :
– Je te laisse deux semaines de vacances.
Joie ! Les jours sont longs avec lui. Au bout de quatre mois de stage, j’en ai gros sur la patate. (“I have got huge on the potatoes !” comme dirait la Queen Elizabeth II).
– Tu sais où tu vas ? fait-il.
Oh ça oui, mon cochon, je sais où…
Bref, je m’envole 10 jours pour Jérusalem. Visites le jour et fiestas toutes les nuits jusqu’au matin (N.B. pour ceux que ça intéresse : les israéliennes n’ont aucun préjugé contre les prépuces).
Effet quantique : je me lève si tôt/me couche si tard que, le dernier matin, je me croise moi-même dans les escaliers de l’hôtel !
À mon retour, plaisir ultime, j’offre un ÉNORME paquet de pâtisseries juives (très) bon marché au chef. Il en a pour trois mois à se régaler. Pas moins.
Je souris, lui un peu moins. Impression fugitive d’être Edmond Dantes dans Monte Christo. Ou Chuck Norris dans “Missing in Action 3” (chacun ses références…).

La vengeance est un plat qui se mange froid ou chaud, je veux dire : la vengeance est VRAIMENT un plat qui se mange froid ou chaud.
Et aussi en pâtisseries.

“Toute vengeance est permise du moment où elle atteint le coupable.”
Alexandre Dumas.

“Je mets les pieds où je veux Little John, et c’est souvent dans la gueule.”
Chuck Norris dans Missing in Action 3.

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Se souvenir des belles choses.

Photo sublime de J. Alcantara

(L’anecdote c’est L., interne déjà rencontrée dans les anecdotes ci-dessous, l’écriture c’est moi. Merci)

“Processus de réappropriation narcissique”

La belle vie.

Le seigneur des anneaux (a aussi des cornes).

Alors voilà Mme D., 92 ans, ancienne conservatrice de musée. Sa vie professionnelle ? Protéger du temps qui passe les belles choses.
Mais le temps qui passe a eu sa revanche.
Démente, elle ne se souvient plus du nombre de ses enfants.
Étrangeté de la mémoire : elle cite toute l’œuvre peinte de Dali mais est incapable de dire comment s’appelle son fils.
Mme D. est hospitalisée.
L., amatrice du maître espagnol, la soigne chaque jour, elles échangent sur la vie de Dali, sur sa passion pour Gala et ces amours-là qui, tumultueuses et enflammées, font rêver le quidam.
Toutes deux reconstruisent l’histoire : Dali devient le plus tendre amant du monde, Gala la maîtresse la plus heureuse. Ils deviennent, loin de la réalité, des personnages de Jane Austen et le vieux maître moustachu prend des allures de Mr Darcy…
Un vendredi soir, L. passe saluer Mme D. avant son départ.
Comme chaque fois, le même rituel :
Mme D. lui dit au revoir en posant son index sur sa lèvre, mimant les célèbres moustaches du peintre.
L. lui répond en faisant de même.
Lundi matin L. arrive dans le service.
Mme D. est partie dans la nuit.
Les tic-tacs des montres molles ont pris leur dû.

L. : « Les gens ? Ils n’ont aucune idée de combien ce métier peut être difficile, VRAIMENT aucune idée de combien ce métier peut être difficile. »

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“Processus de réappropriation narcissique”

(Hier, pas d’anecdote : les internes de la ville de T. étaient en deuil. Les I., les B., les L., les S., les O., les D. etc… portaient blouse noire pour une des leurs, pour A.)

(L’anecdote c’est L., interne déjà découverte dans les anecdotes ci-dessous, l’écriture c’est moi. Merci !)

La belle vie.

Le seigneur des anneaux (a aussi des cornes).

Alors voilà L., IMG, qui est en plein “processus de réappropriation narcissique” (si tu dis ça très vite tu peux faire saigner tes gencives).
Pour résumer : son copain l’a larguée, elle a perdu confiance en elle. Elle va se remonter le moral dans la chambre 6, celle de Mme P.
Toujours un compliment à la bouche, Mme P.
Mme P., 77 ans, version féminine bien amochée de Gérard Depardieu. Petite, ronde, picoleuse, un peu hirsute, peu gracieuse.
(Si vous changez beaucoup de lettres à “un peu hirsute, peu gracieuse”, vous obtenez : “moche”. Tout simplement.)
Mme P., à L., chaque matin :
– Mon Dieu ! Ce buste ! Ça doit faire tourner les têtes sur la plage l’été…
L. regonflée à bloc —> processus de réappropriation narcissique.
– Mon Dieu que vos cheveux sont brillants ! On dirait de la soie !
Processus de réappropriation narcissique.
– Mon Dieu que vous avez la taille fine et élancée ! Une figure de proue !
Processus de réappropriation narcissique.
– Mon Dieu que vous êtes féminine ! On vous a jamais dit que vous ressembliez à Audrey Hepburn ?
Processus de réappropriation narcissique.
Et puis, fatalement, un jour :
– Mon dieu que vous êtes belle ! Belle comme une princesse…
– Merci !
– Vous savez, je ne vous l’ai jamais dit mais vous me faites penser à moi au même âge ! Je veux dire : c’est VRAIMENT moi au même âge !

“Processus de réappropriation narcissique.”

Si tu le dis très vite, tu peux faire saigner tes gencives. Un peu comme un coup de poing dans la gueule !

“C’est en ayant confiance en soi que l’on devient sexy”
Jennifer Lopez

“C’est en étant Jennifer Lopez qu’on n’a pas besoin de se poser la question”.
Bi-Bi

« La beauté est infiniment cruelle. »
Yann Apperry

“La mamie de la chambre 6 aussi. Et pourtant…”
L.

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L’Univers, Mr C., Einstein, Woody Allen et l’Amour !

Photo : LeNetFou.com

(L’anecdote c’est M., l’écriture c’est moi. Merci !)

(Mr C., Einstein, Woody Allen et un Belge entrent dans un bar. Le barman les regarde et dit : “c’est une blague ou quoi ?”)

“Deux choses sont infinies : l’Univers et la Bêtise humaine. Pour l’Univers je n’en suis pas encore sûr…”
A. Einstein.

Alors voilà : j’aimerai ajouter deux infinis au répertoire de ce bon vieil Einstein : l’Imagination (en particulier quand il s’agit de s’enfoncer différents objets dans différents orifices) et le Sens de la Répartie (quand il s’agit de justifier POURQUOI on a enfoncé cet objet dans cet orifice).
Exemple :
Mr C. aux urgences. Verge tuméfiée : rouge, chaude, déformée, TRÈS douloureuse. Il n’a pas uriné depuis 4 heures.
– Qu’est-ce qui vous est arrivé ? dit M.
– Rien. Enfin… C’est un peu gênant.
Une radiographie :
M. :
– Mais c’est un stylo ! Vous avez enfoncé un stylo dans votre urètre !
Réponse authentique et magique du patient :
– Oui, docteur, mais c’est un stylo ergonomique.

[En même temps : qui peut résister à un stylo ergonomique ?]

Rajoutons un troisième infini : l’Amour !
Exclamation de l’épouse de Mr C. quand l’interne l’appelle pour lui signaler l’hospitalisation de son mari :
– Me dites pas qu’il est encore allé se fourrer un stylo dans la bite ?
Mr C. et Mme C. : 30 ans de mariage.
L’Amour et la Poésie : toujours intactes.

“Quand on me dit que j’ai un sens de la répartie formidable, je ne sais jamais quoi répondre”
Woody Allen

Tu sais, Woody, tu peux VRAIMENT répondre ça :

“Oui, docteur, mais c’est un stylo ergonomique !”

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Quand ça veut pas ça veut pas !

Hier histoire triste, aujourd’hui joyeuse, mais toujours pour A. : tu as jonglé avec des tronçonneuses et coupé le mauvais fil à un âge indécent.

(Anecdote arrivée à Chef Viking, l’écriture c’est moi. Merci !)

Alors voilà le SAMU appelé pour Mr K.
Il était en ULM. N’a pas vu la ligne électrique. L’ULM, lui, s’en est rendu compte : une des ailes est arrachée, l’autre explose, l’habitacle prend feu et se retrouve coupé en deux.
Mr K à califourchon sur le siège qui est à califourchon sur la ligne. La ligne à très haute tension se détend d’un coup et casse : Mr K. est propulsé dans la mare juste en dessous, encore attaché au réseau électrique.
Quand Chef Viking arrive : Mr K. est là, trempé de la tête aux pieds, à moitié nu. Pas une fracture. Pas une brûlure. Juste une plaie superficielle du coude.
Il dit :
– Je vais bien docteur ! Je vais bien.
Puis dans le véhicule des pompiers il lance :
– Je ne ferais plus jamais d’ULM.

Chef Viking : ” Je voulais bien le croire mais d’un autre côté nos interventions sont pleines de gens tels que lui, preuve vivante que tu peux faire plus ou moins n’importe quoi dans la vie, que tu peux passer par le vent, le feu, l’eau, les éclairs, la chute libre… quand c’est pas ton heure… Je veux dire : quand ça veut pas, ça veut VRAIMENT pas.”

PS : ce post n’est en aucun cas une incitation à pratiquer une quelconque activité dangereuse. Jongler avec des tronçonneuses, par exemple, est extrêmement dangereux et ce même si on est extrêmement chanceux dans la vie.

“J’ai jonglé une fois avec une tronçonneuse.”
Capitaine Crochet (méchant dans Disney)

“J’ai jonglé deux fois avec une tronçonneuse. La deuxième fois, j’ai perdu.”
Marie-Antoinette (Reine de France)

“J’ai jonglé treize fois avec des tronçonneuses. À chaque fois, les tronçonneuses ont perdu.”
Chuck Norris (Chuck Norris)

A demain pour le 69…

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Le lien.

(Cette nuit a été la plus longue, étrange et triste de nos vies d’internes. Notre amie est morte. Je ne savais pas quoi faire, ils m’ont dit d’écrire. Pour elle : la soignante, la jeune femme, l’amie, le médecin qui vous aurait soigné comme elle a vécu, avec douceur et discrétion)

Petit (grand) souvenir de l’externat.

Alors voilà Mlle G. 14 ans, myopathe, visage d’ange blond sur corps de nouveau-né tout grêle. Je dois lui faire une gazo. Pour être à l’aise, je demande à sa mère de me laisser sa chaise le temps du prélèvement.

– C’est à dire que je suis malade, moi aussi.

Aïe ! Boulette ! Le fauteuil roulant plié dans le coin est celui de la mère, pas de la fille. Je m’excuse poliment, lui dit de rester assise, que je vais chercher une chaise dans une autre chambre.

Elle, catégorique :

– Hors de question, je peux rester debout le temps du prélèvement.

Et, péniblement, elle se hisse à la force des bras et se tient, légèrement tremblante, devant le lit de sa fille.
Je prends sa chaise, procède à la gazo, jette un œil en coin : la mère sourit à sa fille.
L’une a mal aux jambes.
L’autre a mal au poignet que je ponctionne.
S’installe une forme de connivence à laquelle je suis étranger. La mère souffre en même temps que sa fille. Impression bizarre de ponctionner Mme G. et non Mlle.
Je retire l’aiguille, rend la chaise, la fille est soulagée, la mère se rassoit en poussant un soupir.

Je ne sais pas trop à quoi je viens d’assister mais c’était beau.
Je veux dire : étrange mais VRAIMENT beau.

Le lien.

ELLÃM ONRU : Tout est un.

Pour A. : un peu de nous est mort, un peu de toi reste en vie.

Et demain c’est promis, on sera drôle. Ou on fera semblant de l’être.

L’ÂME ET LA MATIÈRE.

(L’anecdote, elle est arrivée à Chef Viking il y a 25 ans. Quand il en parle, sa voix, les pauses qui interrompent son récit, sa façon de déglutir comme s’il avait des graviers dans la gorge… c’était hier.
À vrai dire, pour lui, ça fait 25 ans que c’est arrivé hier…
L’écriture, c’est moi. Merci Chef Viking !)

Alors voilà la 205 qui a été coupée en deux : 102,5 d’un côté, 102,5 de l’autre.
(De la tôle.)
D’un côté, le frère de 18 ans, de l’autre la sœur de 14 ans. Les deux têtes coupées sous l’impact. En même temps. Partis ensemble. Il ne reste plus rien.
(De la chair.)

Deux heures après, à l’hôpital, les parents arrivent :
– Bonjour, nous venons prendre des nouvelles de notre fils et de notre fille. On nous a dit qu’ils ont eu un accident de voiture.
(De la peur.)

Le maire, les gendarmes, les pompiers, l’équipe. Tout le monde a merdé : personne n’a rien dit.
(De la petite lâcheté.)

Chef Viking prend les parents dans son bureau. Il les fait asseoir, ferme la porte et…

[…]

“… la mère a voulu voir les corps, les serrer une dernière fois. Je lui explique que la loi nous oblige à les laisser dans les sacs mortuaires. Je mens, bien sûr, mais les têtes se sont envolées alors…
Nous mettons vite de la mousse solide à la place. La mère arrive, serre l’un puis l’autre, les embrasse, disant au revoir à de la mousse sous du plastique.”

Pour elle, dessous, c’est son fils, c’est sa fille.
Ce sont VRAIMENT eux.
Sa vie, c’est de la mousse sous du plastique qui s’est envolée de chaque côté d’un platane.

« Avec l’amour maternel, la vie nous a fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. »
Romain Gary

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